De nombreux écrivains sont nés en Sicile: Empédocle, Giovanni Verga, Luigi Pirandello, Giuseppe Tomasi di Lampedusa, Salvatore Quasimodo, Elio Vittorini, Vitaliano Brancati, Gesualdo Bufalino, Leonardo Sciascia, Andrea Camilleri, Vincenzo Consolo.
Le jeudi 8 juin 2017, lors de notre voyage en Sicile, nous avons visité les villes du baroque tardif du Val di Noto: Raguse, Modica et Noto, classées au patrimoine mondial de l’Unesco en 2002.
J’avais pensé alors à Quasimodo et à Antonioni.
Salvatore Quasimodo, le poète italien, est né à Modica.
Il apparaît brièvement dans le film La Notte (1961) de Michelangelo Antonioni.
Ce même metteur en scène a situé une partie de l’intrigue de L’Avventura à Noto (1960).
J’ai relu ces derniers jours quelques poèmes de Quasimodo, auteur bien oublié et même critiqué en Italie, car il reçut le Prix Nobel de littérature en 1959, alors qu’ à la même époque il y avait Giuseppe Ungaretti (1888-1970) ou Eugenio Montale (1896-1981).
Salvatore Quasimodo est né le 20 août 1901 à Modica (Province de Raguse) en Sicile. Il est mort le 14 juin 1968 à Naples.
Le jeune Quasimodo venait d’une famille modeste. Il ne put finir les études d’ingénieur qu’il avait entreprises à Rome où il vécut de 1919 à 1926. Un diplôme de physique en poche, il y exerça plusieurs métiers et publia ses premiers vers. Il apprit alors les langues classiques en autodidacte. En 1929, il rejoignit à Florence sa sœur Rosa et son beau-frère, Elio Vittorini (1908-1966). Il fréquenta les milieux intellectuels de la capitale toscane et collabora à la revue “Solaria”. Sa poésie dite “ermetica” porte la marque de la culture sicilienne traditionnelle, méditerranéenne, avec sa composante arabe.
En 1934, il connut ses premiers succès littéraires à Milan. D’une relation avec la danseuse Maria Cumani, naquit son fils Alessandro en 1939. Au début des années 40, Il remporta un vrai succès avec ses traductions en hendécasylabes des Lyriques grecs. En 1941, le régime fasciste le nomma professeur de littérature italienne au conservatoire Giuseppe Verdi de Milan.
La guerre marqua une rupture. Sa poésie, jusqu’alors influencée par l’hermétisme d’Ungaretti, fut alors envahie par l’histoire, la réalité, la chronique. En 1945, il adhéra au Parti Communiste Italien. Il rêva comme d’autres d’une poésie solidaire qui pût transformer le monde.
Il reçut de nombreux prix littéraires, dont le Viareggio pour La terra impareggiabile (1958), sans réussir jamais à faire l’unanimité parmi les critiques italiens. Il publia Il Poeta e il Politico en 1960, livre-plaidoyer face aux polémiques apparues dans son pays.
Avec Giuseppe Ungaretti et Eugenio Montale, il est l’un des grands poètes italiens du xxe siècle et l’une des grandes figures de l’hermétisme, un “ermetismo” naturel à l’italienne, émergeant des grands mythes ancestraux de son île: une Sicile grecque, immuable. Les thèmes de sa poésie sont la mémoire, l’enfance, l’île. Cette île perdue est reconquise un instant par la vision mélancolique du poète.
Il a aussi traduit les poètes latins (Catulle, Ovide), Molière, Shakespeare et e. e. cummings (1894-1962).
Oeuvres poétiques:
Acque e terre. Poesie, Florence, Edizioni di “Solaria”, 1930.
Oboe sommerso, Gênes, Edizioni di “Circoli”, 1932.
Odore di eucalyptus ed altri versi, Florence, Antico Fattore, 1933.
Erato e Apòllìon, Milan, Scheiwiller, 1936.
Poesie, Milan, éd. Primi Piani, 1938.
Ed è subito sera, Milan-Vérone, A. Mondadori, 1942.
Giorno dopo giorno, Milan, A. Mondadori, 1947.
La vita non è sogno, Milan, A. Mondadori, 1949.
Il falso e vero verde, Milan, Schwarz, 1956.
La Terra impareggiabile, Milan, A. Mondadori, 1958.
Dare e avere. 1959-1965, Milan, A. Mondadori, 1966.