Lors de la Révolution de 1868 (appelée la Gloriosa, la Revolución de Septiembre ou la Septembrina), le buste de la reine Isabel II fut traîné dans les rues d’Oviedo avec une corde au cou. On le retrouve aujourd’hui dans un patio fleuri de l’Université d’Oviedo, près d’une plaque où figure un poème d’Ángel González (1925-2008) qui m’a fait sourire.
Empleo de la nostalgia
Amo el campus universitario, sin cabras, con muchachas que pax pacem en latín, que meriendan pas pasa pan con chocolate en griego, que saben lenguas vivas y se dejan besar en el crepúsculo (también en las rodillas) y usan la cocacola como anticonceptivo.
Ah las flores marchitas de los libros de texto finalizando el curso deshojadas cuando la primavera se instala en el culto jardín del rectorado por manos todavía adolescentes y roza con sus rosas manchadas de bolígrafo y de tiza el rostro ciego del poeta transustanciándose en un olor agrio a naranjas
Homero
o semen
Todo eso será un día materia de recuerdo y de nostalgia. Volverá, terca, la memoria una vez y otra vez a estos parajes, lo mismo que una abeja da vueltas al perfume de una flor ya arrancada:
inútilmente.
Pero esa luz no se extinguirá nunca: llamas que aún no consumen …ningún presentimiento puede quebrar ]as risas que iluminan las rosas y ]os cuerpos y cuando el llanto llegue como un halo los escombros la descomposición que los preserva entre las sombras puros no prevalecerán serán más ruina absortos en sí mismos y sólo erguidos quedarán intactos todavía más brillantes ignorantes de sí esos gestos de amor… sin ver más nada.
Procedimientos narrativos, La isla de los ratones, Santander, 1972.
Ángel González Muñiz est né le 6 septembre 1925 à Oviedo.
Son enfance est marquée par la mort de son père, professeur de sciences et de pédagogie à l’école normale d’Oviedo en 1927 alors qu’il n’a que dix-huit mois. Sa situation familiale s’aggrave encore lorsque, pendant la Guerre civile espagnole, son frère Manuel est fusillé par les franquistes en novembre 1936. Son autre frère, Pedro, républicain aussi, doit s’exiler. Sa soeur Maruja ne peut plus exercer son métier d’institutrice.
La tuberculose l’empêche de terminer ses études de droit. Il devient ensuite fonctionnaire, puis professeur de littérature espagnole contemporaine aux États-Unis.
il fait partie du groupe de poètes appelé « Génération de 50 » ou « Génération du milieu du siècle » qui compte aussi José Ángel Valente, Jaime Gil de Biedma, Carlos Barral, José Agustín Goytisolo, José Manuel Caballero Bonald, Claudio Rodríguez, Francisco Brines…
En 1985, il reçoit le prix Prince des Asturies de littérature. En janvier 1996, il est élu membre de l’Académie royale espagnole. La même année, il obtient le Prix Reina Sofía de Poésie ibéroaméricaine.
Il meurt le 12 janvier 2008 d’une insuffisance respiratoire à l’âge de 82 ans.
Son ami, le poète Luis García Montero, aujourd’hui directeur de l’Institut Cervantes, a publié en 2008 Mañana no será lo que Dios Quiera, une biographie romancée d’Ángel González à partir des conversations qu’il a eues avec lui à la fin de sa vie.
On peut lire en français Automnes et autres lumières (Otoños y otras luces), poèmes, bilingue français – espagnol, traduction et présentation de Bénédicte Mathios. L’Harmattan, 2013.
Ángel González Muñiz est né le 6 septembre 1925 à Oviedo (Asturies).
Son enfance est marquée par la mort de son père, professeur de sciences et de pédagogie à l’école normale d’Oviedo en 1927 alors qu’il n’a que dix-huit mois. Sa situation familiale s’aggrave encore lorsque, pendant la Guerre civile espagnole, son frère Manuel est fusillé par les franquistes en novembre 1936. Son autre frère, Pedro, républicain aussi, doit s’exiler. Sa soeur Maruja ne peut plus exercer son métier d’institutrice.
La tuberculose l’empêche de terminer ses études de droit. Il devient ensuite fonctionnaire, puis professeur de littérature espagnole contemporaine aux États-Unis.
il fait partie du groupe de poètes appelé «Génération de 50» ou «Génération du milieu du siècle» qui compte aussi José Ángel Valente, Jaime Gil de Biedma, Carlos Barral, José Agustín Goytisolo, José Manuel Caballero Bonald, Claudio Rodríguez, Francisco Brines…
En 1985, il reçoit le prix Prince des Asturies de littérature. En janvier 1996, il est élu membre de l’Académie royale espagnole. La même année, il obtient le Prix Reina Sofía de Poésie ibéroaméricaine.
Il meurt le 12 janvier 2008 d’une insuffisance respiratoire à l’âge de 82 ans.
Esto no es nada
Si tuviésemos la fuerza suficiente para apretar como es debido un trozo de madera, sólo nos quedaría entre las manos un poco de tierra. Y si tuviésemos más fuerza todavía para presionar con toda la dureza esa tierra, sólo nos quedaría entre las manos un poco de agua. Y si fuese posible aún oprimir el agua, ya no nos quedaría entre las manos nada.
Áspero mundo. Adonais, Madrid, 1956.
Tout cela n’est rien
Si nous avions suffisamment de force pour bien serrer un morceau de bois, il ne resterait entre nos mains qu’un peu de terre. Et si nous avions plus de force encore pour écraser avec toute notre énergie cette terre, il ne nous resterait entre les mains qu’un peu d’eau. Et s’il était possible aussi de comprimer l’eau, il ne resterait alors entre nos mains rien du tout.
Poésie espagnole. Anthologie 1945 – 1990. Actes Sud / Editions Unesco, 1995. Traduction : Claude de Frayssinet. Points-Poésie, 2007.
Soneto
Donde pongo la vida pongo el fuego de mi pasión volcada y sin salida. Donde tengo el amor, toco la herida. Donde dejo la fe, me pongo en juego.
Pongo en juego mi vida, y pierdo, y luego vuelvo a empezar, sin vida, otra partida. Perdida la de ayer, la de hoy perdida, no me doy por vencido, y sigo, y juego.
lo que me queda : un resto de esperanza. Al siempre va. Mantengo mi postura. Si sale nunca, la esperanza es muerte.
Si sale amor, la primavera avanza. Pero nunca o amor, mi fe segura: jamás o llanto, pero mi fe fuerte.
Sin esperanza, con convencimiento. Colliure, Barcelona, 1961.
Sonnet
Là où j’apporte la vie j’apporte aussi le feu de ma passion entière et sans issue. Si l’amour a surgi, j’en ressens la blessure. Et si je montre ma foi, je joue avec ma vie.
Je mets ma vie en jeu, je perds et je recommence, sans ma vie, la nouvelle partie. Déjà je l’ai perdue, je la reperds encore aujourd’hui, je ne m’avoue pas vaincu, je m’obstine
et je joue ce qui me reste : un lambeau d’espérance. Je joue à « toujours va ». Je maintiens mon enjeu. Si le sort dit « jamais », mon espérance est morte.
Si le sort dit « amour », le printemps s’avance. « Jamais » ou « amour », ma foi est grande ; « jamais» ou « larmes », ma foi demeure forte.
Anthologie bilingue de la poésie espagnole contemporaine. Marabout Université, Verviers (Belgique), 1969. Traduction : Jacinto Luis Guereña.
Porvenir Te llaman porvenir porque no vienes nunca. Te llaman: porvenir, y esperan que tú llegues como un animal manso a comer en su mano. Pero tú permaneces más allá de las horas, agazapado no se sabe dónde. … Mañana! Y mañana será otro día tranquilo un día como hoy, jueves o martes, cualquier cosa y no eso que esperamos aún, todavía, siempre.
Sin esperanza, con convencimiento. Colliure, Barcelona, 1961.
Avenir
On t’appelle avenir parce que tu ne viens jamais. On t’appelle : avenir, et on attend que tu arrives comme un animal docile manger dans leur main. Mais tu restes au-delà des heures, caché on ne sait où. … Demain ! Et demain sera un jour tranquille un jour comme aujourd’hui, jeudi ou mardi, n’importe quel jour et non ce que nous attendons encore et encore, toujours.
El otoño se acerca con muy poco ruido:
apagadas cigarras, unos grillos apenas,
defienden el reducto
de un verano obstinado en perpetuarse,
cuya suntuosa cola aún brilla hacia el oeste.
Se diría que aquí no pasa nada,
pero un silencio súbito ilumina el prodigio:
ha pasado
un ángel
que se llamaba luz, o fuego, o vida.
Y lo perdimos para siempre.
Otoños y otras luces. 2001.
Ángel González Muñiz est né le 6 septembre 1925 à Oviedo (Asturies).
Son enfance est fortement marquée par la mort de son père, professeur de sciences et de pédagogie à l’école normale d’Oviedo en 1927 alors qu’il n’a que dix-huit mois. Sa situation familiale s’aggrave encore lorsque, pendant la Guerre civile espagnole, son frère Manuel est fusillé par les franquistes en novembre 1936. Son autre frère, Pedro, républicain aussi, doit s’exiler. Sa soeur Maruja ne peut plus exercer son métier d’institutrice.
La tuberculose l’empêche de terminer ses études de droit. Il devient ensuite fonctionnaire, puis professeur de littérature espagnole contemporaine aux États-Unis.
il fait partie du groupe de poètes appelé «Génération de 50» ou «Génération du milieu du siècle», avec entre autres José Ángel Valente, Jaime Gil de Biedma, Carlos Barral, José Agustín Goytisolo et José Manuel Caballero Bonald.
En 1985, il reçoit le prix Prince des Asturies de littérature. En janvier 1996, il est élu membre de l’Académie royale espagnole. La même année, il obtient le Prix Reine Sofía de Poésie ibéroaméricaine.
Il meurt le 12 janvier 2008 d’une insuffisance respiratoire à l’âge de 82 ans.
Son ami, le poète Luis García Montero, a publié en 2008 Mañana no será lo que Dios Quiera, une biographie romancée d’Ángel González à partir des conversations qu’il a eues avec lui à la fin de sa vie.