Marcel Proust

Marcel Proust. 1887. (Paul Nadar).

Marcel Proust est né le 10 juillet 1871 à Paris (quartier d’Auteuil dans le 16e arrondissement), dans la maison de son grand-oncle maternel, Louis Weil, au 96, rue La Fontaine.

«Le seul véritable voyage, le seul bain de Jouvence, ce ne serait pas d’aller vers de nouveaux paysages, mais d’avoir d’autres yeux, de voir l’univers avec les yeux d’un autre, de cent autres, de voir les cent univers que chacun d’eux voit, que chacun d’eux est.»

La Prisonnière, Éditions Gallimard, 1925.

Vie et mort de Victor Segalen

Victor Segalen. 1905.

Victor Segalen est né le 14 janvier 1878 à Brest. L’oeuvre de ce poète est imprégnée des cultures qu’il a rencontrées dans l’exercice de son métier de médecin de marine.

Pour obtenir son doctorat de médecine, il soutient en 1902 une thèse dont le titre est Les Cliniciens ès lettres. Le sujet: les névroses dans la littérature contemporaine.

En 1903, il arrive en mission à Tahiti et découvre les restes de la culture Maorie, décimée par la présence européenne («Ici comme ailleurs, la race se meurt…» Journal de voyage). Lors d’une escale aux Marquises, il consulte les derniers croquis et carnets de Gauguin, mort trois mois auparavant («Je puis dire n’avoir rien vu du pays et de ses maoris avant d’avoir parcouru et presque vécu les croquis de Gauguin.»). De son séjour en Polynésie, il tire un livre, Les Immémoriaux, publié en 1907 sous le pseudonyme de Max Anély.

Dés 1908, Segalen s’intéresse à la Chine et souhaite devenir interprète. Il s’y installe avec sa femme et son fils Yvon en 1910. Il publie la première édition des Stèles à Pékin en 1912. Interrompu par la guerre dans le cours d’une expédition archéologique en Chine, il rentre en France, passe quelque temps au front, puis retourne en Chine pour y recruter des volontaires. Il continue ses recherches archéologiques qui inspirent Chine, la grande statutaire.

Malade, il quitte définitivement l’Asie fin 1917. Il prend part à la lutte contre l’épidémie de « grippe espagnole» à l’hôpital de Brest, mais son travail l’épuise. Il essaye de créer un centre culturel extrême oriental en France en 1918. Après deux mois de convalescence à Alger, il meurt le 21 mai 1919 en forêt d’Huelgoat.

Huelgoat. 23 mai 1919, la mort mystérieuse de l’écrivain Victor Segalen (Ouest France, 26/05/2019)

Victor Segalen est mort le 23 mai 1919, en forêt d’Huelgoat. Mais sa mort comme son œuvre est assez mystérieuse. Comme s’il l’avait lui-même mise en scène.

Le mercredi 21 mai 1919, Victor Segalen, très affaibli par une dépression qui le ronge depuis sept mois, quitte l’hôtel d’Angleterre où il séjourne, à Huelgoat. Il a sa canne et son pique-nique. Au moment de sortir, il se ravise et revient troquer ses bottines de chasse contre une paire de souliers bas. Le détail aura son importance. Il prend le chemin de la forêt vers 11 heures. Nul ne le reverra vivant.

L’après-midi, un violent orage éclate. On se dit qu’il s’est réfugié dans une auberge. Mais, le lendemain, l’inquiétude grandit. Les recherches commencent. Le vendredi 23, sa femme, Yvonne, arrive de Brest. Elle n’hésite pas un instant. Elle escalade le sentier qui domine le gouffre, parvient au sommet, et découvre son mari.

Une entaille à la cheville
Il est en position assise, les yeux ouverts. Il a plié son manteau d’officier de marine pour s’en faire un oreiller. Près de lui, un volume des œuvres de Shakespeare en anglais, ouvert sur une page de Hamlet, avec, comme garde page, une photo de sa femme.

La cause du décès saute aux yeux. Il a le pied gauche déchaussé, une entaille au creux de la cheville. Un mouchoir est noué au-dessus de la blessure, comme pour faire un garrot. Et, tout autour du pied, une grande mare de sang.

«Blessé, sans doute par un bois taillé en biseau, il a eu la force de venir mourir là où il savait que seule je saurais le retrouver», écrit Yvonne Segalen. En effet, une semaine plus tôt, les deux époux étaient venus à cet endroit, ils y avaient lu la page de Hamlet qu’on retrouvera ouverte près du corps. Malgré ces circonstances troublantes, Yvonne impose la thèse de l’accident et refuse l’autopsie. Les obsèques sont célébrées dès le lendemain matin, et l’écrivain est enterré au cimetière d’Huelgoat.

L’hypothèse du suicide
Pourtant, dès le début, l’hypothèse du suicide, si difficile à admettre à cette époque, est évoquée par certains de ses amis, ainsi que par ses collègues médecins de l’hôpital maritime de Brest. Victor Segalen souffre en effet d’une profonde dépression: il ne peut plus écrire, ne parvient pas à arrêter l’opium, se trouve dans une impasse affective entre sa femme Yvonne et sa maîtresse Hélène Hilpert, il a perdu le commandement de l’hôpital maritime de Brest, n’obtient pas de la Marine une mise en congés.

Des faits matériels sont aussi troublants: il a revêtu pour cette promenade son uniforme d’officier de Marine, ce qu’il ne faisait jamais. Il a mis des chaussures basses, ce qui rend l’accident possible. L’entaille a sectionné une petite artère de la malléole interne, un geste quasi-chirurgical. Un canif est retrouvé à proximité. Par contre, on ne retrouve aucune trace de sang dans le sentier, ni de «bois taillé en biseau». Certes, la pluie de l’orage a pu laver le sang, mais comment se fait-il alors que les pages du livre de Shakespeare n’aient absolument pas souffert de la pluie? Serait-il mort bien plus tard? Enfin, s’il était blessé, pourquoi ne pas être descendu vers la route, où il pouvait trouver du secours rapidement, plutôt que d’avoir escaladé le sentier?

Tout laisse penser que Victor Segalen a lui-même voulu donner une aura mystérieuse et symbolique à sa mort (il comparait les chaos rocheux d’Huelgoat aux stèles des tombeaux chinois). «Il existe en chacun de nous une irréductible et forclose tanière que nous ne pouvons qu’entrouvrir à autrui, écrivait-il.Le moi essentiel reste tapi dans le fond de son antre.»

Stèle marquant l’endroit où fut retrouvé le corps de l’écrivain, il y a cent ans, en haut d’un étroit sentier, au-dessus du gouffre d’Huelgoat

Victor Segalen 1878 – 1919

Victor Segalen. Région de Nankin [Nanjing], Tan-yang [Danyang], allée funéraire de Siao Chouen-tche [Xiao Shunzhi, aussi nommé Liang Wendi] (mort en 494 ap. J.-C.), colonne cannelée.

Stèles, Avant-propos.

Elles sont des monuments restreints à une table de pierre, haut dressée, portant une inscription. Elles incrustent dans le ciel de Chine leurs fronts plats. On les heurte à l’improviste: aux bords des routes, dans les cours des temples, devant les tombeaux. Marquant un fait, une volonté, une présence, elles forcent l’arrêt debout, face à leurs faces. Dans le vacillement délabré de l’Empire, elles seules impliquent la stabilité. […]

Le socle se réduit à un plateau ou à une pyramide trapue. Le plus souvent c’est une tortue géante, cou tendu, menton méchant, pattes arquées recueillies sous le poids. Et l’animal est vraiment emblématique; son geste ferme et son port élogieux. On admire sa longévité: allant sans hâte, il mène son existence par-delà mille années.

Conseils au bon voyageur

Ville au bout de la route et route
prolongeant la ville : ne choisis donc
pas l’une ou l’autre, mais l’une
et l’autre bien alternées.

Montagne encerclant ton regard le rabat
et le contient que la plaine ronde libère.
Aime à sauter roches et marches;
mais caresse les dalles où le pied pose bien à plat.

Repose-toi du son dans le silence,
et, du silence, daigne revenir au son.
Seul si tu peux, si tu sais être seul,
déverse-toi parfois jusqu’à la foule.

Garde bien d’élire un asile.
Ne crois pas à la vertu d’une vertu durable :
romps-la quelque forte épice
qui brûle et morde et
donne un goût même à la fadeur.

Ainsi, sans arrêt ni faux pas, sans licol et sans étable,
sans mérites ni peine, tu parviendras,
non point, ami, au marais des joies immortelles,

Mais aux remous pleins d’ivresses du grand fleuve Diversité.

Stèles du bord du chemin.

Huelgoat . Stèle à la mémoire de Victor Segalen au-dessus du gouffre

Jean-Paul Michel

Jean-Paul Michel.

Donne à la vérité un tour neuf

La maladresse est inévitable à la jeunesse – alors compte l’élan. Elle se trompe de fins, de moyens, et même d’objets, ignorante qu’elle est du monde, de l’étendue de ses capacités, des ressources d’un art juste. Le mal n’est pas que la jeunesse manque ce qu’elle est exposée à manquer; il serait qu’elle abandonne, mûrissant, le juste enthousiasme qui la nimbait dans l’erreur même – à quoi elle pourrait maintenant donner la bonne réplique de la bonne façon: que, par lassitude, elle renonce à ses nouvelles forces. Tu ne dois céder, vieille âme, ni quant à l’exigence d’une forme juste; ni, forte de savoirs nouveaux, oublier les farouches promesses de vérité et d’honneur qui donnent leur feu aux commencements.
Défie-toi des flatteries. Elles offensent celui qui les reçoit comme celui qui les donne. Ose vouloir. Donne à ta vérité un tour naïf. La rouerie des roués? Faiblesse, dissimulation, esquive, fuite. Ose oser.. Va au Père. Prépare ta tête, qu’on la coupe, quand viendra l’heure.
Personne qui puisse assumer ton devoir à ta place, à ta façon, dans ta cadence, sous les espèces du particulier désespéré signifiant désordre que, peut-être, tu aurais à orchestrer ainsi.
C’est l’heure du rendez-vous. Le pèlerinage à la tour de Tübingen pourrait-il sceller l’accomplissement de la promesse?
Qui sait? Peut-être dépendait-il de toi qu’aujourd’hui cela fût soutenu ainsi.
Va, mon poème, et que s’ouvre la mer.

Jean-Paul Michel, Ecrits sur la poésie.1981-2012. Flammarion.

Poète, essayiste, éditeur, Jean Paul Michel est né à La Roche-Canillac (Corrèze) en 1948. Il rencontre Pierre Bergounioux en Terminale en 1965 au Lycée Georges-Cabanis de Brive. Il a d’abord publié sous le nom de Jean-Michel Michelena, puis depuis 1992 sous celui de Jean-Paul Michel. Il dirige les éditions William Blake & Co qu’il a créées en 1976 à Bordeaux et où il a publié, outre ses propres recueils, de très nombreux ouvrages de poésie, philosophie, esthétique, contemporains et classiques mêlés. Il a enseigné la philosophie à Bordeaux (Agrégation en 1973).

Je ne connaissais pas Jean-Paul Michel avant la lecture de sa correspondance avec Pierre Bergounioux, publiée en septembre 2018 chez Verdier. (Correspondance 1981-2017. Éditions Verdier 2018) J’ai assisté à la présentation de ce livre à la Librairie Compagnie, 58 rue de Écoles, 75005-Paris. Pierre Bergounioux semblait fatigué. Il parlait assez bas. Jean-Paul Michel était plus souriant et s’exprimait avec dynamisme. La collection Poésie/ Gallimard a publié peu après Défends-toi, Beauté violente! précédé de Le plus réel est ce hasard, et ce feu. C’est un écrivain qu’il faut lire.

(Merci à N. de C. qui m’a fait rechercher ce texte…)

Antonio Machado

Antonio Machado 1925. (Leandro Oroz Lacalle).

Juan de Mairena. Sentencias, donaires, apuntes y recuerdos de un profesor apócrifo, 1936.

«Huid de escenarios, púlpitos, plataformas y pedestales. Nunca perdáis contacto con el suelo; porque sólo así tendréis una idea aproximada de vuestra estatura.»

«Es muy posible que, entre nosotros, el saber universitario no pueda competir con el folklore, con el saber popular. El pueblo sabe más, y sobre todo, mejor que nosotros. El hombre que sabe hacer algo de un modo perfecto –un zapato, un sombrero, una guitarra, un ladrillo– no es nunca un trabajador inconsciente, que ajusta su labor a viejas fórmulas y recetas, sino un artista que pone toda su alma en cada momento de su trabajo. A este hombre no es fácil engañarle con cosas mal sabidas o hechas a desgana.»

«Cuando se ponga de moda el hablar claro, ¡veremos!, como dicen en Aragón. Veremos lo que pasa cuando lo distinguido, lo aristocrático y lo verdaderamente hazañoso sea hacerse comprender de todo el mundo, sin decir demasiadas tonterías. Acaso veamos entonces que son muy pocos en el mundo los que pueden hablar, y menos todavía los que logran hacerse oír.»

Juan de Mairena. Traduit de l’espagnol par Marguerite Léon. Préface de Jean Cassou.
Collection Les Essais (n° 75), Gallimard. Parution : 30-08-1955

Marta Pessarrodona 1941

Marta Pesarrodona.

Nit trista de Sant Joan

No vam saltar ni l’última foguera.
Nit sense sorolls ni xiuxiueig de brases.
Nit de somnífer, letífera remor.

(¿Quant de temps ha calgut
per saber cobejar el corb
—aquest literari animalot
de color d’ala de mosca?)

Nit per no viure-la:
dolor adeu, adeu amor.
Ho havíem cremat ja tot.

La Fête de Saint-Jean (Jules Breton 1827-1906), 1875. Philadelphia Museum of Art

Joan Salvat-Papasseit 1894-1924

Joan Salvat-Papasseit.

Joan Salvat-Papasseit (1894-1924), est un écrivain et poète moderniste espagnol d’expression catalane. Influencé par Apollinaire et Marinetti, il est considéré comme le principal représentant du courant futuriste dans la littérature catalane. Il a écrit aussi de nombreux articles de critique sociale en castillan (Fumées d’usine) et en catalan.
Mort prématurément, il laisse une œuvre inclassable, empreinte d’idéalisme et formellement novatrice. Sa poésie est à la fois avant-gardiste et marquée par la tradition catalane. Son premier recueil, Poemes en ondes hertzianes (1919) est illustré par le peintre hispano-uruguayen Joaquín Torres García (1874-1949). Il publie ensuite La gesta dels estels (1922) et El poema de la rosa als llavis (1923).
La ville de Barcelone lui a rendu hommage en 1992 en érigeant sur le port, au Moll de Bosch i Alsina, une statue en bronze le représentant avec sur le socle, le poème Nocturn per a acordió. Ses poèmes ont été mis en musique et popularisés dans les années 60 par les chanteurs catalans de la Nova Cançó: Lluís Llach, Ovidi Montllor, Joan Manuel Serrat et Carles Andreu.
Joan Salvat-Papasseit est né à Barcelone le 16 mai 1894. Son père, Joan, disparaît en 1901 lors du naufrage du Montevideo, navire de la Compañía Trasatlántica Española qui faisait le trajet Barcelone-Cadix. Il doit travailler pour aider sa famille et suit des cours à l’école de la Llotja.
L’engagement politique de Salvat-Papasseit prend de plus en plus de place après la Semaine tragique de Barcelone (entre le 26 juillet et le 2 août 1909). Le pédagogue libertaire Francisco Ferrer (1859-1909) est fusillé le 13 octobre, après avoir été désigné comme le responsable de ces événements. Salvat-Papasseit se rapproche alors des milieux anarchistes et lit Nietzsche, Ibsen, Gorki, Tolstoi, Zola et Kropotkine. Il devient secrétaire général de l’Ateneo Enciclopédico Popular. Il sera aussi plus tard bibliothécaire de cet organisme. Ses plus proches amis sont alors Emilio Eroles, Joan Alavedra i Segurañas (1896-1981) et Antonio Palau y Dulcet (1867-1954). Ils forment en 1911 le groupe Col·lectors d’escopinyes i bolets. Ils composent des poèmes et des pamphlets qu’ils distribuent dans les rues de Barcelone. En 1912, il rencontre Carme Eleuterio i Ferrer, une couturière qui habite dans son quartier. Il l’épouse en 1918. En 1913, il devient ami de Daniel Cardona et se rapproche des cercles nationalistes radicaux. En 1914, il entre au comité de rédaction de la revue libertaire Los Miserables. Il y reste jusqu’en 1916 et signe ses articles sous le nom de Gorkiana. Il travaille aussi comme surveillant sur le port.
En 1916, il adhére à la Juventud socialista Barcelonesa et publie dans des revues socialistes. Il est condamné à une peine de deux mois et un jour de prison pour son article: Un pueblo:Portugal. Il travaille ensuite dans plusieurs librairies et est rédacteur en chef de la revue Un enemic del Poble (Un enemigo del Pueblo).
Pour soigner sa tuberculose, il doit fréquenter plusieurs sanatoriums. C’est pourtant un poète résolument optimiste qui a toujours cru en sa guérison: «Tout le secret de mon optimisme vient, et de cela seulement, de ce que j’ai beaucoup souffert». Sa première fille Salomé naît en 1919. Sa seconde fille, Núria, naît elle en 1922, mais ne vit que deux ans. Il se définissait lui-même comme un «poèteavantgardistecatalan».
Il est mort à Barcelone le 7 août 1924 à l’âge de 30 ans.

Statue à l’effigie de Joan Salvat-Papasseit (Robert Krier). Barcelone, Moll de la Fusta. 1992.

Fiestas de San Juan – Joan Salvat-Papasseit (1894-1924)

FESTES DE FOGUERES DE SANT JOAN 2019. ELX.

Festes Patronals en honor a Sant Joan Baptista al barri del Raval

El 24 de juny és el dia de Sant Joan, i en el seu honor se celebren les festes al barri del Raval. És tradicional la plantà d’una foguera gran i diverses petites als voltants de l’Església de Sant Joan. Són molts els veïns que acudeixen al recinte a gaudir dels típics sopar de cabasset, la banyaeta, actuacions, revetlles, etc., a més de les processons i actes religiosos, com ara el tridu i les serenates.

La nit de Sant Joan es procedeix a la cremà de les fogueres entre el goig dels més joves, que finalment acaben banyats per l’aigua amb la qual els bombers sufoquen el foc de les fogueres.

La plantà tindrà lloc el 21 de juny i la cremà el 24 de juny.

Vetlla, revetlla (Joan Salvat-Papasseit)

                     A Jaume Llongueres

Sant Joan
noça i bateig de sang!
Les noies riuen amb llur galant.

Quina vesprada
festa pel cor:
cada abraçada deixarà enyor,
cada besada un infant nou.

Pluja de ruda sobre els pitralls,
qui diu l’amada,
qui diu l’amant.

El càntir s’ompli
d’aigua amb anís,
que es vessi tota
sines endins.

No hi haurà festa si el foc no és alt,
si molt no es besa
y l’amor es plany.

A la fontada vinguen cançons
la matinada veurem el sol:

haurem menjada coca amb llardons.

La gesta dels estels (Mostra de poemes), 1922.

Veille et nuit de fête (Joan Salvat-Papasseit)

                                       A Jaume Llongueres

Á la Saint-Jean
noce et baptême de sang!
Les jeunes filles rient avec leurs galants.

Quelle soirée
fête pour le coeur:
chaque étreinte laissera des regrets,
chaque baiser un nouvel enfant.

Pluie d’asplenium sur les corps
qui dit l’aimée,
qui dit l’amant.

Le cruche se remplit
d’eau et d’anis,
qu’elle se déverse
sur les potrines.

Il n’y aura pas de fête si le feu n’est pas haut,
si l’on ne s’embrasse pas assez
et si l’amour se plaint.

Á la fontaine en fête que se succèdent les chansons
à l’aube nous verrons le soleil:

nous aurons mangé la tourte aux lardons.

(Traduit du catalan par Annie Andreu-Laroche et Carlos Andreu)

Epitalami d’unes noces de maig (Joan Salvat-Papasseit)

Amic, quin trot galant
si aquesta nit avances la nit de Sant Joan –
la nit de Sant Joan que és nit de meravella,
i és damunt cada bes que neixen les estrelles.

Digue-li al teu amor l’enveja que li hauran altres donzelles
i eixuga-li aquell crit——-mica de plor,
que és en la noia verge quan el seu cos floreix una rosella.

I para compte al goig del seu desmai.

Que Cupidell us furti
i no pugueu vestir-vos si feu curta l’empresa.

Óssa menor (Fi dels poemes d’avant-guarda), 1925

Epithalame pour noces de mai (Joan Salvat-Papasseit)

Ami quel trot galant
si cette nuit tu devances la Saint-Jean –
nuit de la Saint-Jean nuit de merveille
pour chaque baiser naît une étoile.

Dis à ton amour la jalousie qu’éprouveront les autres donzelles
étouffe ce cri pleur léger
qui sort de la jeune vierge quand son corps fait fleurir un coquelicot.

Sois attentif à la joie de son évanouissement.

Que Cupidon vous vole
et que vous ne puissiez vous vêtir à nouveau si vous écourtez votre étreinte.

Petite ourse (Fin des poèmes d’avant-garde), 1925

(Traduit du catalan par Annie Andreu-Laroche et Carlos Andreu)

Joan Salvat-Papasseit (1894-1924).

Guillaume Apollinaire

Portrait de Guillaume Apollinaire (Jean Metzinger 1883-1956), 1910. Collection particulière.

Guillaume Apollinaire (1880-1918) s’est engagé dans l’armée bien que n’ayant pas la nationalité française. Il a été blessé à la tempe le 17 mars 1916 devant Berry-au-Bac (Aisne) par un éclat d’obus alors qu’il lisait le Mercure de France. Il est évacué vers une ambulance et opéré dans la nuit. Il est trépané le 9 mai 1916 à la villa Molière, annexe du Val-de-Grâce, boulevard Montmorency. Affaibli par cette blessure de guerre, il meurt chez lui, au 202 boulevard Saint-Germain, le 9 novembre 1918 de la grippe “espagnole ». Paul Léautaud écrit dans son Journal le 11 novembre 1918 qu’il est décédé d’une «grippe intestinale compliquée de congestion pulmonaire» . Alors qu’il agonise par asphyxie, les Parisiens défilent sous ses fenêtres en criant «À bas Guillaume!», faisant référence non au poète, mais à l’empereur Guillaume II d’Allemagne qui a abdiqué le même jour. Il est enterré le 13 novembre au cimetière du Père-Lachaise, division 86.

En mai 1921, ses amis constituent un comité afin de collecter des fonds pour l’exécution d’un monument funéraire par Pablo Picasso. Soixante-cinq artistes offrent des œuvres. La vente aux enchères a lieu à la Galerie Paul Guillaume les 16 et 18 juin 1924. Elle rapporte 30 450 francs. En 1927 et 1928, Picasso propose deux projets. Aucun n’est retenu. Le premier est jugé obscène par le comité. Pour le second – une construction de tiges en métal – Picasso s’est inspiré du «monument en vide» créé par l’oiseau du Bénin pour Croniamantal dans Le Poète assassiné. À l’automne 1928, il réalise quatre constructions avec l’aide de son ami, le sculpteur et peintre espagnol, Julio González (1876-1942), que le comité refuse; trois sont conservés au Musée Picasso à Paris, la quatrième appartient à une collection privée. Sa tête sculptée de Dora Maar, censéé représenter le poète, sera installée dans le square de Saint-Germain-des-Prés en 1955.

C’est le peintre Serge Férat (1881-1958), ami d’Apollinaire, qui dessinera finalement le monument-menhir en granit surmontant la tombe. Elle porte également une double épitaphe extraite du recueil Calligrammes, trois strophes discontinues de Colline, qui évoquent son projet poétique et sa mort, et un calligramme de tessons verts et blancs en forme de cœur qui se lit «mon cœur pareil à une flamme renversée».

Les collines

(…)

Je me suis enfin détaché
De toutes choses naturelles
Je peux mourir mais non pécher
Et ce qu’on n’a jamais touché
Je l’ai touché je l’ai palpé

Et j’ai scruté tout ce que nul
Ne peut en rien imaginer
Et j’ai soupesé maintes fois
Même la vie impondérable
Je peux mourir en souriant (…)

Habituez-vous comme moi
À ces prodiges que j’annonce
À la bonté qui va régner
À la souffrance que j’endure
Et vous connaîtrez l’avenir

Ondes, Calligrammes, 1918

Jorge Luis Borges e Islandia

Jorge Luis Borges y Adolfo Bioy Casares.

Adolfo Bioy Casares, Borges, Editorial Destino, 2006.

«BORGES: Un viaje es una serie de incomodidades.
BIOY: Sí, pero son incomodidades que se transforman en buenos recuerdos. No se puede pedir nada más que buenos recuerdos.
BORGES: Es cierto. Hay que pedir un buen pasado. Lo único a que puede un hombre aspirar es a un buen pasado. No: quizá también se pueda aspirar a un buen futuro. Lo que es imposible es un buen presente. El que pide un buen presente no tiene noción de la realidad.»

Jorge Luis Borges sentía una misteriosa fascinación por Islandia. Visitó el país tres veces: en 1971, 1976 y 1982. Se casó con María Kodama bajo el culto de los dioses paganos Odin y Thor y oficialmente en abril de 1986. Falleció en Ginebra dos meses más tarde el 14 de junio de 1986. Tenía 86 años.

Cita con Maria Kodama. Entrevista (Clarín, 31/07/2016)

“–En el libro usted habla del amor que Borges sentía aunque no lo decía “hasta que me lo reveló en Islandia”. ¿Qué pasó en Islandia?
Y es aquí cuando María Kodama más se sonroja y se ríe.
–Islandia fue el principio de una relación de amor muy especial entre él y yo. Se manifiesta en Islandia porque ir allí fue la materialización de una historia que venía de antes.
–¿Hasta ese momento usted era sólo una discípula?
–No, mucho mucho antes era una discípula… Pero en términos literarios estaba muy bien que fuera en Islandia.”

Lápida de Borges. Cementerio de Plainpalais, Ginebra, Suiza.

Borges está enterrado en el cementerio de Plainpalais de Ginebra. En la lápida de su tumba aparece tallada la imagen de siete guerreros que blanden sus armas. Y, debajo, una frase en anglosajón (inglés antiguo) que pertenece a un antiguo poema que conmemora la batalla de Maldon, ocurrida en el año 991, en el que un ejército sajón debió enfrentar a una horda de vikingos. La frase es AND NE FORTHEDON NA, “y que no temieran”, parte de la arenga que el líder sajón dio a sus hombres antes de la batalla: les dijo que no temieran ante la muerte, y que tuvieran coraje.

En el reverso está también tallada una frase: “Hann tekr sverðit Gram ok leggr í meðal þeira bert”, que proviene de la Völsunga saga, una serie de relatos escrita en el siglo XIII (su padre, Jorge Guillermo Borges 1874 – 1938, se la regaló en inglés cuando era un adolescente). Significa: “Él tomó la espada Gram y la colocó entre ellos desenvainada”. Es a su vez el epígrafe de un cuento de Borges, “Ulrica“, incluido en El libro de arena (1975), único relato de amor del autor y cuyo protagonista se llama Javier Otálora. Debajo hay una talla de un barco que fue tomado de una piedra vikinga. Ese barco simboliza la eternidad y el viaje final del hombre. y bajo ésta se puede ver una tercera inscripción: «De Ulrica a Javier Otárola», lo que permite interpretar esta última inscripción como una dedicatoria de María Kodama a Jorge Luis Borges. La segunda mujer del escritor argentino encargó la talla de la lápida al escultor argentino Eduardo Longato.

Lápida de Borges. Cementerio de Plainpalais, Ginebra, Suiza.