La tertulia del café Pombo (José Gutiérrez Solana). 1920. Madrid, Museo Reina Sofía. Esta tertulia era presidida en Madrid en la calle de Carretas por el “padre de las vanguardias en España”, Ramón Gómez de la Serna. Bergamín era muy joven entonces pero su excepcional agudeza e inteligencia le permitía participar en pie de igualdad con conterturlios mayores. Manuel Abril, Tomás Borrás, José Bergamín, José Cabrero, Gómez de la Serna –de pie– Mauricio Bacarisse, el propio Solana autorretratado, Pedro Emilio Coll y Salvador Bartolozzi.
José Bergamín, grande figure qui traversa tout le XXe siècle espagnol est mort en 1983, tout de suite après avoir corrigé les épreuves de son dernier recueil de poèmes, En attendant la main de neige, c’est-à-dire la mort. Il sera enterré le lendemain, selon ses propres vœux, dans une tombe anonyme du cimetière de Fontarrabie (en basque : Hondarribia ; en espagnol : Fuenterrabía) De là, il domine la mer, comme la croix du Christ de ses trois grands sonnets (Tres sonetos a Cristo crucificado ante el mar) dédiés à Jacques et Raïssa Maritain et qu’Antonio Machado considérait parmi les plus beaux de la langue espagnole.
Tres sonetos a Cristo crucificado ante el mar
(París, 1937)
A Jacques y Raïssa Maritain
Solo a lo lejos el piadoso mar
Unamuno
I
No te entiendo, Señor, cuando te miro
frente al mar, ante el mar crucificado.
Solos el mar y tú. Tú en cruz anclado,
dando a la mar el último suspiro.
No sé si entiendo lo que más admiro:
que cante el mar estando Dios callado;
que brote el agua, muda, a su costado,
tras el morir, de herida sin respiro.
O el mar o tú me engañan, al mirarte
entre dos soledades, a la espera
de un mar de sed, que es sed de mar perdido.
¿Me engañas tú o el mar, al contemplarte
ancla celeste en tierra marinera,
mortal memoria ante inmortal olvido?
II
Ven ya, madre de monstruos y quimeras,
paridora de música radiante,
ven a cantarle al Hombre agonizante
tus mágicas palabras verdaderas.
Rompe a tus pies tus olas altaneras
deshechas en murmullo suspirante.
De la nube sin agua, al desbordante
trueno de voz, enciende tus banderas.
Relampaguea, de tormenta suma,
la faz divinamente atormentada
del Hijo a tus entrañas evadido.
Pulsa la cruz con dedos de tu espuma.
Y mece por el sueño acariciada,
la muerte de tu Dios recién nacido.
III
No se mueven de Dios para anegarte
las aguas por sus manos esparcidas;
ni se hace lengua el mar en tus heridas
lamiéndolas del sal para callarte.
Llega hasta ti la mar, a suplicarte,
madre de madres por tu afán transidas,
que ancles en tus entrañas doloridas
la misteriosa voz con que engendrarte.
No hagas tu cruz espada en carne muerta;
mástil en tierra y sequedad hundido;
árbol en cielo y nubes arraigado.
Madre tuya es la mar: sola, desierta.
Mírala tú que callas, tú caído.
Y entrégale tu grito arrebatado.
Poesías casi completas, pp.23-24.
José Bergamín (Adolf Hoffmeister 1902 – 1973) 1939.
« When the shadow of the sash appeared on the curtains it was between seven and eight o’ clock and then I was in time again,hearing the watch. It was Grandfather’s and when Father gave it to me he said I give you the mausoleum of all hope and desire; it’s rather excruciatingly apt that you will use it to gain the reducto absurdum of all human experience which can fit your individual needs no better than it fitted his or his father’s. I give it to you not that you may remember time, but that you might forget it now and then for a moment and not spend all your breath trying to conquer it. Because no battle is ever won he said. They are not even fought. The field only reveals to man his own folly and despair, and victory is an illusion of philosophers and fools. »
Le bruit et la fureur. (Traduction Maurice-Edgar Coindreau) Editions Gallimard, 1938.
2 juin 1910
« Quand l’ombre de la croisée apparaissait sur les rideaux, il était entre sept heures et huit heures du matin. Je me retrouvais alors dans le temps, et j’entendais la montre. C’était la montre de grand-père et, en me la donnant, mon père m’avait dit : Quentin, je te donne le mausolée de tout espoir et de tout désir. Il est plus que douloureusement probable que tu l’emploieras pour obtenir le reducto absurdum de toute expérience humaine, et tes besoins ne s’en trouveront pas plus satisfaits que ne le furent les siens ou ceux de son père. Je te le donne, non pour que tu te rappelles le temps, mais pour que tu puisses l’oublier parfois pour un instant, pour éviter que tu ne t’essouffles en essayant de le conquérir. Parce que, dit-il, les batailles ne se gagnent jamais. On ne les livre même pas. Le champ de bataille ne fait que révéler à l’homme sa folie et son désespoir, et la victoire n’est jamais que l’illusion des philosophes et des sots. »
Secourez moy, douce vierge Marie,
Port de salut que l’en doit réclamer!
Je sens ma nef foible, povre et pourrie,
De sept tourments assaillie en la mer
Mon voile est roupt, ancres n’y puet encrer
J’ai grant paour que plunge ou que n’affonde
Se voz pitiez envers moy ne se fonde.
Qui est la nef, fort ceste mortel vie
Qui a paines puet LX ans passer?
Les sept tourments sont Orgueil et Envie
Detraccion, Luxure et Murmurer
Convoitise qui ne laisse durer,
Et leurs consors me tuent en ce monde,
Se voz pitiez envers moy ne se fonde.
Mon voile est roupt, qui vertu signifie,
Et mon encre ne se puet arrester
Pour ce chetif monde qui me detrie,
Qui ne me laisse à mon ame penser.
Or me vueillez mon volie relever,
Vierge, ou je doubt pechiez ne me confunde,
Se voz pitiez envers moy ne se fonde.
Eustache Deschamps en son temps sous la direction de Jean-Patrice Boudet et Hélène Millet. Publications de la Sorbonne 1997.
Merci à J.A.
Ballade n°134. Tome 1. page 258.
“Dans cet appel au secours à Notre-Dame, le poète parle de sa vie et de lui-même comme d’un bateau (Une nef, vers 3 et 8) devant se rendre au port du salut, d’où le vocable donné à la Vierge (vers 2). L’embarcation est en mauvais état (vers 3 et 5) et doit affronter sept tourmens. Ce sont les sept péchés capitaux qui sont ainsi désignés, dont trois sont nommés dans la seconde strophe (Orgueil, Envie et Luxure). Les quatre autres (Colère, Avarice, Paresse et Gourmandise), englobés sous le nom de consors (vers 13) ont été ici remplacés par Detraccion, Murmurer et Convoitise, qui sont plutôt des dérivés d’Envie. Le poète renouvelle sa prière dans la troisième strophe: Marie doit l’aider à relever sa voile (vers 19), c’est à dire à cultiver les vertus. Touchée, la Vierge répond dans la ballade 135 en lui indiquant les vertus qu’il doit pratiquer pour éviter l’Enfer.”
“Con los comunistas hasta la muerte… pero ni un paso más”
«Sería objetivo si fuera objeto, pero soy sujeto.»
«Las cosas como son. ¿Cómo son las cosas?”
“Buscar las raíces no es más que una forma subterránea de andarse por las ramas”
“Detrás de un patriota hay siempre un comerciante “
Gracias a M.V.F.
Madrid Plaza de la Independencia n°8. Casas Salabert. Conjunto de tres edificios en la esquina de la calle Alfonso XII y la Plaza de la Independencia 1878. (Francisco de Cubas 1826-1899) Ahí nació José Bergamín.
Joie de la parole. (Traduction de Patrick Gifreu). Orphée, La Différence,1993.
Invitació a la dansa
Amb penes i treballs mantinc intacte un vell reducte que amb el pas del temps s’ha convertit en una fortalesa.
Parapetat darrere el que he perdut, lúcidament defenso el privilegi de ser qui sóc, d’escriure com escric i de viure com visc, sempre que el cos se’m conservi en uns mínims acceptables.
Ara que l’agost bat els seus metalls amb una escandalosa desmesura, jo em refugio en la solemnitat que s’ha integrat en mi i em representa.
Després, els déus diran per quin camí i amb quina gent he de seguir la ruta; Dòcil i greu allargaré les mans per aprendre el nou ritme de la pluja.
Després de tot (1990-2002). Premio Laureà Melà.
Barcelona. Monumento al libro (Joan Brossa 1919 – 1998), 1994.
Miquel Martí i Pol est un poète espagnol d’expression catalane. Il est né le 19 mars 1929 à Roda de Ter (Catalogne, Espagne). il est mort le 11 novembre 2003 à Vic (Catalogne, Espagne). Fils d’ouvriers, il commence à travailler à l’âge de 14 ans dans une usine textile de sa ville. A 19 ans, il est atteint d’une tuberculose pulmonaire, ce qui le maintient alité. Il lit énormément. Sa poésie des années 50 est simple. Elle exprime le sentiment amoureux. Dans les années 1960, il commence à être connu pour ses poèmes engagés et réalistes. Il milite alors au PSUC clandestin (Partido Socialista Unificado de Cataluña). Atteint de sclérose multiple, il est obligé de cesser de travailler en 1973. Sa poésie devient plus intérieure et intimiste. Elle exprime aussi sa lutte contre la maladie. Il devient un des poètes catalans les plus lus et les plus populaires. Ses poèmes sont chantés par des interprètes tels que Lluís Llach, María del Mar Bonet, Teresa Rebull, Arianna Savall.
Ses œuvres complètes sont publiées en quatre volumes de 1989 à 2004. Il a reçu en 1991 le Prix d’Honneur des Lettres catalanes.
Barcelone. Monument au livre (Joan Brossa 1919 – 1998), 1994. Plaque avec la signature de Miquel Martí i Pol, installée par la Corporation des Libraires de Barcelone en 1998.
Primo Levi est né le 31 juillet 1919 à Turin. Il est mort le 11 avril 1987 à Turin à la suite d’une chute dans l’escalier intérieur de son immeuble. Il se serait suicidé.
Issu d’une vieille famille juive libérale du Piémont, il obtient un doctorat en chimie, mais ne peut trouver d’emploi stable en raison des lois raciales de l’Italie fasciste de Mussolini.
Il est arrêté le 13 décembre 1943 en tant que membre du mouvement de résistance Giustizia e Libertà. Il est déporté ensuite comme juif à Auschwitz et y est détenu du 22 février 1944 à la libération du camp, le 27 janvier 1945 sous le matricule 174.517. De son convoi de 650 personnes, seulement 20 personnes survivront.
Il écrit Si c’est un homme (Se questo è un uomo) entre décembre 1945 et janvier 1947. Le manuscrit est refusé une première fois par Giulio Einaudi, Cesare Pavese, Natalia Ginzburg. Il est publié le 11 octobre 1947 à 2 500 exemplaires par la petite maison d’édition De Silva. Italo Calvino, dans le journal communiste L’Unità, estime que ces pages comptent « parmi les plus belles sur la littérature de la seconde guerre mondiale ». Le livre reste pourtant confidentiel jusqu’en 1963, année de la publication de La Trève(La Tregua) qui raconte le périple du retour de l’auteur en Italie.
Se questo è un uomo est alors vendu à près de cent mille exemplaires et est traduit en plusieurs langues, dont l’allemand. Le livre est un des grands témoignages sur l’horreur de la Shoah.
Si c’est un homme. Présentation de l’édition scolaire.
«Je serai heureux si je sais que ne serait-ce qu’un seul de mes nouveaux lecteurs a compris combien il est dangereux, le chemin qui part du fanatisme nationaliste et de l’abdication de la raison.»
Si c’est un homme (Se questo è un uomo). Traduit de l’italien par Martine Schruoffeneger. Julliard, 1987.
“Les monstres existent, mais ils sont trop peu nombreux pour être vraiment dangereux ; ceux qui sont plus dangereux, ce sont les hommes ordinaires, les fonctionnaires prêts à croire et à obéir sans discuter”
Rongé par la soif, l’auteur se saisit d’un bloc de glace qu’il espère pouvoir lécher:
«[…] je n’ai pas plus tôt détaché le glaçon, qu’un grand et gros gaillard qui faisait les cent pas dehors vient à moi et me l’arrache brutalement. «Warum?», dis-je dans mon allemand hésitant. «Hier ist kein warum» [Ici, il n’y a pas de pourquoi]»
“Je suis juif parce que le sort a voulu que je naisse juif. Je n’en rougis pas et je ne m’en glorifie pas. Etre juif pour moi, c’est une question d’«identité», une «identité» à laquelle, je dois le préciser, je n’ai pas l’intention de renoncer”.
Couverture originale de Se questo è un uomo (1947) illustrée par un dessin de Goya.
14 Mai 2019 – 25 août 2019. BNF François Mitterrand. Quai François Mauriac 75013-Paris. Galerie des donateurs. Entrée libre.
Antonio Seguí est né le 11 janvier 1934 à Córdoba (Argentine). En 1963, il représente l’Argentine à la Biennale de Paris. Il s’installe alors en France, à Paris d’abord, puis à Arcueil dans l’ancienne propriété de l’industriel et homme politique Émile Raspail (1831-1887). C’est un artiste prolifique: peintre, sculpteur, graveur, illustrateur. Il a été influencé au début par des artistes comme Honoré Daumier, George Grosz ou Otto Dix.
Son œuvre figurative fait vivre un monde coloré et graphique sur fond d’agitation urbaine. A partir des années 70, on retrouve dans ses œuvres un personnage récurrent: un homme portant un chapeau, inspiré par les hommes argentins de son enfance. C’est l’archétype de l’homme anonyme qu’il met régulièrement dans des situations tragiques ou absurdes, seul ou perdu dans la ville. La dictature militaire argentine avait interdit Antonio Seguí de séjour: «Je n’ai pas cherché à les attaquer directement — je ne suis pas un militant, je ne crois pas à l’art engagé —, mais des gens pas très intelligents pensent que quand vous n’êtes pas avec eux, vous êtes contre eux.»
La corbata. 1992. Paris, BNF.
Il réalise à partir de 2002 des gravures au carborundum, dont il aime le«noir dense, avec un langage d’une grande sobriété, très graphique».
L’artiste argentin a fait don à la BnF de plus de 500 de ses œuvres : estampes, portfolios et ouvrages illustrés. Cela a permis d’enrichir les collections du département des Estampes et de la photographie ainsi que la Réserve des livres rares. La commissaire de l’exposition, Céline Chicha, a choisi une cinquantaine d’estampes, la plupart inédites. Elles permettent de découvrir l’univers de l’artiste. Plusieurs manières ou périodes se distinguent. Les années soixante avec des estampes très dessinées et composées de très nombreux détails. Les années quatre-vingt-dix avec des linogravures bicolores de grand format, emblématiques où transparaissent les tailles directes de la gouge. Elles donnent une vibration aux déambulations urbaines de l’homme au chapeau. Dans d’autres dominent la taille douce, la lithographie, ou la sérigraphie. Il fait alors davantage appel aux couleurs. Les œuvres les plus contemporaines présentent des estampes plus dépouillées, à gros trait noir, où la ligne claire du pinceau de carborundum campe un personnage sur la feuille blanche.
Une rétrospective de ses œuvres sur papier lui avait été déjà consacrée en 2005 au Centre Georges Pompidou à Paris.
Film argentin de Carlos Sorín. 99 ‘. Photographie: Iván Gierasinchuck. Avec Victoria Almeida, Diego Gentile, Joel Noguera, Anna Katz, Gustavo Daniele, Emilce Festa.
Carlos Sorín s’est fait connaître internationalement en 2002 avec Historiasmínimas. Il raconte avec humanisme, parfois aussi avec humour des histoires minuscules de gens ordinaires. Il choisit souvent les paysages de la Patagonie.
Il évoque dans son nouveau film une histoire simple: l’adoption et les conséquences qu’elle entraîne dans une famille. Cecilia, professeur particulier de piano, et Diego son mari, ingénieur forestier, se sont récemment installés à Tolhuin, une petite ville de 6 000 habitants de la Terre de Feu. Ils ont entrepris des démarches d’adoption. Au début du film, ils viennent de recevoir la proposition du tribunal d’Ushuaïa d’adopter un jeune garçon de 9 ans, venant des quartiers défavorisés des environs de Buenos Aires. Sa mère a disparu, sa grand-mère vient de mourir, son oncle (El Loco) est en prison. Le couple, qui s’attendait à adopter un enfant plus jeune, accepte après quelques hésitations. Ils auront six mois de garde pré-adoptive. Ils font face d’abord à cet enfant silencieux, au regard triste, plus âgé que les autres élèves de l’école, puis au rejet de la petite communauté à laquelle ils essaient de s’intégrer.
L’interprétation du jeune garçon et des deux acteurs principaux est remarquable. Carlos Sorín joue avec élégance de leurs hésitations, de leurs silences. Son regard sur les personnages est bienveillant. Tout le monde a ses raisons, tout le monde peut être sujet aux préjugés sociaux, raciaux, culturels.
Le personnage de la mère, tout en retenue, devient central à la fin du film. Dans une scène où l’enfant s’enferme dans la salle de bains, elle menace de le rendre à l’assistance publique. Elle décide pourtant ensuite à le défendre coûte que coûte. La fin ouverte est juste. Elle laisse aux spectateurs le soin de réfléchir sur l’égalité des chances et les valeurs de la société moderne,
Le journal La Nación rappelle les chiffres officiels: En Argentine, 5 000 familles ont déposé un dossier d’adoption. Seulement 15 % d’entre elles sont prêtes à accueillir un enfant de plus de huit ans, et 0,8 % un enfant de plus de douze ans. Carlos Sorín prévient: “Un enfant qui n’est pas adopté court de grands risques de sombrer plus tard dans la marginalité”,
Filmographie 1986: La Era del ñandú. (Faux documentaire). 1986: Le Film du roi (La película del rey). 1989: Eversmile, New Jersey (Eterna sonrisa de New Jersey). 2002 : Historias mínimas. 2003: Ensayo (série TV). 2004: 18-j. 2004: Bombón el Perro (El Perro). 2005: Manos libres – El caso del bebé de los Perales (feuilleton TV). 2006: El camino de San Diego. 2009: La Fenêtre (La Ventana). 2011: El gato desaparece. 2012: Jours de pêche en Patagonie (Días de pesca). 2018: Joel, une enfance en Patagonie (Joel).
Recueils, nouvelles et récits publiés en librairie. Nouvelles et récits. Oeuvres complètes, I. Bibliothèque de la Pléiade. NRF. 2018. Édition publiée sous la direction de Jean-Pierre Lefebvre.
Désir de devenir un Indien «Si seulement on était un Indien, tout de suite prêt, et que sur le cheval au galop, incliné en l’air, on était pris et repris par de brefs tremblements au-dessus du sol trépidant, jusqu’au moment où on lâchait les éperons, car il n’y avait pas d’éperons, où on envoyait promener les rênes, car il n’y avait pas de rênes, et où on voyait à peine la campagne devant soi, telle une lande tondue à ras, en ayant déjà plus d’encolure ni de tête de cheval.» Publié en 1912 dans le recueil Betrachtung.