Amb penes i treballs mantinc intacte un vell reducte que amb el pas del temps s’ha convertit en una fortalesa.
Parapetat darrere el que he perdut, lúcidament defenso el privilegi de ser qui sóc, d’escriure com escric i de viure com visc, sempre que el cos se’m conservi en uns mínims acceptables.
Ara que l’agost bat els seus metalls amb una escandalosa desmesura, jo em refugio en la solemnitat que s’ha integrat en mi i em representa.
Després, els déus diran per quin camí i amb quina gent he de seguir la ruta; Dòcil i greu allargaré les mans per aprendre el nou ritme de la pluja.
Després de tot (1990-2002). Premio Laureà Melà.
Miquel Martí i Pol est un poète espagnol d’expression catalane. Il est né le 19 mars 1929 à Roda de Ter (Catalogne, Espagne). il est mort le 11 novembre 2003 à Vic (Catalogne, Espagne). Fils d’ouvriers, il commence à travailler à l’âge de 14 ans dans une usine textile de sa ville. A 19 ans, il est atteint d’une tuberculose pulmonaire, ce qui le maintient alité. Il lit énormément. Sa poésie des années 50 est simple. Elle exprime le sentiment amoureux. Dans les années 1960, il commence à être connu pour ses poèmes engagés et réalistes. Il milite alors au PSUC clandestin (Partido Socialista Unificado de Cataluña). Atteint de sclérose multiple, il est obligé de cesser de travailler en 1973. Sa poésie devient plus intérieure et intimiste. Elle exprime aussi sa lutte contre la maladie. Il devient un des poètes catalans les plus lus et les plus populaires. Ses poèmes sont chantés par des interprètes tels que Lluís Llach, María del Mar Bonet, Teresa Rebull, Arianna Savall.
Ses œuvres complètes sont publiées en quatre volumes de 1989 à 2004. Il a reçu en 1991 le Prix d’Honneur des Lettres catalanes.
Primo Levi est né le 31 juillet 1919 à Turin. Il est mort le 11 avril 1987 à Turin à la suite d’une chute dans l’escalier intérieur de son immeuble. Il se serait suicidé.
Issu d’une vieille famille juive libérale du Piémont, il obtient un doctorat en chimie, mais ne peut trouver d’emploi stable en raison des lois raciales de l’Italie fasciste de Mussolini.
Il est arrêté le 13 décembre 1943 en tant que membre du mouvement de résistance Giustizia e Libertà. Il est déporté ensuite comme juif à Auschwitz et y est détenu du 22 février 1944 à la libération du camp, le 27 janvier 1945 sous le matricule 174.517. De son convoi de 650 personnes, seulement 20 personnes survivront.
Il écrit Si c’est un homme (Se questo è un uomo) entre décembre 1945 et janvier 1947. Le manuscrit est refusé une première fois par Giulio Einaudi, Cesare Pavese, Natalia Ginzburg. Il est publié le 11 octobre 1947 à 2 500 exemplaires par la petite maison d’édition De Silva. Italo Calvino, dans le journal communiste L’Unità, estime que ces pages comptent « parmi les plus belles sur la littérature de la seconde guerre mondiale ». Le livre reste pourtant confidentiel jusqu’en 1963, année de la publication de La Trève(La Tregua) qui raconte le périple du retour de l’auteur en Italie.
Se questo è un uomo est alors vendu à près de cent mille exemplaires et est traduit en plusieurs langues, dont l’allemand. Le livre est un des grands témoignages sur l’horreur de la Shoah.
Si c’est un homme. Présentation de l’édition scolaire.
«Je serai heureux si je sais que ne serait-ce qu’un seul de mes nouveaux lecteurs a compris combien il est dangereux, le chemin qui part du fanatisme nationaliste et de l’abdication de la raison.»
Si c’est un homme (Se questo è un uomo). Traduit de l’italien par Martine Schruoffeneger. Julliard, 1987.
“Les monstres existent, mais ils sont trop peu nombreux pour être vraiment dangereux ; ceux qui sont plus dangereux, ce sont les hommes ordinaires, les fonctionnaires prêts à croire et à obéir sans discuter”
Rongé par la soif, l’auteur se saisit d’un bloc de glace qu’il espère pouvoir lécher:
«[…] je n’ai pas plus tôt détaché le glaçon, qu’un grand et gros gaillard qui faisait les cent pas dehors vient à moi et me l’arrache brutalement. «Warum?», dis-je dans mon allemand hésitant. «Hier ist kein warum» [Ici, il n’y a pas de pourquoi]»
“Je suis juif parce que le sort a voulu que je naisse juif. Je n’en rougis pas et je ne m’en glorifie pas. Etre juif pour moi, c’est une question d’«identité», une «identité» à laquelle, je dois le préciser, je n’ai pas l’intention de renoncer”.
14 Mai 2019 – 25 août 2019. BNF François Mitterrand. Quai François Mauriac 75013-Paris. Galerie des donateurs. Entrée libre.
Antonio Seguí est né le 11 janvier 1934 à Córdoba (Argentine). En 1963, il représente l’Argentine à la Biennale de Paris. Il s’installe alors en France, à Paris d’abord, puis à Arcueil dans l’ancienne propriété de l’industriel et homme politique Émile Raspail (1831-1887). C’est un artiste prolifique: peintre, sculpteur, graveur, illustrateur. Il a été influencé au début par des artistes comme Honoré Daumier, George Grosz ou Otto Dix.
Son œuvre figurative fait vivre un monde coloré et graphique sur fond d’agitation urbaine. A partir des années 70, on retrouve dans ses œuvres un personnage récurrent: un homme portant un chapeau, inspiré par les hommes argentins de son enfance. C’est l’archétype de l’homme anonyme qu’il met régulièrement dans des situations tragiques ou absurdes, seul ou perdu dans la ville. La dictature militaire argentine avait interdit Antonio Seguí de séjour: «Je n’ai pas cherché à les attaquer directement — je ne suis pas un militant, je ne crois pas à l’art engagé —, mais des gens pas très intelligents pensent que quand vous n’êtes pas avec eux, vous êtes contre eux.»
Il réalise à partir de 2002 des gravures au carborundum, dont il aime le«noir dense, avec un langage d’une grande sobriété, très graphique».
L’artiste argentin a fait don à la BnF de plus de 500 de ses œuvres : estampes, portfolios et ouvrages illustrés. Cela a permis d’enrichir les collections du département des Estampes et de la photographie ainsi que la Réserve des livres rares. La commissaire de l’exposition, Céline Chicha, a choisi une cinquantaine d’estampes, la plupart inédites. Elles permettent de découvrir l’univers de l’artiste. Plusieurs manières ou périodes se distinguent. Les années soixante avec des estampes très dessinées et composées de très nombreux détails. Les années quatre-vingt-dix avec des linogravures bicolores de grand format, emblématiques où transparaissent les tailles directes de la gouge. Elles donnent une vibration aux déambulations urbaines de l’homme au chapeau. Dans d’autres dominent la taille douce, la lithographie, ou la sérigraphie. Il fait alors davantage appel aux couleurs. Les œuvres les plus contemporaines présentent des estampes plus dépouillées, à gros trait noir, où la ligne claire du pinceau de carborundum campe un personnage sur la feuille blanche.
Une rétrospective de ses œuvres sur papier lui avait été déjà consacrée en 2005 au Centre Georges Pompidou à Paris.
Film argentin de Carlos Sorín. 99 ‘. Photographie: Iván Gierasinchuck. Avec Victoria Almeida, Diego Gentile, Joel Noguera, Anna Katz, Gustavo Daniele, Emilce Festa.
Carlos Sorín s’est fait connaître internationalement en 2002 avec Historiasmínimas. Il raconte avec humanisme, parfois aussi avec humour des histoires minuscules de gens ordinaires. Il choisit souvent les paysages de la Patagonie.
Il évoque dans son nouveau film une histoire simple: l’adoption et les conséquences qu’elle entraîne dans une famille. Cecilia, professeur particulier de piano, et Diego son mari, ingénieur forestier, se sont récemment installés à Tolhuin, une petite ville de 6 000 habitants de la Terre de Feu. Ils ont entrepris des démarches d’adoption. Au début du film, ils viennent de recevoir la proposition du tribunal d’Ushuaïa d’adopter un jeune garçon de 9 ans, venant des quartiers défavorisés des environs de Buenos Aires. Sa mère a disparu, sa grand-mère vient de mourir, son oncle (El Loco) est en prison. Le couple, qui s’attendait à adopter un enfant plus jeune, accepte après quelques hésitations. Ils auront six mois de garde pré-adoptive. Ils font face d’abord à cet enfant silencieux, au regard triste, plus âgé que les autres élèves de l’école, puis au rejet de la petite communauté à laquelle ils essaient de s’intégrer.
L’interprétation du jeune garçon et des deux acteurs principaux est remarquable. Carlos Sorín joue avec élégance de leurs hésitations, de leurs silences. Son regard sur les personnages est bienveillant. Tout le monde a ses raisons, tout le monde peut être sujet aux préjugés sociaux, raciaux, culturels.
Le personnage de la mère, tout en retenue, devient central à la fin du film. Dans une scène où l’enfant s’enferme dans la salle de bains, elle menace de le rendre à l’assistance publique. Elle décide pourtant ensuite à le défendre coûte que coûte. La fin ouverte est juste. Elle laisse aux spectateurs le soin de réfléchir sur l’égalité des chances et les valeurs de la société moderne,
Le journal La Nación rappelle les chiffres officiels: En Argentine, 5 000 familles ont déposé un dossier d’adoption. Seulement 15 % d’entre elles sont prêtes à accueillir un enfant de plus de huit ans, et 0,8 % un enfant de plus de douze ans. Carlos Sorín prévient: “Un enfant qui n’est pas adopté court de grands risques de sombrer plus tard dans la marginalité”,
Filmographie 1986: La Era del ñandú. (Faux documentaire). 1986: Le Film du roi (La película del rey). 1989: Eversmile, New Jersey (Eterna sonrisa de New Jersey). 2002 : Historias mínimas. 2003: Ensayo (série TV). 2004: 18-j. 2004: Bombón el Perro (El Perro). 2005: Manos libres – El caso del bebé de los Perales (feuilleton TV). 2006: El camino de San Diego. 2009: La Fenêtre (La Ventana). 2011: El gato desaparece. 2012: Jours de pêche en Patagonie (Días de pesca). 2018: Joel, une enfance en Patagonie (Joel).
Recueils, nouvelles et récits publiés en librairie. Nouvelles et récits. Oeuvres complètes, I. Bibliothèque de la Pléiade. NRF. 2018. Édition publiée sous la direction de Jean-Pierre Lefebvre.
Désir de devenir un Indien «Si seulement on était un Indien, tout de suite prêt, et que sur le cheval au galop, incliné en l’air, on était pris et repris par de brefs tremblements au-dessus du sol trépidant, jusqu’au moment où on lâchait les éperons, car il n’y avait pas d’éperons, où on envoyait promener les rênes, car il n’y avait pas de rênes, et où on voyait à peine la campagne devant soi, telle une lande tondue à ras, en ayant déjà plus d’encolure ni de tête de cheval.» Publié en 1912 dans le recueil Betrachtung.
Voici venir les temps ou vibrant sur sa tige Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir; Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir; Valse mélancolique et langoureux vertige!
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir; Le violon frémit comme un coeur qu’on afflige; Valse mélancolique et langoureux vertige! Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.
Le violon frémit comme un coeur qu’on afflige, Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir! Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir; Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige.
Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir, Du passé lumineux recueille tout vestige! Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige… Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir!
Les Fleurs du Mal, 1861.
I – L’Etranger “Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère? Je n’ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère. –
Tes amis?
Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.
Ta patrie?
J’ignore sous quelle latitude elle est située.
La beauté?
Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.
L’or?
Je le hais comme vous haïssez Dieu.
Eh! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger?
J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages!” Petits poèmes en prose Le Spleen de Paris. 1869. Eugène Boudin, Le roi des ciels.
¿De dónde es una hoja transparente de sol? —¿De dónde es una frente que piensa, un corazón que ansía?— ¿De dónde es un raudal que canta?
La realidad invisible (1917-1924)
Patrie
D’où vient une feuille transparente de soleil ? — D’où vient un front qui pense, un coeur qui désire ? — D’où vient un torrent qui chante?
Juan Ramón Jiménez est né à Moguer, en Andalousie, le 23 ou 24 décembre 1881. Il est mort le 29 mai 1958 en exil à San Juan (Porto Rico). Son récit poétique le plus célèbre est Platero y yo (Elégie andalouse) publié en 1917. Il a reçu le Prix Nobel de littérature en 1956 .
Les éditions José Corti dans leur collection Ibériques, dirigée par Bertrand Fillaudeau, ont publié dans de belles éditions bilingues certains recueils de ce grand poète, connu aussi pour son mauvais caractère.
Espace, 1988. Fleuves qui s’en vont, 1990. Pierre et ciel, 1990. Été, 1997. Éternités, 2000. Poésie en vers, 2002. Beauté, 2005.
Je me souviens du film de 1974 Les Guichets du Louvre de Michel Mitrani, un film français tout à fait honorable des années 70. Il se passe pendant la rafle du Vélodrome d’Hiver. Je me souviens aussi de l’actrice et réalisatrice Christine Pascal (1953-1996). Alors qu’elle était soignée pour des troubles psychiatriques dans une clinique de Garches, le 30 août 1996 elle se suicida en sautant par la fenêtre de l’établissement. Scénario: Albert Cossery, d’après le roman éponyme de Roger Boussinot (1921-2001) Les Guichets du Louvre, Denoël, 1960; Gaïa Éditions, 1999. Directeur de la photographie: Jean Tournier. Musique: Mort Shuman. Montage : Ziva Postec. Création des décors: Maurice Sergent. Création des costumes : Annick François. Sociétés de production : Les Films du Parnasse, Saga, Les Films du Limon. Durée: 95 minutes. Date de sortie: 28 août 1974.
Le 16 juillet 1942, à Paris. Un jeune étudiant, averti de l’imminente rafle, se rend dans le quartier Saint-Paul pour tenter de sauver quelques personnes. Il rencontre une jeune fille juive et tente de la sauver en traversant vers la rive gauche. Distribution:Christian Rist: Paul. – Christine Pascal: Jeanne – Judith Magre: Mme Ash – Henri Garcin: Ernst Jünger. – Michel Robin: le cousin. – Michel Auclair: M. Edmond. – Alice Sapritch: la vieille dame – Albert Michel :le plombier. – Françoise Bertin. Fanny Robiane – Jacques Debary: le curé -Jacques Rispal.- Alexandre Rignault – François Cadet: un voyou.
La rafle du Vélodrome d’Hiver, souvent appelée « rafle du Vél’d’Hiv» est la plus grande arrestation massive de Juifs réalisée en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Entre les 16 et 17 juillet 1942, 13.152 personnes dont 4 115 enfants, ont été arrêtées à Paris et en banlieue pour être déportées. Moins de cent adultes et aucun enfant n’a survécu à la déportation vers Auschwitz.
Effectuées à la demande du Troisième Reich — qui, dans le cadre de sa politique d’extermination des populations juives d’Europe, organise, en juillet 1942, une rafle à grande échelle de Juifs dans plusieurs pays européens, l’«opération Vent printanier»—, ces arrestations ont été menées avec la collaboration de neuf mille policiers et gendarmes français, assistés de trois cents à quatre cents militants du Parti populaire français de Jacques Doriot, sur ordre du gouvernement de Vichy, après des négociations avec l’occupant menées par René Bousquet, secrétaire général de la Police nationale.
À la suite de négociations, initiées par Pierre Laval, les Juifs de nationalité française ont été exclus temporairement de cette rafle qui concerna essentiellement les Juifs, étrangers ou apatrides, réfugiés en France dont plus de quatre mille enfants le plus souvent français nés de parents étrangers.
M. Tulard, fonctionnaire chargé des «questions juives» à la Préfecture de Police, avait établi une liste de 28.000 juifs étrangers. René Bousquet, accompagné de Louis Darquier de Pellepoix, commissaire général aux questions juives, rencontre le 4 juillet 1942, au siège de la Gestapo à Paris, les colonel et capitaine SS Helmut Knochen et Theodor Dannecker, le premier dirigeant la police allemande en France. Un nouvel entretien, dans les bureaux de Dannecker avenue Foch, afin d’organiser la rafle prévue pour le 13 juillet 1942 se tient le 7 juillet en compagnie de Jean Leguay, l’adjoint de Bousquet, accompagné de François, directeur de la police générale, Émile Hennequin, directeur de la police municipale, André Tulard, chargé des “questions juives” à la préfecture, Garnier, sous-directeur du ravitaillement à la préfecture de la Seine, Guidot, commissaire de police à l’état-major de la police municipale et enfin Schweblin, directeur de la police aux questions juives. Le capitaine SS Dannecker déclare: «Les policiers français — malgré quelques scrupules de pure forme— n’auront qu’à exécuter les ordres!»
La circulaire du 13 juillet 1942 de la préfecture de police signée d’Émile Hennequin indique que la rafle vise les Juifs allemands, autrichiens, polonais, tchécoslovaques, russes (soviétiques et réfugiés, c’est-à-dire Blancs et Rouges) et apatrides, âgés de 16 à 60 ans pour les hommes et de 16 à 55 pour les femmes, ainsi que leurs enfants (qui étaient français pour une très grande majorité).
Pour Éric Conan et Henry Rousso Vichy, un passé qui ne passe pas, Paris, Gallimard,« Folio histoire, 1996: «Le Vél’ d’Hiv’? L’événement est devenu depuis 1993 le symbole officiel du Vichy antisémite. Mais la grande rafle de juillet 1942, ainsi que toutes celles qui ont suivi, en zone nord comme en zone sud, furent moins la conséquence de l’antisémitisme d’État que celle de la collaboration d’État. Le rôle des Bousquet, Leguay et consorts s’explique non par un fanatisme antijuif, mais par la politique d’un régime prêt à payer le prix du sang, celui des autres, la défense d’une certaine conception de la «souveraineté nationale». Cette politique n’a pas de lien nécessaire avec les lois antijuives promulguées deux ans plus tôt par Vichy. C’était même ce que la mémoire nationale était supposée intégrer: la part d’autonomie à l’égard de l’occupant. Certes, ces lois ont favorisé ultérieurement l’application de la «Solution finale», un crime prémédité et organisé par les nazis. Statuts, fichiers, lois d’exclusion françaises ont facilité les arrestations massives de 1942-1943. Mais le sens de ces lois, promulguées entre juillet 1940 et l’été 1941, n’était pas celui de prémices d’une extermination, projet qui, à ce moment-là, n’est pas à l’ordre du jour, ni dans la politique de Vichy ni même dans celle du Reich. Ces lois françaises exprimaient un principe d’exclusion politique et sociale inscrit au cœur d’une certaine tradition française et qui reste aujourd’hui encore vivante.»
Ce corps ne revivra jamais plus. Quand on touche ses yeux,
on sent qu’une poignée de terre est plus vivante, car la terre,
même à l’aube, se tait, simplement, repliée sur elle-même.
Un cadavre au contraire, c’est le reste de trop nombreux éveils.
Nous avons cette seule vertu: commencer chaque jour notre vie – devant la terre, sous un ciel silencieux – dans l’attente d’un éveil. Certains sont stupéfaits que l’aube soit si dure; d’éveil en éveil un travail s’accomplit. Mais nous vivons seulement pour un frisson d’où naît notre travail futur, pour réveiller la terre une fois. Ce qui arrive parfois. Puis elle se tait à nouveau comme nous.
Si la main effleurant ce visage n’était gauche – main vivante qui sent au toucher ce qui vit -, si ce froid n’était vraiment que le froid de la terre, dans l’aube qui glace la terre, peut-être serait-ce un éveil, et les choses qui se taisent à l’approche de l’aube, parleraient encore. Mais ma main est tremblante et plus qu’à tout ressemble à une main immobile.
D’autres fois s’éveiller en pleine aube, c’était
une douleur brutale, un spasme de lumière,
mais c’était malgré tout une libération. L’avare parole
de la terre était gaie, pendant un bref instant,
et mourir c’était encore y revenir. Le corps qui attend maintenant
n’est qu’un vestige d’éveils trop nombreux et il ne revient plus
à la terre. Et les lèvres durcies ne le disent même pas.
Travailler fatigue/La mort viendra et elle aura tes yeux. Poésie/ Gallimard (Traduction Gilles de Van). 1969.
Fine della fantasia
Questo corpo mai più ricomincia. A toccargli le occhiaie
uno sente che un mucchio di terra è più vivo,
ché la terra, anche all’alba, non fa che tacere in se stessa.
Ma un cadavere è un resto di troppi risvegli.
Non abbiamo che questa virtù: cominciare
ogni giorno la vita – davanti alla terra,
sotto un cielo che tace – attendendo un risveglio.
Si stupisce qualcuno che l’alba sia tanta fatica;
di risveglio in risveglio un lavoro è compiuto.
Ma viviamo soltanto per dare in un brivido
al lavoro futuro e svegliare una volta la terra.
E talvolta ci accade. Poi torna a tacere con noi.
Se a sfiorare quel volto la mano non fosse malferma
viva mano che sente la vita se tocca –
se davvero quel freddo non fosse che il freddo
della terra, nell’alba che gela la terra,
forse questo sarebbe un risveglio, e le cose che tacciono
sotto l’alba, direbbero ancora parole. Ma trema
la mia mano, e di tutte le cose somiglia alla mano
che non muove.
Altre volte svegliarsi nell’alba
era un secco dolore, uno strappo di luce,
ma era pure una liberazione. L’avara parola
della terra era gaia, in un rapido istante,
e morire era ancora tornarci. Ora, il corpo che attende
è un avanzo di troppi risvegli e alla terra non torna.
Non lo dicon nemmeno, le labbra indurite.