Wilhelm Uhde ( 1874- 1947) – Séraphine Louis (Séraphine de Senlis) (1864 – 1942)

Portrait de Wilhelm Uhde (Pablo Picasso). 1910 . Joseph Pulitzer Collection.

J’ai lu ces jours derniers deux livres achetés au Musée d’Art et d’archéologie de Senlis le 2 mai 2019: – Wilhelm Uhde, Henry Rousseau – Séraphine de Senlis, Éditions du Linteau, Paris. 2008.- Françoise Cloarec, Séraphine, Editions Phébus, Libretto. 2008.

J’aime la ville de Senlis, découverte il y a un certain temps déjà. Au printemps dernier, j’ai pu visiter avec C. et J. pour la première fois son musée. Il est installé dans le palais épiscopal. Il a été restauré et modernisé. Sa réouverture date de juin 2012.

Je me souviens aussi du film Séraphine de Martin Provost, sorti en 2008, avec Yolande Moreau et Ulrich Tukur. Il raconte l’histoire de Séraphine de 1912, année de sa rencontre avec le collectionneur Wilhelm Uhde, à son internement à l’asile psychiatrique, en 1932.

De plus, on annonce au Musée Maillol du 11 septembre 2019 au 19 janvier 2020 une exposition Du Douanier Rousseau à Séraphine Les grands maîtres naïfs. Plus d’une centaine d’oeuvres seront exposées.

Wilhelm Uhde, critique d’art, marchand et collectionneur, a travaillé surtout à Paris et a joué un rôle important dans le développement du cubisme et de l’art naïf. Il est né le 28 octobre 1874 au nord de l’Allemagne, à Friedeberg (Brandebourg). Cette ville s’appelle aujourd’hui Strzelce Krajeńskie et se trouve en Pologne. Il fait partie d’une famille d’aristocrates, de propriétaires fonciers. Son père est procureur général du Roi.

Il fait des études de droit en Suisse et en Allemagne sans grande conviction et est licencié en droit du royaume de Prusse. Mais il se rend en 1899 à Florence. Il se consacre dès lors à l’histoire de l’art. Il écrit ses premiers romans et essais esthétiques.

En 1904, il s’installe à Paris après avoir publié un pamphlet contre l’Allemagne impériale. Il est accueilli par un ami de collège, Erich Klossowski (1875 – 1949), père de Pierre Klossowski et de Balthus. Il rencontre entre autres Ambroise Vollard, Daniel-Henry Kahnweiler, Gertrude et Leo Stein. Un des premiers, il achète des œuvres de Pablo Picasso et de Georges Braque, encore inconnus. Il les revend parfois. Il ouvre une petite galerie au 73 de la rue Notre-Dame des Champs, à Montparnasse et contribue aussi à faire connaître la peinture naïve, en particulier les œuvres d’ Henri Rousseau que Berthe de Rose, la mère de Robert Delaunay, lui a fait connaître. Il participera au banquet organisé par Picasso dans son atelier en l’honneur du Douanier en novembre 1908. Il organise la première exposition personnelle de ce peintre en 1909 et publie en 1911 une première monographie sur lui. Il épouse le 5 décembre 1908 à Londres Sarah Stern (nommée Sonia Terk, puisqu’un de ses oncles l’a adoptée). Ce sera un mariage blanc. Elle le quitte quelques mois plus tard pour Robert Delaunay qu’elle épouse en décembre 1910 et sera connue comme Sonia Delaunay.

En 1911, il organise sa seconde exposition pour Marie Laurencin. Il réussit à vendre une aquarelle, Les Jeunes filles, à Rolf de Maré pour la somme importante de quatre mille francs. En 1913, Marie Laurencin quittera Uhde et prendra à la place comme marchand Paul Rosenberg. En 1912, il s’installe à Senlis pour se reposer et écrire tranquillement. Il loue trois pièces place Lavarande pour quinze francs pour mois. Il apprend à faire du vélo, fait des excursions dans les forêts alentour. Il découvre par hasard les toiles de sa femme de ménage, Séraphine Louis, qu’il encourage et fait connaître à Paris.

Le 31 juillet 1914, la déclaration de guerre l’oblige à quitter la France. Les biens qu’il avait à Senlis, dont des tableaux de Séraphine, sont dispersés. Par ailleurs, sa collection de 73 oeuvres est confisquée par l’État français, puis vendue aux enchères à l’hôtel Drouot le 31 mai 1921. Wilhelm Uhde perd dix-sept toiles de Georges Braque, cinq de Raoul Dufy, une de Juan Gris, deux de Marie Laurencin, une de Fernand Léger, treize de Pablo Picasso, cinq du Douanier Rousseau etc.

En 1918, il rencontre le peintre Helmut Kolle (Helmut vom Hügel 1899-1931) et vit avec lui à Weimar. Il défend des idéees pacifistes et s’engage auprès des mouvements de jeunesse. Son pays lui devenant invivable, il revient en France en mars 1924. Cette fois, il se met à collectionner ceux qu’il appelle les Primitifs modernes (André Bauchant, Camille Bombois, Jean Eve, Séraphine Louis, Henri Rousseau, Louis Vivin). En 1927, il s’installe à Chantilly avec Helmut Kolle et sa plus jeune soeur, Anne-Marie. A Senlis, il reprend contact avec Séraphine Louis qu’il prend en charge matériellement. Il lui donne de mille cinq cents à deux mille francs par tableau et la fournit en matériel. Son aide permet à Séraphine de peindre de grandes toiles de deux mètres de hauteur. En 1929, il organise une exposition sous le titre Les Peintres du Cœur sacré, puis une autre en 1932 sous le titre Les Primitifs modernes.

En 1928, il publie Picasso et la tradition française. Son ami Helmut Kolle meurt le 17 novembre 1931 à Chantilly à 32 ans. En 1934, Uhde obtient de Pierre Loeb, propriétaire de la galerie Pierre, sur la Rive gauche à Paris, la première exposition de Balthus, jeune peintre de 26 ans et deuxième fils de Erich Klossowski et de Baladine Klossowska.

Le 25 février 1932, Séraphine de Senlis est internée à l’hôpital psychiatrique de Clermont-de-l’Oise et cesse de peindre. Elle meurt le 11 décembre 1942 à Villers-sous-Erquery (Oise) dans l’annexe de cet hôpital à soixante-dix huit ans. On estime entre 44 144 et 50 518 victimes pendant cette période dans ces établissements. Séraphine est enterrée dans une fosse commune. Son dossier porte la mention « cueille de l’herbe pour manger la nuit ; mange des détritus ».

Wilhelm Uhde et sa soeur quittent Chantilly en septembre 1934 et reviennent à Paris. À cause de son pacifisme et de ses ouvrages consacrés à des peintres qualifiés de «dégénérés» par le IIIe Reich, il est déchu de sa nationalité allemande en 1939 peu avant le début de la Seconde Guerre mondiale. Son appartement, rue de l’Université, est pillé par la Gestapo en 1940. Lui et sa soeur, recherchés par les nazis pendant la guerre, doivent fuir. Uhde a confié la plus grande partie de sa collection à une amie balte de sa soeur, Madame Protopopov. Jean Cassou va les accueillir et les protéger chez lui pendant plusieurs mois. Ils se cachent ensuite à Saint-Lary dans le Gers, puis au château de Grisolles, près de Toulouse.

Il meurt le 17 août 1947 à Paris à 72 ans, n’ayant jamais pu obtenir la nationalité française. Il est enterré au cimetière du Montparnasse.

Une partie de ses archives ont été déposées par sa soeur à l’Institut national d’histoire de l’art.

Ouvrages de Wilhelm Uhde:

  • Picasso et la tradition française: Notes sur la peinture actuelle. Paris, Les Quatre Chemins, 1928.
  • Cinq Maîtres primitifs— Rousseau, Vivin, Bombois, Bauchant, Séraphine, préface de Henri Bing-Bodmer, Philippe Daudy Éditeur, Paris, 1949.
  • De Bismarck à Picasso (traduit de l’allemand par Barbara Fontaine, Éditions du Linteau, Paris, 2002. (Autobiographie). Première édition: Zurich, 1939.
  • Henry Rousseau – Séraphine de Senlis, Éditions du Linteau, Paris. 2008.
L’Arbre de Paradis. 1928-30. Senlis, Musée d’Art et d’Archéologie. Dépôt du Centre Georges Pompidou

Federico García Lorca

Federico García Lorca. Huerta de San Vicente, Granada 1932.

Seis poemas galegos de Federico García Lorca. Estos poemas, escritos directamente en gallego, surgen de los viajes realizados por el poeta a Galicia desde 1931. Fueron escritos entre 1932 y 1934 y publicados en 1935 en Santiago de Compostela por la Editorial Nós, fundada en 1927 por Ángel Casal. Se trata de un homenaje al paisaje y a la lengua de Galicia.

El poeta granadino era admirador de Rosalía de Castro, de Eduardo Pondal y Manuel Curros Enríquez, así como de los poetas medievales gallegos Martín Codax y Meendiño, y de los portugueses Luís de Camões o Gil Vicente.
Tenía también en Madrid varios amigos gallegos: el musicólogo Jesús Bal y Gay, los poetas Eugenio Montes y Serafín Ferro y el joven Ernesto Pérez Guerra, quien ejerció una gran influencia sobre él. En 1933, éste le presentó a Eduardo Blanco Amor, quien dos años después se encargó de la publicación de los Seis poemas galegos.

La publicación de los poemas fue anunciada por la revista Nós, en su número de mayo-junio de 1935, entre las «nuevas obras publicadas» de la editorial. El colofón del libro lleva, sin embargo, fecha del 27 de diciembre de 1935. Blanco Amor prologó la edición.

Lorca inicia y cierra la serie de poemas con dos homenajes a la ciudad de Santiago de Compostela.

«Madrigal á cidade de Santiago» («Madrigal a la ciudad de Santiago»), dedicado a Martínez Barbeito.​
«Romaxe de Nosa Señora da Barca» («Romería de Nuestra Señora de la Barca»)
«Cántiga do neno da tenda» («Cántiga del niño de la tienda») dedicada a Ernesto Pérez Guerra, habla del sentimiento de los emigrantes​
«Noiturnio do adoescente morto» («Nocturno del adolescente muerto»)
«Canzón de cuna pra Rosalía Castro, morta» («Canción de cuna para Rosalía Castro, muerta»)
«Danza da lúa en Santiago» («Danza de la luna en Santiago»)​

Danza da lúa en Santiago

¡Fita aquel branco galán,
olla seu transido corpo!

É a lúa que baila
na Quintana dos mortos.

Fita seu corpo transido
negro de somas e lobos.

Nai: A lúa está bailando
na Quintana dos mortos.

¿Quén fire potro de pedra
na mesma porta do sono?

¡É a lúa! ¡É a lúa
na Quintana dos mortos!

¿Quén fita meus grises vidros
cheos de nubens seus ollos?

¡É a lúa! ¡É a lúa
na Quintana dos mortos!

Déixame morrer no leito
soñando con froles dóuro.

Nai: a lúa está bailando
na Quintana dos mortos.

¡Ai filla, co ar do céo
vólvome branca de pronto!

Non é o ar, é a triste lúa
na Quintana dos mortos.

¿Quén brúa co-este xemido
dímenso boi melancónico?

¡Nai: É a lúa, é a lúa
na Quintana dos mortos

¡Si, a lúa, a lúa
coronada de toxos,
que baila, e baila, e baila
na Quintana dos mortos!

Danza de la luna en Santiago

Observa a aquel blanco galán,
mira su transido cuerpo!

Es la luna que baila
en la Quintana de los muertos.

Observa su cuerpo transido,
negro de sombras y lobos.

Madre: la luna está bailando
en la Quintana de los muertos.

¿Quién hiere potro de piedra
en la misma puerta del sueño?

¡Es la luna! ¡Es la luna
en la Quintana de los muertos!

¿Quién observa mis grises vidrios,
llenos de nubes sus ojos?

Es la luna! ¡Es la luna
en la Quintana de los muertos!

Déjame morir en el lecho
soñando con flores de oro.

Madre: la luna está bailando
en la Quintana de los muertos.

¡Ay hija, con el aire del cielo
me vuelvo blanca de pronto!

No es el aire, es la triste luna
en la Quintana de los muertos.

¿Quién brama con este gemido
de inmenso buey melancólico?

Madre: es la luna, es la luna
en la Quintana de los muertos.

¡Sí, la luna, la luna
coronada de tojos,
que baila, y baila, y baila
en la Quintana de los muertos!

Plaza de la Quintana. Santiago de Compostela.

Federico García Lorca – Ánxel Casal

Federico García Lorca. La Barraca.

Manuel Rivas

“A mesma noite foron asasinados Federico García Lorca e o editor dos seus “Seis Poemas Galegos”, Ánxel Casal.
Granada,
Compostela.
Os mesmos disparos.
O mesmo crime.
Sabemos quienes fuisteis.”

Ánxel Casal.

Ánxel Casal Gosenxe (La Coruña, 17 de diciembre de 1895 – Teo, La Coruña, agosto de 1936), fue un editor y político español.

En 1909 emigró a Buenos Aires. Allí estuvo empleado en diversos oficios durante dos años. Volvió a La Coruña y encontró trabajo en el consulado de Francia. Debido a la precariedad económica emigró otra vez, esta vez a Burdeos, pero regresó a los pocos meses. De 1914 a 1917 cumplió el servicio militar, del que siempre guardaría malos recuerdos. Se unió a las Irmandades da Fala de La Coruña, colaboró en el Conservatorio de Arte Gallego y fue el promotor y primer maestro de la escuela de la enseñanza gallega (galleguista y laica) de las Irmandades, la primera que utilizó oficialmente el gallego (1926-1931).

En 1920 se casó con María Miramontes y para sobrevivir abrieron una tienda de tejidos. En noviembre de 1924, en colaboración con Leandro Carré Alvarellos, fundó la Editorial Lar.

Lar representó el verdadero comienzo de la novelística gallega, pues creó una colección de breves novelas mensuales, cuya tirada era de 3000 ejemplares. Abrieron la colección con un título de Wenceslao Fernández Flórez, A miña muller, y la colección resultó un verdadero éxito editorial. Compraron imprenta propia y empezaron a editar el órgano galleguista A Nosa Terra.

Se desvinculó de esa iniciativa para fundar en 1927 la Editorial Nós. De su imprenta salían A Nosa Terra y la revista Nós. La revista Nós, que se había fundado en Orense en 1920 y que a partir del número 16 se había empezado a imprimir en Pontevedra en busca de menores costes, a pesar de todo tuvo que suspender su publicación dos números después, el 1 de junio de 1923, encuentra en la imprenta Lar el medio para seguir publicándose. El 25 de julio de 1925 salió el número 19.

El nombre completo de la editorial era «Nós, Pubricacións Galegas e Imprenta».​ Toda su actividad estaba relacionada con la cultura de Galicia. El taller imprimía la revista A Nosa Terra, que era como el órgano oficial de las Irmandades da Fala. También publicó El Momento, un periódico vespertino, y la mayor parte de las publicaciones del Instituto de Estudios Gallegos. Casal también era un miembro muy activo del Conservatorio de Arte Gallego de La Coruña, con el que colaboró en la puesta en escena de varias obras de teatro gallego. En 1930 fundó el periódico republicano El Momentoque, el cual, por falta de apoyo, sólo duraría 14 números y arrastraría a Nós casi a la quiebra.

En agosto de 1931 se trasladó a Santiago de Compostela para tratar de salvar la editorial. Militante desde su creación del Partido Galeguista, fue alcalde de Santiago desde febrero de 1936 hasta su asesinato. Allí continuó imprimiendo y colaborando con diversas iniciativas republicanas, galleguistas y sindicalistas. Fue el editor e impresor de las revistas vanguardistas Claridad (1934) y Ser (1935) y promotor de la Asociación de Escritores de Galicia, creada en abril de 1936 y truncada por la guerra civil.

Tras la sublevación militar del 18 de julio escapó hacia la parroquia de Vilantime, en Arzúa. Fue detenido el 4 de agosto, y su cuerpo apareció el 19 de agosto en un foso de la carretera de la parroquia de Cacheiras, marcado hoy con un pequeño monumento.

Federico García Lorca

Fragmentos de poemas de García Lorca en el Parque Federico García Lorca en Alfacar (GR), construido en 1986 en memoria del poeta y de las víctimas de la Guerra Civil española.

La madrugada del 18 de agosto de 1936, los falangistas asesinaron al poeta Federico García Lorca, junto al maestro republicano Dióscoro Galindo y los banderilleros Francisco Galadí y Joaquín Arcollas, en el camino que va de Víznar a Alfacar (Granada).

Despedida

Si muero,
dejad el balcón abierto.

El niño come naranjas.
(Desde mi balcón lo veo).

El segador siega el trigo.
(Desde mi balcón lo siento).

¡Si muero,
dejad el balcón abierto!

Canciones 1921-1924

Luis Buñuel


Retrato de Luis Buñuel (Portrait de Luis Buñuel) (Salvador Dalí) 1924 Madrid, Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía.

Le réalisateur espagnol n’a parlé ni dans ses interviews ni dans ses mémoires de son activité militante dans le Parti Communiste d’Espagne. C’est seulement après sa mort que fut publiée la lettre qu’il a adressé à André Breton le 6 mai 1932. Elle est conservée à la Bibliothèque Nationale et marque sa rupture avec le groupe surréaliste.

Lettre de Luis Buñuel à André Breton

Paris, 6 mai 1932

Je ne crois pas que malgré mon retard, ne soit encore temps de, par cette lettre, prendre position vis à vis du groupe surréaliste et faire face aux derniers évènemants qui ont marqué une étape aussi particulièrement grave dans l’avenir même du surréalisme.
Quand il y a quelques années j’ai voulu joindre mon activité a la votre – a part d’autres qualités d’ordre purement poétique – le grand reconfort moral, autentiquement subversif representé par le surréalisme, se dressant impitoyablement contre la pourriture intelectuelle de la bourgeoisie dont moi même je sortais et contre laquelle depuis longtemps je m’étais révolté. Le seul fait d’avoir uni mon propre devenir ideologique a celui du surréalisme a pû me conduire quelque temps après à donner mon adhesion au P.C.E. et je vois là, tant subjective qu’objectivement, une preuve de la valeur revolutionnaire du surréalisme, ma position actuelle étant la consequence obligée de notre collaboration de ces dernières années. Il y a seulement quelques mois je ne croyais pas à la possibilité qu’une contradiction apparemment violent allait se lever entre ces deux disciplines, surréaliste et communiste. Or, les derniers événements on démontré qu’aujourd’hui ces deux activités semblent être incompatibles, et d’une part et de l’autre. Vous comprendrez que sans ma recente adhesion au P.C. – avec tout ce que cela represente dans le terrain ideologique et pratique – le problème ne se poserait même pas et que je continuerais à travailler avec vous, mais dans l’état de choses actuelle ne saurait être question pour un communiste de douter un instant entre le choix de son parti et de n’importe quelle autre activité ou discipline. Je ne me crois pas très doué politiquement et je pretends que mes possibilites seraient plus avantageusement employées dans le surréalisme mais il me manque la conviction que je servirait mieux la revolution parmi vous que militant dans le parti, auquel, tout de même, j’ai des moyens pour aider.
Le fait que ma separation de votre activité n’implique pas l’abandon total de TOUTES vos conceptions mais seulement de celles qu’AUJOURD’HUI s’opposent à l’acceptation du surréalisme par le P .C. et que, je veux bien le croire, sont d’ordre purement formel et passager. Par exemple, poetiquement il n’est pas question que je puisse avoir d’autres conceptions que les votres tout en pensant qu’il est impossible aujourd’hui de maintenir une conception « fermée » de la poésie au dessus de la lutte de classes. C’est dans ce mot « fermée » que j’appuie une possible discrepance avec vous. La valeur subversive même de la poésie hors de ce contenu ne pourra être que subjetive sans que cette consideration n’empeche que, du point de vue emotive et de l’amour le poème « Union libre » ne soit pour moi tout ce qu’il y a de plus admirable. Je ne suis pas appelé à resoudre ce difficile problème et en attendant, je me contente d’admettre, a coté de la poésie telle que vous l’entendez ou plutot telle que je l’entends d’après le surréalisme, une forme d’expression moins pure qui puisse servir pour la propagande et qui arrive a toucher directement aux masses. C’est dans ce sens que j’ai toujours aimé le poème « Front rouge » ou tout au moins son intention.
Avant de finir cette lettre, que j’ai reduite juste pour dire l’essentiel, je veux vous exprimer également mon desaccord total avec les tracts et brochure qui ont suivi « Misère de la poésie », et tout specialement avec « Paillasse ». Comme j’ai toujours crû, je continue a croire à votre sincerité de revolutionnaire mais cela n’empeche pas que, si je tiens compte des « circonstances » qui ont precedé l’accusation dans l’Huma de votre brochure par Aragon, et su sens « stricte et litteral » de la dite accusation, je puisse le moins du monde me joindre a rien venant du groupe surréaliste, et qui tenterait de ruiner l’activité revolutionnaire d’Aragon dont l’affaire est loin d’être fini.

Très amicalement votre

Bunuel

(Orthographe respectée)

                                          
       

Salvador Simó – Luis Buñuel

Vu jeudi 15 août à La Ferme du Buisson (Noisiel) le film d’animation de Salvador Simó Buñuel Après L’Âge d’or (Buñuel en el laberinto de las tortugas) (2018). 1h20.
Il s’agit d’une tentative originale. Ce film est adapté d’un roman graphique de Fermín Solís. Il raconte le tournage de Terre sans pain (Las Hurdes), le documentaire pamphlet réalisé par Buñuel en 1932, deux ans après le scandale causé par L’Âge d’or, produit par Charles de Noailles (1891-1981).
Le photographe Eli Lotar (1905-1969) apporte au cinéaste la thèse de doctorat de Maurice Legendre (1878-1955), Las Jurdes: Étude de géographie humaine, publiée en 1927. Las Hurdes est une partie de l’Estrémadure particulièrement pauvre et arriérée. Ramón Acín, peintre et sculpteur anarchiste (1888-1936), ami de Buñuel et aragonais comme lui, gagne à la loterie et finance en partie le film. Se joint à eux aussi le poète Pierre Unik (1909-1945) qui sera l’assistant de Buñuel. Le tournage a lieu en avril et mai 1933. Il est terminé le 22 mai. On retrouve dans le film les épisodes célèbres du documentaire de Buñuel: la décapitation des coqs par les jeunes mariés à La Alberca, les chèvres qui tombent de la falaise, l’âne attaqué par l’essaim d’abeilles, le cercueil du bébé qui traverse la rivière en flottant.
Le film de Salvador Simó insiste bien sur la contribution essentielle d’Eli Lotar et de Ramón Acín qui sera assassiné par les franquistes dans sa ville de Huesca le 6 août 1936 (Son épouse Conchita Monrás le sera aussi dix-sept jours plus tard, avec une centaine d’autres républicains).
Il montre aussi les cauchemars, phantasmes et phobies de Luis Buñuel. Les figures du père et de la mère sont particulièrement importantes.
Le film de Simó me semble réussi car il parvient à mêler récit au présent, flash-back, scènes rêvées. Il intègre aussi des extraits de L’Âge d’or et de Terre sans pain.
Si l’on se reporte à la biographie de Luis Buñuel de Ian Gibson Luis Buñuel La forja de un cineasta universal 1900-1938, publiée en 2013, on remarquera néanmoins quelques approximations.

https://www.youtube.com/watch?v=zsHGAKSiVPU

Ramón Acín.

Peter Fonda 1940 – 2019

L’acteur et scénariste d’Easy Rider (1969) avec Dennis Hopper, est mort des suites d’une insuffisance respiratoire liée à un cancer du poumon, le 16 août 2019 à 79 ans dans sa résidence de Los Angeles. Il était né à New York le 23 février 1940.
C’était le fils de l’immense Henry Fonda (1905-1982) et le frère de Jane Fonda. Sa mère, Frances Ford Seymour, était morte quand il avait 10 ans
Easy Rider est un des films fondateurs du Nouvel Hollywood.
Peter Fonda n’a réalisé que trois films comme réalisateur :
1971 : L’Homme sans frontière (The Hired Hand)
1973: Idaho Transfer
1979: Wanda Nevada avec Henry Fonda.
Plus qu’ Easy Rider, c’est L’Homme sans frontière qui m’a marqué. Je l’ai vu il n’y a pas très longtemps en DVD.
Ce western crépusculaire fut renié par la société de production Universal. Il fut retiré de l’affiche au bout d’une semaine d’exploitation. La chaîne de télévision NBC en diffusa une version tronquée, puis le film fut oublié. En 2001, grâce à l’intervention de Martin Scorsese, une version restaurée put sortir en salles, puis en DVD. C’est un film représentatif de la contre-culture américaine des années 1970, dont Peter Fonda fut l’un des porte-drapeaux. Certains westerns de Clint Eastwood, comme Pale Rider et Impitoyable, montrent bien l’influence de L’Homme sans frontières.

Peter Fonda disait à Libération en 2006: «A la fin des années 60, la jeunesse avait imposé sa musique, sa façon de s’habiller, son mode de vie, ses idées, sa rébellion. Easy Rider lui a permis d’imposer son cinéma. Et de changer la vie de nombreux spectateurs.»

On peut se rappeler aussi la réplique de Peter Fonda à Dennis Hopper dans Easy Rider: « We Blew It »  « On a merdé » .

https://www.dailymotion.com/video/xpxi5e

Guillaume Apollinaire

Guillaume Apollinaire et Jacqueline sur la terrasse de l’appartement, 202 bd St-Germain. Paris (VIIème arr.), 1918. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

J’ai déjà fait allusion à ce poème très apprécié par Julien Gracq (En lisant, en écrivant). Voir la note du 29 juillet 2018. Merci à C.W.

Marie

Vous y dansiez petite fille
Y danserez-vous mère-grand
C’est la maclotte qui sautille
Toutes les cloches sonneront
Quand donc reviendrez-vous Marie

Les masques sont silencieux
Et la musique est si lointaine
Qu’elle semble venir des cieux
Oui je veux vous aimer mais vous aimer à peine
Et mon mal est délicieux

Les brebis s’en vont dans la neige
Flocons de laine et ceux d’argent
Des soldats passent et que n’ai-je
Un coeur à moi ce coeur changeant
Changeant et puis encor que sais-je

Sais-je où s’en iront tes cheveux
Crépus comme mer qui moutonne
Sais-je où s’en iront tes cheveux
Et tes mains feuilles de l’automne
Que jonchent aussi nos aveux

Je passais au bord de la Seine
Un livre ancien sous le bras
Le fleuve est pareil à ma peine
Il s’écoule et ne tarit pas
Quand donc finira la semaine

Alcools, 1913.

Léo Ferré. Album: Sur la scène (2001).

https://www.youtube.com/watch?v=7jdPErEdenc&feature=share

La matanza de Badajoz

Badajoz. Agosto de 1936.

El 14 de agosto de 1936, la legión al mando del General Yagüe ocupó Badajoz y fusiló a unas 4.000 personas. Yagüe respondió al periodista John T. Whitaker, del New York Herald Tribune, cuando éste le interrogó sobre lo sucedido.​
«Por supuesto que los matamos. ¿Qué esperaba usted? ¿Que iba a llevarme a 4000 prisioneros rojos conmigo, teniendo mi columna tenía que avanzar a marchas forzadas? ¿O iba a soltarlos en la retaguardia y dejar que Badajoz fuera roja otra vez?»

83 años después, el conocido “carnicero de Badajoz” tiene una fundación con su nombre, su pueblo natal sigue llamándose San Lorenzo de Yagüe y su hijo es marqués de San Leonardo de Yagüe.

Antonio Gamoneda:

“No cesará la alondra
ensangrentada en su furioso canto.
Hoy es el día del jamás y el nunca,
ah país del dolor, Extremadura”.

—————————————————————————————–

Le 14 août 1936, la Légion commandée par le général Yagüe a occupé la ville de Badajoz en Estrémadure. Yagüe répondit au journaliste du New York Herald Tribune, John T. Whitaker, quand celui-ci l’interrogea sur ces faits:
«Bien sûr que nous les avons tués. Á quoi vous vous attendiez? Á ce que j’emmène avec moi 4000 prisonniers rouges, alors que ma colonne devait continuer à avancer à marche forcée? Ou que je les relâche à l’arrière-garde et que je les laisse afin que Badajoz redevienne une ville rouge?»

4000 personnes environ furent fusillées. 83 ans après, le général Yagüe, connu comme le «boucher de Badajoz» a une fondation à son nom, son village natal s’appelle encore San Lorenzo de Yagüe et son fils est marquis de San Lorenzo de Yagüe.

El General Juan Yagüe Blanco (“El carnicero de Badajoz” 1891-1952) en 1939.


Andrés Sánchez Robayna – Jacques Ancet II

Tu cuerpo ya para siempre tendido,
Rachel Corrie, en la tierra que te llora.

La excavadora lo abatió en el surco
de la impiedad sobre la tierra roja.

Bajo el metal del odio atravesante
la luz. Nunca supiste de la sombra.

Tu cabello solar alumbra el aire,
tu mejilla nos honra.

Este otro surco dejo, Rachel Corrie,
en tu paz, tu memoria.

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

Ton corps à présent étendu, pour toujours,
Rachel Corrie, sur la terre qui te pleure.

La pelleteuse t’a jetée dans le sillon
de l’impiété sur le rouge de la terre.

Sous la haine et son métal tu as traversé
la lumière. Tu n’as jamais rien su de l’ombre.

Ta chevelure solaire illumine l’air,
ta joue est notre honneur.

Je laisse cet autre sillon, Rachel Corrie,
dans ta paix, dans ta mémoire.

————————————————————————–

Madrid, para una elegía
Ogne lingua per certo verria meno… Inferno, XXVIII, 4

Pasan trenes en marzo atestados de lágrimas,
palabras o susurros bajo un cielo dormido,
mejillas presurosas que de pronto se tornan
amasijo de hierros en el alba.

Claridad de la sangre. En el crepúsculo
se juntaron los rostros silenciosos.
En todos los paraguas del dolor repicaba
la piedad de la lluvia.

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

Madrid, pour une élégie

Ogne lingua per certo verria meno… Inferno, XXVIII, 4

Passent des trains en mars plein à craquer de larmes,
des mots, des murmures sous le sommeil du ciel,
des joues précipitées qui brusquement deviennent
un amas de métal à l’aube.

Le sang et sa clarté. Au crépuscule
se sont serrés, silencieux, les visages,
Sur les parapluies de la douleur crépitait
la pitié de la pluie.

———————————————————————-

Gerberas amarillas
en las ventanas: manos
abiertas, breves
soles multiplicados.

Son una ofrenda, fuertes
contra el peso del día,
puro poder de la luz.
Son la luz misma.

Amarillo, naranja,
camino de su fin,
frescor confabulado
en la ventana ― flores

de qué tumba, son lágrimas
del sol, dentadas,
pinnatisectas, omnia mors
poscit, omnia mors poscit.

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

Gerberas jaunes
à la fenêtre: des
mains ouvertes, de brefs
soleils multipliés.

C’est une offrande, forte,
contre le poids du jour,
pur pouvoir de lumière.
C’est la lumière même.

Du jaune, de l’orange,
en chemin vers leur fin,
fraîcheur de connivence
à la fenêtre – fleurs

de quelle tombe, larmes
du soleil, dentelées,
pinnées, omnia mors
poscit, omnia mors poscit.

Poèmes traduits de l’espagnol par Jacques Ancet qui est né le 14 juillet 1942 à Lyon. Études secondaires et supérieures dans cette même ville. “Lecteur” de français à l’Université de Séville, puis agrégé d’espagnol. A enseigné pendant plus de trente dans les classes préparatoires aux Grandes Écoles littéraires et commerciales avant de se consacrer à son travail d’écrivain et de traducteur près d’Annecy où il réside.
Prix Nelly Sachs 1992, Prix Rhône-Alpes du Livre 1994.

Jacques Ancet. 2012.