Exposition Pastels de Millet à Redon. (Commissaire : Caroline Corbeau-Parsons, Conservatrice des arts graphiques au musée d’Orsay)
Le musée d’Orsay présente du 14 mars au 02 juillet 2023 une centaine de pastels de sa collection qui est une des plus riches du monde. Le musée en conserve plus de 500. L’exposition s’articule autour de huit sections : Sociabilités, Terre et mer, Modernités, Essence de la nature, Intérieurs, Intimités, Arcadies, Âmes et chimères. C’est l’occasion d’admirer des œuvres magnifiques de Jean-François Millet, Edgar Degas, Édouard Manet, Mary Cassatt, Eugène Boudin, Gustave Caillebotte, Odilon Redon, Lucien Lévy-Dhurmer, Édouard Vuillard. Elles sont très fragiles et ne peuvent pas être exposées régulièrement. La dernière exposition sur ce médium au musée d’Orsay, Le mystère et l’éclat, date de 2009.
Odilon Redon,Lettres 1923. Lettre à André Mellerio 16 août 1896.
« Je crois que l’art suggestif tient beaucoup des incitations de la matière elle-même sur l’artiste. Un artiste vraiment sensible ne trouve pas la même fiction dans des matières différentes, parce qu’il est par elles différemment impressionné. »
Eugène Boudin. Journal Intime. Mardi 3 décembre [1856].
« Nager en plein ciel. Arriver aux tendresses du nuage. Suspendre ces masses au fond, bien lointaines dans la brume grise ; faire éclater l’azur. Je sens tout cela venir, poindre dans mes intentions. Quelle jouissance et quel tourment ! si le fond était tranquille, peut-être n’arriverais-je pas à ces profondeurs. A-t-on fait mieux jadis ? Les Hollandais arrivaient-ils à cette poésie du nuage que je cherche ? à ces tendresses du ciel qui vont jusqu’à l’admiration, jusqu’à l’adoration : ce n’est pas exagérer. »
Je lis deux courts textes de Pierre Bergounioux : Peindre aujourd’huiPhilippe Cognée et Cousus ensemble, publiés chez Galilée en 2012 et 2016. Le point commun : les dessins de Philippe Cognée dont peut voir en ce moment les oeuvres au musée Bourdelle (La peinture d’après), mais aussi au musée de l’Orangerie (Contrepoint contemporain). Les citations de Bergounioux m’ont fait relire Soir historique de Rimbaud.
Soir historique
En quelque soir, par exemple, que se trouve le touriste naïf, retiré de nos horreurs économiques, la main d’un maître anime le clavecin des prés ; on joue aux cartes au fond de l’étang, miroir évocateur des reines et des mignonnes, on a les saintes, les voiles, et les fils d’harmonie, et les chromatismes légendaires, sur le couchant.
Il frissonne au passage des chasses et des hordes. La comédie goutte sur les tréteaux de gazon. Et l’embarras des pauvres et des faibles sur ces plans stupides !
À sa vision esclave, — l’Allemagne s’échafaude vers des lunes ; les déserts tartares s’éclairent — les révoltes anciennes grouillent dans le centre du Céleste Empire, par les escaliers et les fauteuils de rocs — un petit monde blême et plat, Afrique et Occidents, va s’édifier. Puis un ballet de mers et de nuits connues, une chimie sans valeur, et des mélodies impossibles.
La même magie bourgeoise à tous les points où la malle nous déposera ! Le plus élémentaire physicien sent qu’il n’est plus possible de se soumettre à cette atmosphère personnelle, brume de remords physiques, dont la constatation est déjà une affliction.
Non ! – Le moment de l’étuve, des mers enlevées, des embrasements souterrains, de la planète emportée, et des exterminations conséquentes, certitudes si peu malignement indiquées dans la Bible et par les Nornes et qu’il sera donné à l’être sérieux de surveiller. – Cependant ce ne sera point un effet de légende !
Luis Cernuda abandonne l’Espagne en guerre en février 1938. Il vit en Grande-Bretagne de 1938 à 1947. Il enseigne comme lecteur à l’Université de Glasgow de 1939 à 1943. Il n’est pas heureux dans cette ville grise, laide, industrielle. Pourtant, son séjour en Grande-Bretagne sera particulièrement fécond pour son oeuvre poétique. La littérature anglaise – Byron, Keats, Wordsworth, Browning, T.S.Eliot – exerce sur lui une grande fascination. Les thèmes religieux apparaissent dans certains poèmes du recueil Las nubes (1937-1940), publiés en 1943 : La visita de Dios, Lázaro, La adoración de los Magos, Cementerio en la ciudad). Cernuda a lu à cette époque Miguel de Unamuno. J’aime beaucoup Lázaro.
Lázaro
Era de madrugada. Después de retirada la piedra con trabajo, Porque no la materia sino el tiempo Pesaba sobre ella, Oyeron una voz tranquila Llamándome, como un amigo llama Cuando atrás queda alguno Fatigado de la jornada y cae la sombra. Hubo un silencio largo. Así lo cuentan ellos que lo vieron.
Yo no recuerdo sino el frío Extraño que brotaba Desde la tierra honda, con angustia De entresueño, y lento iba A despertar el pecho, Donde insistió con unos golpes leves, Avido de tornarse sangre tibia. En mi cuerpo dolía Un dolor vivo o un dolor soñado.
Era otra vez la vida. Cuando abrí los ojos Fue el alba pálida quien dijo La verdad. Porque aquellos Rostros ávidos, sobre mí estaban mudos, Mordiendo un sueño vago inferioir al milagro, Como rebaño hosco Que no a la voz sino a la piedra atiende, Y el sudor de sus frentes Oí caer pesado entre la hierba.
Alguien dijo palabras De nuevo nacimiento. Mas no hubo allí sangre materna Ni vientre fecundado Que crea con dolor nueva vida doliente. Sólo anchas vendas, lienzos amarillos Con olor denso, desnudaban La carne gris y fláccida como fruto pasado; No el terso cuerpo oscuro, rosa de los deseos, Sino el cuerpo de un hijo de la muerte.
El cielo rojo abría hacia lo lejos Tras de olivos y alcores; El aire estaba en calma. Mas tremblaban los cuerpos, Como las ramas cuando el viento sopla, Brotando de la noche con los brazos tendidos Para ofrecerme su propio afán estéril. La luz me remordía Y hundí la frente sobre el polvo Al sentir la pereza de la muerte.
Quise cerrar los ojos, Buscar la vasta sombra, La tiniebla primaria Que su venero esconde bajo el mundo Lavando de vergüenzas la memoria. Cuando un alma doliente en mis entrañas Gritó, por las oscuras galerías Del cuerpo, agria, desencajada, Hasta chocar contra el muro de los huesos Y levantar mareas febriles por la sangre.
Aquel que con su mano sostenía La lámpara testigo del milagro, Mató brusco la llama, Porque ya el día estaba con nosotros. Una rápida sombra sobrevino. Entonces, hondos bajo una frente, vi unos ojos Llenos de compasión, y hallé temblando un alma Donde mi alma se copiaba inmensa, Por el amor dueña del mundo.
Vi unos pies que marcaban la linde de la vida, El borde de una túnica incolora Plegada, resbalando Hasta rozar la fosa, como un ala Cuando a subir tras de la luz incita. Sentí de nuevo el sueño, la locura Y el error de estar vivo, Siendo carne doliente día a día. Pero él me había llamado Y en mí no estaba ya sino seguirle.
Por eso, puesto en pie, anduve silencioso, Aunque todo para mí fuera extraño y vano, Mientras pensaba: así debieron ellos, Muerto yo, caminar llevándome a tierra. La casa estaba lejos; Otra vez vi sus muros blancos Y el ciprés del huerto. Sobre el terrado había una estrella pálida. Dentro no hallamos lumbre En el hogar cubierto de ceniza.
Todos le rodearon en la mesa. Encontré el pan amargo, sin sabor las frutas, El agua sin frescor, los cuerpos sin deseo; La palabra hermandad sonaba falsa, Y de la imagen del amor quedaban Sólo recuerdos vagos bajo el viento. El conocía que todo estaba muerto En mí, que yo era un muerto Andando entre los muertos.
Sentado a su derecha me veía Como aquél que festejan al retorno. La mano suya descansaba cerca Y recliné la frente sobre ella Con asco de mi cuerpo y de mi alma. Así pedí en silencio, como se pide A Dios, porque su nombre, Más vasto que los templos, los mares, las estrellas, Cabe en el desconsuelo del hombre que está solo, Fuerza para llevar la vida nuevamente.
Así rogué, con lágrimas, Fuerza de soportar mi ignorancia resignado, Trabajando, no por mi vida ni mi espíritu, Mas por una verdad en aquellos ojos entrevista Ahora. La hermosura es paciencia. Sé que el lirio del campo, Tras de su humilde oscuridad en tantas noches Con larga espera bajo tierra, Del tallo verde erguido a la corola alba Irrumpe un día en gloria triunfante.
Las nubes, 1937-1940.
Ce poème a été probablement écrit à Glasgow, en février 1939. Il prend comme point de départ le récit de Saint Jean (Évangile, chapitre 11, versets 1 à 44). Il s’agit de la résurrection de Lazare, frère de Marthe et de Marie de Béthanie, et du repas qui a lieu ensuite à Béthanie, peu de temps avant l’arrestation de Jésus.
On peut aussi relire Lazare de Magdala de Christian Garcin.
Cette vie est un hôpital où chaque malade est possédé du désir de changer de lit. Celui-ci voudrait souffrir en face du poêle, et celui-là croit qu’il guérirait à côté de la fenêtre. Il me semble que je serais toujours bien là où je ne suis pas, et cette question de déménagement en est une que je discute sans cesse avec mon âme. « Dis-moi, mon âme, pauvre âme refroidie, que penserais-tu d’habiter Lisbonne ? Il doit y faire chaud, et tu t’y ragaillardirais comme un lézard. Cette ville est au bord de l’eau ; on dit qu’elle est bâtie en marbre, et que le peuple y a une telle haine du végétal, qu’il arrache tous les arbres. Voilà un paysage selon ton goût ; un paysage fait avec la lumière et le minéral, et le liquide pour les réfléchir ! » Mon âme ne répond pas. « Puisque tu aimes tant le repos, avec le spectacle du mouvement, veux-tu venir habiter la Hollande, cette terre béatifiante ? Peut-être te divertiras-tu dans cette contrée dont tu as souvent admiré l’image dans les musées ? Que penserais-tu de Rotterdam, toi qui aimes les forêts de mats et les navires amarrés au pied des maisons? » Mon âme reste muette. « Batavia te sourirait peut-être davantage, nous y trouverions l’esprit de l’Europe marié à la beauté tropicale. » Pas un mot. – Mon âme serait-elle morte ? « En es-tu donc venue à ce point d’engourdissement que tu ne te plaises que dans ton mal ? S’il en est ainsi, fuyons vers les pays qui sont les analogies de la Mort. – Je tiens notre affaire, pauvre âme ! Nous ferons nos malles pour Tornéo. Allons plus loin encore, à l’extrême bout de la Baltique ; encore plus loin de la vie, si c’est possible ; installons-nous au pôle. Là le soleil ne frise qu’obliquement la terre, et les lentes alternatives de la lumière et de la nuit suppriment la variété et augmentent la monotonie, cette moitié du néant. Là, nous pourrons prendre de longs bains de ténèbres cependant que, pour nous divertir les aurores boréales nous enverrons de temps en temps leurs gerbes roses, comme des reflets d’un feu d’artifice de l’Enfer ! » Enfin, mon âme fait explosion et sagement elle me crie : « N’importe où ! n’importe où ! pourvu que ce soit hors de ce monde ! »
Le chef-d’œuvre de Federico García Lorca, Poète à New York, reparaît dans la collection Pavillons Poche de Robert Laffont pour la modique somme de 11 euros. Cette version bilingue bénéficie d’une nouvelle traduction qui vient après celles de Pierre Darmangeat (Collection NRF Poésie/Gallimard n° 30 , 1968) et d’André Belamich (Blbliothèque de la Pléiade NRF, 1981). Les traductrices, Zoraida Carandell et Carole Fillière, sont professeures aux universités de Nanterre et de Toulouse-Jean-Jaurès. On doit les remercier car ce recueil rend accessible au plus grand nombre des poèmes extraordinaires qui ont eu plus d’influence aux États-Unis qu’en France. On remarque que le poète andalou qui a revendiqué dans ces premiers ouvrages le folklore populaire andalou et a été critiqué alors par ses “amis” Luis Buñuel et Salvador Dalí s’inscrit là dans les formes de l’avant-garde européenne (surréalisme, expressionnisme). La dernière strophe de Fábula y rueda de los tres amigos est une véritable prémonition de l’assassinat par les franquistes du poète le 18 août 1936 à Viznar (Grenade).
Fábula y rueda de los tres amigos (Federico García Lorca)
Enrique, Emilio, Lorenzo. Estaban los tres helados: Enrique por el mundo de las camas, Emilio por el mundo de los ojos y las heridas de las manos, Lorenzo por el mundo de las universidades sin tejados.
Lorenzo, Emilio, Enrique. Estaban los tres quemados: Lorenzo por el mundo de las hojas y las bolas de billar, Emilio por el mundo de la sangre y los alfileres blancos, Enrique por el mundo de los muertos y los periódicos abandonados.
Lorenzo, Emilio, Enrique. Estaban los tres enterrados: Lorenzo en un seno de Flora; Emilio en la yerta ginebra que se olvida en el vaso, Enrique en la hormiga, en el mar y en los ojos vacíos de los pájaros.
Lorenzo, Emilio, Enrique. Fueron los tres en mis manos tres montañas chinas, tres sombras de caballo, tres paisajes de nieve y una cabaña de azucenas por los palomares donde la luna se pone plana bajo el gallo.
Uno y uno y uno. Estaban los tres momificados con las moscas del invierno, con los tinteros que orina el perro y desprecia el vilano, con la brisa que hiela el corazón de todas las madres por los blancos derribos de Júpiter donde meriendan muerte los borrachos.
Tres y dos y uno. Los vi perderse llorando y cantando por un huevo de gallina, por la noche que enseñaba su esqueleto de tabaco, por mi dolor lleno de rostros y punzantes esquirlas de luna, por mi alegría de ruedas dentadas y látigos, por mi pecho turbado por las palomas, por mi muerte desierta con un solo paseante equivocado.
Yo había matado la quinta luna y bebían agua por las fuentes los abanicos y los aplausos. Tibia leche encerrada de las recién paridas agitaba las rosas con un largo dolor blanco. Enrique, Emilio, Lorenzo. Diana es dura, pero a veces tiene los pechos nublados. Puede la piedra blanca latir en la sangre del ciervo y el ciervo puede soñar por los ojos de un caballo.
Cuando se hundieron las formas puras bajo el cri cri de las margaritas, comprendí que me habían asesinado. Recorrieron los cafés y los cementerios y las iglesias, abrieron los toneles y los armarios, destrozaron tres esqueletos para arrancar sus dientes de oro. Ya no me encontraron. ¿No me encontraron? No. No me encontraron. Pero se supo que la sexta luna huyó torrente arriba, y que el mar recordó ¡de pronto! los nombres de todos sus ahogados.
Poeta en Nueva York, 1929-1930.
Fable et ronde des trois amis
Enrique, Emilio, Lorenzo. Étaient tous trois gelés : Enrique par le monde des lits, Emilio par le monde des yeux et des mains blessées, Lorenzo par le monde des universités sans toits.
Lorenzo, Emilio, Enrique. Étaient tous trois brûlés : Lorenzo par le monde des feuilles et les boules de billard, Emilio par le monde du sang et des épingles blanches, Enrique par le monde des morts et des journaux abandonnés.
Lorenzo, Emilio, Enrique. Étaient tous trois enterrés. Lorenzo dans un sein de Flora, Emilio dans le gin mort qu’on oublie dans le verre, Enrique dans la fourmi, dans la mer et dans les yeux vides des oiseaux.
Lorenzo, Emilio, Enrique. Furent tous trois dans mes mains trois montagnes chinoises, trois ombres de cheval, trois paysages de neige et une cabane de lis dans les pigeonniers où la lune se fait plate sous le coq.
Un et un, et un. Ils étaient tous trois momifiés, avec les mouches de l’hiver, avec les encriers qu’ urine le chien et méprise le vilain, avec la brise qui gèle le coeur de toutes les mères, sur les blancs décombres de Jupiter où les ivrognes croquent la mort.
Trois Et deux Et un. Je les vis se perdre en larmes et en chansons, pour un œuf de poule, pour la nuit qui montrait son squelette de tabac, pour ma douleur criblée de visages et de piquantes esquilles de lune, pour ma joie de roues dentées et de fouets, pour ma poitrine troublée par les colombes, pour ma mort déserte où un seul passant s’est égaré.
Moi, j’avais tué la cinquième lune et les éventails et les hourras buvaient l’eau des fontaines. Le tiède lait enserré des jeunes accouchées agitait les roses de sa longue douleur blanche, Enrique, Emilio, Lorenzo. Diane est dure, mais parfois ses seins sont nébuleux. La pierre blanche peut palpiter dans le sang du cerf et le cerf peut rêver par les yeux d’un cheval.
Quand sombrèrent les formes pures sous le cri-cri des marguerites, je compris qu’ils m’avaient assassiné. Ils allèrent dans tous les cafés, les cimetières et les églises, Ils ouvrirent les tonneaux et les armoires, Ils détruisirent trois squelettes pour en arracher les dents en or. Ils ne me trouvèrent plus. Ils ne me trouvèrent pas ? Non. Ils ne me trouvèrent pas. Mais l’on sut que la sixième lune s’enfuit vers l’amont du torrent et que la mer se rappela, soudain ! les noms de tous ses noyés.
Poète à New York. Pavillons poche. Robert Laffont. 2023.Traduction : Carole Fillère et Zoraida Carandell. Édition bilingue. 11 euros.
Nous avons vu l’exposition Manet/Degas (Musée d’Orsay,Paris du 28 mars au 23 juillet 2023). Il y avait beaucoup trop de monde. Environ 200 tableaux, pastels, dessins, gravures, monotypes, lettres et carnets. Il s’agit d’un parcours thématique et chronologique. Je me souviens encore de l’exposition Manet 1832-1883 en 1983 au Grand Palais. L’influence de la peinture espagnole, et particulièrement de celle de Velázquez, m’avait marqué alors.
Édouard Manet (1832-1883) et Edgar Degas (1834-1917) sont les deux fondateurs de la nouvelle peinture dans les années 1860-1880. Ils établissent les bases de la modernité en peinture. Leurs tableaux réalistes reflètent les différents aspects de la société de l’ époque : le travail, les loisirs (scènes de plage, courses de chevaux, brasseries et cafés-concerts, théâtre, opéra, ballets), la prostitution (les mondaines et les demi-mondaines), la vie domestique et la vie privée.
Ils se sont rencontrés dans les années 1860, se sont fréquentés, ont côtoyé les mêmes cercles. Les deux peintres avaient des tempéraments très différents. Ils étaient rivaux. Ils ont traité des mêmes sujets, mais de façon assez différente.
Édouard Manet : « Qui donc a dit que le dessin est l’écriture de la forme ? La vérité est que l’art doit être l’écriture de la vie. »
« Je peins ce que je vois, et non ce qu’il plaît aux autres de voir. »
L’hispaniste, d’origine irlandaise, Ian Gibson, a remporté le XXXV Prix Comillas 2023 pour son livre autobiographique Un carmen En Granada. Memorias de un hispanista dublinés. Tusquets Editores. Ce prix est remis tous les ans à des biographies ou à des mémoires.
Né le 21 avril 1939 dans une famille irlandaise, protestante et aisée, son enfance et sa jeunesse ont été marquées par le puritanisme. Il raconte avec courage et honnêteté ses souvenirs d’enfance et d’adolescence. Venu en Espagne en 1965 pour finir sa thèse de doctorat sur l’oeuvre de jeunesse de Federico García Lorca, il s’y est installé définitivement en 1978. Il publie son premier livre en 1971 La represión nacionalista de Granada en 1936 y la muerte de Federico García Lorca (Paris, Ruedo Ibérico), interdit en Espagne par le régime franquiste. Il obtient la nationalité espagnole en 1984. il vit aujourd’hui à Madrid, dans le quartier cosmopolite de Lavapiés.
Oeuvres : 1971 La represión nacionalista de Granada en 1936 y la muerte de Federico García Lorca. 1980 En busca de José Antonio. 1982 La noche que mataron a Calvo Sotelo. 1983 Paracuellos, cómo fue. 1985-87 Federico García Lorca. 1986 Queipo de Llano. Sevilla, verano de 1936. 1989 En Granada, su Granada… Guía a la Granada de Federico García Lorca. 1998 Vida, pasión y muerte de Federico García Lorca. 1998 La vida desaforada de Salvador Dalí. 1999 Lorca-Dalí, el amor que no pudo ser. 2002 Yo, Rubén Darío. Memorias póstumas de un Rey de la Poesía (roman). 2004 Cela, el hombre que quiso ganar. Dalí joven, Dalí genial. 2006 Ligero de equipaje. La vida de Antonio Machado. 2007 Cuatro poetas en guerra. 2008 El hombre que detuvo a García Lorca. Ramón Ruiz Alonso y la muerte del poeta. 2009 Caballo azul de mi locura. Lorca y el mundo gay. 2012 La berlina de Prim (roman). 2013 Luis Buñuel. La forja de un cineasta universal.
J’ai lu avec plaisir son autobiographie, en particulier les trois dernières parties ( IV : Granada y Lorca : el año milagroso 1965-1966. V : Belfast, huida a Londres…y a Europa 1966-1975. VI : Después.)
Deux extraits significatifs :
« Había confirmado mi decisión, además, la lectura de un libro del hispanista francés Claude Couffon, titulado, Á Grenade, sur les pas de García Lorca, publicado en 1962 en París. Reproducía, entre otros, un artículo sensacional del autor sobre las últimas horas del autor del Romancero gitano dado a conocer en Le Figaro Littéraire en 1951. Couffon dejaba deslizar que poseía un ejemplar de la edición original de Impresiones y paisajes, imposible de localizar en tiendas de viejo y solo reproducido parcialmente en las Obras completas de Aguilar. Yo me moría por conocer el texto completo. Encontré su dirección postal en París, le escribí y me invitó a ir a verle. Allí me presenté sin perder tiempo. Vivía con su mujer en las afueras de la capital, a orillas del Sena. Resultó simpatiquísimo, hicimos buenas migas, le encantó mi regalo de dos botellas de Bushmills -el mejor whiskey de Irlanda del Norte – y, cuando hubimos terminado de comer, me dijo que me podía llevar el libro a Belfast y sacar alí una fotocopia. Confío absolutamente en mí, no pareció dudar un segundo de mi honradez ni preocuparle lo más mínimo la posibilidad de que, aunque certificado con todas las garantías, el libro se perdiera en su regreso a casa. Su generosidad me pareció, y me sigue pareciendo, asombrosa, inaudita. Se lo devolví una semana después, le llegó sin contratiempo alguno, y desde aquel momento tuve a Couffon como uno de mis mejores amigos franceses. Confronté enseguida mi fotocopia completa de Impresiones y paisajes con la edición de Aguilar y descubrí que allí, sin avisar al lector, se habían suprimido pasajes del libro en que el joven Lorca criticaba duramente la vida monástica, tanto de hombres como de mujeres. Le parecía una cobardía. Fue para mí un hallazgo de importancia. El régimen de Franco había permitido la publicación de las «obras completas» del poeta a partir de 1954, pero con una censura aceptada por sus herederos. » (pages 217-218)
« España, para terminar, ha sido y es mi lugar en el mundo, gracias, sobre todo, a García Lorca, que me regaló mi vocación de biógrafo. Sé que es en parte romanticismo, pero este país tan complejo, tan amnésico, tan bullicioso, a veces tan hosco -como dijo Luis Cernuda-, sigue siendo para mí, como para don Quijote, un espacio abierto a la aventura, al descubrimiento, a lo inesperado. (…) Me preocupa hondamente la situación política española actual, sobre todo la mentalidad de las derechas, todavía incapaces de reconocer y asumir la criminalidad del régimen franquista. Y que, pese a proclamarse católicas, romanas y apostólicas, no quieren ayudar en la urgente tarea de recuperar los restos de las víctimas de la dictadura todavía tiradas en fosas comunes y cunetas. ¿No es esto hipocresía? ¿No es esto despreciar al prójimo? ¿Desoír a Jesús? Me quedo con la esperanza de que un día llegue, aunque yo no la vea, la gran España dialogante, reconciliada y en paz. La España mestiza, palimpsesto de culturas, capa sobre capa, la España soñada por la Institución Libre de Enseñanza y su hijuela, la Residencia des Estudiantes. La España con tanto que contribuir a Europa y al mundo. Ojalá -permítaseme recurrir al árabe- sea pronto.» (pages 324-325)
Exposition du 13 avril au 15 juillet 2023 à la Galerie Gallimard, 30-32 rue de l’Université 75007- Paris.
Insulaire sur les traces de Saint-John Perse. Sandrine Expilly photographies.
Saint-John Perse (Alexis Leger) est né à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) le 31 mai 1887. Il s’installe au lieu-dit La Polynésie, sur la Presqu’île de Giens (Var), en 1957. « Je viens d’habiter presque un absolu », dit-il dans une lettre à Mina Curtiss, l’amie américaine, la riche mécène qui a acheté pour lui une villa face à la mer, Les Vigneaux. Le poète y retrouve des parfums, un ciel, une terre qui lui rappellent son île natale. Cette presqu’île méditerranéenne sera à l’origine de ses dernières oeuvres. Le poète a reçu le Prix Nobel de Littérature en 1960. Il est mort le 20 septembre 1975 et est enterré sur la presqu’île de Giens.
La photographe Sandrine Expilly connaît ce lieu depuis son enfance : « Je connais presque par coeur ce bout de terre à l’extrême-sud du Var, il ressemble à un navire tourné vers le large et m’emmène chaque fois vers un ailleurs. Lorsque j’ai découvert la poésie de Saint-John Perse, je me suis laissée emmener par ses mots et son souffle poétique. Plusieurs années durant j’ai tourné autour de la maison où il avait vécu, tenté de suivre ses traces, deviné et imaginé ses pas sur la presqu’île. Dans cette série photographique, je questionne la frontière entre terre et mer, entre paysage réel et onirique. Parallèlement je collecte des morceaux de bois trouvés le long du sentier du littoral, fabrique différents fusains et j’interviens sur les paysages documentaires. J’utilise la matière naturelle du lieu afin d’apposer à mon tour ma propre trace ».
On peut lire les Lettres à une dame d’Amérique, Mina Curtiss (1951-1973). Édition de Mireille Sacotte (éd.), Les Cahiers de la NRF, série Saint-John Perse, n°16, Gallimard 2003.
Le poète vénézuélien Rafael Cadenas, 93 ans, a reçu hier, lundi 24 avril, à Alcalá de Henares des mains du roi Felipe VI le Prix Cervantès 2022. Il s’agit de la récompense littéraire la plus prestigieuse en langue espagnole. C’est la première fois qu’un écrivain vénézuelien est primé. Après Ida Vitale, Joan Margarit, Francisco Brines et Cristina Peri Rossi, c’est le cinquième poète de suite qui reçoit ce prix. Malgré son âge, il a pu faire le voyage et c’est lui qui a commencé la lecture publique de l’ensemble de L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche qui se fait tous les ans à la même date au Cercle des Beaux-Arts de Madrid.
Fracaso, lenguaje del fondo, pista de otro espacio más exigente, difícil de entreleer es tu letra.
Cuando ponías tu marca en mi frente, jamás pensé en el mensaje que traías, más precioso que todos los triunfos. Tu llameante rostro me ha perseguido y yo no supe que era para salvarme. Por mi bien me has relegado a los rincones, me negaste fáciles éxitos, me has quitado salidas. Era a mí a quien querías defender no otorgándome brillo. De puro amor por mí has manejado el vacío que tantas noches me ha hecho hablar afiebrado a una ausente. Por protegerme cediste el paso a otros, has hecho que una mujer prefiera a alguien más resuelto, me desplazaste de oficios suicidas.
Tú siempre has venido al quite.
Sí, tu cuerpo, escupido, odioso, me ha recibido en mi más pura forma para entregarme a la nitidez del desierto. Por locura te maldije, te he maltratado, blasfemé contra ti.
Tú no existes. Has sido inventado por la delirante soberbia.
¡Cuánto te debo! Me levantaste a un nuevo rango limpiándome con una esponja áspera, lanzándome a mi verdadero campo de batalla, cediéndome las armas que el triunfo abandona. Me has conducido de la mano a la única agua que me refleja. Por ti yo no conozco la angustia de representar un papel, mantenerme a la fuerza en un escalón, trepar con esfuerzos propios, reñir por jerarquías, inflarme hasta reventar. Me has hecho humilde, silencioso y rebelde. Yo no te canto por lo que eres, sino por lo que no me has dejado ser. Por no darme otra vida. Por haberme ceñido.
Me has brindado sólo desnudez.
Cierto que me enseñaste con dureza ¡y tú mismo traías el cauterio!, pero también me diste la alegría de no temerte.
Gracias por quitarme espesor a cambio de una letra gruesa. Gracias a ti que me has privado de hinchazones. Gracias por la riqueza a que me has obligado. Gracias por construir con barro mi morada. Gracias por apartarme. Gracias.
Falsas maniobras 1966.
Échec
Tout ce que j’ai cru victoire n’est que fumée.
Échec, langue de fond, piste d’un autre espace plus exigeant, difficile de lire entre tes lignes.
Quand tu mettais ta marque sur mon front, jamais je n’aurais imaginé que tu m’apportais un message plus précieux que tous les triomphes. Ta face flamboyante m’a poursuivi et moi je n’ai pas su que c’était pour me sauver. Pour mon bien tu m’as remisé dans les coins, refusé les succès faciles, fermé les issues. C’est moi que tu voulais défendre en m’empêchant de briller. Par pur amour pour moi tu as modelé le vide qui, durant des nuits enfiévrées, m’a fait parler à une absente. Si tu as toujours donné priorité aux autres, si tu t’es arrangé pour qu’une femme me préfère un homme plus décidé, si tu m’as licencié de postes suicidaires, c’était pour me protéger.
Tu es toujours intervenu à temps.
Qui, ton corps couvert de plaies, de crachats, ton corps odieux m’a reçu dans ma plus simple forme pour me livrer à la transparence du désert. C’est folie de t’avoir maudit, maltraité, de t’avoir blasphémé.
Tu n’existes pas. Un orgueil délirant t’a inventé.
Je te dois tant ! En me nettoyant avec une éponge rêche, en me lançant sur mon vrai champ de bataille, en me donnant les armes que le triomphe dédaigne, tu m’as levé au dessus de la mêlée. Tu m’as pris par la main et conduit à la seule eau qui puisse me refléter. Grace à toi je ne connais pas l’angoisse de jouer un rôle, de m’accrocher à tout prix à un échelon, de me faire pistonner à la force du poignet, de me battre pour arriver plus haut, de me gonfler jusqu’à éclater. Tu m’as fait humble, silencieux, rebelle. Je ne te chante pas pour ce que tu es, mais pour ce que tu ne m’ as pas laissé être. Pour ne m’avoir donné que cette vie-là. Pour m’ avoir restreint.
Tu m’as seulement offert la nudité.
Tu m’as élevé à la dure, c’est vrai. Mais toi-même apportais le cautère. Et le bonheur de ne pas te craindre.
Merci de m’ enlever de l’ épaisseur en l’ échangeant contre des caractères gras. Merci à toi de m’avoir privé d’enflures. Merci pour la richesse à laquelle tu m’as contraint. Merci d’avoir construit ma demeure avec de la boue. Merci de m’écarter. Merci.
Le poète Rafael Alberti (1902-1999) et sa femme, María Teresa León (1903-1988), elle aussi écrivain, arrivent à Ibiza le dimanche 28 juin 1936 pour passer leurs vacances d’été. Ils cherchent un endroit tranquille et abordable pour se reposer et écrire. Ils devaient aller en Galice, mais un accident de train meurtrier le 24 juin sur la ligne Madrid-La Corogne, les a fait changer d’avis au dernier moment. Les deux premières semaines sont calmes. Ils ont loué une maison (Molíde Socarrat), près de Puig des Molins, où se trouve la plus grande nécropole punique du monde. Ils parcourent l’île et établissent des liens d’amitié avec de nombreux habitants. La Guerre Civile éclate le 18 juillet 1936. Les militaires réussissent à contrôler l’ensemble de l’archipel des Baléares, à l’exception de Minorque. Le commandant d’infanterie Julio Mestre se met à la tête des troupes à Ibiza le 19 juillet, déclare l’état de guerre et arrête les principaux dirigeants des partis de gauche et des syndicats. Le couple reste trois jours dans la maison, puis se cache avec une vingtaine d’autres personnes pendant vingt jours dans une grotte (Monte del Corb Marí), près de la tour de sa Sal Rossa et du Parc Natural de ses Salines.
Le 8 août 1936, deux colonnes républicaines débarquent dans l’île : l’une vient de Barcelone a à sa tête le capitaine d’aviation Alberto Bayo ; l’autre de Valence et est dirigée par le capitaine de la Garde civile Manuel Uribarri.
Rafael Alberti et María Teresa León participent au Comité des Milices Antifascistes et interviennent pour protéger le patrimoine religieux des églises face aux miliciens anarchistes qui veulent le détruire. Le 11 août 1936, les deux écrivains quittent l’ile pour Valence.
Rafael Alberti publiera un récit littéraire, tirée de cette expérience, en 1937 dans la revue de la Alianza de Intelectuales Antifascistas para la Defensa de la Cultura, El Mono Azul : Una historia de Ibiza. María Teresa León racontera ce séjour dans Memoria de la melancolía (Buenos Aires, Losada, 1970).
Un monolithe en béton de 180 kilos a été installé récemment près de la grotte. Une plaque du céramiste local Antoni Ribas Costa (Toniet) inclut un court extrait de Memoria de la melancolía de María Teresa León.
Deux poèmes Rafael Alberti, tirés Retornos de lo vivo lejano (1952), évoquent bien cette période et son influence sur l’oeuvre de ces deux écrivains : Retornos de una isla dichosa et Retornos del amor fugitivo en los montes.
Retornos de una isla dichosa
La felicidad vuelve con el nombre ligero de un presuroso y grácil joven alado: Aire. Por parasoles verdes, las sombras que retornan contestan, y el amor, por otro nombre: Isla.
Venid, días dichosos, que regresais de lejos teniendo por morada las velas de un molino; por espejo la luna, la que el sol tiró al pozo, y por bienes del alma, todo el mar apresado en pequeñas bahías. Llegad, alegres olas de mis años, risueños labios de espuma abierta de las blancas edades. Suenen mis ojos, canten con repetidas lágrimas al pastor que desnudo da a la mar sus ovejas.
Ven otra vez, doblada maravilla incansable de los viejos olivos. Me abracen nuevamente tus raíces, hundiéndome en las tumbas de muestran su soledad al cielo.
Quiero tocaros, santas, invencibles higueras, abatidas de zumos, pero no de cansancio. Dejadme en la apretada oscuridad inmóvil de vuestra fresca alcoba dormir tranquilamente.
Soñar, soñar dormido, desde allí, en las colinas donde los algarrobos dan su miel a las nieves de la flor del almendro; desde donde calladas huertas corren sus límites abriendo arcos de cal arrobados de adelfas.
Despierte, al descorrer las ramas, ya en la tarde, padeciendo el deseo de morirme en las dunas, cuando al sol no le espera más final que el antiguo de embozarse en los hombros mojados de la noche.
Isla de amor, escúchame, antes de que te vayas, antes, ya que has venido, de que escapes de nuevo: Concédeme la gracia de aclarar los perfiles del canto que a mi lengua le quede aún, poniéndole esa azul y afilada delgadez de contornos que subes cuando al alba renaces sin rubores, feliz y enteramente desnuda, de las olas.
Retornos de lo vivo lejano, 1952.
Retornos del amor fugitivo en los montes
Era como una isla de Teócrito. Era la edad de oro de las olas. Iba a alzarse Venus de la espuma. Era la edad de oro de los campos. Iba Pan nuevamente a repetir su flauta y Príapo a verterse en los jardines. Todo era entonces. Todo entonces iba.
Iba el amor a ser dichoso. Era la juventud con cinco toros dentro. Iba el ardor a arder en los racimos. Era la sangre un borbotón de llamas. Era la paz para el amor. Venía la edad de oro del amor. Ya era.
Pero en la isla aparecieron barcos y hombres armados en las playas. Venus no fue alumbrada por la espuma. El aire en la flauta de Pan se escondió, mudo. Secas, las flores sin su dios murieron y el amor, perseguido, huyó a los montes.
Allí labró su cueva , como errante hijo arrojado de una mar oscura, entre el mortal y repetido estruendo que la asustada Eco devolvía.
Agujas rotas de los parasoles pinos le urdieron al amor su lecho. Fieras retamas, mustias madreselvas, rudos hinojos y áridos tomillos lo enguirnaldaron en la ciega noche. Y aunque, lengua de fuego, el aire aullara alrededor, la tierra, oh, sí, la tierra no le fue dura, sin embargo, al sueño del fugitivo amor entre los montes.
La edad de oro del amor venía, pero en la isla aparecieron barcos…