Capilla de San José. Toledo.

Capilla de San José. Toledo.

Je suis allé très souvent à Tolède. Je n’ai jamais pu visiter la Chapelle de San José. Il s’agit d’une chapelle privée que l’on pouvait visiter en 2014 pour le quatrième centenaire de la mort de El Greco. La Maire socialiste  de Tolède, Milagros Tolón, a obtenu en 2015 du propriétaire actuel, le Marquis de Eslava,  l’ouverture de la Chapelle le second mardi de chaque mois. Elle est située au numéro 5 de la rue Núñez de Arce.

La chapelle fut fondée par le riche marchand de Tolède,  Martín Ramírez, décédé en 1569. Il s’agissait alors d’ établir le couvent des Carmélites déchaussées que sainte Thérèse souhaitait fonder à Tolède. La sainte se déplaça jusqu’à cette ville, mais le projet ne put aboutir. Néanmoins, les héritiers firent construire cette chapelle en honneur de saint Joseph que sainte Thérèse vénérait particulièrement. Ce sera la première église ou chapelle dédiée à ce saint dans toute la chrétienté. La construction (1588-1596), de style Renaissance,  fut l’oeuvre de Nicolás de Vergara (1540-1606). La décoration intérieure fut commandée à El Greco en 1597. C’était donc seulement un oratoire familial.

Les deux tableaux du Greco des autels latéraux – San Martín y el mendigo et La Virgen con el Niño, santa Inés y santa Martina – ont été vendus en 1907 par  le propriétaire, le comte de Guendulain à un antiquaire français qui les a cédés à un collectionneur américain. Les deux tableaux se trouvent aujourd’hui  à la National Gallery de Washington. Ils sont remplacés à Tolède par de piètres copies. Plus de vingt oeuvres de El Greco sortirent ainsi d’Espagne entre 1902 et 1909. Un véritable pillage. Ni l’Etat, ni l’Eglise espagnole ni la ville de Tolède ne réagirent  le moins du monde.

L’autel central avec ses peintures, ses colonnes cannelées et ses statues de rois et de papes, offre un magnifique exemple du Greco comme « artiste total ». C’est un long crescendo lumineux  jusqu’au Couronnement de la Vierge, éclairé par la lumière naturelle provenant d’une baie. Les figures de saint Joseph et du Christ enfant se découpent sur un fond où l’on reconnaît la ville de Tolède.  Il s’agit d’ un  chef-d’œuvre majeur du peintre espagnol,  d’origine crétoise.

Prologue d’Une saison en enfer (avril-août 1873)

Arthur Rimbaud Octobre 1871 (Etienne Carjat)

Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s’ouvraient tous les coeurs, où tous les vins coulaient.

Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux. – Et je l’ai trouvée amère. -Et je l’ai injuriée.

Je me suis armé contre la justice.

Je me suis enfui. Ô sorcières, ô misère, ô haine, c’est à vous que mon trésor a été confié!

Je parvins à faire s’évanouir dans mon esprit toute l’espérance humaine. Sur toute joie pour l’étrangler j’ai fait le bond sourd de la bête féroce.

J’ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J’ai appelé les fléaux, pour m’étouffer avec le sable, avec le sang. Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l’air du crime. Et j’ai joué de bons tours à la folie.

Et le printemps m’a apporté l’affreux rire de l’idiot.

Or, tout dernièrement, m’étant trouvé sur le point de faire le dernier couac! j’ai songé à rechercher le clef du festin ancien, où je reprendrais peut-être appétit.

La charité est cette clef. – Cette inspiration prouve que j’ai rêvé!

“Tu resteras hyène, etc….,” se récrie le démon qui me couronna de si aimables pavots. “Gagne la mort avec tous tes appétits, et ton égoïsme et tous les péchés capitaux.”

Ah! j’en ai trop pris: – Mais, cher Satan, je vous en conjure, une prunelle moins irritée! et en attendant les quelques petites lâchetés en retard, vous qui aimez dans l’écrivain l’absence des facultés descriptives ou instructives, je vous détache des quelques hideux feuillets de mon carnet de damné.

Les heures sombres (Joe Wright)

Vu lundi 12 mars à la Ferme du Buisson (Noisiel) :

Les heures sombres (Darkest Hour) (2017) 1h52 Réal.: Joe Wright. Sc: Anthony McCarten. Dir. Photo: Bruno Delbonnel. Int: Gary Oldman, Kristin Scott Thomas Stephen Dillane, Lily James, Ronald Pickup.

Le film se déroule entre le 9 mai 1940 (la veille de l’offensive allemande) et fin mai 1940. Après la démission de Neville Chamberlain, le 10 Mai 1940, Winston Churchill devient Premier ministre du Royaume-Uni, à 65 ans. Le Parti conservateur l’a choisi par défaut. Lord Halifax, secrétaire d’Etat des Affaires étrangères, et l’ancien Premier ministre, sont favorables à des pourparlers de paix avec Hitler.

On suit Winston Churchill qui doit assumer des choix difficiles. La guerre éclair refoule les 300 000 hommes de l’armée britannique à Dunkerque. Le Premier ministre ordonne le sacrifice d’une unité chargée d’une diversion et la mobilisation de toutes les embarcations civiles possibles pour secourir l’ armée anglaise encerclée. L’«opération Dynamo » commence le 26 mai. Avant son discours devant le parlement, Churchill décide de suivre les conseils du roi George VI, qui ne l’aime pas, mais se rapproche peu à peu de lui: prendre l’avis des gens de la rue et s’appuyer sur eux. Il descend dans le métro. Scène assez fantaisiste. Il se rend compte de la détermination des Britanniques. Il s’oppose à son cabinet de guerre où figurent les opposants à sa politique. Il s’adresse au grand cabinet (membres de son groupe) , puis à la chambre des députés, où même Neville Chamberlain va l’appuyer L’union nationale est possible. Les anglais vont résister.

La mise en scène est précieuse, voire chichiteuse: ralentis, longs travellings, mouvements de caméra improbables. Les couleurs sont d’une rare laideur. Bien sûr, c’est la guerre. «[Je n’ai à offrir que] Du sang, du labeur, des larmes et de la sueur», dit Winston Churchill le 13 mai 1940 devant la Chambre des Communes, après sa nomination. L’expression est empruntée à Giuseppe Garibaldi.

Gary Oldman cabotine tant et plus pour pouvoir enfin avoir l’Oscar du meilleur acteur. Opération réussie. Heureusement, Kristin Scott Thomas sauve un peu la mise. Elle est excellente dans le rôle pourtant ingrat de Clementine Churchill.

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19574289&cfilm=246284.html

Filmographie de Joe Wright
2005: Orgueil et Préjugés (Pride & Prejudice)
2007: Reviens-moi (Atonement)
2009: Le Soliste(The Soloist)
2011: Hanna
2012: Anna Karénine (Anna Karenina)
2015: Pan
2017: Les Heures sombres (Darkest Hour)

André Breton

André Breton (Man Ray) 1932

Le verbe être

Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. Le désespoir n’a pas d’ailes, il ne se tient pas nécessairement à une table desservie sur une terrasse, le soir, au bord de la mer. C’est le désespoir et ce n’est pas le retour d’une quantité de petits faits comme des graines qui quittent à la nuit tombante un sillon pour un autre. Ce n’est pas la mousse sur une pierre ou le verre à boire. C’est un bateau criblé de neige, si vous voulez, comme les oiseaux qui tombent et leur sang n’a pas la moindre épaisseur. Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. Une forme très petite, délimitée par un bijou de cheveux. C’est le désespoir. Un collier de perles pour lequel on ne saurait trouver de fermoir et dont l’existence ne tient pas même à un fil, voilà le désespoir. Le reste, nous n’en parlons pas. Nous n’avons pas fini de deséspérer, si nous commençons. Moi je désespère de l’abat-jour vers quatre heures, je désespère de l’éventail vers minuit, je désespère de la cigarette des condamnés. Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. Le désespoir n’a pas de coeur, la main reste toujours au désespoir hors d’haleine, au désespoir dont les glaces ne nous disent jamais s’il est mort. Je vis de ce désespoir qui m’enchante. J’aime cette mouche bleue qui vole dans le ciel à l’heure où les étoiles chantonnent. Je connais dans ses grandes lignes le désespoir aux longs étonnements grêles, le désespoir de la fierté, le désespoir de la colère. Je me lève chaque jour comme tout le monde et je détends les bras sur un papier à fleurs, je ne me souviens de rien, et c’est toujours avec désespoir que je découvre les beaux arbres déracinés de la nuit. L’air de la chambre est beau comme des baguettes de tambour. Il fait un temps de temps. Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. C’est comme le vent du rideau qui me tend la perche. A-t-on idée d’un désespoir pareil! Au feu! Ah! ils vont encore venir… Et les annonces de journal, et les réclames lumineuses le long du canal. Tas de sable, espèce de tas de sable! Dans ses grandes lignes le désespoir n’a pas d’importance. C’est une corvée d’arbres qui va encore faire une forêt, c’est une corvée d’étoiles qui va encore faire un jour de moins, c’est une corvée de jours de moins qui va encore faire ma vie.

Le revolver à cheveux blanc” Juin 1932.

Joan Margarit

Treballs d’amor 

El motiu tant és.
Cal buscar entre les restes el que ha sobreviscut.
¿Podríem no sentir-nos insegurs,
si els nostres sentiments
són territoris de frontera
perduts, recuperats, tornats a perdre?
Perquè estimar no és enamorar-se.
És tornar a construir, una vegada, una altra,
el mateix pati on escoltar les merles
quan a la primavera encara és de nit.
És l’únic cant d’ocell que podria ser Schubert.
Tu i jo com als vint anys, sols a la cuina,
ens fem forts escoltant aquesta melodia.
Més claredat no l’hem tinguda mai.

Un hivern fascinant. OSSA MENOR, Editorial Proa, 2017.

Trabajos de amor

El motivo no importa.
hay que buscar entre los restos
lo que ha sobrevivido. Nunca estamos seguros.
¿Podríamos sentirnos de otro modo,
si nuestros sentimientos
son como territorios de frontera,
tantas veces perdidos,
recuperados, vueltos a perder?
Porque el amor no es enamorarse.
Es, una y otra vez, construir el mismo patio
donde escuchar el canto de los mirlos,
cuando aún es de noche, en primavera.
De entre todos los pájaros,
es el único canto que podría ser Schubert.
Solos en la cocina, como a los veinte años,
a ti y a mi
nos hace fuertes esa melodía.
Más claridad no la tuvimos nunca.

Un asombroso invierno. Visor, 2018.

Joan Margarit.

André Blanchard

André Blanchard est né le 2 février 1951 à Besançon. Il est mort le 29 septembre 2014 à Vesoul.

Il a  publié essentiellement des carnets, des réflexions sur la littérature et sur l’actualité. La littérature était pour lui une nécessité absolue. Il gagnait sa vie comme gardien des salles d’expositions municipales de la ville de Vesoul.

J’ai lu tous ses livres publiés au Dilettante. Les autres, je ne les ai jamais trouvés. J’ai été très heureux d’apprendre qu’un autre ouvrage de cet auteur allait être publié ces jours-ci: Un début loin de la vie.

Entre chien et loup (carnets 1987), Le Dilettante, 1989 (2 éd., 2007).
De littérature et d’eau fraîche (carnets 1988-1989), Erti, 1992.
Messe basse (carnets 1990-1992), Erti, 1995.
Impasse de la Défense (carnets 1993-1995), Erti, 1998.
Impressions, siècle couchant (chronique), Erti, 1998.
Impressions, siècle couchant II (chronique), Erti, 2001.
Petites nuits (carnets 2000-2002), Maé-Erti, 2004.
Contrebande (carnets 2003-2005), Le Dilettante, 2007.
Pèlerinages, (chronique) Le Dilettante, 2009.
Autres directions, (carnets 2006-2008) Le Dilettante, 2011.
À la demande générale , (carnets 2009-2011), Le Dilettante,2013.
Le reste sans changement, (carnets 2012-2014), Le Dilettante, 2015.

Jorge Luis Borges : “Elogio de la sombra

“Que otros se jacten de los libros que les ha sido dado escribir, yo me jacto de aquéllos que me fue dado leer… No sé si soy un buen escritor; creo ser un excelente lector o, en todo caso, un sensible y agradecido lector”.

L’insulte (Ziad Doueiri)

Vu dimanche 11 mars à la Ferme du Buisson (Noisiel) :

L’insulte (2017) 1h52 Réal.: Ziad Doueiri. Coproduction franco-libanaise. Sc: Joelle Touma, Ziad Doueiri. Int: Adel Karam (Toni Hanna), Kamel El Basha (Yasser Abdallah Salameh), Diamand Bou Abboud (Nadine Wehbe), Camille Salameh (Wajdi Wehbe), Rita Hayek (Shirine Hanna), Christine Salameh (Manal Salameh).

Dans le Beyrouth d’aujourd’hui, une insulte dégénère et conduit devant les tribunaux Toni, chrétien libanais, propriétaire d’un garage, et Yasser, réfugié palestinien, contremaître sur un chantier voisin. Le film se transforme en film de procès avec ses tensions, ses oppositions, ses révélations surprenantes. Les deux avocats qui s’opposent sont un père et sa fille. Cette situation mène le Liban au bord de l’explosion communautaire et sociale. A la fin, les deux hommes finissent par se regarder en face.

Le film est mené comme un thriller intense et efficace. Les deux acteurs sont très bons et complémentaires. Kamel El Basha joue avec retenue – il a obtenu la Coupe Volpi de la meilleure interprétation masculine à la Mostra de Venise 2017) – et Adel Karam avec fougue et colère. Le film a aussi été nominé aux Oscars 2018 comme meilleur film étranger. Le film est un peu trop long et l’utilisation d’une musique tonitruante m’a semblé assez maladroite.

Le film rappelle des faits historiques que l’évolution du pays veut occulter:
– Le massacre de Damour, ville côtière située à environ 20 km au sud de Beyrouth, le 20 janvier 1976. 582 chrétiens, pour la plupart civils, furent assassinés, principalement par des milices palestiniennes. Ce fut une réaction contre un massacre précédent de réfugiés palestiniens par les milices des Phalanges libanaises. A la fin du film, Toni, qui  avait 6 ans lors de ces faits, reprend la route de Damour, retrouve sa maison abandonnée et se repose sous les bananiers de son enfance.
– Septembre Noir . Ce conflit débuta le 12 septembre 1970, lorsque la Jordanie du roi Hussein déclencha des opérations militaires contre les fedayins de l’OLP, dirigée par Yasser Arafat. La violence des combats fit plusieurs milliers de morts de part et d’autre, en majorité des civils palestiniens. Yasser a vécu ces événements.
– Le massacre de Sabra et Chatila fut commis du 16 au 18 septembre 1982 par les phalangistes chrétiens avec la bénédiction de l’armée israélienne, stationnée à proximité. Il y eut de 460 à 800 victimes. Ariel Sharon était alors Ministre de la défense d’Israël. «Sharon aurait dû tous vous exterminer», dit Toni à Yasser.

Ce conflit absurde entre les deux hommes est, bien sûr, la métaphore de celui plus général entre les différentes communautés qui composent le Liban. La loi d’amnistie, proclamée à la sortie de la guerre civile (1975-1990), a instauré une amnésie de fait.

Le réalisateur Ziad Doueiri vit en France. Il s’attaque au tabou des affrontements ethniques dans le Beyrouth d’aujourd’hui, encore meurtri par ce passé récent. Les chrétiens libanais coexistent avec les palestiniens dans une atmosphère tendue, comme si la guerre n’avait jamais vraiment pris fin. Ziad Doueiri appelle à la réconciliation, à l’oubli de cette fracture. Le film ose dire beaucoup de choses, déterrer le passé, renvoyer chacun à ses propres fautes. Le film a été un succès dans son pays, mais des critiques se sont aussi élevées.

En 2012, Ziad Doueiri a tourné L’Attentat, adapté du roman éponyme de Yasmina Khadra, publié en 2005, avec des acteurs israéliens, Evgenia Dodina et Ali Suliman . Il a exprimé son opposition au boycott d’Israël. Le 11 septembre 2017, de retour au Liban pour la sortie de L’insulte, il a été entendu pendant plusieurs heures par un tribunal militaire au Liban, en raison de ce tournage qui contrevenait à la législation libanaise.

https://www.youtube.com/watch?v=ltYa7uNuFvg

Filmographie de Ziad Doueiri.
1998: West Beyrouth.
2004: Lila dit ça.
2012: L’Attentat.
2017: L’Insulte.

2005: Sleeper Cell (série télévisée) – 1 épisode:Immigrant)
2016: Baron noir (série télévisée)

Il fut Assistant à la caméra notamment pour Quentin Tarantino dans les années 1990 pour les films Jackie Brown, Pulp Fiction et Reservoir Dogs.

Pentagon Papers (Steven Spielberg)

Vu dimanche 4 mars à la Ferme du Buisson (Noisiel) :

Pentagon Papers (The Post) (2017) 1h55 Réal.: Steven Spielberg. Sc: Liz Hannah, Josh Singer. Int: Meryl Streep, Tom Hanks, Sarah Paulson, Bob Odenkirk, Tracy Letts, Bradley Whitford, Bruce Greenwood, Matthew Rhys, Jesse Plemons, David Cross, Michael Stuhlbarg, Zach Woods, Pat Healy, David Costabile.

Steven Spielberg revisite depuis longtemps le cinéma classique américain et ses différents genres. Il le fait en général avec talent. Cela change alors des grandes machines hollywoodiennes réservées aux adolescents décérébrés.

1987 Empire du soleil. Film de guerre.
1998 Il faut sauver le soldat Ryan. Film de guerre.
2005 Munich. Thriller politique.
2012 Lincoln. Film historique.
2015 Le Pont des Espions. Film d’espionnage.
2017 Pentagon Papers (The Post). Film sur le journalistime.

Après Les Hommes du président (1976), d’Alan J. Pakula, grand film de journalisme sur l’affaire du Watergate avec Robert Redford et Dustin Hoffman, il y a maintenant Pentagon Papers, qui écrit le chapitre précédent, le premier affrontement du Washington Post avec le pouvoir. Le titre original est The Post et Pentagon Papers est le titre «français». Le travail de traduction des distributeurs me laisse souvent perplexe.

En 1971, le Washington Post est un journal local que sa propriétaire, Katharine Graham (Meryl Streep), essaie d’introduire en Bourse. Il n’a pas l’importance du New York Times. C’est à celui-ci que l’analyste Daniel Ellsberg, un lanceur d’alerte avant la lettre, va remettre les rapports qu’il a photocopiés en secret et qui montre que, de 1945 à 1967, les différentes administrations américaines ont menti sur les possibilités de victoire des États-Unis au Vietnam. Le journal est censuré par la justice, sous la pression du Président Richard Nixon, pour avoir publié des informations classées secrètes. Le rédacteur en chef, Benjamin Bradlee (Tom Hanks) va récupérer ces informations. Le personnage de Benjamin Bradlee était interprété dans Les Hommes du président par Jason Robards.

Les deux grands acteurs que sont Meryl Streep et Tom Hanks se complètent à merveille dans ce film très américain. Spielberg utilise aussi avec justesse toute une panoplie d’acteurs venus des séries télévisées et qui jouent les seconds rôles.

Steven Spielberg a lu le scénario de Liz Hannah et de Josh Singer en février 2017. Le film était prêt en novembre, ce qui est assez inhabituel. Cette urgence s’explique probablement par l’importance de la presse et des médias pour faire barrage à l’administration Trump. Le film est un plaidoyer très efficace sur l’importance du contre-pouvoir que représente une presse libre et puissante. Le personnage de Kay Graham est aussi d’actualité dans le contexte de l’affaire Weinstein et des revendications féministes.

Certain spectateurs trouveront le message naïf et conservateur, mais il est aussi présent chez les grands cinéastes américains humanistes que furent Frank Capra, Richard Brooks ou Joseph L.Mankiewicz.

Je tiens à signaler aussi l’importance du projet lancé par Steven Spielberg après le tournage, en Pologne, de La Liste de Schindler (1993). Il avait décidé alors d’aller au-delà de son travail de cinéaste et d’enregistrer, sur cassettes vidéo, les récits de tous les derniers survivants de l’Holocauste dans le monde. Il avait créé pour cela la fondation «Survivors of the Shoah Visual History Foundation» qui voulait conserver l’histoire transmise par ceux qui l’ont vécue et qui ont réussi à survivre. Ce projet était financé par Steven Spielberg, MCA-Universal, NBC, Wasserman Foundation, Time-Warner.

https://www.cinemarivaux-macon.fr/film/202434/video/vo-fa1/

Jules Renard

 

Jules Renard, Journal.

12 septembre 1901. “Dans  ma tasse, le café ne reflète que mes idées noires.”

1er octobre 1903 . “Avec l’orage qui s’éloigne, Dieu s’en va.
Les paysans sont contents : il vont pouvoir emblaver “mou”. Le temps a mal au coeur.
Les arbres, d’abord immobiles, anxieux, s’agitent bientôt de joie sous la bonne pluie désaltérante.
Sur le mur d’en face je vois une clarté : c’est la petite aube du soleil qui va reparaître. ”

Chitry-les-Mines Mémorial à Jules Renard. Maire de 1904 à 1910.