Władysław Strzemiński

Wladyslaw Strzeminski, 1932.

Władysław Strzemiński est un peintre et théoricien de l’art polonais. Il est né le 21 novembre 1893 à Minsk (alors dans l’Empire russe, aujourd’hui en Biélorussie) et est mort le 26 décembre 1952 à Łódź.

Pionnier de l’avant-garde constructiviste des années 1920-1930, il théorisa l’unisme.

Au cours de la Première Guerre mondiale, en 1916, il sert comme officier du corps d’ingénieurs. Il est très grièvement blessé et amputé d’un bras et d’une jambe. En 1917, il achève ses études à l’École d’ingénieurs du génie militaire.

Pendant la révolution d’Octobre, en 1918, il assiste aux cours des premiers Ateliers libres d’art d’État ( SVOMAS) à Moscou, et prend contact avec Kasimir Malevitch (1879-1935) et Vladimir Tatline (1885-1953). Il fait la connaissance de l’artiste constructiviste polonaise Katarzyna Kobro (1898-1951) qu’il épousera en 1922. En 1919, il commence à travailler au Département des Beaux-Arts (IZO) du Commissariat de l’Éducation Populaire à Minsk. Il devient membre du Conseil d’administration de Moscou pour l’art et l’industrie artistique. En 1919-1920, il travaille avec le Département de l’Éducation du Gouvernement à Smolensk où, avec Katarzyna Kobro, il dirige un atelier artistique (IZO-studio) qui produit, entre autres, des affiches de propagande. Il collabore à la même époque avec Malevitch et le groupe UNOVIS («L’affirmation du nouveau en art») de Vitebsk. Strzemiński présente ses travaux constructivistes dans des expositions à Moscou, Riazan et Vitebsk.

Dans le contexte de la guerre soviéto-polonaise (février 1919 – mars 1921), en 1921 Strzemiński s’installe à Vilnius et commence à enseigner l’illustration, d’abord dans le cadre des Séminaires de Diplômés Militaires de Lukasinski et plus tard à l’école intermédiaire à Vileïka (Biélorussie). En 1922-23 et 1925-26, il travaille avec le périodique Zwrotnica («Le Lien », 1922-27, associé à un mouvement littéraire d’avant-garde), publiant entre autres articles des Notes sur l’art russe. En 1923, il travaille avec Vytautas Kairiūkštis (1890-1961) à l’organisation de l’exposition de l’art nouveau à Vilnius, qui est en fait le point de départ pour le constructivisme polonais . En 1924 il est le co-organisateur du groupe Block (Bloc) , qui réunit l’avant-garde constructiviste polonaise. Il tente d’organiser l’installation de Malevitch en Pologne. C’est un échec. En 1926, il collabore avec le groupe d’architectes et de peintres Praesens (1926-1930), et rédige avec Szymon Syrkus «Le présent dans l’architecture et la peinture».

Entre 1924 et 1926, il enseigne le dessin à Szczekociny et prend un emploi en tant que professeur d’école intermédiaire à Brzeziny. En 1927 il donne des cours au Collège du Commerce et d’Industrie de Koluszki. Il suit sa propre méthode, thématique, qui se rapproche des méthodes du Bauhaus. Ses écrits de 1928 et 1932 éclairent sur ses conceptions pédagogiques .

Il publie aussi «L’unisme en peinture» (1928) et dans les années qui suivent plusieurs autres textes où il précise ses idées sur le plan théorique, dont «Composition de l’étendue. Évaluation du rythme de l’espace-temps» (1930) avec sa femme, Katarzyna Kobro.

En 1929, avec Katarzyna Kobro et Henryk Stazewski, et les poètes Jan Brzękowski et Julian Przyboś ils créent le groupe a.r. (l’avant-garde réelle – les artistes révolutionnaires). Katarzyna Kobro est aussi membre du groupe international Abstraction-Création fondé à Paris en 1931. Dans les années 29-31 le groupe a.r. constitue, grâce à des amitiés et en pratiquant des échanges entre artistes, la Collection Internationale d’Art Moderne qui est transmise au Musée Municipal d’Histoire de l’Art de Łódź. Les musées de la ville réorganisent alors profondément leurs collections, et fondent en 1930 le Muzeum Sztuki, dont le cœur est constitué par cette exceptionnelle collection d’art abstrait contemporain. Présentée au public en 1931, elle est la seconde collection muséographique internationale d’art moderne en Europe. Les artistes continuent de l’enrichir jusqu’en 1938. Elle est et reste d’autant plus exceptionnelle qu’elle résulte de choix d’artistes.

En 1931, Strzemiński vit à Łódź où il s’active dans l’Union des artistes plasticiens polonais (ZPAP). Il enseigne la typographie dans une école technique. En 1932, il reçoit le prix de la ville de Łódź. W. Strzemiński et K. Kobro vivent à Łódź pendant toute l’Occupation allemande dans des conditions très difficiles — les sculptures de Katarzyna, restées dans l’atelier et considérées comme «art dégénéré» par les nazis ont presque toutes été détruites. En 1945, W. Strzemiński   devient maître de conférences à l’École nationale supérieure des arts plastiques de Łódź dont il est l’un des fondateurs. La même année, il lègue sa collection au Muzeum Sztuki de Łódź.

En 1946 il dessine la salle néoplastique du Muzeum Sztuki. En 1947-48 il fait réaliser par un atelier de menuiserie du musée de Łódź tout un ensemble de mobilier de formes et de couleurs néoplastiques. On trouve ainsi, dans la salle néoplasique, du mobilier qui rappelle ce type de production réalisé dans le cadre de De Stijl. La situation change avec l’établissement de la République populaire en Pologne en 1946. La répression stalinienne touche beaucoup de Polonais , et même certains cadres du Parti ouvrier polonais, comme Władysław Gomułka, arrêté en 1951.

En 1950, Władysław Strzemiński est licencié de l’École nationale supérieure des arts plastiques de Łódź (PWSSP) sur ordre du ministre de la Culture et des Arts, Wlodzimierz Sokorski. On lui reproche de ne pas respecter la doctrine du réalisme-socialiste. Il est radié de l’Association des peintres polonais sans laquelle il ne pouvait se fournir en matériel de peinture. Il est aussi écarté de tous ses emplois officiels.

Privé de tickets d’alimentation, il vit dans la misère et meurt de tuberculose fin décembre 1952. Il est enterré au Cimetière ancien de Łódź. Sa femme, Katarzyna Kobro, dont il était séparé, est morte, elle, avant lui, en février 1951.

La plus grande collection de peintures de Władysław Strzemiński se trouve au Muzeum Sztuki de Łódź.

Salle néoplastique, conçue en 1946 par Strzemiński. Muzeum Sztuki, Łódź.

En 1987, son nom est donné à l’École nationale supérieure des arts plastiques de Łódź (PWSSP), aujourd’hui ASP Académie Strzemiński des beaux-arts.

En 2016, Bogusław Linda interprète le rôle de Władysław Strzemiński dans le dernier film d’Andrzej Wajda, sorti en France en 2017 sous le titre Les Fleurs bleues.

Andrzej Wajda

J’ai emprunté à la Médiathèque de la Ferme du Buisson (Noisiel) le coffret DVD Les Fleurs Bleues, le dernier film du metteur en scène polonais. Nous avions vu le film l’année dernière à Paris au Saint-André des Arts, le cinéma indépendant fondé en 1971 par Roger Diamantis. Je me souviens d’y avoir vu, cette année-là, La Salamandre d’Alain Tanner avec Bulle Ogier.

Il contient un documentaire de Andrzej Wolsjki Wajda, une leçon de cinéma (2016)Quelques mois avant sa mort, le cinéaste polonais revisite les principales oeuvres de sa filmographie dans une salle de montage de l’école Wajda, créée à Varsovie il y a quinze ans. Une conversation testamentaire et riche dans laquelle il livre les clés de son cinéma.

Andrzej Wolski – Andrzej Wajda.

Andrzej Wajda est né le 6 mars 1926 à Suwałki (Pologne) et mort le 9 octobre 2016 à Varsovie. Sa mère est institutrice et son père officier de cavalerie. Ce dernier est tué en 1940, lors du massacre de Katyń, commis par les Soviétiques et camouflé en crime de guerre allemand. Il s’engage à 16 ans, dans la résistance contre l’occupant nazi, au sein de l’armée de l’intérieur polonaise, Armia Krajowa.
À la fin de la guerre, il fait des études à l’Ecole des beaux-arts de Cracovie, puis à l’École nationale de cinéma de Łódź

Filmographie
1955 : Une fille a parlé (ou Génération).
1957 : Ils aimaient la vie (ou Kanał). Prix spécial du jury Festival de Cannes 1957.
1958 : Cendres et Diamant
1959 : Lotna (ou La Dernière Charge)
1960 : Les Innocents charmeurs
1961 : Lady Macbeth de Sibérie
1961 : Samson
1962 : L’Amour à 20 ans (Episode: Varsovie)
1965 : Cendres
1968 : La Croisade maudite
1969 : Tout est à vendre
1969 : La chasse aux mouches
1970 : Paysage après la bataille
1970 : Le Bois de bouleaux
1973 : Les Noces
1974 : La Terre de la grande promesse. Nomination à l’Oscar du meilleur film étranger 1976.
1976 : La Ligne d’ombre
1977 : L’Homme de marbre
1978 : Sans anesthésie
1979 : Les Demoiselles de Wilko. Nomination à l’Oscar du meilleur film étranger 1980.
1980 : Le Chef d’orchestre
1981 : L’Homme de fer. Palme d’or au Festival de Cannes 1981. Nomination à l’Oscar du meilleur film étranger en 1982.
1983 : Danton. Prix Louis-Delluc 1982. César du meilleur réalisateur 1983.
1983 : Un amour en Allemagne
1986 : Chronique des événements amoureux
1988 : Les Possédés
1990 : Korczak
1993 : L’Anneau de crin
1994 : Nastasja
1995 : La Semaine sainte
1996 : Mademoiselle Personne
1999 : Pan Tadeusz – Quand Napoléon traversait le Niémen
2002 : La Vengeance
2007 : Katyń. Nomination à l’Oscar du meilleur film étranger 2008.
2009 : Tatarak (Sweet Rush)
2013 : L’Homme du peuple
2016 : Les Fleurs bleues

https://www.youtube.com/watch?v=QBF0U0s0n0U

Arsène Tchakarian

Arsène Tchakarian.

Né le 21 décembre 1916 dans l’Empire ottoman, mort le 4 août 2018; arménien; résistant, responsable politique des Arméniens de la MOI pour la zone occupée; un des dirigeants des Arméniens communistes après la Libération.

Arrivé en France en 1930 après s’être d’abord réfugié en Bulgarie, Arsène Tchakarian adhéra à la CGT en 1936 puis au PCF. Dans ces années 1936-1937, il participa aux activités des prosoviétiques et communistes arméniens. Il accompagna Missak Manouchian – membre de la sous-section arménienne du Parti communiste français et du Comité central du HOK (Comité d’aide à l’Arménie, fondé à Erevan en 1921)- chercher des chaussures chez les bottiers arméniens de Valence afin de les envoyer aux républicains espagnols. Il travailla comme tailleur dans un atelier du Ve arrondissement de Paris.

En septembre 1937, Arsène Tchakarian fut incorporé dans le 109e régiment d’artillerie lourde hippomobile à Châteaudun en Eure-et-Loir puis le 182e régiment d’artillerie lourde tractée de 155 à Vincennes en mars 1938. Il est toujours sous les drapeaux lorsque la guerre fut déclarée. Son régiment fut envoyé dans l’est de la France où il ne sera pas vraiment confronté au feu. Peu à peu l’artillerie recula jusqu’à Nîmes où il fut démobilisé en août 1940.

Démobilisé en 1940, il fut recruté en 1941 par Manouchian, devenu responsable politique des Arméniens de la MOI pour la zone occupée. C’est également Manouchian qui le sélectionna dans les FTP-MOI en décembre 1942 lorsqu’il reçut l’ordre de passer à la lutte armée. C’est en compagnie de Tchakarian et de Marcel Rayman que Manouchian effectua sa première action armée qui visa un détachement de Feldgendarmes à Levallois le 17 mars 1943. Au cours des mois suivants, et jusqu’à l’arrestation de son chef Manouchian en novembre 1943, Tchakarian prit part à six actions. Il réussit à échapper au coup de filet qui décima les FTP-MOI parisiens et se planqua chez des «légaux» arméniens puis gagna Bordeaux.

En 1944, il avait été protégé par des policiers résistants français qui lui trouvèrent une planque avant que celui-ci ne parte en mission de renseignement à Mérignac (aérodrome de Bordeaux 33) pour le compte de la résistance.

Dès la fin de la guerre, il apparut au sein de la communauté arménienne comme une figure du mouvement prosoviétique et communiste qui se réorganisait autour de la JAF (Jeunesse arménienne de France) puis de l’UCFAF (Union culturelle française des Arméniens de France).

Le 2 juillet 1985, Arsène Tchakarian fut invité sur le plateau de l’émission d’Antenne 2 Les Dossiers de l’écran et participa au débat qui fait suite à la diffusion du documentaire de Mosco Boucault Des terroristes à la retraite. Défenseur virulent du PCF, il s’insurgea contre la thèse du film qui rendait le Parti responsable de la chute des FTP-MOI parisiens. En réaction, il publia l’année suivante chez Messidor un ouvrage préfacé par Roger Bourderon, Les Francs-Tireurs de l’Affiche rouge. Il y accusait Boris Holban* (chef militaire des FTP-MOI parisiens jusqu’en août 1943) d’être responsable de la chute des FTP-MOI parisiens.

En 1996, Arsène Tchakarian devint président du Mouvement des Arméniens de France pour le Progrès (MAFP). Cette association rassemblait alors les anciens membres de la Commission Nationale Arménienne qui avait été supprimée par le PCF peu avant la chute de l’URSS. Consultant auprès de la Commission du Mont-Valérien, il intervint régulièrement dans les collèges et lycées pour livrer son témoignage sur la Résistance. En mars 2012, il fut élevé au grade d’officier de la Légion d’honneur et décoré par Nicolas Sarkozy dans les salons de l’Élysée. Outre Les Francs-Tireurs de l’Affiche rouge, Arsène Tchakarian est également l’auteur des Fusillés du Mont-Valérien(Comité national du souvenir des fusillés du Mont-Valérien, 1991) et des Commandos de l’Affiche Rouge (Éditions du Rocher, 2012).

Titulaire de la Légion d’honneur depuis 2012, il mourut à 101 ans. Son décès fut signalé par les radios et la presse quotidienne.

OEUVRE: Arsène Tchakarian, Les Francs-Tireurs de l’Affiche rouge, Paris, Messidor, 1986, 250 p. —Fusillés du Mont-Valérien (Comité national du souvenir des fusillés du Mont-Valérien, 1991). —Les Commandos de l’Affiche Rouge, Paris, Editions du Rocher, 2012, 297 p.

SOURCES: Entretien avec Arsène Tchakarian, Vitry, 9 mars 2007. — Émile Témime, «Des hommes dans la tourmente. Les Arméniens en France dans la Seconde Guerre mondiale», Les Arméniens de Valence, Histoire et mémoire, Revue drômoise N° 515, 2005.

Mémoires: Dr Haïg Kaldjian, Odisséeus aksoragan : houcher (Mon odyssée de l’exil : mémoires), Erevan, Union des écrivains d’Arménie, Editions Nor Tar, 2004, 604 p. ; Diran Vosguiritchian, Hay artsagazeneri me houchére (Les mémoires d’un franc-tireur arménien), Beyrouth, Doniguian, 1974, 351 p.

Ouvrage soviétique: Tigran Drampian, Françahay komounisdnere dimadroutsian darinerin 1941-1944 (Les communistes arméniens de France dans la Résistance, 1941-1944), Erevan, Editions Midk, 1967. — Source Arsène Tchakarian, Arsène Tchakarian et confirmé par un des policier qui l’a protégé. Entretiens avec Michel Violet 2016.

Pour citer cet article :
http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article177729, notice 1.TCHAKARIAN Arsène par Astrig Atamian, version mise en ligne le 6 janvier 2016, dernière modification le 6 août 2018.

Terence Davies

Terence Davies

Filmographie de Terence Davies, metteur en scène britannique né à Liverpool le 10 novembre 1945. Je vois ses films depuis 1988 et son film, très personnel,  Distant Voices, Still Lives.

1976: Children (moyen-métrage)
1980: Madonna and Child (moyen-métrage)
1983: Death and Transfiguration (moyen-métrage)
1984: The Terence Davies Trilogy (réunion des trois précédents)
1988: Distant Voices, Still Lives
1991: The Long Day Closes
1996: The Neon Bible (La Bible de néon)
2000: Chez les heureux du monde (The House of Mirth)
2008: Of Time and the City (documentaire)
2011: The Deep Blue Sea
2015: Sunset Song
2016: Emily Dickinson, a Quiet Passion (A Quiet Passion)

Tous ses films sont de beaux portraits de femmes. Sunset Song est une intéressante évocation d’une femme qui gagne son indépendance  à la force du poignet avant et pendant la Première Guerre mondiale en Ecosse. Son dernier film montre bien la rage d’Emily Dickinson qui remet en cause l’autorité des Puritains. Elle s’oppose, au début,  à la directrice du pensionnat. Plus tard, en présence de son père et de sa famille, elle refusera de s’agenouiller pour rendre grâce sur l’injonction d’un nouveau pasteur.

Emily Dickinson, A Quiet Passion (Terence Davies)

3 poèmes d’Emily Dickinson (1830-1886) tirés de la belle édition livre-DVD Collector (96 pages) Emily Dickinson, A Quiet Passion, film de Terence Davies (2016) Nous avions vu le film l’année dernière. J’ai emprunté le coffret livre-DVD à la Bibliothèque de Champs-sur-Marne parce qu’il contient un supplément de Sol Papadopoulos (2017 – 1h15), un documentaire qui présente la vie et l’oeuvre de la grande poétesse américaine, née à Amherst dans le Massachussets. La “femme en blanc” ou la “phalène blanche”. Emily Dickinson passa la plus grande partie de sa vie adulte chez ses parents, dans cette ville. La famille était son univers et l’univers, sa famille. Toute sa vie durant, elle écrira. En tout presque 1800 poèmes et à peine une dizaine d’entre eux publiés de son vivant. Elle n’hésita pas à remettre en question les systèmes de pensée, les croyances qui dominaient dans son milieu à son époque. Les fameux tirets qu’elle utilise dans ses poèmes sont-ils des agents de liaison ou de rupture?

I’m Nobody! Who are you? (260) 

I’m Nobody! Who are you?
Are you–Nobody–too?
Then there’s a pair of us!
Don’t tell! they’d advertise–you know!

How dreary–to be–Somebody!
How public–like a Frog–
To tell one’s name–the livelong June–
To an admiring Bog!

Je suis Personne! Qui êtes-vous?
Êtes-vous – Personne – aussi?
Ainsi nous faisons la paire!
Ne le dites-pas! Ils le feraient savoir – c’est sûr!

Comme c’est ennuyeux – d’être – Quelqu’un!
Public – comme une Grenouille –
Qui crie son nom – tout le long de Juin –
A un Marécage béat!

(Traduction: Florence Dolphy, «Poésies complètes» Editions Flammarion, 2009)

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I have no Life but this

I have no Life but this –
To lead it here –
Not any Death – but lest
Dispelled from there –
Nor tie to Earths to come,
Nor Action new,
Except through this Extent,
The Realm of You!

Je n’ai de Vie que celle-ci –
Pour l’amener ici –
Nul besoin de la Mort – seulement la peur
d’être chassée de ton lieu –
Ni lien avec les mondes à venir,
Ni Action nouvelle
Seul me ferait traverser cet Espace
L’amour de toi. (Ton Royaume)

(Traduction: Florence Dolphy)

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I died for Beauty

I died for Beauty – but was scarce
Adjusted in the Tomb
When One who died for Truth, was lain
In an adjoining Room –

He questioned softly “Why I failed”?
“For Beauty”, I replied –
“And I – for Truth – Themself are One –
We Bretheren, are”, He said –

And so, as Kinsmen, met a Night –
We talked between the Rooms –
Until the Moss had reached our lips –
And covered up – Our names –

Je mourus pour la Beauté –mais à peine étais-je
Ajustée dans la Tombe
Que Quelqu’un mort pour la Vérité, fut couché
Dans la Chambre d’à côté –

Il me demanda doucement « Pourquoi es-tu tombée? »
« Pour la Beauté » répliquai-je –
« Et Moi – pour la Vérité – Qui ne font qu’Un –
Nous sommes Frère et Sœur » dit-Il –

Et ainsi, tels des Parents, qui se rencontrent une Nuit –
Nous devisâmes d’une chambre à l’autre –
Jusqu’à ce que la Mousse atteigne nos lèvres –
Et recouvre – Nos noms –

(Traduction: Florence Dolphy, «Poésies complètes» Editions Flammarion, 2009)

Musée Emily Dickinson. Amherst (Massachusetts).

Raymond Carver – Antonio Machado

Raymond Carver.

Raymond Carver est né le 25 mai 1938 à Clatskanie (Oregon). Il est mort le 2 août 1988 à Port Angeles (État de Washington). C’était un excellent nouvelliste, mais aussi un bon poète…

Les ondes radio (Raymond Carver)

      Pour Antonio Machado

Voilà que la pluie s’est arrêtée, et la lune se montre.
Je ne comprends presque rien aux ondes
radio. Mais je crois qu’elles se déplacent mieux juste après
la pluie, dans l’air humide. Bref, je n’ai qu’à étendre le bras
à présent pour capter Ottawa, si ça me chante, ou Toronto.
Depuis peu, le soir, je me suis découvert
un vague intérêt pour la politique et les affaires intérieures
du Canada. C’est vrai. Mais c’étaient surtout ses
radios musicales que je cherchais. Assis ici dans le fauteuil
je pouvais écouter, sans avoir rien à faire, ni à penser.
Je n’ai pas la télé, et je ne lisais plus
les journaux. Le soir j’allumais la radio.

Quand je suis venu ici, j’essayais d’échapper
à tout. Particulièrement à la littérature.
Ce que ça entraîne, et ce qui s’ensuit.
Il y a dans l’âme le désir de ne pas penser.
D’être au repos. Cela couplé avec
le désir d’être strict, oui, et rigoureux.
Mais l’âme est aussi une rusée salope,
pas toujours fiable. Et ça je l’avais oublié.
Je l’écoutais quand elle disait, Mieux vaut changer ce qui
n’est plus
et ne reviendra pas que ce qui est encore
avec nous et sera avec nous demain. Ou pas.
Et si c’est «ou pas», ce n’est pas grave, non plus.
Peu importait, disait-elle, pourvu que l’homme chante.
Voilà la voix que j’écoutais.
Imagine-t-on que quelqu’un puisse penser ainsi?
Qu’en réalité tout ça c’est pareil.
Quelle ineptie!
Mais je pensais ces pensées idiotes le soir
assis dans le fauteuil écoutant la radio.

Puis Machado, ta poésie!
Ce fut un peu comme un quinquagénaire qui retombe
amoureux. Quelque chose de remarquable à observer,
et de gênant, aussi.
Des sottises, comme d’accrocher ton portrait au mur.
Et j’emportais ton livre quand j’allais me coucher
et dormais avec lui à portée de main. Un train passa
dans mes rêves une nuit et me réveilla.
Et la première chose que j’ai pensée, le coeur au galop
là dans l’obscurité de la chambre, fut ceci –
Tout va bien, Machado est là.
Alors j’ai pu me rendormir.

Aujourd’hui j’ai emporté ton livre quand je suis allé
me promener. «Etre attentif!» disais-tu,
chaque fois que quelqu’un te demandait que faire de sa vie.
J’ai donc regardé autour de moi et pris note de toute chose.
Puis je me suis assis avec au soleil, à ma place
au bord de la rivière d’où je voyais les montagnes
Et j’ai fermé les yeux pour écouter le bruit
de l’eau. Puis je les ai ouverts et me suis mis à lire.
«Les dernières lamentations d’Abel Martin».
Ce matin j’ai pensé à toi de toutes mes forces, Machado.
Et j’espère, même au regard de ce que je sais de la mort,
que tu as reçu le message que je te destinais.
Et sinon ce n’est rien. Dors bien. Repose-toi.
Tôt ou tard j’espère que nous nous rencontrerons.
Alors je pourrai te dire ces choses en personne

Poésie, Editions de l’Olivier, 2015.

Radio Waves
      for Antonio Machado

This rain has stopped, and the moon has come out.
I don’t understand the first thing about radio
waves. But I think they travel better just after
a rain, when the air is damp. Anyway, I can reach out
now and pick up Ottawa, if I want, or Toronto.
Lately, at night, I’ve found myself
becoming slightly interested in Canadian politics
and domestic affairs. But mostly it was their music
stations I was after. I could sit here in the chair
and listen, without having to do anything, or think.
I don’t have a TV, and I’d quit reading
newspapers. At night I turned on the radio.

When I came out here I was trying to absent myself
from everything. Especially literature.
What that entails, and what comes after.
There is in the soul a desire for not thinking.
For being still. Coupled with this
a desire to be strict, yes, and rigorous.
But the soul is also a smooth son of a bitch,
not always to be trusted. And I forgot that.
I listened when it said. Better to sing that which is gone
and will not return than that which is still
with us and will be with us tomorrow. Or not.
And if not, that’s all right too.
It didn’t much matter, it said, even if a man sang.
That’s the voice I listened to.
Can you imagine somebody thinking like this?
That it’s really all one and the same?
What nonsense!
But I’d think these stupid thoughts at night
as I sat in the chair and listened to my radio.

Then, Machado, the advent of your poetry in my life!
It was a little like a middle-aged man falling
in love again. A remarkable thing to witness, perhaps,
but embarrassing, too.
Silly things like putting your picture up.
And I took your book to bed with me
and slept with it near at hand. A train went by
in my dreams one night and woke me up.
And the first thing I thought, heart racing
there in the dark bedroom, was this—
It’s all right, Machado is here.
Then I could fall back to sleep again.

Today I took your book with me when I went
for my walk. “Pay attention!” you said,
when anyone asked what to do with their lives.
So I looked around and made note of everything.
Then sat dowii with your book in the sun, in my place
beside the river where I could see the mountains.
And I closed my eyes and listened to the sound
of the water. Then I opened them and began to read
“Abel Martin’s Last Lamentations.”
This morning I thought about you hard, Machado.
And I hope, even in the face of what I know about death,
that you got the message I intended.
But it’s okay even if you didn’t. Sleep well. Rest.
Sooner or later I hope we’ll meet.
And then I can tell you these things myself.

Madrid, Biblioteca Nacional. Estatua de Antonio Machado (Pablo Serrano 1908-1985).

Daniel de Roulet – Ferdinand Hodler

Daniel de Roulet

Lu “Quand vos nuits se morcellent. Lettre à Ferdinand Hodler” (Zoe, 2018)

Daniel de Roulet est un écrivain suisse de langue française, né à Genève.  C’est le fils d’un pasteur protestant. Architecte et ingénieur en informatique, il est depuis 1997 auteur à plein temps. Le 5 janvier 1975, il a incendié le chalet de montagne du magnat de la presse allemande Axel Springer (1912-1985), situé au dessus de Rougemont. Il a rendu publique sa responsabilité dans le livre Un dimanche à la montagne (2006), paru après le délai de prescription. Axel Springer, propriétaire du tabloïd conservateur Bild (plus de trois millions de lecteurs), était suspecté alors d’être un ancien nazi.

Ferdinand Hodler est un peintre suisse né à Berne en 1853 . Il est mort il y a cent ans en 1918 à Genève. Issu d’un milieu très modeste et d’une famille nombreuse, il a été marqué, très jeune, par la mort de ses parents et de tous ses frères de tuberculose. Il est connu surtout comme paysagiste. Il rencontre Valentine Godé-Darel, son modèle, en 1908. Elle est peintre sur porcelaine, indépendante, sensuelle et instruite. Elle devient sa maîtresse et  la mère de sa fille, Paulette, le 13 novembre 1913. Avec plus de 50 peintures à l’huile, 130 dessins et 200 croquis, Hodler a rendu compte chaque jour de l’avancement de la maladie sur le visage de sa bien-aimée. Elle est morte le 25 janvier 1915 à 17 heures.

« Jour après jour, … l’attention forcenée de Hodler s’applique à la tête de la jeune femme. Obstiné lui-même, parfois jusqu’à l ‘épuisement, à traquer les progrès du mal sur les traits, les creux, l’os qu’il aime.

C’est la tête jeune ( 42 ans ) qui meurt, c’est le vieillard ( 61 ans ) salubre qui peint. Ensuite il y a la maladie qu’on sait intraitable, incurable, l’arrêt de mort ne se discute pas. A ce verrou bute l’horreur. Comme si quelque chose d’essentiellement humain et d’inhumain de jouait devant nous, – et inéluctable, pour le couple.

Il y a l’effroi de la douleur de l’aimée, de sa solitude devant la mort, de l’inutilité de tout effort pour la sauver ou alléger sa souffrance. Et il y a l’amour blessé, la passion du peintre âgé pour cette femme que le mauvais destin lui arrache. » Jacques Chessex ( Les têtes )

 “Quand vos nuits se morcellent. Lettre à Ferdinand Hodler”

“Seuls existent les corps et le souvenir des étreintes, les morts n’ont plu d’âme.”

“Pas un jour sans peindre.”

Christoph Blocher, l’homme d’affaires et politicien suisse xénophobe, possèdera plus de 100 oeuvres de Ferdinand Hodler.

Daniel de Roulet l’évoque ainsi dans son livre: ” Comprenez-moi bien, je ne reprocherai jamais à votre éminent collectionneur de se lever la nuit pour admirer en silence les lacs et les montagnes que vous avez peintes si belles. Je n’ai qu’un regret. Ses nuits qu’il dit ravagées par l’insomnie, il devrait les consacrer à saisir que, par exemple, ce paysage où une montagne se reflète dans un lac n’est pas magnifique parce que suisse, mais parce que vous en avez fait une peinture qui tend à l’universel, au-delà de tous nationalisme. Si vous permettez, à la prochaine occasion, je lui rappelerai ce que vous avez proclamé: “Le lac est un paysage planétaire.”

https://www.youtube.com/watch?v=AHOkcK7tNtM

Portrait de Valentine Godé-Darel malade 1914.

Zao Wou-Ki (1920-2013)

Hommage à Henri Matisse 02.02.86 1986 Collection particulière

Visite de l’exposition Zao Wou-Ki L’espace est silence au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris samedi dernier avec J. et E.U.   L’exposition présente une sélection de quarante œuvres de très grandes dimensions dans de bonnes conditions dont certaines, un ensemble d’encres de 2006, n’ont jamais été exposées. Bien entendu, il ne s’agit pas d’une grande rétrospective, mais pourquoi faudrait-il bouder son plaisir?  C’est la première grande exposition consacrée à Zao Wou-Ki en France depuis quinze ans. Je ne comprends pas très bien l’article mi-figue, mi-raisin de Philippe Dagen dans Le Monde du 07/06/2018  Exposition : Zao Wou-ki, le vide et le plein.

https://abonnes.lemonde.fr/arts/article/2018/06/07/zao-wou-ki-peintre-des-grands-espaces_5310879_1655012.html

L’Hommage à Henri Matisse (02.02.86 1986) reprend la composition structurelle de Porte-fenêtre à Collioure (1914). Zao Wou-Ki admirait beaucoup Matisse et particulièrement ce tableau. “Ce silence est noir” écrit Henri Michaux dans un des poèmes inspirés par Zao Wou-Ki, peintre chinois arrivé en France en 1948. Lecture de huit lithographies de Zao Wou-Ki, ce sont 8 courts textes écrits par Henri Michaux en 1950 pour accompagner les lithographies du jeune peintre chinois qu’il vient de découvrir avec enthousiasme. Le poète et le peintre deviendront amis.

Lecture de huit lithographies de Zao Wou-Ki (Henri Michaux)

II

L’espace est silence
silence comme le frai abondant tombant lentement
dans une eau calme
ce silence est noir
en effet
il n’y a plus rien
les amants se sont soustraits à eux-mêmes
en « arrivant »

Bonheur profond
bonheur profond
bonheur semblable à la lividité
.
La lune a pris toute vie toute grandeur tout effluve
d’avance leur cœur se retire dans l’astre qui reflète

Porte-fenêtre à Collioure. 1914. Paris Centre Georges Pompidou

Jorge Luis Borges

 

María Kodama Jorge Luis Borges Paris, 1977.

Dans la récente réédition de la Poésie complète de Jorge Luis Borges (Editions Lumen), le poème “Al olvidar un sueño” (qui figurait dans  l’édition originale de son livre La cifra,  Alianza, 1981) a disparu. Il  était dédié à la libraire Viviana Aguilar (un des engouements amoureux du vieil écrivain argentin). Censure de María Kodama, son héritière universelle?

Al olvidar un sueño
    a Viviana Aguilar

En el alba dudosa tuve un sueño.
Sé que en el sueño había muchas puertas.
Lo demás lo he perdido. La vigilia
ha dejado caer esta mañana
esa fábula íntima, que ahora
no es menos inasible que la sombra
de Tiresias o que Ur de los Caldeos
o que los corolarios de Spinoza.
Me he pasado la vida deletreando
los dogmas que aventuran los filósofos.
Es fama que en Irlanda un hombre dijo
que la atención de Dios, que nunca duerme,
percibe eternamente cada sueño
y cada jardín solo y cada lágrima.
Sigue la duda y la penumbra crece.
Si supiera qué ha sido de aquel sueño
que he soñado, o que sueño haber soñado,
sabría todas las cosas.

La obra de Borges, otra vez a la Justicia por adelgazar y engordar (Archivo Infojus Noticias, 14/10/2013)

“El 28 de septiembre de 2006 la revista Veintitrés publicó la nota “Borges. La repugnante pelea por la herencia”. La tapa y el interior del artículo estaba ilustrados con varias fotografías de Kodama y de Borges. Las frases atribuidas a Vaccaro [,presidente de la Sociedad Argentina de Escritores (SADE)] insertas en las páginas 55 y 56, dicen textualmente: “Esta mujer modificó la obra de Borges por rencillas personales”.

Lo que más ofendió a Kodama fue la acusación de haber modificado la obra borgeana a su gusto. “Alejandro Vaccaro, “como experto en Borges”, no podía desconocer que “en la compilación de las obras completas no se incluyó a la poesía ‘Al olvidar un sueño’, pero eso no se debió a un ‘despecho’ o a ‘rencillas personales’, sino a la propia voluntad de Borges”, dice en el expediente. Y agrega: “solamente por ignorancia o por maldad alguien podría decir que Kodama, por ello, ‘modificó la obra de Borges’”.

Vaccaro explicó a Infojus Noticias su concepto de ‘rencillas personales’: “Hubo dos primeras ediciones de La cifra (libro de poesía). Una se hizo acá en Buenos Aires y salió con la dedicatoria (a Viviana Aguilar), la otra se hizo en España, también en 1981 y salió sin la dedicatoria”. ¿La razón?, “Viviana Aguilar trabajaba en la librería La Ciudad, que estaba muy cerca de la casa de Borges y adónde él iba seguido: ahí la conoció. Era una joven bella y atractiva, entonces Borges se empezó a entusiasmar”. Según cuenta el presidente de la SADE, “cuando comenzaron a frecuentarse, porque él la invitaba a tomar el té o a pasear juntos, Borges se empezó a enamorar. En ese momento lo invitaron a un homenaje que le hacían a un autor en Colombia y decidió ir con Viviana. Le mandaron los pasajes a nombre de ella. Cuando Kodama se enteró, fue a su casa y le hizo un escándalo a Borges: ‘¿Cómo, yo siempre voy con usted y ahora elige a otra persona?, Entonces se enojó y rompió los pasajes. Esto me lo contó Fanny, y lo puse en mi libro. De ahí cómo se transformó, de alguna forma, en una enemiga de Kodama”.

Para Vaccaro, esa es la razón porque se eliminó de una edición de La cifra una poesía de dedicada a Aguilar: “¿Qué otra razón iba a haber? No hay ninguna otra razón para quitar ese poema que Borges dice haber soñado. Cuando salió en Argentina, Kodama montó en cólera, y como faltaba salir la edición de España, ella decidió que se quitara la dedicatoria allá”.

Para el abogado de la “guardiana”, “lo que molesta es que sabemos que Vaccaro no se equivocó en su declaración, sino que lo hizo a propósito, porque él conoce bien lo meticuloso que era Borges con sus ediciones. Por alguna razón personal Borges decidió suprimir en vida esa poesía incluida en ‘La cifra’”. Sin embargo, la Sala II de la Cámara de Casación Penal y la Corte Suprema dejaron firme la absolución de Vaccaro”, dijo Soto.

La Cámara considera que la acusación “no consigue trascender el ámbito de meras expresiones verbales del apoderado de una de las partes” y “en armonía con la aplicación racional y restrictiva del aparato punitivo del Estado en materias vinculadas con la libertad de expresión”, resolvió rechazar el pedido de Kodama.”

Viviana Aguilar.