Géométrie Sud du Mexique à la Terre de Feu

“Cholet” à El Alto (Freddy Mamani).

Fondation Cartier pour l’art contemporain
Exposition Géométrie Sud du Mexique à la Terre de Feu
14 octobre 2018 – 24 février 2019

La Fondation Cartier a exploré souvent la diversité et la richesse de la création en Amérique Latine. Cette exposition s’intéresse à la présence de la géométrie dans l’art de ce continent, tant chez les artistes issus du monde amérindien que chez ceux qui puisent leur inspiration dans le modernisme européen ou dans l’art précolombien.

Elle rassemble près de 250 œuvres de plus de 70 artistes, de l’art populaire à l’art abstrait, de la céramique à la peinture corporelle en passant par la sculpture, l’architecture ou la vannerie. Elle révèle des répertoires formels présents depuis des temps immémoriaux (par exemple, chez les peuples valdivia qui vivaient sur la côte Pacifique de l’actuel Equateur au néolithique) et qui fascinent toujours les jeunes artistes des nouvelles générations.

Trois oeuvres sont exposées au rez-de-chaussée:
– l’architecte bolivien Freddy Mamani, inspiré par la culture aymara de Tiwanaku, a conçu pour la Fondation un salón de eventos comme ceux qu’il a construits à El Alto. Cette ville de Bolivie, banlieue située à l’ouest de La Paz, est peuplée d’environ un million d’habitants. Elle se trouve à 4 149 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le film qui présente Freddy Mamani est très intéressant et sans complaisance aucune.
– Les architectes paraguayens Solano Benítez et Gloria Cabral développent une recherche sur les formes géométriques associée aux matériaux et au savoir-faire propre aux cultures populaires locales. Leur œuvre monumentale est un ensemble fait de modules triangulaires qui joue avec les ombres et les lumières.
– On trouve enfin un ensemble de 22 sculptures de l’artiste vénézuélienne Gego (1912–1994), de son vrai nom Gertrud Louise Goldschmidt. Elle est née à Hambourg dans une famille juive aisée. Elle a fui l’Allemagne nazie en 1939 avec sa famille et s’est installée au Vénézuela. Son œuvre s’inscrit dans la continuité du modernisme européen.

A l’étage inférieur, 220 œuvres proposent un va-et-vient entre art ancien, art populaire et art contemporain. Il s’agit de prendre son temps et d’être attentifs car sinon nous pouvons courir le risque d’être un peu perdus par la richesse des œuvres présentées. En effet, l’accrochage préfère les juxtapositions à la chronologie ou à la géographie.

Cette exposition nous fait voyager du Mexique à la Terre de Feu. Nous avons beaucoup aimé découvrir ces oeuvres colorées, graphiques et spirituelles. Nous avons retrouvé un peu du plaisir que nous avons pris ces dernières années à voyager en Terre de Feu, en Argentine, au Chili, en Equateur, au Pérou, en Bolivie.

Web-série sur les coulisses de l’exposition « Géométries Sud, du Mexique à la Terre de Feu »

https://goo.gl/rTvyZN

Stèles Valdivia. Zones côtières, Equateur. 3500-1500 av. J-C.

Michel de Montaigne

Portrait présumé de Michel de Montaigne par un auteur anonyme (anciennement attribué à Dumonstier) repris par Thomas de Leu pour orner l’édition des Essais de 1608.

Essais, Livre III, chapitre IX : « Sur la vanité », « L’art de voyager» (extrait), translation en français moderne par A. Lanly, Honoré Champion (2002).

«Moi, qui le plus souvent voyage pour mon plaisir, je ne me guide pas si mal. S’il ne fait pas beau à droite, je prends à gauche ; si je me trouve peu apte à monter à cheval, je m’arrête. En faisant ainsi, je ne vois en vérité rien qui ne soit aussi agréable et aussi confortable que ma maison. Il est vrai que je trouve la superfluité toujours superflue et que je remarque de la gêne même dans le raffinement et dans l’abondance. Ai-je laissé quelque chose à voir derrière moi? J’y retourne ; c’est toujours mon chemin. Je ne trace [à l’avance] aucune ligne déterminée, ni droite ni courbe. Ne trouvé-je pas à l’endroit où je vais ce que l’on m’avait dit ? Comme il arrive souvent que les jugements des autres ne s’accordent pas avec les miens et que je les ai trouvés le plus souvent faux, je ne regrette pas ma peine : j’ai appris que ce qu’on disait n’y est pas.
J’ai une constitution physique qui se plie à tout et un goût qui accepte tout, autant qu’homme au monde. La diversité des usages d’un peuple à l’autre ne m’affecte que par le plaisir de la variété. Chaque usage a sa raison [d’être]. Que ce soient des assiettes d’étain, de bois ou de terre cuite, [que ce soit] du bouilli ou du roti, du beurre ou de l’huile de noix ou d’olive, [que ce soit] du chaud ou du froid, tout est un pour moi et si un que, vieillissant, je blame cette aptitude [qui me vient] d’une riche nature et que j’aurais besoin que la délicatesse [du goût] et le choix arrêtassent le manque de mesure de mon appétit et parfois soulageassent mon estomac. Quand je me suis trouvé ailleurs qu’en France et que, pour me faire une politesse, on m’a demandé si je voulais être servi à la française, je m’en suis moqué et je me suis toujours précipité vers les tables les plus garnies d’étrangers.
J’ai honte de voir nos compatriotes enivrés de cette sotte manie [qui les porte à] s’effaroucher des manières contraires aux leurs: il leur semble qu’ils sont hors de leur élément s’ils sont hors de leur village. Où qu’ils aillent, ils restent attachés à leurs façons [de vivre] et abominent celles des étrangers. Retrouvent-ils un Français en Hongrie? ils fêtent cette aventure: les voilà à se rallier et à se recoudre ensemble, à condamner tant de mœurs barbares qu’ils voient. Pourquoi ne seraient-elles pas barbares puisqu’elles ne sont pas françaises ? Et encore ce sont les plus intelligents qui les ont remarquées, pour en médire. La plupart d’entre eux ne partent en voyage que pour faire le retour. Ils voyagent cachés et renfermés en eux-mêmes, avec une prudence taciturne et peu communicative, en se défendant contre la contagion d’un air inconnu.
Ce que je dis de ceux-là me rappelle, dans un domaine semblable, ce que j’ai parfois observé chez quelques-uns de nos jeunes courtisans. Ils ne s’attachent qu’aux hommes de leur sorte, et nous regardent comme des gens de l’autre monde, avec dédain ou pitié. Ôtez-leur les entretiens sur les mystères de la cour, ils sont hors de leur [seul] domaine, aussi niais pour nous, et malhabiles, que nous [le sommes pour eux. On dit bien vrai [quand on affirme] qu’un « honnête homme », c’est un« homme mêlé ».
Au rebours [de nos compatriotes], je voyage fatigué de nos façons de vivre, non pour chercher des Gascons en Sicile (j’en ai laissé assez au pays); je cherche plutot des Grecs, et des Persans: c’est ceux-là que j’aborde, que j’observe; c’est à cela que je me prête et que je m’emploie. Et qui plus est : il me semble que je n’ai guère rencontré de manières qui ne vaillent pas les nôtres.»

Christian Boltanski

Desierto de Atacama (Chile). Valle de la Luna. Las Tres Marías.

Animitas” est une installation en plein air de l’artiste plasticien français Christian Boltanski dans le désert d’Atacama au Chili (2014).
Elle se compose de huit cents clochettes japonaises fixées sur de longues tiges plantées dans le sol qui sonnent au gré du vent pour faire entendre la musique des âmes et dessinent la carte du ciel la nuit de la naissance de l’artiste, le 6 septembre 1944.
L’installation se situe dans le désert d’Atacama, un lieu de pèlerinage à la mémoire des disparus de la dictature de Pinochet. C’est également un lieu exceptionnel pour observer les étoiles grâce à la pureté du ciel : c’est là qu’ est installé le plus grand observatoire du monde. L’œuvre, produite à l’occasion d’une exposition rétrospective du travail de Boltanski au musée des Beaux Arts de Santiago fin 2014, était filmée par une webcam et retransmise en direct dans l’une des salles du musée.
À Paris, lors de la FIAC hors les murs 2014, on pouvait aussi découvrir Alma, la maquette de l’installation chilienne dans le jardin des Tuileries.

Christian Boltanski, filmé dans son atelier de Malakoff où il ne cesse d’illustrer l’absence, dit : “Alma, c’était le nom de la rétrospective de Santiago. Cela veut dire “âme”. C’est aussi le nom du plus grand observatoire astronomique du monde. J’ai préféré appeler l’installation Animitas du nom des autels que les indiens laissent au bord des routes pour honorer les morts. Je pense qu’il y a des fantômes autour de nous et qu’ils sont matérialisés par ces clochettes. Il s’agit effectivement de la musique du ciel. Ce qui m’intéressait dans cet endroit, c’était de faire quelque chose de rudimentaire. J’avais d’abord pensé à travailler avec les observatoires. Ils étaient splendides mais ils m’impressionnaient et me faisaient peur. J’ai voulu retrouver la simplicité, la douceur d’une petite sonnerie de clochette”.

http://www.sculpturenature.com/animitas-musique-ames-installation-sonore-poetique-de-christian-boltanski-desert-plus-aride-monde/

Voyage Chili-Ile de Pâques

Du 16 janvier au 1 février: Voyage au Chili entre cordillère et Pacifique.

  • Santiago de Chile.
  • Isla Negra (El Quisco): Maison de Pablo Neruda.

. Valparaíso.

. Viña del Mar.

  • Puerto Montt. Angelmó.
  • Puerto Varas. Lac Llanquihue. Volcans Osorio, Calbuco.
  • Parc national Pérez Rosales. Chutes de Petrohué. Lac de Todos los Santos.
  • Ile de Chiloé: Chacao. Dalcahue. Castro. Ancud.
  • Calama. San Pedro de Atacama. Quitor. Tulor. Vallée de la Lune.
  • Le Salar. Lac Chaxa.  Les lagunes altiplaniques (Miscanti, Miñiques). Socaire. Toconao.
  • Les geysers du Tatio. Col de las Vizcachas.  Machuca. Vallée de Guatín.
  • Pukará de Lasana. Vallée de l’Arco Iris. Chiu Chiu.
  • Ile de Pâques (Rapa Nui). Hanga Roa.