Marceline Loridan-Ivens est née Rozenberg à Epinal (Vosges) le 19 mars 1928. Elle est morte le 18 septembre 2018 à 90 ans, à l’hôpital Saint-Antoine. Elle est décédée le soir de Kippour, le jour du grand pardon dans le judaïsme.
29 février 1944 Arrêtée parce que juive. Emprisonnée à Avignon et Marseille.
1 avril 1944 Conduite en train au camp de Drancy.
13 avril 1944 Déportée avec Simone Veil (née Jacob) au camp d’Auschwitz-Birkenau dans le convoi 71. Matricule 78 750. 1500 personnes dans le convoi dont 148 enfants de moins de 12 ans . 1100 personnes de ce convoi sont «sélectionnées» pour être assassinées dans les heures qui suivent leur arrivée. Marceline Loridan-Ivens passe sept mois à Auschwitz-Birkenau.
Novembre 1944 Evacuée vers le camp de Bergen-Belsen.
Février 1945 Elle se retouve au Kommando de Raguhn, dépendant du camp de Buchenwald.
Avril 1944 Déplacée vers le camp-ghetto de Theresienstadt (aujourd’hui Terezín en République tchèque). Le 3 mai 1945, le contrôle du camp est donné par les Allemands à la Croix-Rouge. Il est ensuite remis aux Soviétiques le 9 mai 1945.
1955 Brève aventure avec l’écrivain Georges Perec (1936-1982). Adhère au PCF qu’elle quitte un an plus tard.
1961 Long monologue dans Chronique d’un été de Jean Rouch et Edgar Morin.
1963 Épouse le documentariste néerlandais Joris Ivens (1898-1989).
1968 Coréalise avec Joris Ivens au Vietnam Le 17e parallèle.
De 1972 à 1976, pendant la révolution culturelle déclenchée par le président Mao Zedong, Joris Ivens et Marceline Loridan travaillent en Chine et réalisent Comment Yukong déplaça les montagnes composé d’une série de 12 films.
2003 Sortie du film La Petite Prairie aux bouleaux (traduction française du mot allemand Birkenau) qu’elle a réalisé avec Anouk Aimée dans son rôle.
2008 Publie Ma vie balagan (Robert Laffont), récit écrit avec la journaliste Élisabeth D. Inandiak.
Janvier 2015 Publie Et tu n’es pas revenu (Grasset) avec la collaboration de la journaliste Judith Perrignon, longue lettre à son père Salomon (Shloïme) Rozenberg né le 7 mars 1901 à Nowa Slupia (Pologne), près de Kielce, mort en déportation.
2018 Publie L’amour après (Grasset), récit sur l’amour après les camps.
Près de 76 000 juifs ont été déportés de France. Environ 3 500 d’entre eux ont survécu.
Voir le dossier inédit d’Annette Wievorka, publié dans la version de poche de Et tu n’es pas revenu en 2018.
Juan de Mairena. Sentencias, donaires, apuntes y recuerdos de un profesor apócrifo 1936. Livre I. Chapitre XXXII.
(Kant y Velázquez)
“Es evidente, decía mi maestro —Mairena endosaba siempre a su maestro la responsabilidad de toda evidencia— que si Kant hubiera sido pintor, habría pintado algo semejante a Las Meninas, y que una reflexión juiciosa sobre el famoso cuadro del pintor sevillano nos lleva a la Crítica de la pura razón, la obra clásica y luminosa del maestro de Kónisberg. Cuando los franceses —añadía—tuvieron a Descartes, tuvimos’nosotros —y aun se dirá que no entramos con pie derecho en la edad moderna— nada menos que un pintor kantiano, sin la menor desmesura romántica. Esto es mucho decir. No nos estrepitemos, sin embargo, que otras comparaciones más extravagantes se han hecho —Marx y Cristo etc.— que a nadie asombran. Además, y por fortuna para nuestro posible mentir de las estrellas, ni Kant fue pintor ni Velázquez filósofo.
Convengamos en que, efectivamente, nuestro Velázquez, tan poco enamorado de las formas sensibles, a juzgar por la indiferencia ante la belleza de los modelos, apenas si tiene otra estética que la estética transcendental kantiana. Buscadle otra y seguramente no la encontraréis. Su realismo, nada naturalista, quiero decir nada propenso a revolcarse alegremente en el estercolero de lo real, es el de un hombre que se tragó la metafísica y que, con ella en el vientre, nos dice: la pintura existe, como decía Kant: ahí está la ciencia físicomatemática, un hecho ingente que no admite duda. De hoy más, la pintura es llevar al lienzo esos cuerpos tales como los construye el espíritu, con la materia cromática y lumínica, en la jaula encantada del espacio y del tiempo. Y todo esto —claro está— lo dice con el pincel.
He aquí el secreto de la serena grandeza de Velázquez. Él pinta por todos y para todos; sus cuadros no sólo son pinturas, sino la pintura. Cuando se habla de él, no siempre con el asombro que se merece, se le reprocha más o menos embozadamente su impasible objetividad. Y hasta se alude con esta palabra —¡qué gracioso!—al objetivo de la máquina fotográfica. Se olvida -decía mi maestro— que la objetividad, en cualquier sentido que se tome, es el milagro que obra el espíritu humano, y que, aunque de ella gocemos todos, el tomarla en vilo para dejarla en un lienzo o en una piedra es siempre hazaña de gigantes”
Pour les rapports entre Descartes, Kant et Velázquez, on peut se reporter à l’essai de José Ortega y Gasset, “Sobre el punto de vista en las artes” publié dans la revista de Occidente en 1924.
“Hasta entonces la pupila del pintor había girado ptolomeicamente en torno a cada objeto siguiendo una órbita servil. Velázquez resuelve fijar despóticamente el punto de vista. Todo el cuadro nacerá de un solo acto de visión, y las cosas habrán de esforzarse por llegar como puedan hasta el rayo visual. Se trata, pues, de una revolución copernicana, pareja a la que promovieron en filosofía Descartes, Hume y Kant. La pupila del artista se erige en centro del cosmos plástico y en torno a ella vagan las formas de los objetos. Rígido el aparato ocular, lanza su rayo visor recto, sin desviación a uno y otro lado, sin preferencia por cosa alguna. Cuando tropieza con algo no se fija en ello y, consecuentemente, queda el algo convertido, no en cuerpo redondo, sino en mera superficie que intercepta la visión.”
“Demos un salto hacia 1600, época en que comienza la pintura de hueco. La filosofía está en poder de Descartes. ¿Cuál es para él la realidad cósmica?, Las substancias plurales e independientes se esfuman. Pasa a primer plano metafísico una única substancia -substancia vacía, especie de hueco metafísico que ahora va a tener un mágico poder creador. Lo real para Descartes es el espacio, como para Velázquez el hueco.”
L’historien catalan, Josep Fontana i Lázaro, né le 20 novembre 1931 à Barcelone, est mort dans sa ville natale le 28 août 2018. Ce grand historien marxiste était professeur émérite de l’université Pompeu Fabra de Barcelone et spécialiste de l’histoire de l’Espagne contemporaine. Il se présentait comme “rojo y nacionalista, que no son dos cosas incompatibles”. Il fut membre du PSUC de 1957 à 1980. Le franquisme l’expulsa de l’université en 1966 à cause de son engagement politique.
Principales oeuvres: – La quiebra de la monarquía absoluta(1814-1820), 1971.
– Historia. Análisis del pasado y proyecto social, 1982.
– La crisis del Antiguo Régimen (1808-1832) , 1992.
– Hacienda y Estado 1823-1833, 2001.
– Por el bien del imperio. Una historia del mundo desde 1945, 2011.
– La formació d’una identitat, 2014
– El siglo de la revolución. Una historia del mundo desde 1914, 2017.
Ses maîtres furent Ferran Soldevila, Jaume Vicens Vives et Pierre Vilar.
Il avait fait publier en espagnol chez Ariel, puis Crítica de grands historiens comme Eric Hobsbawm, E. P. Thompson, George Rudé, Michele Vovelle, Marc Bloch, Albert Soboul Mary Beard, Pierre Vilar ou David S. Landes.
Un seul de ses livres a été publié et préfacé en français par Jacques Le Goff au Seuil en 1995 dans la collection Faire l’Europe: L’Europe en procès. Publié en espagnol en 1994: Europa ante el espejo.
Ce poème de Bertolt Brecht était affiché dans son bureau: ” “Quien todavía esté vivo que no diga jamás: lo que es seguro no es seguro. Todo no será siempre igual. Cuando hayan hablado los opresores, hablarán los oprimidos. El que haya caído, debe levantarse, el que haya perdido, debe luchar. ¿Quién podrá detener al que conoce la verdad? Porque los vencidos de hoy son los vencedores de mañana, y el jamás se va a convertir en ahora mismo”.
ELOGE DE LA DIALECTIQUE
L’injustice aujourd’hui s’avance d’un pas sûr.
Les oppresseurs dressent leurs plans pour 10 000 ans.
La force affirme : les choses resteront ce qu’elles sont.
Pas une voix, hormis la voix de ceux qui règnent,
Et sur tous les marchés l’exploitation proclame : c’est maintenant que je commence.
Mais chez les opprimés, beaucoup disent maintenant:
Ce que nous voulons ne viendra jamais.
Celui qui vit encore ne doit pas dire: jamais.
Ce qui est assuré n’est pas sûr.
Les choses ne restent pas ce qu’elles sont.
Quand ceux qui règnent auront parlé,
Ceux sur qui ils régnaient parleront.
Qui donc osé dire: jamais?
De qui dépend que l’oppression demeure ? De nous.
De qui dépend qu’elle soit brisée ? De nous.
Celui qui s’écroule abattu, qu’il se dresse.
Celui qui est perdu : qu’il lutte!
Celui qui a compris pourquoi il en est là, comment le retenir?
Les vaincus d’aujourd’hui sont les vainqueurs de demain.
Et jamais devient : aujourd’hui.”
« La bêtise est une structure de la pensée comme telle : elle n’est pas une manière de se tromper, elle exprime en droit le non-sens dans la pensée. La bêtise n’est pas une erreur, mais un tissu d’erreurs. On connaît des pensées imbéciles, des discours imbéciles qui sont faits tout entiers de vérités ; mais ces vérités sont basses, sont celles d’une âme basse, lourde et de plomb. La bêtise et, plus profondément, ce dont elle est le symptôme : une manière basse de penser. […] Lorsque quelqu’un demande à quoi sert la philosophie, la réponse doit être agressive, puisque la question se veut ironique et mordante. La philosophie ne sert pas à l’État ni à l’église, qui ont d’autres soucis. Elle ne sert aucune puissance établie. La philosophie sert à attrister. Une philosophie qui n’attriste personne et ne contrarie personne n’est pas une philosophie. Elle sert à nuire à la bêtise, elle fait de la bêtise quelque chose de honteux. » Nietzsche et la Philosophie, 1962.
24 août 1944. Les éléments de la 2e DB du capitaine Dronne entrent dans Paris par la porte d’Italie et la porte d’Orléans. La 9 ème compagnie du régiment de marche du Tchad (surnommée la Nueve, car essentiellement constituée de républicains espagnols) est forte de 15 véhicules blindés (11 half-tracks, 4 véhicules accompagnés de 3 chars) et va se poster en renfort des FFI devant l’Hôtel de Ville, le 24 août 1944 à 21h22, pendant que les policiers parisiens actionnent le bourdon de Notre-Dame, malgré la garnison allemande encore puissante de 16 000 à 20 000 hommes; en attendant le gros de la 2e division blindée. Le soldat républicain espagnol Amado Granell est le premier «libérateur» à être reçu dans l’Hôtel de Ville par Georges Bidault, président du Conseil national de la Résistance.
Hoy, hace 74 años que los españoles republicanos integrantes de la 9.ª Compañía de la 2.ª División Blindada de la Francia Libre, popularmente conocida como La Nueve, liberaron París de la ocupación Nazi.
Dada su experiencia, eran la élite de las tropas de choque.
BAUD Lucie
Née le 23 février 1870 à Saint-Pierre-de-Mésage (Isère), morte le 7 mars 1913 à Tullins (Isère) ; ouvrière tisseuse en soierie ; militante syndicaliste de l’Isère ; auteure d’un récit sur la vie et les luttes de tisseuses de soie dans la région de Vizille.
Le film de Gérard Mordillat sur Lucie BAUD, Mélancolie ouvrière, sera présenté pour la première fois sur Arte vendredi soir 24 août, d’après l’étude de Michelle Perrot.
Fille d’un cultivateur et charron, et d’une ouvrière en soie, Lucie Baud avait commencé à travailler à l’âge de douze ans, en 1883, dans un tissage mécanique du Péage-de-Vizille (Isère), Durand frères – où était employée sa mère – puis à Vizille, au début de 1888. Elle se maria en octobre 1891 avec un homme beaucoup plus âgé qu’elle (vingt ans de plus) qui fut garde champêtre. Un enfant naquit quatre mois plus tard, elle en eut deux autres dans les huit années qui suivirent ; le deuxième mourut à moins d’un an. Elle fut veuve à trente-et-un ans. En 1902, elle entra en contact avec des militants de la Bourse du Travail de Grenoble, créa avec leur aide un « Syndicat des ouvriers et ouvrières en soierie du canton de Vizille » et en devint secrétaire ; l’organisation éveilla un grand écho dans un prolétariat féminin qui, depuis une dizaine d’années, était soumis à un avilissement continu des salaires. Pendant toute l’année 1904, Lucie Baud organisa l’action pour s’opposer à de nouvelles baisses des prix de façon provoquées par l’introduction de mécaniques plus perfectionnées. En août, elle fut déléguée au sixième congrès national de l’industrie textile, à Reims (Marne) : sa participation y fut toute passive dans des assises qui n’abordèrent d’ailleurs pas la question du travail féminin, malgré sa présence au bureau des première et deuxième séances.
Au début de 1905, à la suite de l’annonce d’une diminution de 30 % à l’usine Duplan, Lucie Baud fit adopter le principe d’une grève et, après l’échec des négociations, le travail fut suspendu le 6 mars : deux cents ouvrières luttèrent pendant près de quatre mois, et ne reprirent le chemin des ateliers que le 30 juin, sur une solution de compromis. Lucie Baud avait conduit le combat, organisé des soupes communistes et des collectes dans les usines et pris des contacts pour susciter la solidarité. Le 1er mai notamment, elle avait été un des orateurs du meeting à Grenoble, avec Eugène David et Louis Ferrier, aux côtés d’Alexandre Luquet, délégué de la CGT, pour expliquer le sens de la lutte. Elle avait été à la tête de tous les cortèges, très imposants et, en avril, houleux et marqués par de violents incidents. Elle fut la première victime de la répression patronale, et renvoyée en même temps que cent cinquante de ses compagnes.
Avec la plupart d’entre elles, Lucie Baud partit pour Voiron (Isère) et y arriva en pleine agitation revendicative. Elle participa à la grève générale du printemps 1906, qui s’acheva sur un succès durable et amena une amélioration des conditions du travail féminin dans toute la région soyeuse du Dauphiné.
En septembre 1906, elle tenta de mettre fin à ses jours en se tirant trois coups de revolver dans la tête. Malgré la gravité de ses blessures, ses jours ne furent pas en danger. Dans des lettres, elle expliqua ce geste par des soucis de famille, mais on ne peut pas s’empêcher de le rapprocher de la dépression qui suivit les grands moments d’intensité des grèves.
Le syndicat qu’elle avait créé à Vizille survécut à son départ et, jusqu’en 1914, s’opposa victorieusement à l’action patronale. En juin 1908, Lucie Baud raconta sa vie et ses combats dans un article du Mouvement socialiste, de Hubert Lagardelle, qui est un tableau précieux de la condition ouvrière féminine dans l’Isère au début du XXe siècle.
ŒUVRE : « Les tisseuses de soie dans la région de Vizille », Le Mouvement socialiste, 15 juin 1908, repris dans Le Mouvement social, octobre-décembre 1978, et dans le livre de Michelle Perrot, Mélancolie ouvrière, op. cit.
SOURCES et BIBLIOGRAPHIE : Arch. Dép. Isère, 52 M 76 et 166 M 9. — Madeleine Guilbert, Les Femmes et l’organisation syndicale avant 1914, Paris, 1966, p. 119, 306, 390 et 463. — Michelle Perrot, Mélancolie ouvrière ; Grasset, 2012.
ICONOGRAPHIE : Photo dans IHS CGT Rhône-Alpes, Cahiers d’histoire sociale, n° 79, 2007, p. 4.
(Yves Lequin. Dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier. Le Maitron.)
Paris XIII Gare d’Austerlitz. Cour des départs, Côté Seine.
Cette statue, sculptée dans un bloc monolithique de lave de Chambois , se trouve à l’entrée de la Gare d’Austerlitz. Elle rend hommage aux ” Brigades Internationales ” qui se sont retrouvées dans cette Gare le 22 octobre 1936 , pour aller combattre en Espagne le fascisme et défendre la République espagnole. Des volontaires venus de tous les pays se sont rassemblés là pour prendre le train. Cette sculpture a été réalisée par le sculpteur Denis Monfleur, né en 1962. Son titre ” L’Apporteur de l’Espoir ” fait référence au roman d’André Malraux ” L’Espoir “, publié en décembre 1937 chez Gallimard. C’est la plus grande statue monolithique posée à Paris depuis un siècle. Elle pèse 6 tonnes et fait 3 mètres de haut. Elle a été inaugurée le 22 octobre 2016 pour le 80 ème anniversaire de cet événement.
Sur le plan esthétique, elle donne l’impression de n’être qu’une ébauche , avec des éléments taillés ” à la serpe “.
Né le 21 décembre 1916 dans l’Empire ottoman, mort le 4 août 2018; arménien; résistant, responsable politique des Arméniens de la MOI pour la zone occupée; un des dirigeants des Arméniens communistes après la Libération.
Arrivé en France en 1930 après s’être d’abord réfugié en Bulgarie, Arsène Tchakarian adhéra à la CGT en 1936 puis au PCF. Dans ces années 1936-1937, il participa aux activités des prosoviétiques et communistes arméniens. Il accompagna Missak Manouchian – membre de la sous-section arménienne du Parti communiste français et du Comité central du HOK (Comité d’aide à l’Arménie, fondé à Erevan en 1921)- chercher des chaussures chez les bottiers arméniens de Valence afin de les envoyer aux républicains espagnols. Il travailla comme tailleur dans un atelier du Ve arrondissement de Paris.
En septembre 1937, Arsène Tchakarian fut incorporé dans le 109e régiment d’artillerie lourde hippomobile à Châteaudun en Eure-et-Loir puis le 182e régiment d’artillerie lourde tractée de 155 à Vincennes en mars 1938. Il est toujours sous les drapeaux lorsque la guerre fut déclarée. Son régiment fut envoyé dans l’est de la France où il ne sera pas vraiment confronté au feu. Peu à peu l’artillerie recula jusqu’à Nîmes où il fut démobilisé en août 1940.
Démobilisé en 1940, il fut recruté en 1941 par Manouchian, devenu responsable politique des Arméniens de la MOI pour la zone occupée. C’est également Manouchian qui le sélectionna dans les FTP-MOI en décembre 1942 lorsqu’il reçut l’ordre de passer à la lutte armée. C’est en compagnie de Tchakarian et de Marcel Rayman que Manouchian effectua sa première action armée qui visa un détachement de Feldgendarmes à Levallois le 17 mars 1943. Au cours des mois suivants, et jusqu’à l’arrestation de son chef Manouchian en novembre 1943, Tchakarian prit part à six actions. Il réussit à échapper au coup de filet qui décima les FTP-MOI parisiens et se planqua chez des «légaux» arméniens puis gagna Bordeaux.
En 1944, il avait été protégé par des policiers résistants français qui lui trouvèrent une planque avant que celui-ci ne parte en mission de renseignement à Mérignac (aérodrome de Bordeaux 33) pour le compte de la résistance.
Dès la fin de la guerre, il apparut au sein de la communauté arménienne comme une figure du mouvement prosoviétique et communiste qui se réorganisait autour de la JAF (Jeunesse arménienne de France) puis de l’UCFAF (Union culturelle française des Arméniens de France).
Le 2 juillet 1985, Arsène Tchakarian fut invité sur le plateau de l’émission d’Antenne 2 Les Dossiers de l’écran et participa au débat qui fait suite à la diffusion du documentaire de Mosco Boucault Des terroristes à la retraite. Défenseur virulent du PCF, il s’insurgea contre la thèse du film qui rendait le Parti responsable de la chute des FTP-MOI parisiens. En réaction, il publia l’année suivante chez Messidor un ouvrage préfacé par Roger Bourderon, Les Francs-Tireurs de l’Affiche rouge. Il y accusait Boris Holban* (chef militaire des FTP-MOI parisiens jusqu’en août 1943) d’être responsable de la chute des FTP-MOI parisiens.
En 1996, Arsène Tchakarian devint président du Mouvement des Arméniens de France pour le Progrès (MAFP). Cette association rassemblait alors les anciens membres de la Commission Nationale Arménienne qui avait été supprimée par le PCF peu avant la chute de l’URSS. Consultant auprès de la Commission du Mont-Valérien, il intervint régulièrement dans les collèges et lycées pour livrer son témoignage sur la Résistance. En mars 2012, il fut élevé au grade d’officier de la Légion d’honneur et décoré par Nicolas Sarkozy dans les salons de l’Élysée. Outre Les Francs-Tireurs de l’Affiche rouge, Arsène Tchakarian est également l’auteur des Fusillés du Mont-Valérien(Comité national du souvenir des fusillés du Mont-Valérien, 1991) et des Commandos de l’Affiche Rouge (Éditions du Rocher, 2012).
Titulaire de la Légion d’honneur depuis 2012, il mourut à 101 ans. Son décès fut signalé par les radios et la presse quotidienne.
OEUVRE: Arsène Tchakarian, Les Francs-Tireurs de l’Affiche rouge, Paris, Messidor, 1986, 250 p. —Fusillés du Mont-Valérien (Comité national du souvenir des fusillés du Mont-Valérien, 1991). —Les Commandos de l’Affiche Rouge, Paris, Editions du Rocher, 2012, 297 p.
SOURCES: Entretien avec Arsène Tchakarian, Vitry, 9 mars 2007. — Émile Témime, «Des hommes dans la tourmente. Les Arméniens en France dans la Seconde Guerre mondiale», Les Arméniens de Valence, Histoire et mémoire, Revue drômoise N° 515, 2005.
Mémoires: Dr Haïg Kaldjian, Odisséeus aksoragan : houcher (Mon odyssée de l’exil : mémoires), Erevan, Union des écrivains d’Arménie, Editions Nor Tar, 2004, 604 p. ; Diran Vosguiritchian, Hay artsagazeneri me houchére (Les mémoires d’un franc-tireur arménien), Beyrouth, Doniguian, 1974, 351 p.
Ouvrage soviétique: Tigran Drampian, Françahay komounisdnere dimadroutsian darinerin 1941-1944 (Les communistes arméniens de France dans la Résistance, 1941-1944), Erevan, Editions Midk, 1967. — Source Arsène Tchakarian, Arsène Tchakarian et confirmé par un des policier qui l’a protégé. Entretiens avec Michel Violet 2016.
Pour citer cet article :
http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article177729, notice 1.TCHAKARIAN Arsène par Astrig Atamian, version mise en ligne le 6 janvier 2016, dernière modification le 6 août 2018.
Je suis en train de relire, à petites doses, le Juan de Mairena d’Antonio Machado dans l’édition Cátedra (Letras Hispánicas), en deux tomes, prêtée par Manuel. Un merveilleux traité poétique et philosophique.
Antonio Machado est né le 26 juillet 1875 à Séville dans un appartement en location du Palais de Dueñas. Son père Antonio Machado Álvarez était avocat, journaliste et spécialiste du folklore. Il était connu sous le pseudonyme de Demófilo.
“Mi infancia son recuerdos de un patio de Sevilla
y un huerto claro donde madura el limonero…” (de Retrato, Campos de Castilla)
“… Esta luz de Sevilla… Es el palacio
donde nací, con su rumor de fuente.
Mi padre, en su despacho. La alta frente,
la breve mosca, y el bigote lacio.”
Il publia en 1936 chez Espasa-Calpe “Juan de Mairena (sentencias, donaires, apuntes y recuerdos de un profesor apócrifo)”.
«Vivimos en un mundo esencialmente apócrifo, en un cosmos o poema de nuestro pensar, ordenado o construido todo él sobre supuestos indemostrables, postulados de nuestra razón, que llaman principios de la lógica, los cuales, reducidos al principio de identidad que los resume y reasume a todos, constituyen un solo y magnífico supuesto: el que afirma que todas las cosas, por el mero hecho de ser pensadas, permanecen inmutables, ancladas, por decirlo así, en el río de Heráclito. Lo apócrifo de nuestro mundo se prueba por la existencia de la lógica, por la necesidad de poner el pensamiento de acuerdo consigo mismo, de forzarlo en cierto modo, a que sólo vea lo supuesto o puesto por él, con exclusión de todo lo demás. Y el hecho – digámoslo de pasada- de que nuestro mundo esté todo él cimentado sobre un supuesto que pudiera ser falso, es algo terrible, o consolador. Según se mire. Pero de esto hablaremos otro día.»
“Seguid preguntando, nunca os canséis de preguntar, sin preocuparos demasiado de las respuestas.”
“Nuestras inquietudes se disponen en el alma como balas en un rifle.”
Ceux qui se sont aimés pendant leur vie et qui se font inhumer l’un à côté de l’autre ne sont peut-être pas si fous qu’on pense. Peut-être leurs cendres se pressent, se mêlent et s’unissent! que sais-je? Peut-être n’ont-elles pas perdu tout sentiment, toute mémoire de leur premier état. Peut-être ont-elles un reste de chaleur et de vie dont elles jouissent à leur manière au fond de l’urne froide qui les renferme. Nous jugeons de la vie des éléments par la vie des masses grossières. Peut-être sont-ce des choses bien diverses. On croit qu’il n’y a qu’un polype! Et pourquoi la nature entière ne serait-elle pas du même ordre? Lorsque le polype est divisé en cent mille parties, l’animal primitif et générateur n’est plus; mais tous ses principes sont vivants. Ô ma Sophie! il me resterait donc un espoir de vous toucher, de vous sentir, de vous aimer, de vous chercher, de m’unir, de me confondre avec vous quand nous ne serons plus, s’il y avait pour nos principes une loi d’affinité, s’il nous était réservé de composer un être commun, si je devais dans la suite des siècles refaire un tout avec vous, si les molécules de votre amant dissous avaient a s’agiter, à s’émouvoir et à rechercher les vôtres éparses dans la nature! Laissez-moi cette chimère, elle m’est douce, elle m’assurerait l’éternité en vous et avec vous.