Vladimir Jankélévitch (1903-1985) II

Exposition à la BNF «Vladimir Jankélévitch, figures du philosophe», du 15 janvier au 3 mars 2019. Entrée libre. Cette exposition rétrospective rassemble manuscrits, correspondances, photographies ou documents audiovisuels qui éclairent la pensée et l’itinéraire du philosophe. Données par sa famille à la BnF, ces quelque 120 pièces sont conservées au département des Manuscrits.

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Vladimir Jankélévitch est né le 31 août 1903 à Bourges. Ses parents, juifs russes (Anna Ryss 1873-1950 et Samuel Jankélévitch 1869-1951) avaient fui Rostov-sur-le-Don et Odessa à cause des pogroms. Ils se sont connus étudiants à Montpellier et sont devenus tous deux médecins. Son père, oto-rhino-laryngologiste, fut le premier traducteur de Freud en français aux éditions Payot. Il traduisit aussi des œuvres de Hegel, de Schelling, de Croce et d’Otto Rank et publia des articles dans les revues de philosophie. Une tante, réfugiée avec le reste de la famille, ancienne professeur au conservatoire de Saint Petersbourg, lui apprit la musique et le piano. Excellent pianiste, Vladimir Jankelevitch lisait les partitions musicales aussi bien que les livres. La musique comptera pour lui toujours autant que la philosophie. Sa famille s’installe à Paris, 53 rue de Rennes.Vladimir Jankélévitch étudie au Lycée Montaigne, puis au Lycée Louis-le-Grand. En 1922, il entre à l’École normale supérieure et étudie la philosophie. Il a pour maître Léon Brunschvicg (1869-1944). En 1923, il rencontre Henri Bergson, avec qui il entretient une correspondance. Il publie Henri Bergson en 1931. Il est reçu premier à l’agrégation de philosophie en 1926 et part pour l’Institut français de Prague l’année suivante. Il y enseigne jusqu’en 1932 et rédige une thèse sur Schelling (L’odyssée de la conscience dans la dernière philosophie de Schelling) qu’il soutient en 1933. Thèse complémentaire: Valeur et signification de la mauvaise conscience. En janvier 1933, il se marie avec une jeune tchèque, Anna Küsslova, rencontrée à Prague. Ce mariage sera un échec. En juillet 1933, le couple se sépare, et divorcera peu après. De retour en France, il enseigne au lycée Malherbe de Caen, au lycée du Parc de Lyon (en khagne), puis à la faculté de lettres de Besançon, à l’université de Toulouse en 1936, puis à Lille en 1938 en tant que professeur de philosophie morale. Il s’installe au 1 quai aux Fleurs où il demeurera jusqu’à la fin de sa vie.
Quand éclate la Seconde Guerre mondiale, Vladimir Jankélévitch est mobilisé. Il est blessé à l’épaule et évacué à Marmande. En janvier 1940, il retourne à Toulouse, où il passera les années de guerre sous plusieurs identités, dont celle d’André Dumez. Le 18 juillet 1940, huit jours après la prise du pouvoir par Pétain, il est révoqué de la fonction publique, n’ayant pas la nationalité française «à titre originaire» (il a été naturalisé à l’âge d’un an). Il enseigne alors à Toulouse sous une fausse identité, les registres de Lille étant inaccessibles à l’administration française depuis que le Nord est en zone Reich. Il est destitué irrévocablement en décembre 1940 en vertu du «statut des juifs». Poussé dans la clandestinité, il s’engage aussitôt dans la Résistance en distribuant des tracts et dit: «Les nazis ne sont des hommes que par hasard». Des armes sont trouvées chez lui en janvier 1941, mais une intervention de Léon Brunschvicg auprès de Jérôme Carcopino, directeur de l’Ecole Normale et entrant dans le gouvernement Darlan, le met à l’abri des poursuites. Ce ne serait que pour se défendre. Il vit dans la clandestinité, doit déménager sans cesse et donner des cours particuliers (français, grec, latin, orthographe) dans une arrière-salle du Café du Capitole pour gagner sa vie. Il participe activement à la Résistance dans le groupe Etoiles, apparenté au Mouvement national contre le racisme (MNCR) et au Front national universitaire (FNU), puis dans les réseaux catholiques. Sa sœur Ida (1898-1982) épouse le poète Jean Cassou. Durant l’Occupation, Vladimir Jankélévitch a réussi à faire venir toute sa famille à Toulouse où Jean Cassou deviendra commissaire de la République en juin 1944. Il reçoit l’aide du recteur de l’Institut catholique de Toulouse, Monseigneur Bruno de Solages, recteur de l’Institut catholique de Toulouse de 1931 à 1964, ainsi que des francs-maçons, notamment de la famille de Henri Caillavet. Il dira, faisant allusion à Sartre, que là était le vrai moment de s’engager, et qu’alors, faire de la morale, ce n’était pas écrire Cahiers pour une morale (annoncés par Sartre dans la conclusion de L’Être et le Néant en 1943, publiés de façon posthume en 1983) ou rédiger un Traité des vertus (publié en 1949), mais de distribuer des tracts en pleine rue au péril de sa vie. Pour lui, la morale consiste à s’engager, «non à effectuer une tournée de conférences au cours desquelles on s’engage à s’engager».
La guerre et l’extermination des juifs d’Europe le hanteront à jamais ; après la Libération, il refusera toujours son pardon aux bourreaux nazis, ces « monstres » ayant perpétué des « crimes contre l’essence humaine ». Il ne remettra même plus les pieds en Allemagne. A la Libération, il sera directeur des émissions musicales de Radio-Toulouse-Pyrénées. En 1945-1946, il donne des conférences au Maroc, en Tunisie, en Algérie. A cette occasion il rencontre Lucienne Lanusse qu’il épouse en avril 1947 à Alger. Il retrouve son poste à l’université de Lille en octobre 1947 avant d’être nommé quatre ans plus tard à la Sorbonne. Il Occupe la chaire de philosophie morale de 1951 à 1979 et marque des générations d’étudiants. Il voudra que des salles de la Sorbonne portent le nom de ses camarades résistants, tombés au combat combat (Jean Cavaillès 1903-1944 et François Cuzin 1914-1944). Il contribue à ce que le souvenir de la Résistance française soit correctement entretenu au sein de l’Union universitaire française dont il fut président. Sa fille Sophie nait en 1953. Elle deviendra aussi professeur de philosophie. La vie a triomphé de la mort. Mais sa vie a changé. Il ne lit plus les philosophes allemands, ne joue et n’écoute plus de musique allemande, il oublie la langue allemande. En 1963, Il enseigne pendant un an à l’Université libre de Bruxelles comme professeur visiteur. Jankélévitch s’engage aussi dans le débat public, soutenant le mouvement de Mai-68. Il sera le seul mandarin à pouvoir continuer ses cours. Il est resté très proche des étudiants, jouant parfois sur un piano, installé dans la cour. Il milite pour le maintien de la philosophie dans l’enseignement secondaire en 1975 et participe aux États Généraux de la philosophie (16-17 juin) avec Michel Foucault, Michel Serres et Jacques Derrida.
En juin 1980, Vladimir Jankélévitch reçoit d’un jeune Allemand, Wiard Raveling, professeur en Basse-Saxe, une demande de pardon. Il lui répond:

«5 juillet 1980. Cher Monsieur, je suis ému par votre lettre. J’ai attendu cette lettre pendant trente-cinq ans. Je veux dire une lettre dans laquelle l’abomination est complètement assumée et par quelqu’un qui n’y est pour rien. C’est la première fois que je reçois une lettre d’Allemand, une lettre qui ne soit pas une lettre d’autojustification plus ou moins déguisée. Apparemment, les philosophes allemands, «mes collègues» (si j’ose employer ce terme), n’avaient rien à me dire, rien à expliquer. Leur bonne conscience était imperturbable. Et de fait il n’y a plus rien à dire dans cette horrible chose. Je n’ai donc pas eu de grands efforts à faire pour m’abstenir de tous rapports avec ces éminents métaphysiciens. Vous seul, vous le premier et sans doute le dernier, avez trouvé les mots nécessaires en dehors de rabotages politiques et de pieuses formules toutes faites. Il est rare que la générosité, que la spontanéité, qu’une vive sensibilité ne trouvent pas leur langage dans les mots dont on se sert. Et c’est votre cas. Cela ne trompe pas. Merci.
Non, je n’irai pas vous voir en Allemagne. Je n’irai pas jusque-là. Je suis trop vieux pour inaugurer cette ère nouvelle. Car c’est tout de même pour moi une ère nouvelle. Trop longtemps attendue. Mais vous qui êtes jeune, vous n’avez pas les mêmes raisons que moi. Vous n’avez pas cette barrière infranchissable à franchir. À mon tour de vous dire : quand vous viendrez à Paris, comme tout le monde, sonnez chez moi, 1, quai aux Fleurs, près de Notre-Dame. Vous serez reçu avec émotion et gratitude comme le messager du printemps. J’espère que ma fille (26 ans) sera là. Elle sait tout ce qu’il y a à savoir sur l’horreur sans nom; mais elle est de son temps, et elle n’a pas connu l’accablement. Son mari est comme elle. Nous faisons tous le même métier (tous trois professeurs de philosophie). Nous ne parlerons pas de l’horreur. Nous nous mettrons au piano : il y en a trois (deux grands pour moi, un pour ma Sophie).
À vous en toute sympathie.
Vladimir Jankélévitch, 1, quai aux Fleurs, 75004 Paris (1er à droite)»

Wiard Raveling viendra le voir à Paris en avril 1981. Retraité en 1979, Vladimir Jankélévitch meurt à Paris le 6 juin 1985, à 81 ans.

Wiard Raveling.

Enrique Ruano (1947-1969)

Dolores González Ruiz, Enrique Ruano, Javier Sauquillo.

Hace cincuenta años, asesinaron a Enrique Ruano.

Enrique Ruano Casanova (Madrid, 7 de julio de 1947-Madrid, 20 de enero de 1969), estudiante de derecho y miembro del Frente de Liberación Popular, uno de los grupos políticos que lucharon en España contra el franquismo, murió el 20 de enero de 1969.

Enrique Ruano fue detenido el 17 de enero de 1969, por arrojar en la calle propaganda de su partido, y trasladado a comisaría. Tres días más tarde, fue llevado a un edificio de la calle del Príncipe de Vergara (entonces General Mola) de Madrid, para efectuar un registro de la vivienda, y allí cayó por una ventana del séptimo piso.

El conjunto del movimiento antifranquista consideró la muerte de Enrique Ruano como un asesinato, y se produjeron movilizaciones en protesta por los hechos. Varios intelectuales apoyaron también la tesis del crimen político, del asesinato, que fue creciendo ante las contradicciones de la versión oficial que fue variando con el paso de los días.

El suceso fue presentado oficialmente como un suicidio, y se dijo que el joven echó a correr y se arrojó por la ventana. Incluso se llegó a presentar un supuesto diario en el que se expresaban ideas suicidas y que se filtró a la prensa como del estudiante fallecido. Manuel Jiménez Quílez, director general de Prensa a las órdenes del Ministro Manuel Fraga Iribarne, movilizó al diario ABC —dirigido por Torcuato Luca de Tena— y encargaron al periodista Alfredo Semprún que preparara un reportaje «definitivo» acerca de las razones del suicidio. Manuel Fraga llamó por teléfono al padre de Ruano para amenazarle y que dejara de protestar. Fraga le recordó que tenía otra hija de la que ocuparse.

​El sindicalista José Luis Úriz recuerda en su testimonio Peleando a la contra el momento en que fue detenido y torturado cuando estudiaba ingeniería de telecomunicaciones en Madrid por el inspector Antonio González Pacheco, conocido como Billy el Niño. Mientras golpeaba a Úriz, otro policía que participaba en el interrogatorio le dijo al torturador: «ten cuidado que se te va a ir la mano otra vez y lo vas a matar», y respondió según el relato de Úriz: «no importa, hacemos como con Ruano, lo tiramos por la ventana y decimos que se quería escapar».

La “historia de amor más trágica de la Transición” gana el Premio Comillas (El País, 19/01/2019)

Tusquets Editores. A finales de enero de Javier Padilla Moreno-Torres (1992).

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Javier Padilla Moreno-Torres.

Vladimir Jankélévitch (1903-1985)

Vladimir Jankélévitch. Paris, Sorbonne.1970.

« Quel est ce souffle léger qui, déchirant notre ciel gris, nous apporte sa langueur? C’est le souffle du passé. Quand on a beaucoup de temps devant soi et autour de soi, ces touches fulgurantes s’épandent en nappes de rêverie, en grandes flaques de souvenirs, comme dans les Nymphéas de Monet où l’eau, la lumière et les yeux ensommeillés des grandes fleurs semblent dormir par surabondance de temps: l’intervalle déborde alors entre les instants! Ces touches ne gardent leur nature instantanée de réminiscences que lorsqu’elles sont des déchirures à travers l’enchaînement de la prose de l’existence sérieuse, et plus encore quand elles sont, en pleine tragédie, les éclairs d’un paradis depuis longtemps perdu. Le passé clignote subitement et, en pleine tourmente, nous fait signe ; tout à coup on se dit : quel bel été ! Et quelque chose d’un été ancien resurgit. J’ai dû me dire cela un jour radieux de juin 1943… à Toulouse ayant rendez-vous avec quelqu’un dont je ne savais ni le nom ni l’adresse et qui, lui non plus, ne savait rien de moi. Il ne fallait surtout pas manquer cette rencontre, car il eût été impossible de la rattraper; quand le fil clandestin est rompu, on n’a plus aucun moyen de le renouer et dans les situations dangereuses où tout est clandestin, le moindre malentendu, la moindre distraction ont pour conséquence l’isolement tragique et parfois définitif. Et pourtant, j’ai dû me dire, le temps d’un clin d’oeil: quel bel été! Et oublier un instant pourquoi j’étais là, et ce que je faisais, et qui j’attendais, et effacer la tragédie et le danger qui rôde, sur le point de céder aux conseils du vent léger, de confondre ce beau jour de juin avec un jour de vacances, et d’aller me promener comme aux jours de la vie antérieure, dans les jardins du Boulingrin tout proche. Quel bel été, hélas!»

Quelque part dans l’inachevé, Gallimard, 1978.

Plaque Vladimir Jankélévitch. Paris, 1 quai aux Fleurs.

Albert Camus

Albert Camus, 17 octobre 1957.

“Ce n’est pas me réfuter que de réfuter la non-violence. Je n’ai jamais plaidé pour elle. Et c’est une attitude qu’on me prête pour la commodité d’une polémique. Je ne pense qu’il faille répondre aux coups par la bénédiction. Je crois que la violence est inévitable, les années d’occupation me l’ont appris. Pour tout dire, il y a eu, en ce temps-là, de terribles violences qui ne m’ont posé aucun problème. Je ne dirai donc point qu’il faut supprimer toute violence, ce qui serait souhaitable, mais utopique, en effet. Je dis seulement qu’il faut refuser toute légitimation de la violence, que cette violence lui vienne d’une raison d’État absolue, ou d’une philosophie totalitaire. La violence est à la fois inévitable et injustifiable. Je crois qu’il faut lui garder son caractère exceptionnel et la resserrer dans les limites qu’on peut. Je ne prêche donc ni la non-violence, j’en sais malheureusement l’impossibilité, ni, comme disent les farceurs, la sainteté: je me connais trop pour croire à la vertu toute pure. Mais dans un monde où on s’emploie à justifier la terreur avec des arguments opposés, je pense qu’il faut apporter une limitation à la violence, la cantonner dans certains secteurs quand elle est inévitable, amortir ces effets terrifiants en l’empêchant d’aller jusqu’au bout de sa fureur. J’ai horreur de la violence confortable. J’ai horreur de ceux dont les paroles vont plus loin que les actes. C’est en cela que je me sépare de quelques-uns de nos grands esprits, dont je m’arrêterai de mépriser les appels au meurtre quand ils tiendront eux-mêmes les fusils de l’exécution.”

Deux réponses à d’Astier de la Vigerie in Actuelles. Écrits politiques, 1950. Gallimard-Folio. Première réponse publiée dans Caliban n°16. Mai 1948.

Emmanuel d’Astier de la Vigerie 1900-1969.

Emmanuel d’Astier de la Vigerie, grand résistant pendant la Seconde Guerre mondiale, fonde en 1941 le mouvement Libération-Sud et le journal Libération, puis devient, en novembre 1943 et jusqu’en septembre 1944, commissaire à l’Intérieur de la France libre. Élu député après-guerre, il est l’un des «compagnons de route» du Parti communiste français, puis devient gaulliste de gauche. Fait unique dans l’ordre de la Libération, ses frères François (1886-1956) et Henri (1897-1952) sont également compagnons de la Libération.

Un grand article de Philippe Lançon sur Camus. Libération 02/01/2010.

https://next.liberation.fr/culture/2010/01/02/camus-cet-etrange-ami_602169

Lorenzo Aguirre (1884-1942)

Lorenzo Aguirre.

El País, 29/12/1999

Noticia del pintor Lorenzo Aguirre (Felix Grande)

El día 16 de julio del año 1942, festividad de la Virgen del Carmen, tres niñas de siete, nueve y once años felicitaron a la hija del general Francisco Franco por su onomástica, le entregaron un ramo de flores y se hincaron de rodillas para pedir clemencia por el pintor Lorenzo Aguirre, que estaba condenado a muerte. La respuesta del franquismo se produjo 82 días más tarde: el 6 de octubre, Margarita, Susy y Francisca Aguirre supieron que su padre acababa de ser ejecutado. Cincuenta y siete años después han sabido que otros presos políticos de la cárcel de Porlier fueron obligados a contemplar la ejecución de aquel hombre bueno, alegre, comprometido con su tiempo y artista versátil, fulgurante y profundo.Lorenzo Aguirre nació en Pamplona en 1884 y vivió parte de su infancia y toda su adolescencia en Alicante. Su pintura ofrecería siempre la mística gravedad navarra y la euforia luminosa del Mediterráneo. Su mirada distribuye en los lienzos la penumbra ancestral de la meditación y la eternidad súbita de la luz. Rubén Darío escribió sobre Antonio Machado: “Era luminoso y profundo, como era hombre de buena fe”; Aguirre fue un artista y un hombre machadiano. De su buena fe hay muchas pruebas. Una de ellas: su predilección por el retrato, su respeto por los rostros humanos. Un respeto que se desplaza también a los paisajes: en su obra los paisajes no son acotaciones del territorio del planeta, sino palpitaciones de la misteriosa casa colectiva en donde los seres humanos “viven, laboran, pasan y sueñan, y en un día como tantos, descansan bajo la tierra”. A los retratos de Aguirre los ilumina la fraternidad; a sus paisajes los iluminan la lentitud y la compasión. Y siempre, en los rostros de sus criaturas y en los rostros de sus paisajes, comparece la alegría de los colores besándose los unos a los otros; la alegría que exhalan la presencia y las grietas de la vida. Porque pintar de verdad, con verdad, es un acto de gracias.

En el año 1904, Aguirre obtuvo el título de profesor de dibujo en la Escuela Especial de Pintura, Escultura y Grabado de Madrid, y participó, junto con Daniel Vázquez Díaz y José Gutiérrez Solana, en la Exposición Nacional de Bellas Artes. En el año siguiente pintó y rifó una Inmaculada Concepción y con el dinero obtenido en la rifa viajó a Francia, en donde formó parte del equipo de escenógrafos de la Ópera de París. Recorrió varias ciudades europeas para saciar su sed en los museos y regresó a Madrid con 23 años de edad y los ojos y el entusiasmo transformados en almacenes de pintura. A partir de entonces obtuvo medallas como pintor, como cartelista y como caricaturista. En 1917 expuso sus dibujos en el Salón de los Humoristas, junto a Sancha, Bartolozzi, Penagos…, experiencia que repitió dos años después junto con Vázquez Díaz y Benjamín Palencia. En 1925 obtuvo una medalla de oro en la Exposición Internacional de Artes Decorativas, en París, y en el año siguiente obtuvo otra medalla en Madrid, en la Exposición Nacional de Bellas Artes. Poco después, la Asociación de Pintores y Escultores de Madrid le otorgó por unanimidad la medalla de honor. En enero de 1930 se casó en segundas nupcias con Francisca Benito Rivas, con quien tuvo tres hijas. La paternidad y la República le ayudaron a vivir los años más dichosos y más fértiles de su vida. Sus hijas lo recuerdan llevándolas a ellas y a su esposa a los cines de sesión doble casi todos los días, entusiasmándose con las historias prodigiosas que discurrían en las pantallas cinematográficas, jugando encarnizadamente al ajedrez con la abuela Jenara, pintando horas y horas con una concentración tan fulminante que le llevaba a mojar los pinceles en su tacita de café mientras sonreía contemplando una pincelada. En uno de aquellos instantes de ensimismamiento en que Aguirre bebía café embadurnado de materias pictóricas y reflexionaba sobre la luz de un rostro estalló la guerra civil.

En 1936 se trasladó a Valencia con el Gobierno de la República. En 1937 pidió el carnet del partido comunista. En 1938 se trasladó a Barcelona con las autoridades republicanas. En 1939 cayó por el barranco del exilio con su mujer, sus hijas y la abuela Jenara. Vivió unas semanas en París intentando, como Modigliani, vender dibujos y acuarelas por las calles y las placitas. Su hija Francisca Aguirre escribiría mucho más tarde: “Y como a Modigliani, tampoco a él le compraban”. Se trasladó con su familia a Le Havre, con el propósito de embarcar hacia Latinoamérica, y pintaba retratos y paisajes marítimos, como aferrándose a la solidaridad de los rostros humanos y a la esperanza de una salvación oceánica, que nunca se produjo. Vivían en un hotelito llamado La Rotonde de la Gare, junto al puerto y junto a la estación del ferrocarril, dos objetivos codiciados por los bombarderos alemanes, de manera que a veces se desplazaban a gatas por la habitación para que no les alcanzase la metralla que irrumpía por la ventana con su silbido criminal. Una mañana de 1940 su familia regresó a España mirando para atrás y viendo cómo el pintor, al otro lado de la frontera, los despedía con las manos, cada vez más lejanas. No consiguió embarcar hacia ninguna parte. Fue detenido en la frontera y arrojado a la cárcel guipuzcoana de Ondarreta. El 8 de febrero de 1941 lo trasladaron a la cárcel madrileña de Porlier. En 1947 fue investigado por el Tribunal Especial para la Represión de la Masonería y el Comunismo. Al no conseguir establecer su “condición de masón” archivaron el expediente de un hombre que llevaba cinco años muerto.

Su pintura está viva. Gracias a dos recientes y magníficas exposiciones subvencionadas por las autoridades de las Cajas de Ahorro de Navarra y celebradas en Pamplona y Madrid, e impulsadas por el talento y la bondad de Gregorio Díaz y Camino Paredes, mucha gente ha podido ver que la obra de Lorenzo Aguirre está viva y crece hacia la vida. Aguirre fue clandestino durante medio siglo, pero su pintura está viva. Respiraba en sigilo durante la inacabable posguerra, pero permanecía viva y crecía hacia la vida. Durante décadas no pudo vivir en las salas de exposiciones, pero permanecía viva y se agrandaba hacia el interior de la vida. En el año 1986, y gracias a la gestión de Concepción Badiola y Pedro Manterola, el Banco de Bilbao expuso las obras de Aguirre en Pamplona y Bilbao. En el catálogo que con aquel motivo fue editado, Francisca Aguirre redactó un texto del que reproduzco unas líneas: “No puedo calcular la cantidad de gente maravillosa que ha mirado estos cuadros y que los ha querido. No puedo recordar las palabras de cada uno de ellos. Han sido muchos. Pero recuerdo que esos cuadros estaban el día en que llegó Antonio López con Mari, su mujer. Antonio miró los cuadros y me dijo: “¿Por qué no los limpiamos?”. Fue una resurrección. Antonio había estado en casa de mi hermana Susy y había visto los cuadros de mi padre que ella tiene. Empezó a limpiar una marina y mientras iban apareciendo los colores reales del cuadro me decía: “Lo mejor de tu padre es que tiene un gran poder evocador de lo vital. Cuando pinta la figura humana tiene algo de místico, hay algo religioso en su manera de tratar la carne. Esa obsesión por la figura, que es una constante en su obra, y sus paisajes luminosos, su tratamiento del paisaje, es para mí lo mejor de su pintura, lo más conmovedor”. Lo más conmovedor era también ver a Antonio limpiando con sumo cuidado los cuadros de mi padre”. Lo más conmovedor es también el consuelo que nos agarra la garganta desde unos versos sabios de nuestro maestro don Antonio Machado: “Vivid, la vida sigue, los muertos mueren y las sombras pasan; lleva quien deja y vive el que ha vivido”. Necesitamos creer que Lorenzo Aguirre murió sabiendo que le haríamos “un duelo de labores y esperanzas”.

Alicante. Hogueras de 1928.
Alicante. Hogueras de 1929.
Alicante. Hogueras de 1930.

Louis Aragon

La guerre et ce qui s’ensuivit

Les ombres se mêlaient et battaient la semelle
Un convoi se formait en gare à Verberie
Les plates-formes se chargeaient d’artillerie
On hissait les chevaux les sacs et les gamelles

Il y avait un lieutenant roux et frisé
Qui criait sans arrêt dans la nuit des ordures
On s’énerve toujours quand la manoeuvre dure
et qu’au-dessus de vous éclatent les fusées

On part Dieu sait pour où Ça tient du mauvais rêve
On glissera le long de la ligne de feu
Quelque part ça commence à n’être plus du jeu
Les bonshommes là-bas attendent la relève

Le train va s’en aller noir en direction
Du sud en traversant les campagnes désertes
Avec ses wagons de dormeurs la bouche ouverte
Et les songes épais des respirations

Il tournera pour éviter la capitale
Au matin pâle On le mettra sur une voie
De garage Un convoi qui donne de la voix
Passe avec ses toits peints et ses croix d’hôpital

Et nous vers l’est à nouveau qui roulons Voyez
La cargaison de chair que notre marche entraîne
Vers le fade parfum qu’exhalent les gangrènes
Au long pourrissement des entonnoirs noyés

Tu n’en reviendras pas toi qui courais les filles
Jeune homme dont j’ai vu battre le cœur à nu
Quand j’ai déchiré ta chemise et toi non plus
Tu n’en reviendras pas vieux joueur de manille

Qu’un obus a coupé par le travers en deux
Pour une fois qu’il avait un jeu du tonnerre
Et toi le tatoué l’ancien Légionnaire
Tu survivras longtemps sans visage sans yeux

Roule au loin roule le train des dernières lueurs
Les soldats assoupis que ta danse secoue
Laissent pencher leur front et fléchissent le cou
Cela sent le tabac la laine et la sueur

Comment vous regarder sans voir vos destinées
Fiancés de la terre et promis des douleurs
La veilleuse vous fait de la couleur des pleurs
Vous bougez vaguement vos jambes condamnées

Vous étirez vos bras vous retrouvez le jour
Arrêt brusque et quelqu’un crie Au jus là-dedans
Vous bâillez Vous avez une bouche et des dents
Et le caporal chante Au pont de Minaucourt

Déjà la pierre pense où votre nom s’inscrit
Déjà vous n’êtes plus qu’un nom d’or sur nos places
Déjà le souvenir de vos amours s’efface
Déjà vous n’êtes plus que pour avoir péri

Le roman inachevé, 1956.

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Enregistré a la radio en 1959, avec Léo Ferré au piano, deux ans avant la sortie du disque 25cm “Les chansons d’Aragon”.

Léo Ferré. Studio Harcourt. v 1947.

11 novembre 2018

Le monument aux morts de Gentioux, d’inspiration pacifiste, est situé dans la commune de Gentioux-Pigerolles dans la Creuse.

Le monument fait figurer un enfant le poing tendu vers l’inscription « Maudite soit la guerre », symbolisant la douleur et la révolte après la perte d’un père lors de la Première Guerre mondiale. (Jules Pollacchi, 1922)

La Dama de Elche

Dama de Elche. Madrid, Museo Arqueológico Nacional.

El País, 30/10/2018

La Dama de Elche, de reina mora a icono patriótico del franquismo

La arqueóloga Carmen Aranegui publica un estudio que recorre la historia de la joya del arte ibérico y tercia sobre su posible traslado

“La Dama de Elche tiene la gloria de una reina y posee el atractivo de un ángel con la fuerza de una amazona”. Salvador Dalí ha sido uno de los artistas rendidos a la belleza de esta figura. Han pasado 121 años desde que la joya del arte ibérico fue descubierta en una finca de La Alcudia, a tres kilómetros de Elche. Aupada como esencia de España, tanto en la República como, sobre todo, en el franquismo, la idolatría hacia esta escultura del siglo IV antes de Cristo propició “un grado de manipulación tal que incluso llegó a alejar a los investigadores de su estudio un tiempo”, dice a EL PAÍS la arqueóloga Carmen Aranegui Gascó, catedrática emérita de la Universidad de Valencia, que ha publicado La Dama de Elche (editorial Marcial Pons). En este libro, lamenta que de la Dama “hayan interesado más los aspectos sentimentales que el estudio de su contexto”.

Ese momento clave fue el 4 de agosto de 1897, cuando unos peones agrícolas instalaban un regadío y plantaban granados en la finca de La Alcudia. El busto apareció como una pieza reaprovechada dentro de una pared. Tras ser mostrada unos días en Elche, “la reina mora”, como la llamaron los ilicitanos, partió a París. “La arqueología internacional tenía una visión romántica de España como lugar exótico, de antiguas tradiciones”, explica la profesora Aranegui. Casualmente, un hispanista francés, Pierre Paris, que acudía cada verano a España, estaba en Elche y se movió rápido. Contactó con un banquero que pagó 4.000 francos al dueño del terreno, que ya había vendido otros hallazgos, y con los responsables del Louvre.

Por parte española, el arqueólogo Pedro Ibarra, cronista del descubrimiento, lo había comunicado “a la Real Academia de la Historia y a las autoridades de patrimonio, pero el 8 de agosto fue asesinado el presidente del Consejo de Ministros, Antonio Cánovas del Castillo, lo que dificultó cualquier respuesta oficial”, explica Aranegui.

El busto (“hay quien ha teorizado que era parte de una mujer sentada o en pie, pero defiendo que no es así”) recibe en Francia el nombre de “dama” porque “los anticuarios de la época habían empezado a sustituir el nombre de Venus, con el que se bautizaba a las representaciones que se encontraban, por algo más acorde con los tiempos”.

Uso funerario
Se suceden las investigaciones, como las que han apuntado que la Dama es una diosa, algo que Aranegui, que comisarió hace 20 años una gran exposición sobre arte ibérico en París, descarta: “Creo que es una representación de los valores de las élites de aquella sociedad”. También recuerda un dato conocido, su uso funerario. “Se analizó su hueco de la parte posterior y se sabe que contuvo cenizas y restos de combustión de huesos humanos”.

¿Quién talló semejante maravilla hace casi 2.500 años? “Una aportación de mi libro es que al estudiar el conjunto de La Alcudia se deduce que hubo un taller de muy buenos escultores en lo que era la ciudad ibérica de Ilici. Hoy, un 80% del yacimiento está sin excavar”. El autor de la Dama fue minucioso en los detalles. “Destaca el tratamiento del rostro, enmarcado en joyas, pero el objetivo del artista fue describir la joyería y las telas de la vestimenta. No le interesó el lenguaje de la expresión anatómica”.

El rostro hierático de la Dama seguía en el Louvre, a pesar de que la España republicana reclamaba su devolución. “En producciones teatrales de Alberti y María Teresa León, España estaba personificada como la Dama. Y Margarita Xirgu se vistió, en el exilio, como la estatua para la Numancia de Cervantes. Las negociaciones continuaron tras la Guerra Civil. La España de la dictadura y la Francia colaboracionista de Vichy llegaron a un acuerdo, tras un tira y afloja por el intercambio de piezas. “En el difícil equilibrio de Pétain, quería acercarse a España para que Franco fuera más neutral, menos amistoso con el Eje, y pensó que, devolviendo la Dama, así  sucedería”.

El regreso y su exposición en el Prado, desde junio de 1941, marcan el principio de la retirada de la bibliografía internacional. “Se despliega la propaganda de que España es una civilización sin rival en cuanto a su antigüedad”. Su imagen se multiplica en sellos, rótulos, marcas…

El bloque de arenisca, de 65 kilos de peso y 56 centímetros de altura, permanece en la pinacoteca hasta 1971, cuando es trasladada “escoltada y en taxi” al Museo Arqueológico para realzar un centro que necesitaba una estrella. Allí sigue con su mirada penetrante. ¿Puede trasladarse para exposiciones temporales, como se hizo, en 1965, a Elche? “La pieza está estabilizada en su conservación, con precauciones no tiene por qué ser un obstáculo”. Sin embargo, la profesora Aranegui teme que al plantear esta cuestión suceda como otras veces, “cuando lo identitario irrumpe, la Dama pierde”.

https://elpais.com/cultura/2018/10/17/actualidad/1539790920_448962.html

Brigades Internationales

Cimetière de Draveil (Essonne).
Cimetière de Draveil (Essonne)
Cimetière de Draveil (Essonne)

Cimetière de Draveil (Essonne) dimanche 28 octobre 2018. Stèle en l’honneur des Brigades Internationales.

Le 28 octobre 1938, la République Espagnole, dissout les Brigades internationales. Leurs membres sont renvoyés chez eux. Sur les 30 à 35 000 engagés, 10 000 ont trouvé la mort, 8 000 sont portés disparus, des milliers ont été blessés.

Cérémonie d’adieu aux Brigades Internationales. Les Masies. 25 octobre 1938 (Robert Capa).

Georges Clémenceau (1841-1929)

Mary Clemenceau (Ferdinand Roybet 1840-1920).

Mary Elizabeth Plummer (1849 – 1922) était l’épouse d’origine américaine de Georges Clemenceau. Celui-ci arriva aux États-Unis en 1865, après avoir fui la France en raison de son implication dans la lutte contre le régime de Napoléon III. Il enseigna dans un collège pour jeunes filles à Stamford (Connecticut), où Mary Elizabeth Plummer étudiait. Ils se marièrent en 1869 et déménagèrent en France un an plus tard. Ils auront trois enfants (Madeleine, Thérèze Juliette et Michel William Benjamin). Mary Elisabeth Plummer et Clemenceau se séparèrent en 1876 et divorcèrent en 1891.

Bien que Clemenceau se vantât de plusieurs centaines conquêtes féminines, lorsque sa femme se prit pour Madame de Rénal et le trompa avec le précepteur de leurs enfants, il la mit en prison pendant deux semaines à la prison Saint-Lazare où l’on enfermait prostituées et femmes adultères. Il la renvoya aux États-Unis sur un bateau à vapeur en troisième classe,  divorça et obtint la garde de leurs enfants et la déchéance de sa nationalité française. Revenue vivre en France, mais restée perturbée psychologiquement par ces événements conjugaux particulièrement humiliants, l’ex-Madame Georges Clemenceau mourut seule le 13 septembre 1922, dans son appartement parisien, au 208 rue de la Convention.  Elle fut enterrée au cimetière de Bagneux avec une concession pour 5 ans. Sa tombe a aujourd’hui disparu.

Georges Clémenceau (Edouard Manet). 1879-80. Paris, Musée d’ Orsay.