Le malaise dans la culture. Ecrit durant l’été 1929 et paru en 1930 à Vienne à l’ Internationaler Psychoanalytischer Verlag. (Traduction Dorian Astor. Garnier Flammarion, 2010.)
“On ne peut se défendre de l’impression que les hommes mesurent communément selon des étalons faux, qu’ils désirent pour eux-mêmes le pouvoir, le succès et la richesse, les admirent chez les autres, mais sous-estiment les vraies valeurs de la vie. Et pourtant, avec de tels jugements d’ordre général, on court le danger d’oublier la diversité bigarrée du monde des hommes et de la vie de l’âme. Il est certains hommes à qui leurs contemporains ne refusent pas les honneurs, bien que leur grandeur repose sur des qualités et des réalisations bien étrangères aux buts et aux idéaux de la foule. On accordera aisément que ce n’est toutefois qu’une minorité qui reconnaît ces grands hommes, tandis que la grande majorité n’en veut rien savoir. Mais cela ne saurait être aussi simple, parce que la pensée et l’action des hommes ne s’accordent pas, et que les désirs qui les meuvent font entendre leurs nombreuses voix.”
Primo Levi est né le 31 juillet 1919 à Turin. Il est mort le 11 avril 1987 à Turin à la suite d’une chute dans l’escalier intérieur de son immeuble. Il se serait suicidé.
Issu d’une vieille famille juive libérale du Piémont, il obtient un doctorat en chimie, mais ne peut trouver d’emploi stable en raison des lois raciales de l’Italie fasciste de Mussolini.
Il est arrêté le 13 décembre 1943 en tant que membre du mouvement de résistance Giustizia e Libertà. Il est déporté ensuite comme juif à Auschwitz et y est détenu du 22 février 1944 à la libération du camp, le 27 janvier 1945 sous le matricule 174.517. De son convoi de 650 personnes, seulement 20 personnes survivront.
Il écrit Si c’est un homme (Se questo è un uomo) entre décembre 1945 et janvier 1947. Le manuscrit est refusé une première fois par Giulio Einaudi, Cesare Pavese, Natalia Ginzburg. Il est publié le 11 octobre 1947 à 2 500 exemplaires par la petite maison d’édition De Silva. Italo Calvino, dans le journal communiste L’Unità, estime que ces pages comptent « parmi les plus belles sur la littérature de la seconde guerre mondiale ». Le livre reste pourtant confidentiel jusqu’en 1963, année de la publication de La Trève(La Tregua) qui raconte le périple du retour de l’auteur en Italie.
Se questo è un uomo est alors vendu à près de cent mille exemplaires et est traduit en plusieurs langues, dont l’allemand. Le livre est un des grands témoignages sur l’horreur de la Shoah.
Si c’est un homme. Présentation de l’édition scolaire.
«Je serai heureux si je sais que ne serait-ce qu’un seul de mes nouveaux lecteurs a compris combien il est dangereux, le chemin qui part du fanatisme nationaliste et de l’abdication de la raison.»
Si c’est un homme (Se questo è un uomo). Traduit de l’italien par Martine Schruoffeneger. Julliard, 1987.
“Les monstres existent, mais ils sont trop peu nombreux pour être vraiment dangereux ; ceux qui sont plus dangereux, ce sont les hommes ordinaires, les fonctionnaires prêts à croire et à obéir sans discuter”
Rongé par la soif, l’auteur se saisit d’un bloc de glace qu’il espère pouvoir lécher:
«[…] je n’ai pas plus tôt détaché le glaçon, qu’un grand et gros gaillard qui faisait les cent pas dehors vient à moi et me l’arrache brutalement. «Warum?», dis-je dans mon allemand hésitant. «Hier ist kein warum» [Ici, il n’y a pas de pourquoi]»
“Je suis juif parce que le sort a voulu que je naisse juif. Je n’en rougis pas et je ne m’en glorifie pas. Etre juif pour moi, c’est une question d’«identité», une «identité» à laquelle, je dois le préciser, je n’ai pas l’intention de renoncer”.
Je me souviens du film de 1974 Les Guichets du Louvre de Michel Mitrani, un film français tout à fait honorable des années 70. Il se passe pendant la rafle du Vélodrome d’Hiver. Je me souviens aussi de l’actrice et réalisatrice Christine Pascal (1953-1996). Alors qu’elle était soignée pour des troubles psychiatriques dans une clinique de Garches, le 30 août 1996 elle se suicida en sautant par la fenêtre de l’établissement. Scénario: Albert Cossery, d’après le roman éponyme de Roger Boussinot (1921-2001) Les Guichets du Louvre, Denoël, 1960; Gaïa Éditions, 1999. Directeur de la photographie: Jean Tournier. Musique: Mort Shuman. Montage : Ziva Postec. Création des décors: Maurice Sergent. Création des costumes : Annick François. Sociétés de production : Les Films du Parnasse, Saga, Les Films du Limon. Durée: 95 minutes. Date de sortie: 28 août 1974.
Le 16 juillet 1942, à Paris. Un jeune étudiant, averti de l’imminente rafle, se rend dans le quartier Saint-Paul pour tenter de sauver quelques personnes. Il rencontre une jeune fille juive et tente de la sauver en traversant vers la rive gauche. Distribution:Christian Rist: Paul. – Christine Pascal: Jeanne – Judith Magre: Mme Ash – Henri Garcin: Ernst Jünger. – Michel Robin: le cousin. – Michel Auclair: M. Edmond. – Alice Sapritch: la vieille dame – Albert Michel :le plombier. – Françoise Bertin. Fanny Robiane – Jacques Debary: le curé -Jacques Rispal.- Alexandre Rignault – François Cadet: un voyou.
La rafle du Vélodrome d’Hiver, souvent appelée « rafle du Vél’d’Hiv» est la plus grande arrestation massive de Juifs réalisée en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Entre les 16 et 17 juillet 1942, 13.152 personnes dont 4 115 enfants, ont été arrêtées à Paris et en banlieue pour être déportées. Moins de cent adultes et aucun enfant n’a survécu à la déportation vers Auschwitz.
Effectuées à la demande du Troisième Reich — qui, dans le cadre de sa politique d’extermination des populations juives d’Europe, organise, en juillet 1942, une rafle à grande échelle de Juifs dans plusieurs pays européens, l’«opération Vent printanier»—, ces arrestations ont été menées avec la collaboration de neuf mille policiers et gendarmes français, assistés de trois cents à quatre cents militants du Parti populaire français de Jacques Doriot, sur ordre du gouvernement de Vichy, après des négociations avec l’occupant menées par René Bousquet, secrétaire général de la Police nationale.
À la suite de négociations, initiées par Pierre Laval, les Juifs de nationalité française ont été exclus temporairement de cette rafle qui concerna essentiellement les Juifs, étrangers ou apatrides, réfugiés en France dont plus de quatre mille enfants le plus souvent français nés de parents étrangers.
M. Tulard, fonctionnaire chargé des «questions juives» à la Préfecture de Police, avait établi une liste de 28.000 juifs étrangers. René Bousquet, accompagné de Louis Darquier de Pellepoix, commissaire général aux questions juives, rencontre le 4 juillet 1942, au siège de la Gestapo à Paris, les colonel et capitaine SS Helmut Knochen et Theodor Dannecker, le premier dirigeant la police allemande en France. Un nouvel entretien, dans les bureaux de Dannecker avenue Foch, afin d’organiser la rafle prévue pour le 13 juillet 1942 se tient le 7 juillet en compagnie de Jean Leguay, l’adjoint de Bousquet, accompagné de François, directeur de la police générale, Émile Hennequin, directeur de la police municipale, André Tulard, chargé des “questions juives” à la préfecture, Garnier, sous-directeur du ravitaillement à la préfecture de la Seine, Guidot, commissaire de police à l’état-major de la police municipale et enfin Schweblin, directeur de la police aux questions juives. Le capitaine SS Dannecker déclare: «Les policiers français — malgré quelques scrupules de pure forme— n’auront qu’à exécuter les ordres!»
La circulaire du 13 juillet 1942 de la préfecture de police signée d’Émile Hennequin indique que la rafle vise les Juifs allemands, autrichiens, polonais, tchécoslovaques, russes (soviétiques et réfugiés, c’est-à-dire Blancs et Rouges) et apatrides, âgés de 16 à 60 ans pour les hommes et de 16 à 55 pour les femmes, ainsi que leurs enfants (qui étaient français pour une très grande majorité).
Pour Éric Conan et Henry Rousso Vichy, un passé qui ne passe pas, Paris, Gallimard,« Folio histoire, 1996: «Le Vél’ d’Hiv’? L’événement est devenu depuis 1993 le symbole officiel du Vichy antisémite. Mais la grande rafle de juillet 1942, ainsi que toutes celles qui ont suivi, en zone nord comme en zone sud, furent moins la conséquence de l’antisémitisme d’État que celle de la collaboration d’État. Le rôle des Bousquet, Leguay et consorts s’explique non par un fanatisme antijuif, mais par la politique d’un régime prêt à payer le prix du sang, celui des autres, la défense d’une certaine conception de la «souveraineté nationale». Cette politique n’a pas de lien nécessaire avec les lois antijuives promulguées deux ans plus tôt par Vichy. C’était même ce que la mémoire nationale était supposée intégrer: la part d’autonomie à l’égard de l’occupant. Certes, ces lois ont favorisé ultérieurement l’application de la «Solution finale», un crime prémédité et organisé par les nazis. Statuts, fichiers, lois d’exclusion françaises ont facilité les arrestations massives de 1942-1943. Mais le sens de ces lois, promulguées entre juillet 1940 et l’été 1941, n’était pas celui de prémices d’une extermination, projet qui, à ce moment-là, n’est pas à l’ordre du jour, ni dans la politique de Vichy ni même dans celle du Reich. Ces lois françaises exprimaient un principe d’exclusion politique et sociale inscrit au cœur d’une certaine tradition française et qui reste aujourd’hui encore vivante.»
Si realmente España es un estado de derecho y la Constitución es el baluarte que garantiza nuestros derechos y libertades, la Universidad de Alicante deberá corregir con urgencia este acto inquisitorial
Me llamo Floren Dimas y desde 1995 vengo realizando un trabajo de investigación sobre la represión franquista en la Región de Murcia. Hasta el momento llevo revisados más de 7.000 sumarios del Ejército de Tierra, 650 de la Marina y 45 del Ejército del Aire.
En el extracto que he realizado de cada uno de ellos figura, aparte de los procesados, los denunciantes y los testigos, los componentes de toda la maquinaria represora franquista: los presidentes de los tribunales militares, vocales, ponentes, fiscales y supuestos defensores de los consejos de guerra; los jueces instructores, secretarios de causas, comisarios y agentes de policía, implicados en detenciones, registros e interrogatorios; jefes de Falange y delegados del Servicio de Información e Investigación de Falange, miembros del Servicio de Información de la Guardia Civil, Auditoría militar de guerra, directores y responsables de prisiones y de campos de contración y de colonias penitenciarias; en fin, todo el universo opresivo que se cernió sobre los vencidos, quedan reflejados en un trabajo en el que he invertido veinticuatro años de mi vida y que espero que vea la luz dentro de poco.
En relación con la censura aplicada por la Universidad de Alicante, para ocultar al conocimiento público el nombre de una de las piezas clave del engranaje inquisitorial, que llevó al poeta Miguel Hernández a morir en una infecta mazmorra, como lo hicieron decenas de miles de españoles ante los pelotones de fusilamiento, no puedo por menos que expresar mi indignación más rotunda, ante esta medida que nuevamente pretende coartar la libertad de expresión, y poner en riesgo la propia razón de ser del trabajo de investigación histórica.
Si realmente España es un estado de derecho y la Constitución es el baluarte que garantiza nuestros derechos y libertades, la Universidad de Alicante deberá corregir con urgencia este acto inquisitorial. O tendremos que pensar que España es otra cosa.
(Floren Dimas Balsalobre. Oficial del Ejército del Aire (RTD), investigador histórico y delegado regional de la asociacion memorialista AGE, miembro de Anemoi, (Colectivo de militares demócratas españoles) y de ACMYR (Asociación Civil Mlicia y República), cofundador de la primera asociación memorialista registrada en España.)
El País, 11/05/2014 Una sentencia que llegó al Supremo y al Constitucional
La condena a muerte del poeta Miguel Hernández fue injusta y su proceso estuvo plagado de irregularidades, según los familiares del escritor, que falleció en una cárcel de Alicante, en 1942 y la Comisión Cívica para la Recuperación de la Memoria Histórica de Alicante. La familia de Miguel Hernández inició en 2010 una cruzada para que un tribunal democrático anulara la sentencia por la que un consejo de guerra franquista condenó a muerte al poeta en 1940. Franco le conmutó la pena a 30 años para evitar que se convirtiera en otro Lorca, pero en 1942, como consecuencia de las duras condiciones de la prisión, falleció. Los descendientes del poeta acudieron al Supremo con el objetivo de que quedara claro que aquel 28 de marzo de 1942 murió un hombre “inocente”, en palabras de su nuera, Lucía Izquierdo.
La Sala de lo Militar del Tribunal Supremo, un año más tarde, en febrero de 2011 denegó la revisión de la sentencia del consejo de guerra que condenó a muerte al poeta Miguel Hernández. El Tribunal rechazó la petición de la familia del poeta para interponer recurso extraordinario de Revisión, frente a la sentencia de fecha 18 de enero de 1940, dictada por el Consejo de guerra Permanente número 5 de Madrid contra Miguel Hernández, como autor de un delito de Adhesión a la Rebelión previsto en el artículo 238.2º del Código de Justicia Militar del año 1890.
La Sala denegó la interposición del recurso por inexistencia de los presupuestos del mismo, “según lo dispuesto en la ley de Memoria Histórica”, dado que dicha condena producida por motivos políticos e ideológicos ha sido reconocida por esta ley como radicalmente injusta, y declarada su ilegitimidad por vicios de fondo y forma, careciendo actualmente de vigencia jurídica.
Los familiares no se dieron por vencidos y acudieron al Tribunal Constitucional para plantear la nulidad de la condena a muerte del poeta en 1940. En un auto, del 26 de septiembre de 2012, el Alto Tribunal tampoco admitió a trámite el recurso de amparo presentado por la familia de Miguel Hernández en el que solicitaba la inconstitucionalidad de la resolución del Tribunal Supremo inadmitiendo la demanda de revisión de la sentencia que, en 1940 en un juicio sumarísimo y sin ningún tipo de garantías, condenó a muerte al inmortal poeta, según informó la Comisión Cívica de Alicante para la Recuperación de la Memoria Histórica.
El abogado de la familia, Carlos Candela, lamentó que el Tribunal “no examine a fondo el recurso” y se limite en unas pocas frases a “manifestar la inexistencia de violación de un derecho fundamental tutelable de amparo”, según dijo Candela.
El País, 18/06/2019 La Universidad de Alicante, tras la petición de un familiar, elimina de dos artículos digitales el nombre del alférez que participó en el consejo de guerra que condenó a muerte al poeta Miguel Hernández
Miguel Hernández salió de la cárcel de Sevilla inesperadamente en septiembre de 1939 y volvió a Orihuela. Fue delatado y detenido en la prisión de la plaza del Conde de Toreno en Madrid. Fue juzgado y condenado a muerte en marzo de 1940 por un Consejo de Guerra presidido por el juez Manuel Martínez Margallo en el que actuó como secretario el alférez Antonio Luis Baena Tocón. José María de Cossío y otros intelectuales amigos, entre ellos Luis Almarcha Hernández, amigo de la juventud y vicario general de la diócesis de Orihuela (posteriormente obispo de León en 1944), intercedieron por él y se le conmutó la pena de muerte por la de treinta años de cárcel. También entonces influyó mucho la gestión del propio Cossío, que acudió al secretario de la Junta Política de FET y de las JONS, Carlos Sentís, y a Rafael Sánchez Mazas, vicesecretario de la misma, pero que tenía relación con el general José Enrique Varela, Ministro del Ejército, que en carta le contestó a Sánchez Mazas a mitad de 1940: “Tengo el gusto de participarle que la pena capital que pesaba sobre Don Miguel Hernández Gilabert, por quien se interesa, ha sido conmutada por la inmediata inferior, esperando que este acto de generosidad del Caudillo, obligará al agraciado a seguir una conducta que sea rectificación del pasado”. Pasó luego a la prisión de Palencia, donde decía que no podía llorar, porque las lágrimas se congelaban por el frío; en septiembre de 1940 y en noviembre, al penal de Ocaña (Toledo). En 1941, fue trasladado al reformatorio de Adultos de Alicante, donde compartió celda con Buero Vallejo. Allí enfermó. Padeció primero bronquitis y luego tifus, que se le complicó con tuberculosis. Falleció en la enfermería de la prisión alicantina a las 5:32 de la mañana del 28 de marzo de 1942, con tan sólo 31 años de edad. Se cuenta que no pudieron cerrarle los ojos, hecho sobre el que su amigo Vicente Aleixandre compuso un poema. Fue enterrado el 30 de marzo, en el nicho número mil nueve del cementerio de Nuestra Señora del Remedio de Alicante.
Manuel Martínez Margallo Hasta hace poco, no se conocía qué juez había condenado a Miguel Hernández a muerte, aunque después se le conmutó por 30 años de cárcel. Lo reveló Juan Antonio Ríos Carratalá, autor del libro «Nos vemos en Chicote» (Renacimiento), publicado este año (2019), en el que se cuenta cómo en el popular bar de la Gran Vía de Madrid compartían tragos los periodistas y escritores que serían procesados con quienes serían sus jueces. En este caso, está la figura de Manuel Martínez Margallo, que pasó de ser escritor de revistas humorísticas como «La Codorniz» a juez de sus compañeros de profesión. Firmaba sus relatos como Manuel Lázaro. «Y se entregó con inquina inimaginable», cuenta el biografo de Miguel Hernández, José Luis Ferris.
Wikipedia Antonio Luis Baena Tocón (1915-1998) fue un militar y funcionario español que, en los años posteriores a la guerra civil española, formó parte de diversos tribunales militares de la dictadura de Francisco Franco.
Entre 1939 y 1943, con la graduación de alférez, Baena Tocón fue destinado al Juzgado Especial de Prensa,encargado de perseguir y depurar a aquellas personas que hubiesen escrito en medios de comunicación durante la República. A las órdenes del juez instructor se encargó de investigar la Hemeroteca Municipal de Madrid, anotando los nombres de escritores y periodistas junto con comentarios sobre el carácter de los presuntos delitos que habrían cometido en sus piezas literarias.
Además, fue miembro de varios consejos de guerra relacionados con el Juzgado Especial de Prensa, destacando el instruido contra el poeta Miguel Hernández, condenado a muerte en marzo de 1940 –la pena fue posteriormente conmutada por 30 años de prisión–. Baena Tocón figuró como secretario del mismo, a pesar de no tener la titulación necesaria para ello al haber aprobado tan solo unas pocas asignaturas de Derecho.
En junio de 1966 Antonio Luis Baena Tocón fue nombrado interventor delAyuntamiento de Córdoba, puesto que desempeñó hasta su jubilación. Anteriormente había sido habilitado como viceinterventor de la Diputación Provincial. Ambas plazas, como era normal durante la dictadura, fueron otorgadas en virtud de sus méritos al servicio del régimen.
En junio de 2019 la Universidad de Alicante, a solicitud de su hijo, borró de sus archivos digitales toda referencia a la participación de Antonio Luis Baena Tocón en el juicio a Miguel Hernández. Rápidamente se generó un efecto Streisand, convirtiendo el nombre de Baena Tocón en trending topic.
On peut toujours voir sur la Montagne Sainte-Geneviève (Paris, Ve arrondissement) les portraits graffés de 28 personnalités inhumées ou honorées au Panthéon par l’artiste urbain CR 215 (Christian Guéry). Ils figurent sur le mobilier urbain des rues du V ème arrondissement. Au détour d’une ruelle, sur une façade en briques ou sur le côté d’une boîte aux lettres, surgissent ces fantômes du passé.
Aujourd’hui j’ai croisé Denis Diderot (1713-1784) rue Clotilde, près du Lycée Henri IV et du Panthéon.
Autorité politique -Article de l’Encyclopédie -1751.
” Aucun homme n’a reçu de la nature le droit de commander aux autres. La liberté est un présent du ciel, et chaque individu de la même espèce a le droit d’en jouir aussitôt qu’il jouit de la raison. Si la nature a établi quelque autorité, c’est la puissance paternelle : mais la puissance paternelle a ses bornes, et dans l’état de nature elle finirait aussitôt que les enfants seraient en état de se conduire. Toute autre autorité vient d’une autre origine que de la nature. Qu’on examine bien, et on la fera toujours remonter à l’une de ces deux sources : ou la force et la violence de celui qui s’en est emparé, ou le consentement de ceux qui s’y sont soumis par un contrat fait ou supposé entre eux et celui à qui ils ont déféré l’autorité. […] »
Entretiens sur “Le Fils naturel” : Dorval et moi », 1757.
«L’homme le plus heureux est celui qui fait le bonheur d’un plus grand nombre d’autres.»
Lettres à Sophie Volland, 1759-1774.
« Sommes nous-faits pour attendre toujours le bonheur, et le bonheur est-il fait pour ne venir jamais? »
Le Neveu de Rameau, 1762-1773. Publié en 1891.
« Pourquoi voyons-nous si fréquemment les dévots si durs, si fâcheux, si insociables? C’est qu’ils se sont imposés une tâche qui ne leur est pas naturelle. Ils souffrent, et quand on souffre, on fait souffrir les autres. »
Jacques le fataliste et son maître, 1765-1784. Publié en 1796.
«Nous croyons conduire le destin, mais c’est toujours lui qui nous mène.» «On passe les trois quarts de sa vie à vouloir, sans faire.» «La vérité est souvent froide, commune et plate.»
Supplément au voyage de Bougainville, 1772. « Méfiez-vous de celui qui veut mettre de l’ordre. Ordonner, c’est toujours se rendre le maître des autres en les gênant. »
La Religieuse, vers 1780. Publié en 1796. «Il faut peut-être plus de force d’âme encore pour résister à la solitude qu’à la misère: la misère avilit, la retraite déprave».
Faute d’égalité. Collection Tracts (n° 3), Gallimard. Parution : 21-03-2019 «On attendait d’énergiques initiatives, des changements effectifs, de vrais événements. Ils ne se sont pas produits. Cinq décennies ont passé en vain, à vide, apparemment. Et puis ce qui aurait dû être et demeurait latent, absent fait irruption dans la durée.»
Pierre Bergounioux entreprend ici de saisir les origines et la signification du soulèvement social que la France a vécu ces derniers mois. Il enracine sa réflexion dans l’histoire des nations et des idées occidentales, en vertu de l’axiome selon lequel tout le passé est présent dans les structures objectives et la subjectivité des individus qui font l’histoire. Ainsi se poursuit, jusque dans les formes les plus contemporaines de la contestation, en pleine crise du capitalisme et de la représentation politique, le rêve égalitaire qui nous est propre.
Hôtel du Brésil. Collection Connaissance de l’Inconscient, Série Le principe de plaisir, Gallimard Parution : 23-05-2019 «Si rien n’est plus manifeste que l’inconscient, depuis que Freud a passé, il résidait bien moins en nous, pour moi, pour d’autres, qu’à notre porte, dans les choses qui nous assiégeaient, leur dureté, leur mutisme, la tyrannie qu’elles exerçaient sur nos sentiments, les pensées qu’elles nous inspiraient forcément.»
Pierre Bergounioux s’explique ici sur un certain éloignement, et d’abord géographique, vis-à-vis de la psychanalyse, que le nom de Freud, gravé dans le marbre au-dessus de l’entrée d’un hôtel parisien, confirmera un peu plus tard.
Il raconte comment il a affronté un trouble profond, étroitement localisé, auquel les remèdes qui pouvaient parvenir du dehors – l’apport de Freud, la méthode analytique, le divan – étaient impropres.
A la fin de sa vie, la santé de Karl Marx est minée par son travail politique d’organisation de l’Internationale et surtout par la rédaction de son œuvre. En 1866, il boit jusqu’à un litre et quart de stout, une bière brune très forte et cela a aggravé ses problèmes héréditaires de foie. Il fume aussi beaucoup, un tabac de qualité médiocre. Il est touché successivement par trois maladies: hépatite, furonculose et tuberculose pulmonaire.
Le 2 décembre 1881, sa femme Jenny (née Johanna Bertha Julie von Westphalen. 1814-1881), qui l’avait toujours soutenu, meurt d’un cancer du foie.
Ses médecins lui recommandent un voyage de convalescence en Algérie afin de soigner ses problèmes respiratoires, croyant que le soleil et la chaleur assureraient sa guérison. Épuisé par la maladie et gelé par le temps peu clément, il arrive à Marseille le 17 février 1882 à 2 heures du matin. Il quitte Marseille le 18 février à 5 heures de l’après-midi à bord du bateau postal, le steamer Le Saïd. Il débarque à Alger le 20 février à trois heures et demie du matin. Il va séjourner presque trois mois à Alger du 20 février au 2 mai 1882. Ses gendres, Paul Lafargue (1842-1911) et Charles Longuet (1939-1903), ont chargé un de leurs amis de le prendre en charge à son arrivée à Alger. Il s’agit d’Albert Fermé (1840-1903), ancien blanquiste, qui est alors juge au tribunal d’Alger.
A Alger, Il descend d’abord au Grand Hôtel d’Orient (entre la Grande Poste et en contrebas l’hôtel Aletti).
Mais le temps est mauvais, sa toux empire et l’empêche de visiter le pays. Karl Marx se croit comme «poursuivi» par une sorte de mauvaise fatalité «climatique». Il écrit à Friedrich Engels (1820-1895) le 1 mars 1882: « Ici m’était réservé mutatis mutandis le même quid pro quo qu’à l’Isle of Wight ! Cette année en effet, la saison est ici exceptionnellement froide et humide, ce qui fait que Nice et Menton raflent actuellement la majorité des touristes. En tout cas, j’avais quelques mauvais pressentiments et j’avais insinué à plusieurs reprises de commencer d’abord par la côte d’Azur. Il semble que ce soit une fatalité. » Il ajoute « ….Le mois de décembre a été épouvantable à Alger, en janvier il a fait beau, en février le temps a été froid, humide aussi, je suis juste tombé sur les trois jours les plus froids de ce mois : les 20, 21, 22 février. Insomnie, manque d’appétit, forte toux, ne sachant trop que faire, et non sans des accès, de temps à autre, d’une profundamélancolia, tout comme le grand Don Quichotte… »
Il ne reste que deux jours au Grand Hôtel d’Orient. Il s’installe ensuite à la Pension Victoria, bien moins chère dans le quartier dit Mustapha Supérieur sur les hauteurs d’Alger, boulevard Bon-Accueil (devenu Saint-Saëns, puis Mohamed V). Il est frappé par la beauté du paysage: « Ici, situation magnifique, devant ma chambre la baie de la mer que ferme la Méditerranée, le port d’Alger ; des villas disposées en amphithéâtre escaladant les collines (des ravines au-dessous des collines, d’autres collines au-dessus) ; plus loin, des montagnes visibles entre autres les sommets neigeux derrière Matifou [actuel Bordj El-Bahri], sur les montagnes de Kabylie, des points culminants du Djurdjura (tous ces monts, comme les dites collines, sont calcaires). – Le matin, à 8 heures il n’est rien de plus enchanteur que le panorama ; l’air, la végétation, merveilleux mélange européo-africain. »
Il évoque le quartier dans une lettre à Paul Lafargue le 20 mars 1882 : « Les deux Mustapha constituent une commune (Mustapha) dont le maire (ce monsieur n’a pas un nom arabe, ni français, mais un nom allemand) fait à ses administrés, de temps en temps, à l’aide d’affiches officielles, toutes sortes de communications. Vous voyez donc que le régime en vigueur ici est très doux. A Mustapha Supérieur on bâtit sans arrêt de nouvelles maisons, on démolit les anciennes, etc., et pourtant, bien que les ouvriers qu’on emploie à ces travaux soient des gens d’ici, ils sont pris de fièvres. Aussi une partie de leur salaire consiste-t-elle en une dose quotidienne de quinine, qui leur est fournie par les entrepreneurs. On peut observer le même usage en diverses régions d’Amérique du sud. »
Pendant son séjour, il sera souvent chez les Fermé qui habitent le 37 rue Michelet (Didouche-Mourad). Ils parlent des journées de la Commune de Paris et de l’évolution des événements politiques sur le continent.
Il visite le Jardin d’Essai : «Hier à une heure de l’après-midi nous sommes descendus à Mustapha inférieur d’où le tramway nous a amenés au Jardin Hamma ou Jardin d’Essai qui sert de « Promenade publique », avec à l’occasion des concerts de musique militaire, et qui est utilisé comme « pépinière » , pour faire pousser et propager des végétaux indigènes, enfin pour des expériences botaniques scientifiques et comme jardin d’« acclimatation ». Le tout occupe un très vaste terrain, dont une partie est accidentée, tandis que l’autre est en plaine. Pour observer tout en détail, il faudrait au moins un jour entier et le faire en outre avec un connaisseur, par ex. l’ami de Fermé, l’ex-fouriériste M. Durando, professeur de botanique, chef d’une section du « Club alpin français » dont il dirige régulièrement les excursions dominicales. J’ai beaucoup regretté que mon état physique et l’interdiction formelle du Dr Stephan ne m’aient pas jusqu’ici permis de participer à ces excursions auxquelles j’ai été invité à trois reprises. »
Il observe un café maure dans le quartier de l’Agha près du jardin d’Essai: « Avant de pénétrer dans le « Jardin d’Essai », nous bûmes du café, en plein air naturellement, dans un « café » maure. Le Maure en prépare d’excellent, nous étions assis sur des tabourets. Sur une table de bois brut, une douzaine de clients maures, le buste penché en avant, les jambes croisées, savouraient leurs petites « cafetières » ( chacun a la sienne) tout en jouant aux cartes (une victoire que la civilisation a remportée sur eux). Le spectacle était très impressionnant: certains de ces Maures étaient habillés avec recherche et même richement, d’autres portaient ce que j’oserais appeler des blouses, qui étaient autrefois de laine blanche, à présent en lambeaux et en loques mais aux yeux d’un vrai musulman de telles contingences, la chance ou la malchance, ne sauraient établir une différence entre fils de Mahomet. Cela n’influe pas sur l’égalité absolue qu’ils manifestent dans leurs relations sociales. Ce n’est que lorsqu’ils sont démoralisés qu’ils prennent conscience de ces différences ; en ce qui concerne la haine envers les chrétiens et l’espoir de remporter finalement la victoire sur ces infidèles, leurs hommes politiques considèrent à juste titre ce sentiment et la pratique de l’égalité absolue ( non du confort ou de la position sociale, mais de la personnalité ) comme quelque chose qui les incite à maintenir vivante la première et ne pas renoncer au second. ( ET POURTANT ILS SONT FICHUS SANS UN MOUVEMENT REVOLUTIONNAIRE ! )” ( Lettre à sa fille Laura Lafargue )
C’est à Alger qu’il se fait photographier pour la dernière fois, le 27 avril 1882, par le photographe E. Dutertre à l’Agha Supérieur avec la barbe touffue qu’on lui connaît. Le lendemain, il écrit à Friedrich Engels le 28 avril 1882 : « A cause du soleil, je me suis débarrassé de ma barbe de prophète et de ma toison, mais (comme mes filles me préfèrent avec), je me suis fait photographier avant de sacrifier ma chevelure sur l’autel d’un barbier algérois. J’aurai les clichés dimanche prochain (30 avril). Vous en enverrai des spécimens d Marseille… » Puis il passe chez un barbier de la Casbah. Le docteur Stéphan qui le soigne ne parvient pas à enrayer sa maladie. Le 2 mai, il repart pour Marseille sur la paquebot Péluse et séjourne brièvement à Monaco, avant de remonter à Argenteuil, près de Paris, où demeure sa fille Jenny Longuet. Celle-ci va mourir le 11 janvier 1883 des suites d’un cancer vésical.
Karl Marx meurt, lui, quelques mois plus tard le 14 mars 1883 des suites d’un abcès pulmonaire avec hémoptysie ; en réalité il s’agissait d’une tuberculose pulmonaire, mais on ne prononçait pas le mot qui était alors tabou. Il est enterré aux côtés de sa femme à Londres dans le cimetière de Highgate.
Voir Marxisme et Algérie. Textes de Marx/Engels. Paris, Union générale d’éditions, 1976 et Karl Marx, Lettres d’Alger et de la Côte d’Azur. ( Traduites et présentées par Gilbert Badia ).Le Temps des cerises, 1997.
René Descartes publie anonymement à Leyde le Discours de la méthode (sous-titré Pour bien conduire sa raison, et chercher la vérité dans les sciences) chez Jean Maire, un Français originaire de Valenciennes. Il a été rédigé directement en français, langue vulgaire, Descartes voulant s’opposer à la tradition scolastique. L’acte de naissance du sujet de la connaissance a été dressé par un Français. Mais c’est en Allemagne que Descartes l’a conçu, en rêve, et aux Pays-Bas qu’il l’a rédigé.
«Le bon sens est la chose la mieux partagée car chacun pense en être si bien pourvu, que même ceux qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose, n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont. En quoi il n’est pas vraisemblable que tous se trompent; mais plutôt cela témoigne que la puissance de bien juger, et de distinguer le vrai d’avec le faux, qui est proprement ce qu’on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tout homme; et qu’ainsi la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons pas les mêmes choses. Car ce n’est pas assez d’avoir l’esprit bon, mais le principal est l’appliquer bien. Les plus grandes âmes sont capables des plus grands vices, aussi bien que des plus grandes vertus; et ceux qui ne marchent que fort lentement peuvent avancer beaucoup davantage, s’ils suivent toujours le droit chemin, que ne font ceux qui courent, et qui s’en éloignent.» (Première partie)