La nièce de Federico García Lorca, Vicenta Fernández-Montesinos García-Lorca (Tica) vient de mourir le 12 septembre 2023 dans une résidence pour personnes âgées d’Aravaca (Madrid). Elle était née le 9 décembre 1930.
Son père, Manuel Fernández-Montesinos (1901-1936), médecin, fut le maire socialiste de Grenade à partir du 1 juillet 1936. Sa mère, Concha García Lorca (1903-1962) était la soeur du poète. Le couple eut trois enfants : Vicenta (1930-2023), Manuel (1932-2013) et Concha (1936-2015). Cette dernière n’a connu ni son père ni son oncle.
Manuel Fernández-Montesinos fut fusillé le 16 août 1936 contre les murs du cimetière de la ville et enterré là. Son oncle, Federico fut assassiné à Víznar à l’aube du 18 août 1936. Son corps n’a jamais été retrouvé.
Tica Fernández-Montesinos avait 5 ans à la mort de son père et son oncle. C’était la dernière personne vivante qui ait connu le grand poète andalou. Elle se souvenait de son rire, de sa voix, de ses gestes.
« Mi tío me sentaba en sus rodillas y me cantaba, me recitaba, se reía con la o y me estiraba de las trenzas. » «De la voz de Tío Federico recuerdo las “eses”: tenían una forma parecida a como la dicen en Granada y Málaga». Malgré les efforts de nombreux chercheurs, on n’ a retrouvé aucun enregistrement de la voix du poète.
La nièce de Federico s’appelait Vicenta Pilar Concepción. Le poète était son parrain et avait choisi de lui donner le prénom de sa propre mère, Vicenta Lorca Romero (1870-1959).
Tica avait grandi dans la résidence d’été de la famille García Lorca, la Huerta de SanVicente, achetée en 1925, un vrai paradis pour les enfants. Toute la famille s’exila à New York en 1940.
C’était une femme intelligente, cultivée, féministe et antifranquiste.
Elle a publié deux livres de souvenirs : Notas deshilvanadas de una niña que perdió la guerra (Editorial Comares, Granada 2007) et El sonido del agua en las acequias (La familia de Federico García Lorca en América) (Dauro Ediciones, 2017). Ils évoquent sa vie à Grenade enfant, puis à New York, en exil.
L’historien anglais Paul Preston estime que 5000 personnes furent exécutées pendant la Guerre Civile à Grenade. (El holocausto español: odio y exterminio en la guerra civil y después. Debate, 2011. Traduction française : Une guerre d’extermination. Espagne, 1936-1945, Belin, 2016).
Paris commémore le 50 ème anniversaire du coup d’État au Chili. Exposition « 11 septembre 1973 : coup d’État contre la démocratie » sur le parvis de l’Hôtel de Ville, en partenariat avec le Musée de la mémoire de Santiago, du 8 septembre au 8 octobre.
Quelques minutes avant la prise de la Moneda, Allende s’adresse à la nation chilienne sur les ondes de Radio Magellanes. C’est un discours d’adieu. Le président a refusé de fuir le pays, comme le lui proposait les putschistes.
“Esta será seguramente la última oportunidad en que me pueda dirigir a ustedes. La Fuerza Aérea ha bombardeado las torres de Radio Portales y Radio Corporación.
Mis palabras no tienen amargura, sino decepción, y serán ellas el castigo moral para los que han traicionado el juramento que hicieron… soldados de Chile, comandantes en jefe titulares, el almirante Merino que se ha autodesignado, más el señor Mendoza, general rastrero… que sólo ayer manifestara su fidelidad y lealtad al gobierno, también se ha nominado director general de Carabineros.
Ante estos hechos, sólo me cabe decirle a los trabajadores: ¡Yo no voy a renunciar! Colocado en un tránsito histórico, pagaré con mi vida la lealtad del pueblo. Y les digo que tengo la certeza de que la semilla que entregáramos a la conciencia digna de miles y miles de chilenos, no podrá ser segada definitivamente.
Tienen la fuerza, podrán avasallarnos, pero no se detienen los procesos sociales ni con el crimen… ni con la fuerza. La historia es nuestra y la hacen los pueblos.
Trabajadores de mi patria: Quiero agradecerles la lealtad que siempre tuvieron, la confianza que depositaron en un hombre que sólo fue intérprete de grandes anhelos de justicia, que empeñó su palabra en que respetaría la Constitución y la ley y así lo hizo. En este momento definitivo, el último en que yo pueda dirigirme a ustedes,. quiero que aprovechen la lección. El capital foráneo, el imperialismo, unido a la reacción, creó el clima para que las Fuerzas Armadas rompieran su tradición, la que les enseñara Schneider y que reafirmara el comandante Araya, víctimas del mismo sector social que hoy estará en sus casas, esperando con mano ajena reconquistar el poder para seguir defendiendo sus granjerías y sus privilegios.
Me dirijo, sobre todo, a la modesta mujer de nuestra tierra, a la campesina que creyó en nosotros; a la obrera que trabajó más, a la madre que supo de nuestra preocupación por los niños. Me dirijo a los profesionales de la patria, a los profesionales patriotas, a los que hace días estuvieron trabajando contra la sedición auspiciada por los Colegios profesionales, colegios de clase para defender también las ventajas que una sociedad capitalista da a unos pocos. Me dirijo a la juventud, a aquellos que cantaron, entregaron su alegría y su espíritu de lucha. Me dirijo al hombre de Chile, al obrero, al campesino, al intelectual, a aquellos que serán perseguidos… porque en nuestro país el fascismo ya estuvo hace muchas horas presente en los atentados terroristas, volando los puentes, cortando la línea férrea, destruyendo los oleoductos y los gaseoductos, frente al silencio de los que tenían la obligación de proceder: estaban comprometidos. La historia los juzgará.
Seguramente Radio Magallanes será callada y el metal tranquilo de mi voz no llegará a ustedes. No importa, lo seguirán oyendo. Siempre estaré junto a ustedes. Por lo menos, mi recuerdo será el de un hombre digno que fue leal a la lealtad de los trabajadores.
El pueblo debe defenderse, pero no sacrificarse. El pueblo no debe dejarse arrasar ni acribillar, pero tampoco puede humillarse.
Trabajadores de mi patria: tengo fe en Chile y su destino. Superarán otros hombres este momento gris y amargo, donde la traición pretende imponerse. Sigan ustedes sabiendo que, mucho más temprano que tarde, de nuevo abrirán las grandes alamedas por donde pase el hombre libre para construir una sociedad mejor.
¡Viva Chile! ¡Viva el pueblo! ¡Vivan los trabajadores! Éstas son mis últimas palabras y tengo la certeza de que mi sacrificio no será en vano. Tengo la certeza de que, por lo menos, habrá una lección moral que castigará la felonía, la cobardía y la traición”.
« Cela sera certainement la dernière occasion que j’ai de vous parler. Les forces aériennes ont bombardé les tours de Radio Portales et de Radio Corporación. Il n’y a pas d’amertume dans mes paroles mais de la déception et elles seront la punition morale pour ceux qui ont trahi le serment qu’ils ont prêté : soldats du Chili, Commandants en chef titulaires, l’Amiral Merino qui s’est autodésigné , et le général Mendoza, général rampant qui hier encore avait manifesté sa fidélité et sa loyauté au gouvernement, et qui lui aussi s’est nommé directeur Général des Carabiniers. Face à ces faits, voici ce que je veux dire aux travailleurs : je ne renoncerai pas! Engagé dans un dramatique moment historique, je paierai de ma vie la loyauté au Peuple. Je vous dis que j’ai la certitude que la semence que nous avons enfouie dans la conscience digne de milliers et de milliers de chiliens ne pourra pas être arrachée définitivement . Ils ont la force, ils pourront nous asservir, mais on n’arrête pas les avancées sociales, ni par le crime, ni par la force. L’Histoire est à nous et ce sont les peuples qui la font. Travailleurs de ma patrie, je vous suis reconnaissant pour la loyauté dont vous avez toujours fait preuve, pour la confiance que vous avez accordée à un homme qui ne fut que l’interprète de grandes aspirations à la justice, qui s’engagea à respecter la constitution et la loi, et qui le fit. En ce moment crucial, le dernier où je peux m’adresser à vous… je veux que que vous reteniez cette leçon. Le capital étranger, l’impérialisme, uni à la réaction, ont créé le climat pour que les forces armées rompent leur tradition, celle que leur a enseigné Schneider et qu’a réaffirmé le commandant Araya, tous deux victimes du même secteur social qui aujourd’hui attend à la maison et qui s’apprête à réconquérir le pouvoir avec l’aide étrangère, afin de continuer à protéger ses propriétés et ses privilèges. Je m’adresse, avant tout, à la femme modeste de notre terre, à la paysanne qui a cru en nous ; à l’ouvrière qui a travaillé dur et à la mère qui a su combien nous nous sommes engagés pour les enfants. Je m’adresse aux personnels fonctionnaires de la Patrie, aux personnels patriotes, à ceux qui depuis des jours ont continué à travailler contre la sédition patronnée par les collèges professionnels, collèges de classe prêts à défendre les avantages qu’une société capitaliste offre à quelques-uns. Je m’adresse à la jeunesse, à ceux qui ont chanté et ont transmis leur gaieté et leur esprit de lutte. Je m’adresse à l’homme du Chili, à l’ouvrier, au paysan, à l’intellectuel, à tous ceux qui seront persécutés… Parce que dans notre pays, le fascisme est présent depuis un moment déjà, impliqué dans les attentats terroristes, faisant sauter des ponts, coupant les voies ferrées, détruisant les oléoducs et les gazoducs. Et face à cela, le silence de ceux qui avaient l’obligation d’intervenir : ils étaient complices. L’Histoire les jugera. Ils vont sûrement faire taire radio Magallanes et dans les ondes, le son de ma voix pausée ne vous parviendra plus. Peu importe, vous continuerez à l’entendre. Je serai toujours près de vous. Vous garderez au moins le souvenir d’un homme digne qui fut loyal à la loyauté des travailleurs. Le Peuple doit se défendre et non pas se sacrifier. Le Peuple ne doit pas se laisser écraser ni mitrailler, mais ne doit pas non plus se laisser humilier. Travailleurs : j’ai confiance dans le Chili et dans son destin. D’autres hommes surmonteront ce moment sombre et amer où la trahison prétend s’imposer. Sachez que, plus tôt qu’on ne croit, les grandes voies par où l’homme libre passera pour construire une société meilleure seront à nouveau dégagées. Vive le Chili! Vive le Peuple! Vive les travailleurs ! Ce sont là mes dernières paroles et j’ai la certitude que mon sacrifice ne sera pas vain. J’ai la certitude qu’au moins, on en tirera une leçon morale qui servira à châtier la félonie, la lâcheté et la trahison. »
Sur Twitter, on peut lire trois publications du journaliste culturel du quotidien La Razón, Víctor Fernández :
” Un día como hoy de 1936, el personaje de esta foto, Ramón Ruiz Alonso, se enteraba del lugar en el que Lorca estaba escondido. Por la tarde, redactaba la denuncia contra él y al día siguiente, con el visto bueno del Gobierno Civil de Granada, detenía al poeta. “
“Le 15 août 1936, ce personnage, Ramón Ruiz Alonso, apprenait où était caché Lorca. L’après-midi, il rédigeait une lettre de dénonciation et le lendemain, avec l’accord de la Préfecture de Grenade, il arrêtait le poète.”
« Un día como hoy de 1936, Lorca fue detenido por los fascistas de Granada. Fue llevado al Gobierno Civil donde lo torturaron. Pocas horas después fue llevado a un paraje entre Víznar y Alfacar donde fue asesinado con otras tres víctimas. »
« Le 16 août 1936, Federico García Lorca fut arrêté par les fascistes de Grenade et emmené à la préfecture où il fut torturé. Peu de temps après il fut transféré dans un endroit entre Víznar et Alfacar où il fut assassiné avec trois autres victimes. »
« Éste es José Valdés Guzmán, el hombre que ordenó el asesinato de Lorca y de centenares de granadinos. Una urbanización lleva hoy su nombre en Granada. »
« Voici José Valdés Guzmán, l’homme qui a ordonné l’assassinat de Lorca et de centaines d’habitants de Grenade. Une zone résidentielle porte aujourd’hui son nom à Grenade. »
Federico García Lorca fut probablement fusillé le 18 août 1936 vers 4h 45 du matin. Son corps n’a jamais été retrouvé. Il fut exécuté et enterré dans une fosse commune avec un instituteur, Dióscoro Galindo, et deux banderilleros anarchistes, Francisco Galadí et Joaquín Arcollas. José Valdés Guzmán demanda son avis à Gonzalo Queipo de Llano, général putchiste surnommé le vice-roi d’Andalousie. De Séville, celui-ci lui aurait répondu : «Dale café, mucho café». “El crimen fue en Granada”, il y a 87 ans. Le poète fait partie des 130.000 républicains disparus pendant la Guerre Civile et la répression qui suivit la fin du conflit.
Las cartas del Boom (Julio Cortázar, Carlos Fuentes, Gabriel García Márquez Mario Vargas Llosa) 2023. Edición de Carlos Aguirre, Gerald Martin, Javier Munguía y Augusto Wong Campos. Alfaguara, juin 2023. 568 pages.
En août 1968, Julio Cortázar, Carlos Fuentes, Gabriel García Márquez y Mario Vargas Llosa et d’autres intellectuels espagnols et latino-américains signent une lettre de protestation contre l’invasion de Tchécoslovaquie par les troupes du Pacte de Varsovie.
Le Monde, 26 août 1968
Une protestation d’intellectuels espagnols et latino-américains de Paris
Des Intellectuels espagnols et latino – américains résidant à Paris ont adressé à l’Union des écrivains de l’U.R.S.S. un message dont nous extrayons le passage suivant : ” Les soussignés, écrivains et intellectuels espagnols et latino-américains, dont la position démocratique et anti – impérialiste est bien connue, condamnent énergiquement l’agression militaire du gouvernement soviétique et ses alliés du pacte de Varsovie contre le peuple et le gouvernement socialistes de Tchécoslovaquie.
” Ils considèrent cette intervention comme contraire aux principes de la morale internationale, au droit d’autodétermination des peuples, dans la mesure où elle renforce la position américaine au Vietnam, éloigne les espoirs d’un socialisme authentiquement démocratique et sème la division dans le camp des forces progressistes. (…) “
Le texte est signé par : Carlos Barrai, José Maria Castellet, Alfonso Carlos Comin, Julio Cortazar, Francisco Fernandez Santos, Carlos Fuentes, Juan Garcia Hortellano, Gabriel Garcia Marquez, Jaime Gil de Biedma, Angel Gonzalez, Juan Goytisolo, Luis Goytisolo, Jesus Lopez Pacheco, Ana Maria Matute, Jorge Semprun, José Angel Valente, Mario Vargas Llosa.
En décembre 1968, Carlos Fuentes, Julio Cortázar et Gabriel García Márquez voyagent ensemble à Prague à l’invitation de l’Union des écrivains tchécoslovaques. Trois livres de Cortázar (El perseguidor y otros relatos, Rayuela, Historias de cronopios y de famas ) ainsi que deux romans de Fuentes (La región más transparente, La muerte de Artemio Cruz) ont déjà été traduits en tchèque. L’édition de Cien años de soledad de García Márquez est en préparation. La revue Listy, dirigée alors par Antonin Liehm (volume 2, n°6), publie le 13 février 1969 un entretien entre les trois écrivains et Petr Pujman : Literatura en América Latina Julio Cortázar Carlos Fuentes, et Gabriel García Márquez. (pages 479-484)
Carlos Fuentes El otro K. Prólogo de La vida está en otra parte (Barcelona, Seix Barral, 1979) y Vuelta (México, n°28, marzo de 1979)
« En diciembre de 1968, tres latinoamericanos friolentos descendimos de un tren en la terminal de Praga. Entre París y Múnich, Cortázar, García Márquez y yo habíamos hablado mucho de literatura policial y consumido cantidades heroicas de cerveza y salchicha. Al acercarnos a Praga, un silencio espectral nos invitó a compartirlo (…) Kundera nos dio cita en un baño de sauna a orillas del río para contarnos lo que había pasado en Praga. Parece que era uno de los pocos lugares sin orejas en los muros. »
Jour d’élections en Espagne. Un bel article de Manuel Vicent dans El País.
Dado al siete (Manuel Vicent)
En las elecciones generales que se celebran hoy, nos jugamos a los dados el pasado o el futuro de España. Si de ellas sale que volvemos a la Edad Media, yo, como la escritora Clarice Lispector, dejo registrado que estaré del lado de las brujas. También seré partidario de los alquimistas, de los quiromantes y saltimbanquis; de los canteros que labraban capiteles románicos con un trenzado de reptiles; de los juglares que recitaban versos provenzales al pie de la almena donde permanecía cautiva una princesa; de los monjes que copiaban la metafísica de Aristóteles en códices de vitela, pero no de los clérigos que azotaban la espalda desnuda de los fieles cantando a coro el dies irae. A estos los dejo para quienes hayan votado a la caverna. Si en estas elecciones la extrema derecha me manda al siglo XVI me gustaría conocer al Lazarillo de Tormes y a la Celestina, pero no a los fanáticos racistas que expulsaron de España a los judíos y a los mahometanos. Si las urnas me obligan a recular hasta el siglo XVII estaré a favor de los herejes y en contra de las hogueras, en el bando de Cervantes y de Góngora y no en el de Quevedo y Lope de Vega.
Si gana el Partido Popular e impone su ley y me manda al siglo XVIII seré un afrancesado, amigo de la ilustración, pero no de la España negra que gritaba ¡vivan las cadenas!, ni de la miseria, el odio y la injusticia que nos llevó a la guerra civil. Por el contrario, si en estas elecciones por un milagro la izquierda vota masivamente y gana el futuro, mi país será siempre ese en el que se premia la inteligencia, la solidaridad, la libertad de expresión y mi bandera la que se iza en el podio de todas las canchas del mundo cuando ganan nuestros deportistas, Nadal, Alcaraz, Jon Rham y gente así y no esa misma enseña que llevan algunos en la pulsera y en correa del perro. Mi apuesta: la séptima cara del dado.
Les photos prises pendant la guerre civile espagnole par Robert Capa, Gerda Taro ou Agustí Centelles sont aujourd’hui très célèbres. On a découvert plus récemment celles d’ Antoni Campañá (1906-1989). La plus connue est : Barcelone. Milicienne sur une barricade au carrefour des Ramblas et de la Calle Hospital le 25 juillet 1936.
On connaît depuis peu son identité. Il s’agit d’Anita Garbín Alonso, une couturière anarchiste. Elle se trouve sur une barricade devant le drapeau rouge et noir des anarchistes de la CNT-FAI. On voit au fond La Casa de los Paraguas. Cette maison insolite, remodelée parJosep Vilaseca en 1883, est ornée d’ombrelles et d’un dragon. C’ est aujourd’hui une succursale bancaire. Le cliché a été souvent reproduit par les anarchistes sur des affiches, des livres, des fresques. On a même surnommé cette femme, jusque-là anonyme, “ la Madona anarquista ”.
Ce n’est qu’en 2018 que l’on a su qui était l’auteur de la photographie : Antoni Campañà. Son petit-fils, Toni Monné a découvert alors deux caisses rouges qui contenaient des milliers de photos de la guerre (1200 copies et 5000 négatifs) lorsqu’on allait détruire la vieille maison familiale de San Cugat del Vallès. Le photographe les a cachées jusqu’à sa mort en 1989. Pendant la dictature franquiste, Campañá était surtout connu pour ses photos artistiques, ses photos de sport, de fêtes et des clichés qui mettaient en valeur le développement touristique. Pendant la guerre, ce n’était pas un photographe engagé. Il photographiait les réfugiés qui fuyaient la répression franquiste, mais aussi les églises détruites et les religieuses assassinées. Il venait d’une famille bourgeoise, nationaliste et catholique. En 1944, Francisco Lacruz a utilisé certaines de ses photos dans son livre El alzamiento, la revolución y el terror en Barcelona 19 de julio de 1936 – 26 de enero de 1939. A ce moment-là, Campañà a décidé de cacher les autres photos prises pendant la guerre. Et il a été un peu oublié.
Anita Garbín Alonso, elle, est née à Almería, en Andalousie en 1915. Ses parents ont émigré à Barcelone en 1920. Elle a 21 ans en 1936. Elle est divorcée d’un premier mari et a une fille de trois ans, Liberty. A la fin de la Guerre Civile, avec ses cinq frères et soeurs, elle a fui en France et a vécu à Béziers. Comme beaucoup d’exilés, cette couturière n’est jamais retournée en Espagne. Elle est morte en 1977 et est enterrée dans le cimetière de la ville. Anita appartenait à une famille anarchiste, mais elle était aussi catholique. Elle allait régulièrement à l’église, allumait des cierges et priait.
Une sélection des photos de Campañà a été exposée en 2021 au Musée national d’Art de Catalogne (MNAC) de Barcelone (La guerra infinita. Antoni Campañà. La tensión de la mirada. 1906-1989). François Gómez Garbín, neveu d’ Anita, et son épouse, Liliane Hoffman, ont visité l’exposition et ont reconnu leur tante Anita. Ils ont rencontré aussi Toni Monné.
Une autre exposition (Icônes cachées. Les images méconnues de la guerre d’Espagne) vient de commencer à Montpellier ( du 29 juin au 24 septembre 2023 au Pavillon Populaire, Esplanade Charles de Gaulle ). L’ identité de cette icone anarchiste a été révélée par les journaux espagnols ces jours-ci.
Pepito Lumbreras Garbín, fils d’Anita et de José Lumbreras, un communiste espagnol, résistant pendant la Seconde Guerre mondiale, comme ses cousins Alain Gómez Garbín et François Gómez Garbín sont aujourd’hui retraités. Ils ont récupéré la nationalité espagnole grâce à la Loi de Mémoire Historique (Ley de Memoria Histórica) de 2007. Chez les Garbín, on ne parlait jamais de la guerre civile. La mère était anarchiste, le père communiste. Le passé était trop douloureux.
Le 18 juin 2023, le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian, le 21 février 2024, 80 ans après son exécution. Il sera accompagné de son épouse Mélinée Manouchian. Missak Manouchian est né en 1906 en Arménie. Il rejoint la France en 1925 après le génocide arménien. Écrivain et poète, il adhère au Parti communiste en 1934. En 1943, il devient le chef des FTP-MOI de la région parisienne. Le 16 novembre 1943, à l’issue d’une filature policière de plusieurs mois, il est arrêté alors qu’il avait rendez-vous avec Joseph Epstein. Interrogé et torturé, il est condamné à mort et fusillé avec ses 21 camarades au Mont-Valérien le 21 février 1944. Olga Bancic, seule femme du groupe condamnée à mort avec eux, est, elle, transférée en Allemagne et guillotinée. A travers leur entrée au Panthéon, c’est l’engagement des étrangers en résistance qui est enfin mis en lumière. (Hauts lieux de la mémoire en Île-de-France.)
Hommage à Joseph Epstein, chef des FTPF de l’Île-de-France, fusillé le le 11 avril 1944 au Mont-Valérien et à Celestino Alfonso, communiste, volontaire en Espagne républicaine, résistant FTP-MOI.
Dernière lettre écrite de Missak Manouchian à sa femme Mélinée le 21 février 1944 à la prison de Fresnes, quelques heures avant qu’il soit fusillé au fort du Mont Valérien.
21 février 1944
Ma Chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée,
Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m’arrive comme un accident dans ma vie, je n’y crois pas mais pourtant je sais que je ne te verrai plus jamais.
Que puis-je t’écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps.
Je m’étais engagé dans l’Armée de la Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu’il méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous… J’ai un regret profond de ne t’avoir pas rendue heureuse, j’aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d’avoir un enfant pour mon bonheur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu’un qui puisse te rendre heureuse. Tous mes biens et toutes mes affaires je les lègue à toi à ta sœur et à mes neveux. Après la guerre tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l’armée française de la libération.
Avec l’aide des amis qui voudront bien m’honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écrits qui valent d’être lus. Tu apporteras mes souvenirs si possible à mes parents en Arménie. Je mourrai avec mes 23 camarades tout à l’heure avec le courage et la sérénité d’un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n’ai fait de mal à personne et si je l’ai fait, je l’ai fait sans haine.
Aujourd’hui, il y a du soleil. C’est en regardant le soleil et la belle nature que j’ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis. Je pardonne à tous ceux qui m’ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus. Je t’embrasse bien fort ainsi que ta sœur et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon cœur. Adieu.
Ton ami, ton camarade, ton mari.
Manouchian Michel
P.S. J’ai quinze mille francs dans la valise de la rue de Plaisance. Si tu peux les prendre, rends mes dettes et donne le reste à Armène.
Cette lettre n’a été envoyée à la famille que le 28 novembre 1944.
Louis Aragon, Strophes pour se souvenir, 1955 (chanson de Léo Ferré, 1959). J’ai toujours aimé la version chantée par Marc Ogeret…
L’hispaniste, d’origine irlandaise, Ian Gibson, a remporté le XXXV Prix Comillas 2023 pour son livre autobiographique Un carmen En Granada. Memorias de un hispanista dublinés. Tusquets Editores. Ce prix est remis tous les ans à des biographies ou à des mémoires.
Né le 21 avril 1939 dans une famille irlandaise, protestante et aisée, son enfance et sa jeunesse ont été marquées par le puritanisme. Il raconte avec courage et honnêteté ses souvenirs d’enfance et d’adolescence. Venu en Espagne en 1965 pour finir sa thèse de doctorat sur l’oeuvre de jeunesse de Federico García Lorca, il s’y est installé définitivement en 1978. Il publie son premier livre en 1971 La represión nacionalista de Granada en 1936 y la muerte de Federico García Lorca (Paris, Ruedo Ibérico), interdit en Espagne par le régime franquiste. Il obtient la nationalité espagnole en 1984. il vit aujourd’hui à Madrid, dans le quartier cosmopolite de Lavapiés.
Oeuvres : 1971 La represión nacionalista de Granada en 1936 y la muerte de Federico García Lorca. 1980 En busca de José Antonio. 1982 La noche que mataron a Calvo Sotelo. 1983 Paracuellos, cómo fue. 1985-87 Federico García Lorca. 1986 Queipo de Llano. Sevilla, verano de 1936. 1989 En Granada, su Granada… Guía a la Granada de Federico García Lorca. 1998 Vida, pasión y muerte de Federico García Lorca. 1998 La vida desaforada de Salvador Dalí. 1999 Lorca-Dalí, el amor que no pudo ser. 2002 Yo, Rubén Darío. Memorias póstumas de un Rey de la Poesía (roman). 2004 Cela, el hombre que quiso ganar. Dalí joven, Dalí genial. 2006 Ligero de equipaje. La vida de Antonio Machado. 2007 Cuatro poetas en guerra. 2008 El hombre que detuvo a García Lorca. Ramón Ruiz Alonso y la muerte del poeta. 2009 Caballo azul de mi locura. Lorca y el mundo gay. 2012 La berlina de Prim (roman). 2013 Luis Buñuel. La forja de un cineasta universal.
J’ai lu avec plaisir son autobiographie, en particulier les trois dernières parties ( IV : Granada y Lorca : el año milagroso 1965-1966. V : Belfast, huida a Londres…y a Europa 1966-1975. VI : Después.)
Deux extraits significatifs :
« Había confirmado mi decisión, además, la lectura de un libro del hispanista francés Claude Couffon, titulado, Á Grenade, sur les pas de García Lorca, publicado en 1962 en París. Reproducía, entre otros, un artículo sensacional del autor sobre las últimas horas del autor del Romancero gitano dado a conocer en Le Figaro Littéraire en 1951. Couffon dejaba deslizar que poseía un ejemplar de la edición original de Impresiones y paisajes, imposible de localizar en tiendas de viejo y solo reproducido parcialmente en las Obras completas de Aguilar. Yo me moría por conocer el texto completo. Encontré su dirección postal en París, le escribí y me invitó a ir a verle. Allí me presenté sin perder tiempo. Vivía con su mujer en las afueras de la capital, a orillas del Sena. Resultó simpatiquísimo, hicimos buenas migas, le encantó mi regalo de dos botellas de Bushmills -el mejor whiskey de Irlanda del Norte – y, cuando hubimos terminado de comer, me dijo que me podía llevar el libro a Belfast y sacar alí una fotocopia. Confío absolutamente en mí, no pareció dudar un segundo de mi honradez ni preocuparle lo más mínimo la posibilidad de que, aunque certificado con todas las garantías, el libro se perdiera en su regreso a casa. Su generosidad me pareció, y me sigue pareciendo, asombrosa, inaudita. Se lo devolví una semana después, le llegó sin contratiempo alguno, y desde aquel momento tuve a Couffon como uno de mis mejores amigos franceses. Confronté enseguida mi fotocopia completa de Impresiones y paisajes con la edición de Aguilar y descubrí que allí, sin avisar al lector, se habían suprimido pasajes del libro en que el joven Lorca criticaba duramente la vida monástica, tanto de hombres como de mujeres. Le parecía una cobardía. Fue para mí un hallazgo de importancia. El régimen de Franco había permitido la publicación de las «obras completas» del poeta a partir de 1954, pero con una censura aceptada por sus herederos. » (pages 217-218)
« España, para terminar, ha sido y es mi lugar en el mundo, gracias, sobre todo, a García Lorca, que me regaló mi vocación de biógrafo. Sé que es en parte romanticismo, pero este país tan complejo, tan amnésico, tan bullicioso, a veces tan hosco -como dijo Luis Cernuda-, sigue siendo para mí, como para don Quijote, un espacio abierto a la aventura, al descubrimiento, a lo inesperado. (…) Me preocupa hondamente la situación política española actual, sobre todo la mentalidad de las derechas, todavía incapaces de reconocer y asumir la criminalidad del régimen franquista. Y que, pese a proclamarse católicas, romanas y apostólicas, no quieren ayudar en la urgente tarea de recuperar los restos de las víctimas de la dictadura todavía tiradas en fosas comunes y cunetas. ¿No es esto hipocresía? ¿No es esto despreciar al prójimo? ¿Desoír a Jesús? Me quedo con la esperanza de que un día llegue, aunque yo no la vea, la gran España dialogante, reconciliada y en paz. La España mestiza, palimpsesto de culturas, capa sobre capa, la España soñada por la Institución Libre de Enseñanza y su hijuela, la Residencia des Estudiantes. La España con tanto que contribuir a Europa y al mundo. Ojalá -permítaseme recurrir al árabe- sea pronto.» (pages 324-325)
Le poète Rafael Alberti (1902-1999) et sa femme, María Teresa León (1903-1988), elle aussi écrivain, arrivent à Ibiza le dimanche 28 juin 1936 pour passer leurs vacances d’été. Ils cherchent un endroit tranquille et abordable pour se reposer et écrire. Ils devaient aller en Galice, mais un accident de train meurtrier le 24 juin sur la ligne Madrid-La Corogne, les a fait changer d’avis au dernier moment. Les deux premières semaines sont calmes. Ils ont loué une maison (Molíde Socarrat), près de Puig des Molins, où se trouve la plus grande nécropole punique du monde. Ils parcourent l’île et établissent des liens d’amitié avec de nombreux habitants. La Guerre Civile éclate le 18 juillet 1936. Les militaires réussissent à contrôler l’ensemble de l’archipel des Baléares, à l’exception de Minorque. Le commandant d’infanterie Julio Mestre se met à la tête des troupes à Ibiza le 19 juillet, déclare l’état de guerre et arrête les principaux dirigeants des partis de gauche et des syndicats. Le couple reste trois jours dans la maison, puis se cache avec une vingtaine d’autres personnes pendant vingt jours dans une grotte (Monte del Corb Marí), près de la tour de sa Sal Rossa et du Parc Natural de ses Salines.
Le 8 août 1936, deux colonnes républicaines débarquent dans l’île : l’une vient de Barcelone a à sa tête le capitaine d’aviation Alberto Bayo ; l’autre de Valence et est dirigée par le capitaine de la Garde civile Manuel Uribarri.
Rafael Alberti et María Teresa León participent au Comité des Milices Antifascistes et interviennent pour protéger le patrimoine religieux des églises face aux miliciens anarchistes qui veulent le détruire. Le 11 août 1936, les deux écrivains quittent l’ile pour Valence.
Rafael Alberti publiera un récit littéraire, tirée de cette expérience, en 1937 dans la revue de la Alianza de Intelectuales Antifascistas para la Defensa de la Cultura, El Mono Azul : Una historia de Ibiza. María Teresa León racontera ce séjour dans Memoria de la melancolía (Buenos Aires, Losada, 1970).
Un monolithe en béton de 180 kilos a été installé récemment près de la grotte. Une plaque du céramiste local Antoni Ribas Costa (Toniet) inclut un court extrait de Memoria de la melancolía de María Teresa León.
Deux poèmes Rafael Alberti, tirés Retornos de lo vivo lejano (1952), évoquent bien cette période et son influence sur l’oeuvre de ces deux écrivains : Retornos de una isla dichosa et Retornos del amor fugitivo en los montes.
Retornos de una isla dichosa
La felicidad vuelve con el nombre ligero de un presuroso y grácil joven alado: Aire. Por parasoles verdes, las sombras que retornan contestan, y el amor, por otro nombre: Isla.
Venid, días dichosos, que regresais de lejos teniendo por morada las velas de un molino; por espejo la luna, la que el sol tiró al pozo, y por bienes del alma, todo el mar apresado en pequeñas bahías. Llegad, alegres olas de mis años, risueños labios de espuma abierta de las blancas edades. Suenen mis ojos, canten con repetidas lágrimas al pastor que desnudo da a la mar sus ovejas.
Ven otra vez, doblada maravilla incansable de los viejos olivos. Me abracen nuevamente tus raíces, hundiéndome en las tumbas de muestran su soledad al cielo.
Quiero tocaros, santas, invencibles higueras, abatidas de zumos, pero no de cansancio. Dejadme en la apretada oscuridad inmóvil de vuestra fresca alcoba dormir tranquilamente.
Soñar, soñar dormido, desde allí, en las colinas donde los algarrobos dan su miel a las nieves de la flor del almendro; desde donde calladas huertas corren sus límites abriendo arcos de cal arrobados de adelfas.
Despierte, al descorrer las ramas, ya en la tarde, padeciendo el deseo de morirme en las dunas, cuando al sol no le espera más final que el antiguo de embozarse en los hombros mojados de la noche.
Isla de amor, escúchame, antes de que te vayas, antes, ya que has venido, de que escapes de nuevo: Concédeme la gracia de aclarar los perfiles del canto que a mi lengua le quede aún, poniéndole esa azul y afilada delgadez de contornos que subes cuando al alba renaces sin rubores, feliz y enteramente desnuda, de las olas.
Retornos de lo vivo lejano, 1952.
Retornos del amor fugitivo en los montes
Era como una isla de Teócrito. Era la edad de oro de las olas. Iba a alzarse Venus de la espuma. Era la edad de oro de los campos. Iba Pan nuevamente a repetir su flauta y Príapo a verterse en los jardines. Todo era entonces. Todo entonces iba.
Iba el amor a ser dichoso. Era la juventud con cinco toros dentro. Iba el ardor a arder en los racimos. Era la sangre un borbotón de llamas. Era la paz para el amor. Venía la edad de oro del amor. Ya era.
Pero en la isla aparecieron barcos y hombres armados en las playas. Venus no fue alumbrada por la espuma. El aire en la flauta de Pan se escondió, mudo. Secas, las flores sin su dios murieron y el amor, perseguido, huyó a los montes.
Allí labró su cueva , como errante hijo arrojado de una mar oscura, entre el mortal y repetido estruendo que la asustada Eco devolvía.
Agujas rotas de los parasoles pinos le urdieron al amor su lecho. Fieras retamas, mustias madreselvas, rudos hinojos y áridos tomillos lo enguirnaldaron en la ciega noche. Y aunque, lengua de fuego, el aire aullara alrededor, la tierra, oh, sí, la tierra no le fue dura, sin embargo, al sueño del fugitivo amor entre los montes.
La edad de oro del amor venía, pero en la isla aparecieron barcos…
Madeleine et Roger Ménard, instituteurs originaires de la Sarthe, ont caché durant la Seconde Guerre mondiale toute une famille juive à Mauves-sur-Huisne (Orne) dans le Perche.
Le samedi 27 avril 2019, un hommage leur a été rendu. Une plaque a été dévoilée sur le mur de la mairie en présence des autorités et des descendants des époux Ménard et des personnes qui furent cachées. Ils occupaient, dans les années 40, le logement situé au premier étage de cette mairie et ont été reconnus Justes parmi les nations le 25 décembre 1995.
Roger Ménard, l’instituteur du village, était également, comme c’était souvent le cas alors, secrétaire de mairie. En 1942, le Dr Isidore Nabedrick, un jeune dentiste juif, arriva au village avec sa femme et leur toute petite fille. Il cherchait un asile, mais aussi un endroit où il pourrait exercer son métier. Conformément à la loi, il alla se faire enregistrer à la mairie. Il espérait obtenir des papiers sans la mention « juif » qui lui rendrait impossible l’exercice de sa profession.
Roger Ménard lui remit des faux papiers et des cartes d’alimentation, à l’insu du maire, collaborateur notoire. Le dentiste ouvrit un cabinet. Seul Roger et sa femme savaient qu’il était juif. Ils avaient dit à tous que les nouveaux venus étaient des membres de leur famille et qu’ils avaient dû quitter leur domicile sur la côte bretonne parce que les Allemands y construisaient des fortifications. Mentir pour protéger.
En juin 1942, Joseph Nabedrick, le père d’Isidore, resté à Paris, fut arrêté et déporté de Compiègne à Auschwitz le 05 juin 1942 par le convoi n° 2. Sa mère se retrouva seule. Il fut alors décidé que toute la famille viendrait se réfugier à Mauves-sur-Huisne.
Lorsque les gendarmes commencèrent à poser des questions, les Ménard s’en tinrent à leur version habituelle. Quelqu’un dénonça pourtant le dentiste, l’accusant d’exercer sans permis. Il « disparut » alors, se cachant dans le grenier des Ménard où il vécut jusqu’à la fin de l’Occupation. Il apprit alors que Roger et Madeleine faisaient également partie de la Résistance et qu’ils avaient risqué leur vie pour les sauver.
Le 27 avril 2019, Serge Ferrand, 88 ans, cousin du Dr Nabedrick, réfugié à Mauves grâce aux époux Ménard, et ancien élève de Roger Ménard, a évoqué la période 1942 – 1944 : « Je me retrouve ici avec Michel Ménard, après 75 ans d’absence, et c’est une grande émotion pour moi. Les époux Ménard nous ont procuré de vraies fausses cartes d’alimentation et de vrais faux papiers indispensables à notre survie. Ils n’ont pas hésité à risquer leur vie et leur liberté pour nous venir en aide. »
9 personnes hébergées, cachées, aidées ou sauvées par Madeleine et Roger Ménard :
Isidore Nabedrick. Dentiste. Hélène Nabedrick, son épouse. Claudette et Marc Nabedrick, leurs enfants. Jeanne Nabedrick, grand-mère d’Isidore et de Serge. Yvonne Nabedrick, mère d’Idisore. Armand Nabedrick, frère d’Isidore. Claudine Ferrand, sa cousine. Serge Ferrand, son cousin, âgé de 11 ans.
(d’après l’article paru dans le journal Le Perche, le 29 avril 2019)