Sélinonte

Temple E.

Lors de notre voyage en Sicile et dans les Ïles Eoliennes, nous avons visité le mardi 6 juin 2017 le site de Sélinonte qui couvre 270 ha.

Cette prospère cité grecque occupait un magnifique endroit situé sur un promontoire entre grandes deux rivières aujourd’hui ensablées. Longée par la mer dans sa partie sud, elle abrite huit temples et une acropole qui se trouve au coeur de la nature (fleurs des champs, herbes aromatiques, espèce de céleri sauvage (selinon en grec) qui a donné son nom à la colonie grecque).

La ville aurait été fondée en 628 av.J.C. par des Grecs venant de Megara Hyblaea, colonie situé au nord de Syracuse. Ils étaient attirés par la fertilité de la région qui produisait en abondance le blé et l’ huile. La colonie prospéra pendant 200 ans. Lorsqu’elle s’allia avec Syracuse contre Carthage, Ségeste, sa rivale, demanda l’aide des Carthaginois et en 409 av.J.C., Hannibal de Giscon ( v 471 av. J.-C. – 406 av. J.-C.) lança son armée de plus de 100 000 hommes sur Sélinonte qui tomba en neuf jours. Environ 16 000 habitants furent massacrés et 5 000 vendus comme esclaves. 2 600 personnes se réfugièrent à Agrigente. La cité avait compté jusqu’à 30 000 habitants à son apogée.

La cité ne retrouva plus jamais sa grandeur. Elle se maintint encore vaille que vaille un siècle et demi, puis le site fut abandonné. Plus tard, les Byzantins puis les Arabes s’installèrent dans ses ruines. Les nombreux tremblements de terre achevèrent sa quasi-destruction. Elle fut redécouverte par un moine dominicain au XVI siècle. Des archéologues anglais, Samuel Angell et William Harris, firent des recherches en 1823 et mirent à jour les premières métopes. Les fouilles sont systématiques depuis 1950. Elles se poursuivent aujourd’hui.

Le site se compose de trois zones: la première, sur la colline orientale, regroupe trois temples (E,F,G); la deuxième, l’ancienne acropole en regroupe cinq (Temples A,B,C,D et O); la troisième était une enceinte sacrée où s’élevait le Santuario della Malophoros (575 av.J.C.).

Les temples E et F sont les mieux conservés. Le temple E (480-460 av.J.C.), consacré à Héra et relevé en 1958, est un temple périptère, comportant six colonnes sur sa largeur et quinze sur sa longueur. Il est allongé par la présence d’un opisthodome. Le temple F (560-540 av.J.C.) était probablement dédié à Athéna. C’est le plus petit et le plus ancien des trois temples de la colline orientale. Il est entièrement en ruine. Ses colonnes cannelées gisent au sol. Le temple G, un des plus vastes du monde grec (113 m sur 30 m de haut), était inachevé au moment de l’attaque carthaginoise comme le montrent ses colonnes non cannelées. Ses fûts atteignent un diamètre de 3,40 m. Chaque tambour pèse au moins 100 tonnes. Il n’a plus aujourd’hui qu’une colonne encore debout. Aujourd’hui, c’est un impressionnant amas de fragments et de colonnes colossales renversées. Il était peut-être dédié à Apollon ou plus vraisemblablement à Zeus Olympien.

Un sentier mène à l’acropole où s’élevaient les bâtiments publics et religieux et quelques résidences appartenant aux classes aisées. De grands remparts, de 4,50 m d’épaisseur, furent construits après l’affrontement avec les Carthaginois en 306 av.J.C. sur une centaine d’hectares. Ils devaient protéger la ville. Le temple C, avec ses douze hautes colonnes, est le plus ancien (début du VI siècle av.J.C.) et le mieux conservé. De là, proviennent les superbes métopes qui ornaient ses frises et se trouvent maintenant au Musée archéologique de Palerme.

Temple F.

Madrid 11-M

Dessin de Forges (1942-2018).

Il y a 15 ans. Hace 15 años.
Les attentats qui ont touché Madrid le jeudi 11 mars 2004 ont été l’acte terroriste le plus meurtrier en Europe depuis 1988. Plusieurs explosions de bombes, posées par des islamistes radicaux, se sont produites dans des trains de banlieue à Madrid ce matin-là, exactement deux années et demie après les attentats du 11 septembre 2001 Aux Etats-Unis.
191 personnes sont mortes, 1900 ont été blessées. Sur treize bombes utilisées, dix ont explosé.
Les Espagnols désignent cet événement par l’expression 11-M.
Les explosions ont eu lieu pendant l’heure de pointe entre 7h32 et 7h 39, aux gares d’Atocha (trois bombes), El Pozo del Tío Raimundo (deux bombes), Santa Eugenia (une bombe), ainsi que dans un train juste en dehors d’Atocha à la Calle Téllez (quatre bombes).

Monumento 11-M, Estación de Atocha, Madrid.

Victor Serge (1890-1947)

Victor Serge et Laurette Séjourné, Écris-moi à Mexico. Correspondance inédite 1941-1942, Éditions Signes et Balises (224 p., 17€). Texte établi, transcrit et édité par Françoise Bienfait et Tessa Brissac. Précédé de «Victor Serge au Mexique: le dernier exil», d’Adolfo Gilly.

«Je crois que l’une des pires de nos erreurs et de nos fautes est d’abord l’intolérance envers les nôtres. Elle provient de ce sentiment de détenir la vérité qui est au fond de toutes les convictions fortes, sentiment juste et nécessaire – nous détenons de grandes vérités – , mais qui produit aussi les inquisiteurs et les sectaires. Notre salut est dans une intransigeance tolérante, qui consiste à nous reconnaître mutuellement le droit à l’erreur, le plus humain des droits, et le droit de penser autrement, le seul qui donne un sens au mot liberté.» (Pleine attente (notes sur un voyage de Paris à Mexico)

Victor Serge (Viktor Lvovitch Kibaltchitch 1890-1947) a embarqué avec son fils Vlady à Marseille sur le navire Capitaine Paul-Lemerle le 24 mars 1941. Son voyage durera six mois. Il n’arriva au Mexique qu’en septembre 1941. L’exilé avait fait halte à Port-au-Prince, à la Havane; à l’époque, des lieux qui lui paraissaient paradisiaques et hors de l’histoire. Il attendait avec angoisse l’arrivée de Laurette Séjourné (née Laura Valentini 1911-2003), sa nouvelle compagne rencontrée en 1937. Mais le visa a traîné et Laurette Séjourné n’arrivera que six mois plus tard. Elle passera le reste de sa vie à Mexico et sera une anthropologue et ethnologue très renommée. Dans les années 1950, elle travailla à l’INAH (Institut National d’Anthropologie et d’Histoire du Mexique) et fit des fouilles à Teotihuacán. Son principal travail concernera la figure de Quetzalcóatl. De plus, elle affirma que Teotihuacán était la légendaire Tula (aussi connue sous le nom de Tolan et de Tollan).

Sur le navire Capitaine Paul-Lemerle, se trouvaient entre autres André Breton et Jacqueline Lamba, la romancière allemande Anna Seghers, la photographe Germaine Krull, les peintres André Masson et Wifredo Lam ainsi que Claude Lévi-Strauss qui racontera cette traversée dans Tristes tropiques (1955).

Victor Serge mourut dans un taxi d’une crise cardiaque le 17 novembre 1947 alors qu’il se rendait chez son fils Vlady pour lui remettre son dernier poème, Mains.

L’écrivain et éditeur Adrien Bosc a décrit cet exode maritime dans son deuxième roman, publié à la rentrée 2018 chez Stock Capitaine.

Victor Serge à sa table de travail (Vladimir Viktorovitch Kibaltchitch Roussakov dit Vlady 1920-2005) à Ciudad Trujillo, nom donné à Santo Domingo de 1936 à 1961.

Jean Cassou (1897-1986)

La mémoire courte. Éditions de Minuit, 1954 ; réédition, Mille et une Nuits, 2001 ; réédition, Éditions Sillage, 2017.

«Ce traître (Pétain) avait raison : les Français d’aujourd’hui ont la mémoire courte. Encore, au lieu de les vitupérer eut-il dû les féliciter et s’en féliciter, puisque faute de mémoire, ils ont pu admettre que trahir sa patrie est un acte vertueux et méritoire. Mais la position plus ou moins favorable d’un Pétain par rapport à la défaillance d’une faculté mentale de la nation française est de peu d’intérêt. Ce qui nous frappe ici, c’est que, pour en tirer quelque conclusion que ce soit, il ait mis le doigt sur une chose aussi capitale que la mémoire. Qu’il ait senti que tout se passe là. L’HOMME est avant tout mémoire…. L’écourtement de la mémoire, c’est la mort.»

Jean Cassou est en 1934 membre du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes et directeur de la revue Europe de 1936 à 1939. En 1936, il participe au cabinet de Jean Zay, ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-arts du Front populaire. Grand résistant. Automne 1940 Il participe au réseau de résistance créé par Boris Vildé et Alexandre Lewitsky au sein du musée de l’Homme. Emprisonné à Toulouse de décembre 1941 à février 1942, puis de juillet 1942 à juin 1943, il écrit dans sa prison les trente-trois sonnets composés au secret, publiés dans la clandestinité, sous le pseudonyme de Jean Noir, par les éditions de Minuit.   Passé dans la clandestinité, il est chargé de coordonner l’actions des forces résistantes dans le Sud-Ouest. Rédacteur des Cahiers de la Libération et Président du Comité régional de Libération de Toulouse. Juin 1944 Commissaire de la République de la région de Toulouse.Très grièvement blessé par les Allemands à la veille de la libération de la ville, il reçoit, sur son lit d’hôpital, la croix de Compagnon de la Libération des mains du général de Gaulle.
Octobre 1945 Conservateur en chef du Musée national d’art moderne, poste qu’il occupe jusqu’en 1965. Février 1946 Président du Comité national des écrivains. 1953 Les éditions de Minuit publient La mémoire courte, réponse de Jean Cassou à la Lettre aux directeurs de la Résistance de Jean Paulhan, éditée par ces mêmes éditions en 1951. De 1965 à 1970, il est directeur d’études à l’École pratique des hautes études.
C’est le beau-frère du philosophe Vladimir Jankélévitch (1903-1985), dont il a épousé la sœur, pianiste, Ida Jankélévitch (1898-1982).

 

Jean Cassou.

 

Enrique Ruano (1947-1969)

Dolores González Ruiz, Enrique Ruano, Javier Sauquillo.

Hace cincuenta años, asesinaron a Enrique Ruano.

Enrique Ruano Casanova (Madrid, 7 de julio de 1947-Madrid, 20 de enero de 1969), estudiante de derecho y miembro del Frente de Liberación Popular, uno de los grupos políticos que lucharon en España contra el franquismo, murió el 20 de enero de 1969.

Enrique Ruano fue detenido el 17 de enero de 1969, por arrojar en la calle propaganda de su partido, y trasladado a comisaría. Tres días más tarde, fue llevado a un edificio de la calle del Príncipe de Vergara (entonces General Mola) de Madrid, para efectuar un registro de la vivienda, y allí cayó por una ventana del séptimo piso.

El conjunto del movimiento antifranquista consideró la muerte de Enrique Ruano como un asesinato, y se produjeron movilizaciones en protesta por los hechos. Varios intelectuales apoyaron también la tesis del crimen político, del asesinato, que fue creciendo ante las contradicciones de la versión oficial que fue variando con el paso de los días.

El suceso fue presentado oficialmente como un suicidio, y se dijo que el joven echó a correr y se arrojó por la ventana. Incluso se llegó a presentar un supuesto diario en el que se expresaban ideas suicidas y que se filtró a la prensa como del estudiante fallecido. Manuel Jiménez Quílez, director general de Prensa a las órdenes del Ministro Manuel Fraga Iribarne, movilizó al diario ABC —dirigido por Torcuato Luca de Tena— y encargaron al periodista Alfredo Semprún que preparara un reportaje «definitivo» acerca de las razones del suicidio. Manuel Fraga llamó por teléfono al padre de Ruano para amenazarle y que dejara de protestar. Fraga le recordó que tenía otra hija de la que ocuparse.

​El sindicalista José Luis Úriz recuerda en su testimonio Peleando a la contra el momento en que fue detenido y torturado cuando estudiaba ingeniería de telecomunicaciones en Madrid por el inspector Antonio González Pacheco, conocido como Billy el Niño. Mientras golpeaba a Úriz, otro policía que participaba en el interrogatorio le dijo al torturador: «ten cuidado que se te va a ir la mano otra vez y lo vas a matar», y respondió según el relato de Úriz: «no importa, hacemos como con Ruano, lo tiramos por la ventana y decimos que se quería escapar».

La “historia de amor más trágica de la Transición” gana el Premio Comillas (El País, 19/01/2019)

Tusquets Editores. A finales de enero de Javier Padilla Moreno-Torres (1992).

https://goo.gl/jwx3J1

Javier Padilla Moreno-Torres.

Albert Camus

Albert Camus, 17 octobre 1957.

“Ce n’est pas me réfuter que de réfuter la non-violence. Je n’ai jamais plaidé pour elle. Et c’est une attitude qu’on me prête pour la commodité d’une polémique. Je ne pense qu’il faille répondre aux coups par la bénédiction. Je crois que la violence est inévitable, les années d’occupation me l’ont appris. Pour tout dire, il y a eu, en ce temps-là, de terribles violences qui ne m’ont posé aucun problème. Je ne dirai donc point qu’il faut supprimer toute violence, ce qui serait souhaitable, mais utopique, en effet. Je dis seulement qu’il faut refuser toute légitimation de la violence, que cette violence lui vienne d’une raison d’État absolue, ou d’une philosophie totalitaire. La violence est à la fois inévitable et injustifiable. Je crois qu’il faut lui garder son caractère exceptionnel et la resserrer dans les limites qu’on peut. Je ne prêche donc ni la non-violence, j’en sais malheureusement l’impossibilité, ni, comme disent les farceurs, la sainteté: je me connais trop pour croire à la vertu toute pure. Mais dans un monde où on s’emploie à justifier la terreur avec des arguments opposés, je pense qu’il faut apporter une limitation à la violence, la cantonner dans certains secteurs quand elle est inévitable, amortir ces effets terrifiants en l’empêchant d’aller jusqu’au bout de sa fureur. J’ai horreur de la violence confortable. J’ai horreur de ceux dont les paroles vont plus loin que les actes. C’est en cela que je me sépare de quelques-uns de nos grands esprits, dont je m’arrêterai de mépriser les appels au meurtre quand ils tiendront eux-mêmes les fusils de l’exécution.”

Deux réponses à d’Astier de la Vigerie in Actuelles. Écrits politiques, 1950. Gallimard-Folio. Première réponse publiée dans Caliban n°16. Mai 1948.

Emmanuel d’Astier de la Vigerie 1900-1969.

Emmanuel d’Astier de la Vigerie, grand résistant pendant la Seconde Guerre mondiale, fonde en 1941 le mouvement Libération-Sud et le journal Libération, puis devient, en novembre 1943 et jusqu’en septembre 1944, commissaire à l’Intérieur de la France libre. Élu député après-guerre, il est l’un des «compagnons de route» du Parti communiste français, puis devient gaulliste de gauche. Fait unique dans l’ordre de la Libération, ses frères François (1886-1956) et Henri (1897-1952) sont également compagnons de la Libération.

Un grand article de Philippe Lançon sur Camus. Libération 02/01/2010.

https://next.liberation.fr/culture/2010/01/02/camus-cet-etrange-ami_602169

Lorenzo Aguirre (1884-1942)

Lorenzo Aguirre.

El País, 29/12/1999

Noticia del pintor Lorenzo Aguirre (Felix Grande)

El día 16 de julio del año 1942, festividad de la Virgen del Carmen, tres niñas de siete, nueve y once años felicitaron a la hija del general Francisco Franco por su onomástica, le entregaron un ramo de flores y se hincaron de rodillas para pedir clemencia por el pintor Lorenzo Aguirre, que estaba condenado a muerte. La respuesta del franquismo se produjo 82 días más tarde: el 6 de octubre, Margarita, Susy y Francisca Aguirre supieron que su padre acababa de ser ejecutado. Cincuenta y siete años después han sabido que otros presos políticos de la cárcel de Porlier fueron obligados a contemplar la ejecución de aquel hombre bueno, alegre, comprometido con su tiempo y artista versátil, fulgurante y profundo.Lorenzo Aguirre nació en Pamplona en 1884 y vivió parte de su infancia y toda su adolescencia en Alicante. Su pintura ofrecería siempre la mística gravedad navarra y la euforia luminosa del Mediterráneo. Su mirada distribuye en los lienzos la penumbra ancestral de la meditación y la eternidad súbita de la luz. Rubén Darío escribió sobre Antonio Machado: “Era luminoso y profundo, como era hombre de buena fe”; Aguirre fue un artista y un hombre machadiano. De su buena fe hay muchas pruebas. Una de ellas: su predilección por el retrato, su respeto por los rostros humanos. Un respeto que se desplaza también a los paisajes: en su obra los paisajes no son acotaciones del territorio del planeta, sino palpitaciones de la misteriosa casa colectiva en donde los seres humanos “viven, laboran, pasan y sueñan, y en un día como tantos, descansan bajo la tierra”. A los retratos de Aguirre los ilumina la fraternidad; a sus paisajes los iluminan la lentitud y la compasión. Y siempre, en los rostros de sus criaturas y en los rostros de sus paisajes, comparece la alegría de los colores besándose los unos a los otros; la alegría que exhalan la presencia y las grietas de la vida. Porque pintar de verdad, con verdad, es un acto de gracias.

En el año 1904, Aguirre obtuvo el título de profesor de dibujo en la Escuela Especial de Pintura, Escultura y Grabado de Madrid, y participó, junto con Daniel Vázquez Díaz y José Gutiérrez Solana, en la Exposición Nacional de Bellas Artes. En el año siguiente pintó y rifó una Inmaculada Concepción y con el dinero obtenido en la rifa viajó a Francia, en donde formó parte del equipo de escenógrafos de la Ópera de París. Recorrió varias ciudades europeas para saciar su sed en los museos y regresó a Madrid con 23 años de edad y los ojos y el entusiasmo transformados en almacenes de pintura. A partir de entonces obtuvo medallas como pintor, como cartelista y como caricaturista. En 1917 expuso sus dibujos en el Salón de los Humoristas, junto a Sancha, Bartolozzi, Penagos…, experiencia que repitió dos años después junto con Vázquez Díaz y Benjamín Palencia. En 1925 obtuvo una medalla de oro en la Exposición Internacional de Artes Decorativas, en París, y en el año siguiente obtuvo otra medalla en Madrid, en la Exposición Nacional de Bellas Artes. Poco después, la Asociación de Pintores y Escultores de Madrid le otorgó por unanimidad la medalla de honor. En enero de 1930 se casó en segundas nupcias con Francisca Benito Rivas, con quien tuvo tres hijas. La paternidad y la República le ayudaron a vivir los años más dichosos y más fértiles de su vida. Sus hijas lo recuerdan llevándolas a ellas y a su esposa a los cines de sesión doble casi todos los días, entusiasmándose con las historias prodigiosas que discurrían en las pantallas cinematográficas, jugando encarnizadamente al ajedrez con la abuela Jenara, pintando horas y horas con una concentración tan fulminante que le llevaba a mojar los pinceles en su tacita de café mientras sonreía contemplando una pincelada. En uno de aquellos instantes de ensimismamiento en que Aguirre bebía café embadurnado de materias pictóricas y reflexionaba sobre la luz de un rostro estalló la guerra civil.

En 1936 se trasladó a Valencia con el Gobierno de la República. En 1937 pidió el carnet del partido comunista. En 1938 se trasladó a Barcelona con las autoridades republicanas. En 1939 cayó por el barranco del exilio con su mujer, sus hijas y la abuela Jenara. Vivió unas semanas en París intentando, como Modigliani, vender dibujos y acuarelas por las calles y las placitas. Su hija Francisca Aguirre escribiría mucho más tarde: “Y como a Modigliani, tampoco a él le compraban”. Se trasladó con su familia a Le Havre, con el propósito de embarcar hacia Latinoamérica, y pintaba retratos y paisajes marítimos, como aferrándose a la solidaridad de los rostros humanos y a la esperanza de una salvación oceánica, que nunca se produjo. Vivían en un hotelito llamado La Rotonde de la Gare, junto al puerto y junto a la estación del ferrocarril, dos objetivos codiciados por los bombarderos alemanes, de manera que a veces se desplazaban a gatas por la habitación para que no les alcanzase la metralla que irrumpía por la ventana con su silbido criminal. Una mañana de 1940 su familia regresó a España mirando para atrás y viendo cómo el pintor, al otro lado de la frontera, los despedía con las manos, cada vez más lejanas. No consiguió embarcar hacia ninguna parte. Fue detenido en la frontera y arrojado a la cárcel guipuzcoana de Ondarreta. El 8 de febrero de 1941 lo trasladaron a la cárcel madrileña de Porlier. En 1947 fue investigado por el Tribunal Especial para la Represión de la Masonería y el Comunismo. Al no conseguir establecer su “condición de masón” archivaron el expediente de un hombre que llevaba cinco años muerto.

Su pintura está viva. Gracias a dos recientes y magníficas exposiciones subvencionadas por las autoridades de las Cajas de Ahorro de Navarra y celebradas en Pamplona y Madrid, e impulsadas por el talento y la bondad de Gregorio Díaz y Camino Paredes, mucha gente ha podido ver que la obra de Lorenzo Aguirre está viva y crece hacia la vida. Aguirre fue clandestino durante medio siglo, pero su pintura está viva. Respiraba en sigilo durante la inacabable posguerra, pero permanecía viva y crecía hacia la vida. Durante décadas no pudo vivir en las salas de exposiciones, pero permanecía viva y se agrandaba hacia el interior de la vida. En el año 1986, y gracias a la gestión de Concepción Badiola y Pedro Manterola, el Banco de Bilbao expuso las obras de Aguirre en Pamplona y Bilbao. En el catálogo que con aquel motivo fue editado, Francisca Aguirre redactó un texto del que reproduzco unas líneas: “No puedo calcular la cantidad de gente maravillosa que ha mirado estos cuadros y que los ha querido. No puedo recordar las palabras de cada uno de ellos. Han sido muchos. Pero recuerdo que esos cuadros estaban el día en que llegó Antonio López con Mari, su mujer. Antonio miró los cuadros y me dijo: “¿Por qué no los limpiamos?”. Fue una resurrección. Antonio había estado en casa de mi hermana Susy y había visto los cuadros de mi padre que ella tiene. Empezó a limpiar una marina y mientras iban apareciendo los colores reales del cuadro me decía: “Lo mejor de tu padre es que tiene un gran poder evocador de lo vital. Cuando pinta la figura humana tiene algo de místico, hay algo religioso en su manera de tratar la carne. Esa obsesión por la figura, que es una constante en su obra, y sus paisajes luminosos, su tratamiento del paisaje, es para mí lo mejor de su pintura, lo más conmovedor”. Lo más conmovedor era también ver a Antonio limpiando con sumo cuidado los cuadros de mi padre”. Lo más conmovedor es también el consuelo que nos agarra la garganta desde unos versos sabios de nuestro maestro don Antonio Machado: “Vivid, la vida sigue, los muertos mueren y las sombras pasan; lleva quien deja y vive el que ha vivido”. Necesitamos creer que Lorenzo Aguirre murió sabiendo que le haríamos “un duelo de labores y esperanzas”.

Alicante. Hogueras de 1928.

Alicante. Hogueras de 1929.

Alicante. Hogueras de 1930.

Louis Aragon

La guerre et ce qui s’ensuivit

Les ombres se mêlaient et battaient la semelle
Un convoi se formait en gare à Verberie
Les plates-formes se chargeaient d’artillerie
On hissait les chevaux les sacs et les gamelles

Il y avait un lieutenant roux et frisé
Qui criait sans arrêt dans la nuit des ordures
On s’énerve toujours quand la manoeuvre dure
et qu’au-dessus de vous éclatent les fusées

On part Dieu sait pour où Ça tient du mauvais rêve
On glissera le long de la ligne de feu
Quelque part ça commence à n’être plus du jeu
Les bonshommes là-bas attendent la relève

Le train va s’en aller noir en direction
Du sud en traversant les campagnes désertes
Avec ses wagons de dormeurs la bouche ouverte
Et les songes épais des respirations

Il tournera pour éviter la capitale
Au matin pâle On le mettra sur une voie
De garage Un convoi qui donne de la voix
Passe avec ses toits peints et ses croix d’hôpital

Et nous vers l’est à nouveau qui roulons Voyez
La cargaison de chair que notre marche entraîne
Vers le fade parfum qu’exhalent les gangrènes
Au long pourrissement des entonnoirs noyés

Tu n’en reviendras pas toi qui courais les filles
Jeune homme dont j’ai vu battre le cœur à nu
Quand j’ai déchiré ta chemise et toi non plus
Tu n’en reviendras pas vieux joueur de manille

Qu’un obus a coupé par le travers en deux
Pour une fois qu’il avait un jeu du tonnerre
Et toi le tatoué l’ancien Légionnaire
Tu survivras longtemps sans visage sans yeux

Roule au loin roule le train des dernières lueurs
Les soldats assoupis que ta danse secoue
Laissent pencher leur front et fléchissent le cou
Cela sent le tabac la laine et la sueur

Comment vous regarder sans voir vos destinées
Fiancés de la terre et promis des douleurs
La veilleuse vous fait de la couleur des pleurs
Vous bougez vaguement vos jambes condamnées

Vous étirez vos bras vous retrouvez le jour
Arrêt brusque et quelqu’un crie Au jus là-dedans
Vous bâillez Vous avez une bouche et des dents
Et le caporal chante Au pont de Minaucourt

Déjà la pierre pense où votre nom s’inscrit
Déjà vous n’êtes plus qu’un nom d’or sur nos places
Déjà le souvenir de vos amours s’efface
Déjà vous n’êtes plus que pour avoir péri

Le roman inachevé, 1956.

https://goo.gl/cGmEyr

Enregistré a la radio en 1959, avec Léo Ferré au piano, deux ans avant la sortie du disque 25cm “Les chansons d’Aragon”.

Léo Ferré. Studio Harcourt. v 1947.

11 novembre 2018

Le monument aux morts de Gentioux, d’inspiration pacifiste, est situé dans la commune de Gentioux-Pigerolles dans la Creuse.

Le monument fait figurer un enfant le poing tendu vers l’inscription « Maudite soit la guerre », symbolisant la douleur et la révolte après la perte d’un père lors de la Première Guerre mondiale. (Jules Pollacchi, 1922)

La Dama de Elche

Dama de Elche. Madrid, Museo Arqueológico Nacional.

El País, 30/10/2018

La Dama de Elche, de reina mora a icono patriótico del franquismo

La arqueóloga Carmen Aranegui publica un estudio que recorre la historia de la joya del arte ibérico y tercia sobre su posible traslado

“La Dama de Elche tiene la gloria de una reina y posee el atractivo de un ángel con la fuerza de una amazona”. Salvador Dalí ha sido uno de los artistas rendidos a la belleza de esta figura. Han pasado 121 años desde que la joya del arte ibérico fue descubierta en una finca de La Alcudia, a tres kilómetros de Elche. Aupada como esencia de España, tanto en la República como, sobre todo, en el franquismo, la idolatría hacia esta escultura del siglo IV antes de Cristo propició “un grado de manipulación tal que incluso llegó a alejar a los investigadores de su estudio un tiempo”, dice a EL PAÍS la arqueóloga Carmen Aranegui Gascó, catedrática emérita de la Universidad de Valencia, que ha publicado La Dama de Elche (editorial Marcial Pons). En este libro, lamenta que de la Dama “hayan interesado más los aspectos sentimentales que el estudio de su contexto”.

Ese momento clave fue el 4 de agosto de 1897, cuando unos peones agrícolas instalaban un regadío y plantaban granados en la finca de La Alcudia. El busto apareció como una pieza reaprovechada dentro de una pared. Tras ser mostrada unos días en Elche, “la reina mora”, como la llamaron los ilicitanos, partió a París. “La arqueología internacional tenía una visión romántica de España como lugar exótico, de antiguas tradiciones”, explica la profesora Aranegui. Casualmente, un hispanista francés, Pierre Paris, que acudía cada verano a España, estaba en Elche y se movió rápido. Contactó con un banquero que pagó 4.000 francos al dueño del terreno, que ya había vendido otros hallazgos, y con los responsables del Louvre.

Por parte española, el arqueólogo Pedro Ibarra, cronista del descubrimiento, lo había comunicado “a la Real Academia de la Historia y a las autoridades de patrimonio, pero el 8 de agosto fue asesinado el presidente del Consejo de Ministros, Antonio Cánovas del Castillo, lo que dificultó cualquier respuesta oficial”, explica Aranegui.

El busto (“hay quien ha teorizado que era parte de una mujer sentada o en pie, pero defiendo que no es así”) recibe en Francia el nombre de “dama” porque “los anticuarios de la época habían empezado a sustituir el nombre de Venus, con el que se bautizaba a las representaciones que se encontraban, por algo más acorde con los tiempos”.

Uso funerario
Se suceden las investigaciones, como las que han apuntado que la Dama es una diosa, algo que Aranegui, que comisarió hace 20 años una gran exposición sobre arte ibérico en París, descarta: “Creo que es una representación de los valores de las élites de aquella sociedad”. También recuerda un dato conocido, su uso funerario. “Se analizó su hueco de la parte posterior y se sabe que contuvo cenizas y restos de combustión de huesos humanos”.

¿Quién talló semejante maravilla hace casi 2.500 años? “Una aportación de mi libro es que al estudiar el conjunto de La Alcudia se deduce que hubo un taller de muy buenos escultores en lo que era la ciudad ibérica de Ilici. Hoy, un 80% del yacimiento está sin excavar”. El autor de la Dama fue minucioso en los detalles. “Destaca el tratamiento del rostro, enmarcado en joyas, pero el objetivo del artista fue describir la joyería y las telas de la vestimenta. No le interesó el lenguaje de la expresión anatómica”.

El rostro hierático de la Dama seguía en el Louvre, a pesar de que la España republicana reclamaba su devolución. “En producciones teatrales de Alberti y María Teresa León, España estaba personificada como la Dama. Y Margarita Xirgu se vistió, en el exilio, como la estatua para la Numancia de Cervantes. Las negociaciones continuaron tras la Guerra Civil. La España de la dictadura y la Francia colaboracionista de Vichy llegaron a un acuerdo, tras un tira y afloja por el intercambio de piezas. “En el difícil equilibrio de Pétain, quería acercarse a España para que Franco fuera más neutral, menos amistoso con el Eje, y pensó que, devolviendo la Dama, así  sucedería”.

El regreso y su exposición en el Prado, desde junio de 1941, marcan el principio de la retirada de la bibliografía internacional. “Se despliega la propaganda de que España es una civilización sin rival en cuanto a su antigüedad”. Su imagen se multiplica en sellos, rótulos, marcas…

El bloque de arenisca, de 65 kilos de peso y 56 centímetros de altura, permanece en la pinacoteca hasta 1971, cuando es trasladada “escoltada y en taxi” al Museo Arqueológico para realzar un centro que necesitaba una estrella. Allí sigue con su mirada penetrante. ¿Puede trasladarse para exposiciones temporales, como se hizo, en 1965, a Elche? “La pieza está estabilizada en su conservación, con precauciones no tiene por qué ser un obstáculo”. Sin embargo, la profesora Aranegui teme que al plantear esta cuestión suceda como otras veces, “cuando lo identitario irrumpe, la Dama pierde”.

https://elpais.com/cultura/2018/10/17/actualidad/1539790920_448962.html