Joan Margarit

Treballs d’amor 

El motiu tant és.
Cal buscar entre les restes el que ha sobreviscut.
¿Podríem no sentir-nos insegurs,
si els nostres sentiments
són territoris de frontera
perduts, recuperats, tornats a perdre?
Perquè estimar no és enamorar-se.
És tornar a construir, una vegada, una altra,
el mateix pati on escoltar les merles
quan a la primavera encara és de nit.
És l’únic cant d’ocell que podria ser Schubert.
Tu i jo com als vint anys, sols a la cuina,
ens fem forts escoltant aquesta melodia.
Més claredat no l’hem tinguda mai.

Un hivern fascinant. OSSA MENOR, Editorial Proa, 2017.

Trabajos de amor

El motivo no importa.
hay que buscar entre los restos
lo que ha sobrevivido. Nunca estamos seguros.
¿Podríamos sentirnos de otro modo,
si nuestros sentimientos
son como territorios de frontera,
tantas veces perdidos,
recuperados, vueltos a perder?
Porque el amor no es enamorarse.
Es, una y otra vez, construir el mismo patio
donde escuchar el canto de los mirlos,
cuando aún es de noche, en primavera.
De entre todos los pájaros,
es el único canto que podría ser Schubert.
Solos en la cocina, como a los veinte años,
a ti y a mi
nos hace fuertes esa melodía.
Más claridad no la tuvimos nunca.

Un asombroso invierno. Visor, 2018.

Joan Margarit.

André Blanchard

André Blanchard est né le 2 février 1951 à Besançon. Il est mort le 29 septembre 2014 à Vesoul.

Il a  publié essentiellement des carnets, des réflexions sur la littérature et sur l’actualité. La littérature était pour lui une nécessité absolue. Il gagnait sa vie comme gardien des salles d’expositions municipales de la ville de Vesoul.

J’ai lu tous ses livres publiés au Dilettante. Les autres, je ne les ai jamais trouvés. J’ai été très heureux d’apprendre qu’un autre ouvrage de cet auteur allait être publié ces jours-ci: Un début loin de la vie.

Entre chien et loup (carnets 1987), Le Dilettante, 1989 (2 éd., 2007).
De littérature et d’eau fraîche (carnets 1988-1989), Erti, 1992.
Messe basse (carnets 1990-1992), Erti, 1995.
Impasse de la Défense (carnets 1993-1995), Erti, 1998.
Impressions, siècle couchant (chronique), Erti, 1998.
Impressions, siècle couchant II (chronique), Erti, 2001.
Petites nuits (carnets 2000-2002), Maé-Erti, 2004.
Contrebande (carnets 2003-2005), Le Dilettante, 2007.
Pèlerinages, (chronique) Le Dilettante, 2009.
Autres directions, (carnets 2006-2008) Le Dilettante, 2011.
À la demande générale , (carnets 2009-2011), Le Dilettante,2013.
Le reste sans changement, (carnets 2012-2014), Le Dilettante, 2015.

Jorge Luis Borges : “Elogio de la sombra

“Que otros se jacten de los libros que les ha sido dado escribir, yo me jacto de aquéllos que me fue dado leer… No sé si soy un buen escritor; creo ser un excelente lector o, en todo caso, un sensible y agradecido lector”.

Jules Renard

 

Jules Renard, Journal.

12 septembre 1901. “Dans  ma tasse, le café ne reflète que mes idées noires.”

1er octobre 1903 . “Avec l’orage qui s’éloigne, Dieu s’en va.
Les paysans sont contents : il vont pouvoir emblaver “mou”. Le temps a mal au coeur.
Les arbres, d’abord immobiles, anxieux, s’agitent bientôt de joie sous la bonne pluie désaltérante.
Sur le mur d’en face je vois une clarté : c’est la petite aube du soleil qui va reparaître. ”

Chitry-les-Mines Mémorial à Jules Renard. Maire de 1904 à 1910.

Emily Dickinson

Emily Dickinson. Daguerréotype de 1846-47 (Amherst College).

We never know how high we are (1197)

We never know how high we are
Till we are called to rise;
And then, if we are true to plan,
Our statures touch the skies—

The Heroism we recite
Would be a daily thing,
Did not ourselves the Cubits warp
For fear to be a King—

(Emily Dickinson 1830-1886)

(1197)

Nous ne savons jamais quelles hauteurs nous avons atteint
Avant qu’on nous demande de nous élever
Et alors qu’on nous demande de nous élever
Notre stature touche les cieux –

L’Héroïsme dont on se gargarise
Serait monnaie courante
Si nous ne gauchissions nous-mêmes les instruments de Mesure
de peur d’assumer notre Royauté –

Emily Dickinson, Poésies complètes, Flammarion, 2009.
(Traduction de Françoise Delphy)

 

Gabriel García Márquez

Gabriel García Márquez (Colita) 1969

Gabriel García Márquez, nacido el 6 de marzo de 1927 en Aracataca (Colombia).

“El machismo es lo que más detesto en este mundo. Toda mi obra es una condena larga y constante de esa actitud, porque el machismo es la peor desgracia que tenemos en América Latina y particularmente en el Caribe.”

Encuentro con Gabriel García Márquez. Retrato de García Márquez, 1989.

 

Jorge Luis Borges

Jorge Luis Borges (Grete Stern) 1951

Soneto inédito III 
Ya somos el olvido que seremos.
El polvo elemental que nos ignora
y que fue el rojo Adán y que es ahora
todos los hombres y los que seremos.

Ya somos en la tumba las dos fechas
del principio y el fin, la caja,
la obscena corrupción y la mortaja,
los ritos de la muerte y las endechas.

No soy el insensato que se aferra
al mágico sonido de su nombre;
pienso con esperanza en aquel hombre

que no sabrá quien fui sobre la tierra.
Bajo el indiferente azul del cielo,
esta meditación es un consuelo.

Los Justos

“Un hombre que cultiva un jardín, como quería Voltaire. El que agradece que en la tierra haya música. El que descubre con placer una etimología. Dos empleados que en un café de Sur juegan un silencioso ajedrez. El ceramista que premedita un color y una forma. Un tipógrafo que compone bien esta página, que tal vez no le agrada. Una mujer y un hombre que leen los tercetos finales de cierto canto. El que acaricia a un animal dormido. El que justifica o quiere justificar un mal que le han hecho. El que agradece que en la tierra haya Stevenson. El que prefiere que los otros tengan razón. Estas personas, que se ignoran, están salvando el mundo”.

Dada 2: André Breton-Tristan Tzara

Publication de la Correspondance d’André Breton
Lettres à Simone Kahn (1920-1960), édité par Jean-Michel Goutier, Paris, Gallimard, coll. «Blanche», 2016.
Lettres à Jacques Doucet (1920-1926), édité par Étienne-Alain Hubert, Paris, Gallimard, coll. «Blanche», 2016.
André Breton et Benjamin Péret, Correspondance 1920-1959, présentée et éditée par Gérard Roche, Paris, Gallimard, 2017.
Correspondance avec Tristan Tzara et Francis Picabia 1919-1924, présentée et éditée par Henri Béhar, Paris, Gallimard, 2017.

La correspondance avec Tristan Tzara et Francis Picabia couvre surtout la période comprise entre 1919 et 1924. Il s’agit donc essentiellement de la période Dada. Michel Sanouillet (Dada à Paris, Pauvert 1965) et Henri Béhar (Oeuvres complètes de Tristan Tzara, Flammarion, 1975-91; André Breton le grand indésirable, Paris, Calmann-Lévy, 1990, nouvelle édition, Fayard, 2005; Tristan Tzara, essai, Paris, Oxus, 2005, coll. «Les Roumains de Paris») ont déjà bien étudié leurs rapports. Breton qui venait de perdre son ami Jacques Vaché attendait Tzara comme le messie. («Je vous attends, je n’attends plus que vous.» 26 décembre 1919) Tzara apportera au groupe réuni autour de Breton, d’Aragon, et de Soupault une radicalité présente à Zürich et Berlin. Rapidement pourtant, le mouvement se désagrège et se divise en deux clans : les disciples de Tzara, et ceux de Breton. Breton veut instaurer le règne de l’esprit nouveau en explorant avec méthode le domaine du rêve .Tzara refuse de participer  à cette première étape du surréalisme. (André Breton, Manifeste du surréalisme, 1924; Tristan Tzara, Sept manifestes Dada, 1924, recueil de manifestes lus ou écrits entre 1916 et 1924.)

Portrait de Tristan Tzara (Francis Picabia) 1919 Paris Centre Georges Pompidou

Dada 1: Dada Africa

Motifs abstraits: Masques (Sophie Taeuber-Arp) 1917

Grande actualité Dada cette année aussi dans le prolongement du centenaire de ce mouvement.

Au Musée de l’Orangerie (Paris) «Dada Africa, sources et influences extra-occidentales» du 18 octobre 2017 au19 février 2018.

Après «Qui a peur des femmes photographes?», «Apollinaire, le regard du poète», et «La peinture américaine des années 1930», nous y avons vu une autre belle exposition sur un sujet méconnu. Le musée de l’Orangerie est né de la collection du marchand d’art Paul Guillaume. C’était un grand marchand d’art africain. Il a joué un rôle de premier plan dans la confrontation entre art moderne et arts premiers.

Dada fut un mouvement artistique subversif mais divers. Il naît à Zürich pendant la Guerre de 14-18 et se déploie ensuite à Berlin, Paris, New York… Par leurs œuvres nouvelles – poésie sonore, danse, collages, performance –, les artistes dadaïstes interrogent la société occidentale aux prises avec la Grande Guerre, et s’approprient les formes culturelles et artistiques de cultures non occidentales (Afrique, Océanie, Amérique). Gauguin, Picasso et les artistes de Die Brücke avaient fait de même.

Le Musée de l’Orangerie a proposé une exposition sur ces échanges en confrontant œuvres africaines, amérindiennes et asiatiques et celles, dadaïstes, de Hannah Höch, Jean Arp, Sophie Taeuber-Arp, Marcel Janco, Hugo Ball, Tristan Tzara, Raoul Hausmann, Man Ray, Francis Picabia…

Diversité, inventivité et radicalité des productions Dada – textiles, graphisme, affiches, assemblages, reliefs en bois, poupées et marionnettes – face à la beauté étrange et la rareté d’œuvres non occidentales…

Une place particulière a été donnée à Hannah Höch (1889-1978), une des compagnes de Raoul Hausmann (1886-1971). Elle a réussi à préserver une partie des archives du dadaïsme de la destruction nazie. Il faut noter que la critique de la guerre et du bellicisme fut davantage le fait des artistes allemands (Grosz, Heartfield, Hausmann) que des français. «Nous cherchions un art élémentaire qui devait, pensions-nous, sauver les hommes de la folie furieuse de ces temps», déclarait Hans (Jean) Arp en 1940.

Hannah Höch

Jacques Ferrandez à la Galerie Gallimard

 

Gallimard a ouvert une galerie, 30 rue de l’Université, Paris (VII). Ce nouveau lieu est consacré aux oeuvres graphiques, éditions originales et photographies.  Du 19 janvier au 7 mars 2018: Jacques Ferrandez l’oeuvre d’Albert Camus en bande dessinée. Exposition-vente.

Je suis passé par hasard cette semaine Rue de l’Université. J’ai vu ce lieu et je suis rentré admirer les planches de ce dessinateur.

Né en 1955 à Alger, il s’est exprimé d’abord par la bande dessinée. Il a essayé de raconter les liens complexes entre l’Algérie et la France à travers ses Cahiers d’Orient : 10 tomes publiés par Casterman de 1987 à 2009.

Il a pu aussi mettre en images récemment les oeuvres d’Albert Camus: – L’Hôte (nouvelle tirée de L’exil et le royaume en 2009. – L’étranger en 2013.  – Le premier homme en 2017. Un défi: mettre un visage sur le personnage de Meursault, faire sentir la brûlure du soleil d’Alger en été.

Bien que je n’apprécie pas particulièrement la bande dessinée, j’ ai lu avec grand plaisir ses oeuvres cet hiver. Il me manque Le premier homme.

Jacques Ferrandez a publié aussi en 2017 au Mercure de France, Entre mes deux rives. Livre inclassable: essai, mémoires, autobiographie, dessins. Tout se mêle.

«Je suis comme un enfant trouvé de la Méditerranée, ballotté d’un bord à l’autre. Je suis né sur la rive sud, j’ai vécu sur la rive nord. Les deux m’appartiennent et j’appartiens aux deux. C’est le creuset. C’est la mer, la mère, la matrice à tous les sens du terme. Mer natale. Aujourd’hui, il est temps pour moi d’interroger, à travers mon rapport à Camus, tout ce qui me relie à l’Algérie et plus généralement à la Méditerranée. D’une rive à l’autre. De mes deux rives. Entre mes deux rives.»

” Je ne suis pas nostalgique  de ce qui a été, mais plutôt de ce qui n’a pas été.”

https://www.galeriegallimard.com/content/27-jacques-ferrandez

Antonio Machado

Statue d’Antonio Machado devant le Lycée de Soria où il enseigna le français pendant 5 ans (1907-1912)

Estos días azules y este sol de la infancia” (Ces jours bleus et ce soleil de l’enfance.) »

Dernier vers d’Antonio Machado retrouvé par son frère dans une poche de son pardessus.

Antonio Machado est mort à 15h30 le 22 février 1939 à Collioure, mercredi des Cendres.