Philippe Lançon, Le Lambeau.

 

«J’ai raconté, dans «Le monde d’en bas», comment je descendais régulièrement au bloc avec les lettres à Milena, mais je n’ai pas encore dit comment elles avaient atterri là. Une nouvelle édition venait de paraître chez Nous, traduite par Robert Kahn. Mon amie et chef de service à Libération, Claire, était venue quelques jours après l’attentat et me l’avait apportée. Quand elle est arrivée, j’étais au bloc. Comme elle ne disposait d’aucun papier, elle écrivit sur la page de garde: «Mon cher Philippe, je repasserai te voir bien sûr. Je t’embrasse bien fort. Claire.» Il avait fallu ces circonstances pour qu’elle en vienne à faire une chose que sa délicatesse et son éducation lui interdisaient, dédicacer un livre qu’elle n’avait pas écrit. Ce petit geste né des circonstances m’avait terriblement ému et ces quelques mots de Claire, joints aux lettres qui les suivaient, firent du livre un talisman qui, de chambre en chambre, de maison en maison et de pays en pays, ne m’a plus quitté.

Le jour où Claire me l’apporta, remontant du bloc à moitié endormi et nauséeux, je l’ai pris comme un ivrogne passant sous une douche glacée pour se réveiller, et je suis tombé sur des phrases que j’ai jusqu’ici simplement évoquées. Kafka est à Merano, au printemps 1920. Il parle de ses fiançailles ratées, mais on a l’impression qu’il parle du monde des malades, d’ailleurs comme tout est maladie il finit par en parler et il écrit. «De toute façon la réflexion sur ces choses n’apporte rien. C’est comme si l’on voulait s’efforcer de briser une seule des marmites de l’enfer, premièrement on échoue, et deuxièmement, si on réussit, on est consumé par la masse embrasée qui s’en échappe, mais l’enfer reste intact dans sa magnificence. Il faut commencer autrement. En tout cas s’allonger dans un jardin et tirer de la maladie, surtout si elle n’est pas vraiment une, le plus de douceurs possible. Il y a là beaucoup de douceurs.»

Ces phrases me servaient depuis lors de bréviaire, et même de viatique. Je les ai lues dans ma chambre, dans le monde d’en bas, dans le parc de l’hôpital, dans des salles d’attente de toutes sortes. Je les aurais lues sur le billard si j’avais pu, et cela jusqu’au moment où la brûlure de l’anesthésiant m’annonçait la perte de conscience. Elles me fixaient deux horizons qui, dans ma situation, étaient essentiels. D’abord, ne pas chercher à briser une seule des marmites de l’enfer dans lesquelles je me trouvais. Ne pas céder à la tristesse, à la colère, ne pas être obsédé par la destruction d’un enfer qui, comme celui de Kafka, resterait de toute façon, «intact dans sa magnificence». Ce mot, magnificence, à cet endroit, résumait sa modestie, son ironie, son innocence supérieure. On n’échappe pas à l’enfer dans lequel on est, on ne le détruit pas. Je ne pouvais pas éliminer la violence qui m’avait été faite, ni celle qui cherchait à en réduire les effets. Ce que je pouvais faire en revanche, c’était apprendre à vivre avec, l’apprivoiser, en recherchant, comme disait Kafka, le plus de douceurs possible. L’hôpital était devenu mon jardin. Et, regardant les infirmières, les aide-soignants, les chirurgiens, la famille, les amis, dans ce service d’urgence où chacun se plaignait et s’affrontait, où la crise était l’état naturel des patients et des soignants, je sentais que la douceur kafkaïenne existait, mais qu’elle n’était pas plus molle qu’une pierre et que la trouver dépendait de moi.»

Philippe Lançon, Le Lambeau, Gallimard.

Un philosophe (Franz Kafka)

Statue de Franz Kafka (Jaroslav Róna) 2003. Rue Dusni. Quartier de Josefov. Prague.

« Un philosophe traînait toujours là où des enfants jouaient. Et quand il voyait un garçon qui avait une toupie, il était tout à coup aux aguets. Dès que la toupie se mettait à tourner, le philosophe la suivait pour l’attraper. Peu lui importait que les enfants se mettent à crier et essayent de le tenir à distance de leur jouet , il était heureux tant qu’il pouvait saisir la toupie encore en train de tourner, heureux juste un instant, car déjà il la jetait par terre et s’en allait. Il croyait en effet que la connaissance de chaque petite chose, ainsi par exemple une toupie en train de tourner, suffisait pour connaître la totalité. C’est pour cela qu’ il ne s’occupait pas des grands problèmes, du temps perdu à ses yeux : si la plus petite chose était vraiment connue, alors tout était connu, c’est pourquoi il ne s’occupait que de la toupie qui tournait. Et à chaque fois que les enfants se préparaient à faire tourner la toupie, il avait l’espoir que cela allait marcher cette fois-ci, et quand la toupie se mettait à tourner, il se mettait à espérer en courant essoufflé après elle qu’il atteindrait la connaissance. Mais quand il avait le stupide morceau de bois dans la main, il était dégoûté, et les cris des enfants qu’il n’avait pas entendus jusqu’alors, et qui lui arrivaient tout à coup dans  les oreilles, le chassaient de là, chancelant comme une toupie sous des coups de fouet maladroits. »

(Le cavalier au seau à charbon et autres histoires fantastiques. Traduction : Laurent Margantin, Odradek éditions, 2016)

Vassili Grossman (1905-1964)

Vassili Grossman, Berlin, 1945.

Vassili Grossman, Carnets de guerre. De Moscou à Berlin. 1941-1945.

«Et il n’y a plus personne à Kazary pour se plaindre, personne pour raconter, personne pour pleurer. Le silence et le calme règnent sur les corps des morts enterrés sous des terres calcinées, effondrées et envahies d’herbes folles. Ce silence est plus terrible que les larmes et les malédictions. Et il m’est venu à l’esprit que, de même que se tait Kazary, les Juifs se taisent dans toute l’Ukraine.

Massacrés les vieillards, les artisans, les maîtres renommés pour leur savoir-faire : tailleurs, chapeliers, bottiers, étameurs, orfèvres, peintres en bâtiment, fourreurs, relieurs, massacrés les vieux ouvriers, portefaix, charpentiers, fabricants de poêles, massacrés les amuseurs publics, les ébénistes, massacrés les porteurs d’eau, les meuniers, les boulangers, les cuisiniers, massacrés les médecins, praticiens, prothésistes dentaires, chirurgiens, gynécologues, massacrés les savants en bactériologie et en biochimie, les directeurs de cliniques universitaires, les professeurs d’histoire, d’algèbre, de trigonométrie, massacrés les professeurs à titre personnel, assistants, maîtres-assistants et maîtres de conférences des chaires universitaires, massacrés les ingénieurs, les architectes, massacrés les agronomes et les conseillers en agriculture, massacrés les comptables, caissiers, commanditaires, agents de fourniture, assistants de direction, secrétaires, gardiens de nuit, massacrées les maîtresses d’école, les couturières, massacrées les grands-mères qui savaient tricoter des chaussettes et cuire de délicieuses brioches, faire du bouillon et du strudel aux noix et aux pommes, massacrées les grands-mères qui n’étaient plus capables de rien, qui savaient seulement aimer leurs enfants et petits-enfants, massacrées les épouses fidèles à leur mari et massacrées les femmes légères, massacrées les belles jeunes filles, les étudiants doctes et les écolières mutines, massacrées les vilaines et les idiotes, massacrées les bossues, massacrées les chanteuses, massacrés les aveugles, massacrés les sourds-muets, massacrés les violonistes et les pianistes, massacrées les petites de deux ans et de trois ans, massacrés les vieux de quatre-vingts ans aux yeux ternis par la cataracte, aux doigts froids et transparents et aux voix presque inaudibles chuchotant comme du papier blanc, massacrés enfin les nourrissons tétant avidement le sein maternel jusqu’à leur dernière minute.

Ce n’est pas la mort des hommes morts à la guerre, les armes à la main, d’hommes ayant laissé derrière eux leur maison, leur famille, leurs champs, leurs chansons, leurs traditions, leurs récits. C’est le meurtre d’une immense expérience professionnelle, élaborée de génération en génération par des milliers d’artisans et d’intellectuels pleins d’esprit et de talent. C’est le meurtre d’habitudes du quotidien transmises par les aïeux aux enfants, c’est le meurtre des souvenirs, des chansons tristes, de la poésie populaire, de la vie allègre et amère, c’est la destruction du foyer, des cimetières, c’est la mort d’un peuple qui a vécu des siècles aux côté du peuple ukrainien…

Khristia Tchouniak, une paysanne de quarante ans du village de Krassilovka, dans le district de Brovary de la région de Kiev, m’a raconté comment les Allemands exécutèrent à Brovary, le médecin juif Feldman. Ce Feldman, un vieux célibataire qui avait adopté deux enfants de paysans, était l’objet d’une véritable adoration de la part de la population. Une foule de paysannes en pleurs, suppliantes, allèrent trouver le commandant allemand pour lui demander de laisser la vie sauve à Feldman. Le commandant fut contraint de céder aux prières des femmes. C’était à l’automne 1941. Feldman continua à vivre à Brovary et à soigner les paysans. Il a été exécuté cette année au printemps. En racontant comment le vieil homme avait lui-même creusé sa tombe (il était en effet tout seul pour mourir, car au printemps 1943 il n’y avait déjà plus de Juifs vivants), Khristia Tchouniak retenait ses sanglots et elle finit par éclater en pleurs.»

Samuel Beckett

Portrait de Samuel Beckett . Graffiti sur un mur a Portobello road, Londres .

A un de ses amis poète qui lui demandait des nouvelles, Samuel Beckett répondait: «Ça va, ça va… sans que je sache vraiment où.»

Jean-Jacques Rousseau

Rousseau herborisant à Ermenonville (Georg Friedrich Meyer) 1778

Jean-Jacques Rousseau est né le 28 juin 1712 à Genève et mort le 2 juillet 1778 à Ermenonville.

«Le bonheur est un état permanent qui ne semble pas fait ici-bas pour l’homme. Tout est sur la terre dans un flux continuel qui ne permet à rien d’y prendre une forme constante. Tout change autour de nous. Nous changeons nous-mêmes et nul ne peut s’assurer qu’il aimera demain ce qu’il aime aujourd’hui. Ainsi tous nos projets de félicité pour cette vie sont des chimères. Profitons du contentement d’esprit quand il vient; gardons-nous de l’éloigner par notre faute, mais ne faisons pas des projets pour l’enchaîner, car ces projets-là sont de pures folies. J’ai peu vu d’hommes heureux, peut-être point ; mais j’ai souvent vu des cœurs contents, et de tous les objets qui m’ont frappé c’est celui qui m’a le plus contenté moi-même. Je crois que c’est une suite naturelle du pouvoir des sensations sur mes sentiments internes. Le bonheur n’a point d’enseigne extérieure; pour le connaître, il faudrait lire dans le cœur de l’homme heureux; mais le contentement se lit dans les yeux, dans le maintien, dans l’accent, dans la démarche, et semble se communiquer à celui qui l’aperçoit. Est-il une jouissance plus douce que de voir un peuple entier se livrer à la joie un jour de fête, et tous les cœurs s’épanouir aux rayons expansifs du plaisir qui passe rapidement, mais vivement, à travers les nuages de la vie?»
Extrait de la «Neuvième Promenade», Rêveries du promeneur solitaire (écrites en 1776-1778, publiées en 1782).

Antonio Machado

 

Antonio Machado Terraza del hotel de Collioure donde murió. Última foto en vida.

Juan de Mairena, I.

“Nunca, nada, nadie. Tres palabras terribles; sobre todo la última. (Nadie es la personificación de la nada). El hombre, sin embargo, se encara con ellas y acaba perdiéndoles el miedo… ¡Don Nadie! ¡Don José María Nadie! ¡El excelentísimo señor Don Nadie! Conviene que os habituéis -habla Mairena a sus discípulos- a pensar en él y a imaginarlo. Cómo ejercicio poético no se me ocurre nada mejor. Hasta mañana.”

Homère

Portrait d’Homère du «type d’Épiménide», d’après une copie romaine d’un original grec du V ème siècle av. J.-C. Munich, Glyptothèque.

L’Iliade, chant 6.

«La génération des hommes est semblable à celle des feuilles. Le vent répand les feuilles sur la terre, et la forêt germe et en produit de nouvelles, et le temps du printemps arrive. C’est ainsi que la génération des hommes naît et s’éteint.»

Shelby Foote (1916-2005)

Shelby Foote 

“Shelby FOOTE est à la fois l’un des génies de la littérature américaine et l’un des moins connus. Son oeuvre, enracinée dans le Sud, constitue un univers souvent proche de l’univers faulknérien. Ses chefs-d’oeuvre romanesques (Tourbillon, Shiloh, L’amour en saison sèche, Septembre en noir et blanc), ses nouvelles (L’enfant de la fièvre), sa monumentale histoire de la Guerre Civile américaine en 3 tomes, en font une figure majeure du XXème siècle sudiste. Il est mort le 27 juin 2005.” Léon-Marc Lévy, Le Club de la Cause Littéraire.

Il a consacré sa vie à «dire le Sud», à tenter d’y trouver la vérité : «Pour la trouver, il faut parler, se souvenir. Il faut que tout soit révélé, coûte que coûte», y compris ses fautes, ses crises, bref son humanité.

Antonio Machado -René Descartes

Antonio Machado 1917 (Joaquín Sorolla) New York Hispanic Society of America.

Antonio Machado, Juan de Mairena I.

«Cogito, ergo sum», decía Descartes. Vosotros decid: «Existo, luego soy», por muy gedeónica que os parezca la sentencia. Y si dudáis de vuestro propio existir, apagad e idos.»

René Descartes, Discours de la méthode, IV ème partie.

«(…) et enfin, considérant que toutes les mêmes pensées que nous avons étant éveillés nous peuvent aussi venir quand nous dormons, sans qu’il y en ait aucune pour lors qui soit vraie, je me résolus de feindre que toutes les choses qui m’étoient jamais entrées en l’esprit n’étoient non plus vraies que les illusions de mes songes. Mais aussitôt après je pris garde que, pendant que je voulois ainsi penser que tout étoit faux, il falloit nécessairement que moi qui le pensois fusse quelque chose; et remarquant que cette vérité, je pense, donc je suis, étoit si ferme et si assurée, que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques n’étoient pas capables de l’ébranler, je jugeai que je pouvois la recevoir sans scrupule pour le premier principe de la philosophie que je cherchois.»

Portrait de René Descartes (Frans Hals) v. 1649 Paris Louvre

Samuel Beckett (1906-1989) – Nancy Cunard (1896-1965)

Samuel Beckett

Paris, juin 1930. Samuel Beckett loge rue d’Ulm et est lecteur d’anglais à l’École Normale Supérieure depuis novembre 1928. Il quittera ce poste à la rentrée d’octobre. Il a une bourse de troisième cycle pour rédiger une thèse sur Pierre Jean Jouve

Il apprend le jour même de la date limite fixée pour le dépôt des textes, qu’un concours pour le meilleur poème de moins de cent vers ayant pour sujet le temps, a été proposé par Richard Aldington et Nancy Cunard qui dirigent à Paris les éditions en langue anglaise Hours Press. En quelques heures, il écrit Whoroscope, poème de quatre-vingt-dix-huit vers sur la vie de Descartes, telle qu’elle fut décrite en 1691 par Adrien Baillet. Il achève ce poème en pleine nuit, va le glisser dans la boîte à lettres de la boutique de Nancy Cunard (15, rue Guénégaud) avant l’aube. Il remporte le concours. Whoroscope sera publié en septembre 1930 sous forme de plaquette , tirée à 300 exemplaires. C’est la première publication séparée d’une œuvre de Samuel Beckett.  Nancy Cunard fera tout pour l’aider et Aldington le conseille et incite son ami Charles Prentice, directeur des éditions Chatto et Windus, à lui commander un livre sur Proust, publié en 1931.

Peste soit de l’horoscope (Samuel Beckett) Extrait

Qu’est-ce là?
Un oeuf?
Foi de frères Boot, il pue le frais.
Qu’on donne cela à Gillot.

Salutations à Galilée
et ses tierces consécutives!
Ce vieux copernicien abject, cet adepte du fil à plomb, ce fils d’un mercanti!
Nous sommes en mouvement, disait-il, en avant toute, Porca Madonna!
comme le dirait un quartier-maître ou, bouffi et ventripotent, un Prétendant au trône.
Ce n’est point là vaguer, mais divaguer.

Qu’est-ce là?
Une menue friture verdissante et couverte de moisissures?
Deux ovaires battus avec du jambon de charme?
Combien de temps les a t-elle couvés l’emplumée?
Trois jours et quatre nuits?
Qu’on donne cela à Gillot.
Faulhaber, Beckman et Pierre le Rouge,
approchez maintenant en votre avalanche
nébuleuse, ou portés par le rougeoyant parhélie d’une comète cirstalline de Gassendi
et je résoudrai pour vous vos devinettes mathématiques élémentaires
ou, sous la courtepointe à la mi-temps du jour, je polirai une lentille.

Dire que Pierre le Brutal était mon propre frère
et que nul syllogisme ne lui est dû
comme si en lui Père avait survécu.
Holà! Qu’on me passe la menue monnaie
gagnée à la suave sueur de mes humeurs ardentes!
Quelle belle époque celle où je demeurais assis dans mon poêle expulsant les Jésuites par ma tabatière.

Qui est-ce? Hals?
Qu’il attende.

Ma mie, mon adorable bigleuse!
Au jeu, c’était moi qui me cachais, moi qui me cherchais.
Et ma Francine, précieuse éclosion d’un foetus ancillaire!
Quelle desquamation!
Son délicat épiderme, écorché, gris, et ses amygdales écarlates!
Mon unique enfant
atteinte par une fièvre qui s’attaque au sang trouble et stagnant-
le sang! (…)

(Traduit par Edith Fournier)

Whoroscope

What’s that?
An egg?
By the brother Boot it stinks fresh.
Give it to Gillot

Galileo how are you
and his consecutive thirds!
The vile old Copernican lead-swinging son of a sutler!
We’re moving he said we’re off – Porca Madonna!
the way a boatswain would be, or a sack-of-potatoey
charging Pretender
That’s not moving, that’s moving.

What’s that?
A little green fry or a mushroomy one?
Two lashed ovaries with prosciutto?
How long did she womb it, the feathery one?
Three days and four nights?
Give it to Gillot

Faulhaber, Beeckmann and Peter the Red,
come now in the cloudy avalanche or Gassendi’s
sun-red crystally cloud
and I’ll pebble you all your hen-and-a-half ones
or I’ll pebble a lens under the quilt in the midst of day
To think he was my own brother, Peter the Bruiser,
and not a syllogism out of him
no more than if Pa were still in it.

Hey! Pass over those coppers
sweet milled sweat of my burning liver!
Them were the days I sat in the hot-cupboard
throwing Jesus out of the skylight.

Who’s that? Hals?
Let him wait.

My squinty doaty!
I hid and you sook.
And Francine my precious fruit of a
house-and-parlour foetus!
What an exfoliation!
Her little grey flayed epidermis and scarlet tonsils!
My one child
Scourged by a fever to stagnant murky blood-
Blood! (…)