Le Guépard (traduit par Jean-Paul Manganaro) Le Seuil, 2007.
«Le Prince se sentait découragé: «Tout cela ne devrait pas durer ; pourtant cela durera toujours ; le toujours humain bien entendu, un siècle, deux siècles ; après quoi, ce sera différent mais pire. Nous fûmes les Guépards, les Lions : ceux qui nous succéderons seront les Chacals, les Hyènes. Et nous tant que nous sommes, Guépards, Chacals, Brebis, nous continuerons à nous considérer comme le sel de la terre.”
“ Non dovrebbe poter durare, ma durerà sempre. Il sempre umano, certo, uno o due secoli, e dopo tutto sarà diverso, ma sarà peggiore. Noi fummo i gattopardi, i leoni. Chi ci sostituirà saranno gli sciacalli, le iene. E tutti quanti, gattopardi, leoni, sciacalli o pecore, continueremo a crederci il sale della terra.”
«Si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change»
«Se vogliamo che tutto rimanga come è, bisogna che tutto cambi!»
L’année 2018 a été terrible pour la littérature israélienne. Après Aharon Appelfeld mort le 4 janvier 20, Amos Oz est décédé le 28 décembre 2018 à 79 ans.
Celui-ci est né le 4 mai 1939 à Jérusalem, alors sous contrôle britannique, dans le quartier de Kerem Avraham. Son père, Arié Klausner, originaire d’Odessa (Ukraine) et spécialiste en littérature étrangère et hébraïque, était employé à la bibliothèque du mont Scopus, devenue la bibliothèque nationale d’Israël en 1948. Sa mère, Fania Mussman, née à Rovno (Ukraine) et diplomée de l’université de Prague, donnait des cours de littérature et d’histoire à des lycéens. Sa famille, sioniste mais peu religieuse, avait émigré en Palestine au début des années 30. Enfant unique, il est élevé seulement en hébreu alors que son père parlait onze langues. Sa mère se suicide à 38 ans alors que, lui, a 12 ans. En 1955, il quitte sa famille et s’installe au kibboutz Houlda. Il prend alors le nom d’Oz, «force» en hébreu. Son vrai nom, Klausener, signifie le «reclus» en allemand. Il suit des études de littérature et de philosophie à l’Université hébraïque de Jérusalem. Il se marie en 1960 avec Nily et a trois enfants (Fania, Galia et Daniel). Il est professeur de littérature à l’université Ben Gourion de Beer-Sheva. Il vit avec sa famille à Houlda jusqu’en 1986, puis s’établit à Arad, au seuil de désert du Néguev.
Il a servi dans une unité de char pendant la guerre des Six-Jours (1967), puis sur le front du Golan lors de la guerre de Kippour (1973). En 1978, il contribue, avec 300 officiers réservistes, à la fondation du mouvement La Paix maintenant (Shalom Arshav). Ancien compagnon de route du Parti travailliste, il rejoint en 2008 le Meretz, le plus à gauche des partis politiques sionistes. Il défendit toute sa vie les mêmes positions, qu’il rappela dans Comment guérir un fanatique (Gallimard, 2006) comme dans son dernier livre paru en France, Chers fanatiques (Gallimard, 2018): la coexistence de deux Etats côte à côte, et la restitution aux Palestiniens des territoires occupés depuis 1967, en contrepartie de l’abandon par ceux-ci d’un droit au retour pour les réfugiés. Rappelant le droit d’Israël à se défendre contre toute attaque et celui, plus fondamental, à exister, il a soutenu son pays lors de la guerre avec le Liban en 2006 et l’opération «Plomb durci» à Gaza en 2009.
Amos Oz a écrit 18 ouvrages en hébreu, et près de 450 articles et essais. Ses œuvres sont traduites en trente-neuf langues.
1965 Les terres du chacal. Stock.
1966 Ailleurs peut-être. Calmann-Lévy 1971. Folio n°4422.
1968 Mon Michaël. Calmann-Lévy, 1973. Folio n°2756.
1971 Jusqu’à la mort. Calmann-Lévy.
1973 Toucher l’eau, toucher le vent. Calmann-Lévy 1997. Folio n° 2951.
1976 La colline du mauvais conseil. Calmann-Lévy 1978.
1978 Mon vélo et autres aventures. Stock. Ouvrage pour la jeunesse.
1979 Sous cette lumière flamboyante.
1982 Une paix parfaite.
1983 Les voix d’Israël. Calmann-Lévy. Dans la terre d’Israël.
1986 La Boîte noire. Calmann-Lévy, 1988. Prix Fémina étranger 1988. Folio n° 5261.
1989 Connaître une femme. Calmann-Lévy.
1994 La Troisième Sphère. Calmann-Lévy. Folio n° 5542.
1994 Ne dis pas la nuit. Calmann-Lévy.
1995 Une panthère dans la cave. Calmann-Lévy. Folio n°4032. Les Deux Morts de ma grand-mère et autres essais. Calmann-Lévy. Folio n°4031.
1996 Un juste repos. Calmann-Lévy. Folio n° 2802. L’histoire commence. Calmann-Lévy, 1996.
2002 Seule la mer. Gallimard. Folio n° 4185.
2002 Une histoire d’amour et de ténèbres. Gallimard 2004 Folio n°4265. Adapté au cinéma par Natalie Portman 2016
2003 Aidez-nous à divorcer! – Israël Palestine, deux États maintenant. Gallimard, 2004.
2005 Prix Goethe de la ville de Francfort. Soudain dans la forêt profonde. Gallimard 2006 Folio n° 4701. Israël et Palestine. Gallimard.
2006 Comment guérir un fanatique. Gallimard. Arcades n°86.
2007 Prix Prince des Asturies des Lettres. Vie et mort en quatre rimes. Gallimard 2008 Folio n° 4947.
2010 Scènes de vie villageoise. Gallimard. Folio n° 5311. Entre amis. Gallimard 2013. Folio n° 5812.
2013 Prix Franz Kafka. Prague.
2014 Juifs par les mots (avec Fania Oz-Salberger) Gallimard. Judas. Gallimard 2016 Folio n° 6505.
2018 Chers fanatiques. Gallimard.
«La nation juive existe sans aucun doute, mais elle se distingue de la plupart des autres en ce que son principe vital ne se transmet pas forcément par les gènes ou les victoires militaires, mais par les livres […]. Les Juifs ne sont pas des bâtisseurs de pyramides ni de cathédrales magnifiques, ils n’ont pas érigé la muraille de Chine ni le Taj Mahal. Non, ils rédigent des textes qu’ils lisent en famille, à l’occasion des fêtes ou des repas.» (Chers fanatiques)
«La distance grandissante qui nous sépare des horreurs de la première moitié du XXe siècle est l’une des causes de la flambée actuelle de fanatisme. A leur insu, Staline et Hitler ont transmis aux deux ou trois générations suivantes la hantise de l’extrémisme et une certaine maîtrise des pulsions fanatiques. Durant plusieurs décennies, grâce aux pires assassins du XXe siècle, les racistes avaient un peu honte de l’être. […] Depuis quelques années, c’est à croire que le “cadeau” de Staline, de Hitler ou des militaristes japonais arrivent à la date de péremption. L’effet du vaccin partiel que l’on nous a injecté s’estompe. La haine, le fanatisme, la xénophobie, […] tout cela relève de nouveau la tête.» (Chers fanatiques)
«Mi problema no es la religión, sino el fanatismo religioso. No es el cristianismo, sino la Inquisición. No es el islam, sino el yihadismo. No es el judaísmo, sino los judíos fundamentalistas. No es Jesucristo, sino los cruzados.» (El País, 11/05/2018)
«Il arrive que le cours de la vie ralentisse et chuchote, comme un filet d’eau qui s’écoule d’une gouttière et creuse une rigole dans le jardin. Soudain, une motte de terre le retient, il forme une petite flaque, hésite, cherche à saper le monticule qui lui barre la route ou à y pénétrer. A cause de cet obstacle, l’eau se ramifie en trois ou quatre ruisselets. Mais elle peut aussi capituler et s’infiltrer dans la terre. Pour en revenir à Shmuel Asch, dont les parents avaient brusquement perdu les économies de toute une vie, sans parler de ses travaux de recherche avortés, ses études interrompues et sa petite amie qui avait épousé son ex, il décida d’accepter l’emploi de la rue Harav Elbaz, les “conditions d’hébergement” et la petite rémunération mensuelle…» (Judas, 2014, page 43)
«Par un matin d’hiver quasi printanier à Jérusalem – le ciel était d’un bleu intense, l’air embaumait la résine de pin, la terre mouillée et bruissait de chants d’oiseaux. (…) La vie est comme une ombre qui passe, la mort aussi. Seule, la douleur demeure. Elle n’en finit pas, jamais.» (Judas, 2014)
Un ami est parti ce matin. Triste Noël. Adieu, Luc!
Tibulle (en latin Albius Tibullus), né vers 54 ou 50 av. J.-C. et mort en 19-18 av. J.-C..
Tibulle (Elégies, 2, 4, 50):
«Et bene, discedens dicet, placideque quiescas,
Terraque securae sit super ossa levis.»
«Il s’éloignera en disant: «Dors en paisible repos!
Sois tranquille, et que la terre soit légère à tes os!»
Jean Giono.
Jean Giono,L’histoire de Monsieur Jules (L’oiseau bagué):
«Au fond, dans la vie, on a tant de besoin de consolation, de tendresse, de main sur les yeux; et toujours à faire le rodomont et le narquois au milieu du jour, et à rouler ses bras et à bomber sa poitrine, en criant moi, moi, moi, comme si l’on était capable de raser à la main les forêts de toutes les montagnes, et puis, pas plutôt caché, on pleure dans ses doigts.»
Le monument aux morts de Gentioux, d’inspiration pacifiste, est situé dans la commune de Gentioux-Pigerolles dans la Creuse.
Le monument fait figurer un enfant le poing tendu vers l’inscription « Maudite soit la guerre », symbolisant la douleur et la révolte après la perte d’un père lors de la Première Guerre mondiale. (Jules Pollacchi, 1922)
Portrait de Guillaume Apollinaire, [La-Rue-des-Bois], août 1908. (Pablo Picasso).
Moitié supérieure. Fusain sur papier. Musée national Picasso-Paris. Dation Pablo Picasso 1979.
Moitié inférieure. Fusain sur papier. Musée national Picasso-Paris. Don Maya Widmaier-Picasso 2014.
Portrait de Guillaume Apollinaire au chapeau à melon à Cologne. 1902 (Anonyme) Musée national Picasso-Paris. Dation Dora Maar 1998.
Guillaume Albert Vladimir Alexandre Apollinaire de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire est mort à Paris le 9 novembre 1918, il y a 100 ans. Il avait 38 ans.
Si je mourais là-bas…
Si je mourais là-bas sur le front de l’armée
Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s’éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l’armée
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur
Et puis ce souvenir éclaté dans l’espace
Couvrirait de mon sang le monde tout entier
La mer les monts les vals et l’étoile qui passe
Les soleils merveilleux mûrissant dans l’espace
Comme font les fruits d’or autour de Baratier
Souvenir oublié vivant dans toutes choses
Je rougirais le bout de tes jolis seins roses
Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants
Tu ne vieillirais point toutes ces belles choses
Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants
Le fatal giclement de mon sang sur le monde
Donnerait au soleil plus de vive clarté
Aux fleurs plus de couleur plus de vitesse à l’onde
Un amour inouï descendrait sur le monde
L’amant serait plus fort dans ton corps écarté
Lou si je meurs là-bas souvenir qu’on oublie
– Souviens-t’en quelquefois aux instants de folie
De jeunesse et d’amour et d’éclatante ardeur –
Mon sang c’est la fontaine ardente du bonheur
Et sois la plus heureuse étant la plus jolie
Ô mon unique amour et ma grande folie
La nuit descend
On y pressent
Un long destin de sang
« – Je manquerai la personne que j’attends, dit K. en hochant la tête…
– Vous la manquerez de toute façon, que vous attendiez ou non, dit le Monsieur…
– Alors j’aime mieux la manquer en l’attendant, dit K.»
Epigraphe: Le Vent noir. Julliard, 1947. Gallimard, 1956. Le Seuil, 1983.
Dama de Elche. Madrid, Museo Arqueológico Nacional.
El País, 30/10/2018
La Dama de Elche, de reina mora a icono patriótico del franquismo
La arqueóloga Carmen Aranegui publica un estudio que recorre la historia de la joya del arte ibérico y tercia sobre su posible traslado
“La Dama de Elche tiene la gloria de una reina y posee el atractivo de un ángel con la fuerza de una amazona”. Salvador Dalí ha sido uno de los artistas rendidos a la belleza de esta figura. Han pasado 121 años desde que la joya del arte ibérico fue descubierta en una finca de La Alcudia, a tres kilómetros de Elche. Aupada como esencia de España, tanto en la República como, sobre todo, en el franquismo, la idolatría hacia esta escultura del siglo IV antes de Cristo propició “un grado de manipulación tal que incluso llegó a alejar a los investigadores de su estudio un tiempo”, dice a EL PAÍS la arqueóloga Carmen Aranegui Gascó, catedrática emérita de la Universidad de Valencia, que ha publicado La Dama de Elche (editorial Marcial Pons). En este libro, lamenta que de la Dama “hayan interesado más los aspectos sentimentales que el estudio de su contexto”.
Ese momento clave fue el 4 de agosto de 1897, cuando unos peones agrícolas instalaban un regadío y plantaban granados en la finca de La Alcudia. El busto apareció como una pieza reaprovechada dentro de una pared. Tras ser mostrada unos días en Elche, “la reina mora”, como la llamaron los ilicitanos, partió a París. “La arqueología internacional tenía una visión romántica de España como lugar exótico, de antiguas tradiciones”, explica la profesora Aranegui. Casualmente, un hispanista francés, Pierre Paris, que acudía cada verano a España, estaba en Elche y se movió rápido. Contactó con un banquero que pagó 4.000 francos al dueño del terreno, que ya había vendido otros hallazgos, y con los responsables del Louvre.
Por parte española, el arqueólogo Pedro Ibarra, cronista del descubrimiento, lo había comunicado “a la Real Academia de la Historia y a las autoridades de patrimonio, pero el 8 de agosto fue asesinado el presidente del Consejo de Ministros, Antonio Cánovas del Castillo, lo que dificultó cualquier respuesta oficial”, explica Aranegui.
El busto (“hay quien ha teorizado que era parte de una mujer sentada o en pie, pero defiendo que no es así”) recibe en Francia el nombre de “dama” porque “los anticuarios de la época habían empezado a sustituir el nombre de Venus, con el que se bautizaba a las representaciones que se encontraban, por algo más acorde con los tiempos”.
Uso funerario
Se suceden las investigaciones, como las que han apuntado que la Dama es una diosa, algo que Aranegui, que comisarió hace 20 años una gran exposición sobre arte ibérico en París, descarta: “Creo que es una representación de los valores de las élites de aquella sociedad”. También recuerda un dato conocido, su uso funerario. “Se analizó su hueco de la parte posterior y se sabe que contuvo cenizas y restos de combustión de huesos humanos”.
¿Quién talló semejante maravilla hace casi 2.500 años? “Una aportación de mi libro es que al estudiar el conjunto de La Alcudia se deduce que hubo un taller de muy buenos escultores en lo que era la ciudad ibérica de Ilici. Hoy, un 80% del yacimiento está sin excavar”. El autor de la Dama fue minucioso en los detalles. “Destaca el tratamiento del rostro, enmarcado en joyas, pero el objetivo del artista fue describir la joyería y las telas de la vestimenta. No le interesó el lenguaje de la expresión anatómica”.
El rostro hierático de la Dama seguía en el Louvre, a pesar de que la España republicana reclamaba su devolución. “En producciones teatrales de Alberti y María Teresa León, España estaba personificada como la Dama. Y Margarita Xirgu se vistió, en el exilio, como la estatua para la Numancia de Cervantes. Las negociaciones continuaron tras la Guerra Civil. La España de la dictadura y la Francia colaboracionista de Vichy llegaron a un acuerdo, tras un tira y afloja por el intercambio de piezas. “En el difícil equilibrio de Pétain, quería acercarse a España para que Franco fuera más neutral, menos amistoso con el Eje, y pensó que, devolviendo la Dama, así sucedería”.
El regreso y su exposición en el Prado, desde junio de 1941, marcan el principio de la retirada de la bibliografía internacional. “Se despliega la propaganda de que España es una civilización sin rival en cuanto a su antigüedad”. Su imagen se multiplica en sellos, rótulos, marcas…
El bloque de arenisca, de 65 kilos de peso y 56 centímetros de altura, permanece en la pinacoteca hasta 1971, cuando es trasladada “escoltada y en taxi” al Museo Arqueológico para realzar un centro que necesitaba una estrella. Allí sigue con su mirada penetrante. ¿Puede trasladarse para exposiciones temporales, como se hizo, en 1965, a Elche? “La pieza está estabilizada en su conservación, con precauciones no tiene por qué ser un obstáculo”. Sin embargo, la profesora Aranegui teme que al plantear esta cuestión suceda como otras veces, “cuando lo identitario irrumpe, la Dama pierde”.
Cimetière de Draveil (Essonne).Cimetière de Draveil (Essonne)Cimetière de Draveil (Essonne)
Cimetière de Draveil (Essonne) dimanche 28 octobre 2018. Stèle en l’honneur des Brigades Internationales.
Le 28 octobre 1938, la République Espagnole, dissout les Brigades internationales. Leurs membres sont renvoyés chez eux. Sur les 30 à 35 000 engagés, 10 000 ont trouvé la mort, 8 000 sont portés disparus, des milliers ont été blessés.
Cérémonie d’adieu aux Brigades Internationales. Les Masies. 25 octobre 1938 (Robert Capa).