Je continue de publier des poèmes d’auteurs chiliens. Aujourd’hui c’est le tour de Pablo Neruda, très présent dans mon blog. Los versos del capitán paraît pour la première fois de manière anonyme en Italie en 1952, imprimé par son ami Paolo Ricci. Il n’est publié sous le nom de Neruda au Chili qu’en 1963.
8 de septiembre
Hoy, este día fue una copa plena,
hoy, este día fue la inmensa ola,
hoy, fue toda la tierra.
Hoy el mar tempestuoso
nos levantó en un beso tan alto que temblamos
a la luz de un relámpago
y, atados, descendimos
a sumergirnos sin desenlazarnos.
Hoy nuestros cuerpos se hicieron extensos,
crecieron hasta el límite del mundo
y rodaron fundiéndose
en una sola gota
de cera o meteoro.
Entre tú y yo se abrió una nueva puerta
y alguien, sin rostro aún,
allí nos esperaba.
Los versos del capitán, 1952.
8 septembre
Aujourd’hui, notre temps a été coupe pleine,
aujourd’hui, notre temps a été vague immense,
aujourd’hui, terre entière.
Aujourd’hui la mer, houle furieuse,
nous a portés si haut dans un baiser
que nous avons tremblé
sous l’éclair fulgurant
et l’un à l’autre liés, nous sommes descendus
au fond des eaux sans desserrer l’étreinte.
Aujourd’hui nos corps ont grandi, grandi,
ils sont arrivés jusqu’au bout du monde
et ils ont roulé, fusionné :
goutte unique
de cire ou météore.
Entre nous – toi et moi – une porte nouvelle
s’est ouverte où quelqu’un, encore sans visage,
nous attendait.
Les Vers du capitaine. Publié en français sous le titre Les Vers du capitaine, suivi de La Centaine d’amour, traduits par Claude Couffon, André Bonhomme et Jean Marcenac, Paris, Gallimard, « Du monde entier», 1984.