Coup de fatigue et de blues du jeudi. On peut relire Quevedo et se reporter à deux éditions bilingues bien utiles. Clin d’oeil : Quevedo et Góngora se détestaient…
Miré los muros de la patria mía (Francisco de Quevedo)
Miré los muros de la patria mía,
si un tiempo fuertes, ya desmoronados,
de la carrera de la edad cansados,
por quien caduca ya su valentía.
Salíme al campo, vi que el sol bebía
los arroyos del hielo desatados ;
y del monte quejosos los ganados,
que con sombras hurtó su luz al día.
Entré en mi casa : vi que amancillada,
de anciana habitación era despojos;
mi báculo, más corvo y menos fuerte.
Vencida de la edad sentí mi espalda,
y no hallé cosa en que poner los ojos
que no fuese recuerdo de la muerte.
Ce sonnet aurait été écrit en 1613. Certains critiques affirment qu’il date de la fin de la vie du poète, mort en 1645. Il a été publié dans El Heraclito cristiano, Salmo XVII et ensuite dans El parnaso español en 1648. L’épigraphe Enseña cómo todas las cosas avisan de la muerte (On enseigne comment toutes les choses nous avisent de la mort)
a été rajouté par José González de Salas, grand ami de l’auteur.
J’ai regardé les murs de ma patrie,
un temps puissants, déjà démantelés,
par la course de l’âge exténués
qui voue enfin leur vaillance à l’oubli ;
je sortis dans les champs, le soleil vis
qui buvait l’eau des glaces déliées,
et dans les monts les troupeaux désolés,
le clair du jour par leurs ombres ravi.
J’entrai dans ma maison, je ne vis plus
que les débris d’un séjour bien trop vieux ;
et mon bâton plus courbé et moins fort.
J’ai senti l’âge et mon épée vaincue,
et n’ai trouvé pour reposer mes yeux
rien qui ne fût souvenir de la mort.
Les furies et les peines, 102 sonnets de Quevedo, Poésie/Gallimard, n° 463. 2010. Traduction Jacques Ancet.