Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien, I. La Manière et l’Occasion. Presses universitaires de France. 1957. Nouvelle édition, Le Seuil, 1980.
Collection Points Seuil. Page 147. Dernières lignes.
« Il n’est rien de si précieux que le temps puisque avec un seul moment on peut acheter le jouissance d’une glorieuse éternité », dit dans son langage de pieuse mercenarité le P. Nicolas du Sault. (Adresse pour chercher Dieu par les voies naturelles et surnaturelles, 1651) Il n’est rien de si précieux que ce temps de notre vie, cette matinée infinitésimale, cette fine pointe imperceptible dans le firmament de l’éternité, ce minuscule printemps qui ne sera qu’une fois, et puis jamais plus . « Le coq chante et le jour brille. Lève-toi, mon aimé, c’est l’heure. » C’est l’heure : Hora ! Tout à l’heure, il sera trop tard, car cette heure-là ne dure qu’un instant. Le vent se lève, c’est maintenant ou jamais. Ne perdez pas votre chance unique dans toute l’éternité, ne manquez pas votre unique matinée de printemps »
Illustration de cette édition de poche. France XV ème siècle. Honoré Bouvet ( 1345 ? – 1405 ? ) L’arbre des batailles. La roue de la fortune (détail). Enlumineur Maître de Johannes Gielemans. Chantilly, Musée Condé.
Sans doute faut-il commencer, pour introduire a la philosophie de Vladimir Jankelevitch, par un plaidoyer. Car l’auteur du Traite des vertus n’appartient pas a la philosophie dominante, encore moins est-il un maitre-penseur ou un faiseur de slogans. Il faut donc, pour ne pas en eloigner une fois encore le lecteur, quelques precautions. A cet egard, le premier chapitre que redige Isabelle de Montmollin en ouverture de son livre sobrement intitule La Philosophie de Vladimir Jankelevitch est une vraie reussite.