4. Alma ausente
A mi querida amiga Encarnación López Júlvez
No te conoce el toro ni la higuera,
ni caballos ni hormigas de tu casa.
No te conoce ni el niño ni la tarde
porque te has muerto para siempre.
No te conoce el lomo de la piedra,
ni el raso negro donde te destrozas.
No te conoce tu recuerdo mudo
porque te has muerto para siempre.
El otoño vendrá con caracolas,
uva de niebla y montes agrupados,
pero nadie querrá mirar tus ojos
porque te has muerto para siempre.
Porque te has muerto para siempre,
como todos los muertos de la Tierra,
como todos los muertos que se olvidan
en un montón de perros apagados.
No te conoce nadie. No. Pero yo te canto.
Yo canto para luego tu perfil y tu gracia.
La madurez insigne de tu conocimiento.
Tu apetencia de muerte y el gusto de su boca.
La tristeza que tuvo tu valiente alegría.
Tardará mucho tiempo en nacer, si es que nace,
un andaluz tan claro, tan rico de aventura.
Yo canto su elegancia con palabras que gimen
y recuerdo una brisa triste por los olivos.
Llanto por Ignacio Sánchez Mejías, 1934
4. Âme absente
A ma chère amie Encarnación López Júlvez
Ni le taureau ni le figuier ne te connaissent,
ni les chevaux ni les fourmis de ta maison.
Ni l’enfant ni le soir ne te connaît
parce que tu es mort pour toujours.
Ni l’arête de la pierre ne te connaît,
ni le satin noir où tu te défais,
ni ton souvenir muet ne te connaît
parce que tu es mort pour toujours.
L’automne viendra avec ses conques,
raisins de nuages et cimes regroupées,
Mais nul ne voudra regarder dans tes yeux
parce que tu es mort pour toujours.
Parce que tu es mort pour toujours,
comme tous les morts de la Terre,
comme tous les morts qu’on oublie
dans un amas de chiens éteints.
Nul ne te connaît plus. Non. Pourtant, moi, je te chante.
Je chante pour des lendemains ton allure et ta grâce.
La maturité insigne de ton savoir.
Ton appétit de mort et le goût de sa bouche.
La tristesse que cachaient ta joie et ta bravoure.
Il tardera longtemps à naître, s’il naît un jour,
un Andalou si noble, si riche d’aventures.
Je chante son élégance sur un ton de plainte
et je me souviens d’une brise triste dans les oliviers.
Chant funèbre pour Ignacio Sánchez Mejías
(Traduction en français, Sylvie Corpas et Nicolas Pewny)