Le 4 février 1857, Charles Baudelaire remet à l’éditeur Auguste Poulet-Malassis, installé à Alençon, un manuscrit contenant 100 poèmes. Ce chiffre lui apparaît comme un nombre d’or, symbole de perfection. Tirée à 1 300 exemplaires, la première édition des Fleurs du Mal est mise en vente le 25 juin et vendue 3 francs.
LXIX. La musique
La musique souvent me prend comme une mer!
Vers ma pâle étoile,
Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther,
Je mets à la voile;
La poitrine en avant et les poumons gonflés
Comme de la toile,
J’escalade le dos des flots amoncelés
Que la nuit me voile;
Je sens vibrer en moi toutes les passions
D’un vaisseau qui souffre ;
Le bon vent, la tempête et ses convulsions
Sur l’immense gouffre
Me bercent. D’autres fois, calme plat, grand miroir
De mon désespoir!
Les Fleurs du mal. Section Spleen et Idéal. 1857.
Baudelaire développe dans ce poème la conception qu’il expose dans sa lettre du 17 février 1860 à Richard Wagner: “…j’ai éprouvé souvent un sentiment d’une nature assez bizarre, c’est l’orgueil et la jouissance de comprendre, de me laisser pénétrer, envahir, volupté vraiment sensuelle, et qui ressemble à celle de monter dans l’air ou de rouler sur la mer.”
C’est aujourd’hui la Fête de la Musique. Le solstice d’été.