Władysław Strzemiński est un peintre et théoricien de l’art polonais. Il est né le 21 novembre 1893 à Minsk (alors dans l’Empire russe, aujourd’hui en Biélorussie) et est mort le 26 décembre 1952 à Łódź.
Pionnier de l’avant-garde constructiviste des années 1920-1930, il théorisa l’unisme.
Au cours de la Première Guerre mondiale, en 1916, il sert comme officier du corps d’ingénieurs. Il est très grièvement blessé et amputé d’un bras et d’une jambe. En 1917, il achève ses études à l’École d’ingénieurs du génie militaire.
Pendant la révolution d’Octobre, en 1918, il assiste aux cours des premiers Ateliers libres d’art d’État ( SVOMAS) à Moscou, et prend contact avec Kasimir Malevitch (1879-1935) et Vladimir Tatline (1885-1953). Il fait la connaissance de l’artiste constructiviste polonaise Katarzyna Kobro (1898-1951) qu’il épousera en 1922. En 1919, il commence à travailler au Département des Beaux-Arts (IZO) du Commissariat de l’Éducation Populaire à Minsk. Il devient membre du Conseil d’administration de Moscou pour l’art et l’industrie artistique. En 1919-1920, il travaille avec le Département de l’Éducation du Gouvernement à Smolensk où, avec Katarzyna Kobro, il dirige un atelier artistique (IZO-studio) qui produit, entre autres, des affiches de propagande. Il collabore à la même époque avec Malevitch et le groupe UNOVIS («L’affirmation du nouveau en art») de Vitebsk. Strzemiński présente ses travaux constructivistes dans des expositions à Moscou, Riazan et Vitebsk.
Dans le contexte de la guerre soviéto-polonaise (février 1919 – mars 1921), en 1921 Strzemiński s’installe à Vilnius et commence à enseigner l’illustration, d’abord dans le cadre des Séminaires de Diplômés Militaires de Lukasinski et plus tard à l’école intermédiaire à Vileïka (Biélorussie). En 1922-23 et 1925-26, il travaille avec le périodique Zwrotnica («Le Lien », 1922-27, associé à un mouvement littéraire d’avant-garde), publiant entre autres articles des Notes sur l’art russe. En 1923, il travaille avec Vytautas Kairiūkštis (1890-1961) à l’organisation de l’exposition de l’art nouveau à Vilnius, qui est en fait le point de départ pour le constructivisme polonais . En 1924 il est le co-organisateur du groupe Block (Bloc) , qui réunit l’avant-garde constructiviste polonaise. Il tente d’organiser l’installation de Malevitch en Pologne. C’est un échec. En 1926, il collabore avec le groupe d’architectes et de peintres Praesens (1926-1930), et rédige avec Szymon Syrkus «Le présent dans l’architecture et la peinture».
Entre 1924 et 1926, il enseigne le dessin à Szczekociny et prend un emploi en tant que professeur d’école intermédiaire à Brzeziny. En 1927 il donne des cours au Collège du Commerce et d’Industrie de Koluszki. Il suit sa propre méthode, thématique, qui se rapproche des méthodes du Bauhaus. Ses écrits de 1928 et 1932 éclairent sur ses conceptions pédagogiques .
Il publie aussi «L’unisme en peinture» (1928) et dans les années qui suivent plusieurs autres textes où il précise ses idées sur le plan théorique, dont «Composition de l’étendue. Évaluation du rythme de l’espace-temps» (1930) avec sa femme, Katarzyna Kobro.
En 1929, avec Katarzyna Kobro et Henryk Stazewski, et les poètes Jan Brzękowski et Julian Przyboś ils créent le groupe a.r. (l’avant-garde réelle – les artistes révolutionnaires). Katarzyna Kobro est aussi membre du groupe international Abstraction-Création fondé à Paris en 1931. Dans les années 29-31 le groupe a.r. constitue, grâce à des amitiés et en pratiquant des échanges entre artistes, la Collection Internationale d’Art Moderne qui est transmise au Musée Municipal d’Histoire de l’Art de Łódź. Les musées de la ville réorganisent alors profondément leurs collections, et fondent en 1930 le Muzeum Sztuki, dont le cœur est constitué par cette exceptionnelle collection d’art abstrait contemporain. Présentée au public en 1931, elle est la seconde collection muséographique internationale d’art moderne en Europe. Les artistes continuent de l’enrichir jusqu’en 1938. Elle est et reste d’autant plus exceptionnelle qu’elle résulte de choix d’artistes.
En 1931, Strzemiński vit à Łódź où il s’active dans l’Union des artistes plasticiens polonais (ZPAP). Il enseigne la typographie dans une école technique. En 1932, il reçoit le prix de la ville de Łódź. W. Strzemiński et K. Kobro vivent à Łódź pendant toute l’Occupation allemande dans des conditions très difficiles — les sculptures de Katarzyna, restées dans l’atelier et considérées comme «art dégénéré» par les nazis ont presque toutes été détruites. En 1945, W. Strzemiński devient maître de conférences à l’École nationale supérieure des arts plastiques de Łódź dont il est l’un des fondateurs. La même année, il lègue sa collection au Muzeum Sztuki de Łódź.
En 1946 il dessine la salle néoplastique du Muzeum Sztuki. En 1947-48 il fait réaliser par un atelier de menuiserie du musée de Łódź tout un ensemble de mobilier de formes et de couleurs néoplastiques. On trouve ainsi, dans la salle néoplasique, du mobilier qui rappelle ce type de production réalisé dans le cadre de De Stijl. La situation change avec l’établissement de la République populaire en Pologne en 1946. La répression stalinienne touche beaucoup de Polonais , et même certains cadres du Parti ouvrier polonais, comme Władysław Gomułka, arrêté en 1951.
En 1950, Władysław Strzemiński est licencié de l’École nationale supérieure des arts plastiques de Łódź (PWSSP) sur ordre du ministre de la Culture et des Arts, Wlodzimierz Sokorski. On lui reproche de ne pas respecter la doctrine du réalisme-socialiste. Il est radié de l’Association des peintres polonais sans laquelle il ne pouvait se fournir en matériel de peinture. Il est aussi écarté de tous ses emplois officiels.
Privé de tickets d’alimentation, il vit dans la misère et meurt de tuberculose fin décembre 1952. Il est enterré au Cimetière ancien de Łódź. Sa femme, Katarzyna Kobro, dont il était séparé, est morte, elle, avant lui, en février 1951.
La plus grande collection de peintures de Władysław Strzemiński se trouve au Muzeum Sztuki de Łódź.
En 1987, son nom est donné à l’École nationale supérieure des arts plastiques de Łódź (PWSSP), aujourd’hui ASP Académie Strzemiński des beaux-arts.
En 2016, Bogusław Linda interprète le rôle de Władysław Strzemiński dans le dernier film d’Andrzej Wajda, sorti en France en 2017 sous le titre Les Fleurs bleues.