Como el toro he nacido para el luto
y el dolor, como el toro estoy marcado
por un hierro infernal en el costado
y por varón en el ingle con un fruto.
Como el toro lo encuentra diminuto
todo mi corazón desmesurado,
y del rostro del beso enamorado,
como el toro a tu amor se lo disputo.
Como el toro me crezco en el castigo,
la lengua en corazón tengo bañada
y llevo al cuello un vendaval sonoro.
Como el toro te sigo y te persigo,
y dejas mi deseo en una espada,
como el toro burlado, como el toro.
Miguel Hernández, El rayo que no cesa, 1936.
Comme le taureau, je suis né pour le deuil
Et la douleur; comme le taureau je suis marqué au fer
Dans le flanc, par un feu infernal,
Et, homme, par un fruit à l’aine.
Comme le taureau, je trouve très petit
Tout mon coeur démesuré,
Et le visage brûlant du baiser,
Comme le taureau à ton amour je le dispute.
Comme le taureau je grandis dans le châtiment,
La langue dans le coeur, je la tiens qui trempe
Et je porte au cou une tourmente sonore.
Comme le taureau je te suis et je te poursuis,
Et tu fais abandon de mon désir sur une épée,
Comme le taureau leurré, comme le taureau.
(Traduction: René Char et Tina Jolas, La Planche de vivre, 1981)