” Un español en el Panteón. Un republicano, un comunista, un combatiente en la Guerra Civil, un resistente contra los nazis. Celestino Alfonso se convertirá este miércoles en el primer ciudadano de esta nacionalidad en entrar en el templo laico de las glorias francesas. Se escribe entrar en cursiva, porque físicamente sus restos seguirán en el cementerio de Ivry, al sur de París.
Pero su nombre quedará inscrito, junto a otros 22 miembros de un grupo de la Resistencia contra la ocupación alemana de Francia, a la entrada de la cripta donde el líder del grupo, el armenio Missak Manouchian, y su mujer, Mélinée, reposarán eternamente en el mismo lugar que Voltaire, Rousseau o Victor Hugo.
Francia, por iniciativa del presidente Emmanuel Macron, saldará una deuda con los extranjeros que dieron su sangre por un país que no siempre les trató como debía. Manouchian, Alfonso y otros camaradas ―apátridas, judíos, armenios, polacos, húngaros, italianos, rumanos…— protagonizaron uno de los momentos trágicos y heroicos de la II Guerra Mundial…
En Ivry hay una calle dedicada a Celestino Alfonso. Ni la familia ni los expertos consultados tienen noticia de que en España haya una placa u otra forma de conmemoración. “En su pueblo no hay nada, ni una calle, nada”, lamenta el hispanista Rabaté. “En cambio, hay una calle dedicada al general franquista Moscardó.”
(Marc Bassets. El País, 18 février 2024)
“Alfonso. Español. Rojo. Siete atentados.”
POUR CITER CET ARTICLE : https://maitron.fr/spip.php?article9851, notice ALFONSO Celestino par Gautier Mergey, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 22 novembre 2022.
CELESTINO ALFONSO
Né le 1er mai 1916 à Ituero de Azaba (Espagne), fusillé par condamnation le 21 février 1944 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; menuisier, manœuvre ; communiste, volontaire en Espagne républicaine ; résistant FTP-MOI.
Celestino Alfonso naquit à Ituero de Azaba, village espagnol de la région de Salamanque, près de la frontière portugaise. Ses parents, Ventura Alfonso et Faustina Matos, étaient tous deux natifs des environs. En 1927, munis d’une autorisation de séjour, Celestino Alfonso et ses parents immigrèrent en France. Ils devaient finalement s’établir à Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne).
Celestino Alfonso travailla comme menuisier et comme manœuvre jusqu’en août 1936, date de son départ pour l’Espagne en guerre. Il fut incorporé dans les Brigades internationales : il servit dans la IIIe Brigade jusqu’en avril 1937, puis dans la XIVe Brigade en qualité de commissaire politique de compagnie. En novembre de la même année, il revint en France pendant un mois en permission régulière puis retourna en Espagne où il continua à combattre jusqu’en 1939.
À son retour en France, Celestino Alfonso fut interné au camp d’Argelès (Pyrénées-Orientales). Il en sortit le 7 décembre 1939 pour intégrer une compagnie de travailleurs étrangers (CTE). En juin 1940, revenu à Paris, il travailla jusqu’au 17 janvier 1941, date à laquelle il fut arrêté et interné à la caserne des Tourelles. En février, il fut libéré et partit travailler en Allemagne jusqu’au 18 juin 1941. Par la suite, il trouva de l’embauche au camp de Satory (Seine-et-Oise, Yvelines), au garage Chaillot rue de Chaillot à Paris, et à Villacoublay (Yvelines) aux Établissements ACO. Parallèlement, il militait à la section espagnole du Parti communiste clandestin. Son rôle consistait en la diffusion de tracts. En novembre 1942, suite à l’arrestation de plusieurs de ses camarades, craignant de l’être à son tour, il quitta Paris et se rendit à Orléans (Loiret). Il aurait, selon ses dires, travaillé dans cette ville pour le compte des autorités allemandes jusqu’en juillet 1943.
De retour à Paris, Celestino Alfonso entra en contact avec Missak Manouchian, commissaire militaire des FTP-MOI : sous le pseudonyme de « Pierrot », Alfonso intégra une équipe spéciale constituée de Leo Kneller et de Marcel Rayman (« Michel »). Avec ces derniers, désigné comme tireur d’élite, il prit part à plusieurs opérations. Le 28 juillet 1943, avenue Paul-Doumer (XVIe arr.), l’équipe lança une grenade contre la voiture du général Von Schaumburg. Toutefois, cet officier nazi, commandant du Grand Paris, ne se trouvait pas, alors, dans son véhicule. Le 9 août 1943, Alfonso récupéra de l’argent et des documents chez une militante du XIIIe arrondissement. Le 19 août, au parc Monceau (XVIIe arr.), il fut désigné pour exécuter un officier allemand qui, chaque jour, venait lire son journal dans le parc. Mais l’action la plus retentissante de cette équipe spéciale demeura l’attentat du 28 septembre 1943, réalisé sous la direction de Missak Manouchian. Ce jour-là, Rayman, Kneller et Alfonso furent désignés pour exécuter un général allemand repéré et filé par les FTP depuis plusieurs mois. Rayman et Alfonso abattirent leur cible au moment où celle-ci montait dans sa voiture, rue Pétrarque (XVIe arr.). Dans les jours suivants, les résistants auraient appris, par la presse, l’identité de l’officier : il s’agissait de Julius Ritter, général SS supervisant le Service du travail obligatoire en France.
Filés par les Brigades spéciales, les FTP-MOI furent démantelés par la vague d’arrestations de l’automne 1943 : Celestino Alfonso fut appréhendé entre son domicile du 16 rue de Tolbiac (XIIIe arr.) et Ivry-sur-Seine, où habitaient ses parents. Au moment de son arrestation, il vivait maritalement avec Adoracio Arrias, native d’Espagne, dont la famille était établie à Issy-les-Moulineaux (Seine, Hauts-de-Seine). Le jeune couple avait un fils prénommé Jean.
Incarcéré à Fresnes (Seine, Val-de-Marne), Celestino Alfonso fut condamné à mort comme ses compagnons. Il écrivit une dernière lettre pour ses parents, ses frères et sœurs, sa femme et son fils (Cf. ci-dessous). L’abbé Franz Stock qui accompagna les victimes écrivit dans son journal : « Alfonso Célestino (Espagnol), qui avait commis beaucoup d’attentats, dit toutefois à la fin : « Priez pour moi ». Au poteau, il pria avec moi le « Notre Père » et le « Je vous salue Marie », cette dernière en espagnol. Il avait fait la guerre civile en Espagne. »
Le jeune résistant espagnol a été fusillé le 21 février 1944 au fort du Mont-Valérien, avec vingt et un autres membres du groupe Manouchian. Sur la célèbre Affiche rouge publiée alors par la propagande officielle, le portrait de Celestino Alfonso apparaissait au-dessus de celui de Missak Manouchian, avec cette mention : « Alfonso – Espagnol rouge – 7 attentats ».
Après la Libération, le 18 mars 1945, la municipalité d’Ivry-sur-Seine organisa des obsèques solennelles pour dix-huit fusillés originaires de la commune. À cette occasion, la dépouille d’Alfonso fut exhumée du cimetière parisien d’Ivry pour être inhumée dans le carré des fusillés, au cimetière communal nouveau d’Ivry.
Par un avis en date du 14 mai 1945, le Secrétariat général aux Anciens Combattants décerna à Celestino Alfonso la mention « Mort pour la France ». Le 27 juillet suivant, une rue d’Ivry reçut son nom.
Dernière lettre
21 février 1944
Chers femme et fils,
« Aujourd’hui à 3 heures je serai fusillé, je ne suis qu’un soldat qui meurt pour la France. Je vous demande beaucoup de courage comme j’en ai moi-même, ma main ne tremble pas, je sais pourquoi je meurs et j’en suis très fier. Ma vie a été un peu courte, mais j’espère que la vôtre sera plus longue. Je ne regrette pas mon passé, si je pouvais encore revivre, je serais le premier. Je voudrais que mon fils est [sic] une belle instruction, à vous tous vous pourrez réussir. Ma chère femme, tu vendras mes vêtements pour te faire un peu d’argent. Dans mon colis tu trouveras 450 francs que j’avais en dépôt à Fresnes. Mille baisers pour ma femme et mon fils. Mille baisers pour tous. Adieu à tous. Celestino Alfonso. »
C.A.