(Merci à Catherine I. qui m’a rappelé les poèmes de Claude Esteban qui fut notre professeur à l’Institut Hispanique dans les années 70)
Mon amour, je pense qu’on devrait
partir maintenant
le temps est devant nous, il s’attardera
pour nous prendre
c’est comme si la terre
était devenue trop étroite pour nous deux
et qu’il fallait partir
je ne sais où
mais là nous serons seuls, une seule
poignée de poudre ensemble.
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Mon amour,
fais que je vive entre les feuilles, que ce soit
en automne
et qu’il y ait sur les cimes
comme une couleur de miel, mon amour, j’ai travaillé
longtemps
et voilà qu’on dit qu’il faut
que je parte
et moi
je ne sais plus, j’ai les mains
qui tremblent, j’écris n’importe quoi
pour tromper l’hiver.
Morceaux de ciel, presque rien. Gallimard, 2001.