Au cimetière de Montjuich de Barcelone, le 14 décembre 1935, à l’occasion de l’inauguration, sur la tombe du musicien Isaac Albéniz (1860-1909), d’une sculpture de Florencio Quirán, Federico García Lorca lit le sonnet Epitafio a Isaac Albéniz qui fut publié à l’époque dans un journal du soir de Barcelone (Día Gráfico du 15 décembre 1935). Margarita Xirgu (1888-1969), la grande actrice de théâtre de l’époque, participe aussi à l’événement.
Epitafio a Isaac Albéniz
Esta piedra que vemos levantada
sobre hierbas de muerte y barro oscuro
guarda lira de sombra, sol maduro,
urna de canto sola y derramada.
Desde la sal de Cádiz a Granada,
que erige en agua su perpetuo muro,
en caballo andaluz de acento duro
tu sombra gime por la luz dorada.
¡Oh dulce muerto de pequeña mano!
¡Oh música y bondad entretejida!
¡Oh pupila de azor, corazón sano!
Duerme cielo sin fin, nieve tendida.
Sueña invierno de lumbre, gris verano.
¡Duerme en olvido de tu vieja vida!
Épitaphe pour Isaac Albéniz
Ce marbre maintenant que nous voyons dressé
sur les herbes de mort et le limon obscur
garde une lyre d’ombre avec un soleil mûr,
une urne solitaire de chants renversée.
Des salins de Cadix à Grenade enfermée
dans ses eaux qui lui font un perpétuel mur,
un cheval andalou incarne en fière allure
ton ombre qui soupire après le jour doré.
O doux musicien mort dont les petites mains
savaient entretisser bonté et harmonie,
pupille d’épervier, coeur parfaitement sain!
Dors, neige répandue, dors ton ciel infini.
Été décoloré, songe aux flambées d’hiver
et perds le souvenir de notre ancienne vie!
Poésies III. Sonnets et derniers poèmes. NRF. Poésie/Gallimard. Traduction: André Belamich.
https://www.youtube.com/watch?v=D_sOejOJZs0 Isaac Albéniz. Tango op.165 N°2 (André Quesne)