Vu hier soir ce film espagnol à la Ferme du Buisson (Noisiel). Si Madre de Rodrigo Sorogoyen m’a paru un film à moitié raté, le film de Jonás Trueba, au contraire, est une très bonne surprise. Les critiques espagnols et français font souvent référence à la Nouvelle Vague, à des films comme Le Rayon vert (1986) d’Éric Rohmer ou à Paris nous appartient (1958) de Jacques Rivette. Ce qui a retenu surtout mon attention ce sont les personnages féminins et le regard porté sur ce Madrid que j’aime depuis plus de cinquante ans. Eva (Itsaso Arana, coscénariste du film) est une ancienne comédienne. Elle emménage dans un appartement que lui a prêté un ami dans le centre de Madrid. C’est la première quinzaine d’août et une parenthèse dans sa vie. Elle se promène dans la ville, va au musée (Museo Arqueológico Nacional avec La Dama de Elche, La Dama de Baza), au cinéma (Cine Estudio del Círculo de Bellas Artes), elle sort la nuit et participe aux nombreuses fêtes de quartier. Elle vit tranquillement sa solitude, mais est ouverte aux rencontres. La ville en été est différente malgré la chaleur accablante.
Jonás Trueba filme avec talent les fêtes “castizas” de san Cayetano, san Lorenzo y la Virgen de la Paloma. Il tourne dans ce qu’il considère le coeur de Madrid: les quartiers populaires de Lavapiés, la Latina, las Vistillas , le viaduc de Segovia. Les personnages sortent de la ville une seule fois. Ils passent alors une journée à la campagne au bord du Jarama. Vers la fin du film, Eva traverse le río Manzanares. Son chemin la mène du Viaduc de Segovia au puente de los Franceses.
“Me planteo las películas como mi forma de hacer filosofía. Me rondan algunas preguntas y las pongo en marcha con el filme, lo que, aviso, no quiere decir que sepa responderlas. Yo, por ejemplo, me planteo mucho quiénes somos. Naces marcado por tus genes y el sitio, pero ¿hasta dónde puedes ser tú mismo? ¿Qué margen de maniobra te queda? Vamos, lo que se preguntaba Emerson” (El País, 15/08/2019)
La virgen de agosto (2019) . Dirección: Jonás Trueba. Int: Itsaso Arana, Vito Sanz, Joe Manjon, Isabelle Stoffel, Luis Heras, Mikele Urroz. 125 minutes. https://www.youtube.com/watch?v=8l-iMdGQSCg