«J’ai cru connaître plus que ma culture parce que j’avais rencontré les foules militantes d’une foi, religieuses ou politiques; je sais maintenant qu’un intellectuel ce n’est pas seulement celui à qui les livres sont nécessaires, mais tout homme dont une idée, si élémentaire soit-elle, engage et ordonne la vie. Ceux qui m’entourent, eux, vivent au jour le jour depuis des millénaires.»
Les noyers de l’Altenburg, 1943.
Les noyers de l’Altenburg: c’est le dernier roman d’André Malraux. En 1943, il a quarante et un ans. Par la suite, il publiera de nombreux écrits sur l’art et les Antimémoires.
Dans ce livre, il y a de nombreux souvenirs personnels : l’Alsace entrevue en 1922, le premier retour en Europe, à Marseille, la découverte de la Perse et de l’Afghanistan, les décades de Pontigny, l’expérience militaire de 1939-1940. Ce qu’a vécu Malraux, il le «transforme en fiction», prêtant tantôt au narrateur, tantôt à son père, ses propres aventures et sentiments. Parfois l’auteur transpose simplement les lieux ou les dates : la cathédrale de Sens est transportée à Chartres. Pour le romancier, tout devient métamorphose : la vie, les lectures, les souvenirs, les passions.