John Donne est né le 22 janvier 1572 à Londres. Ce poète et prédicateur anglais est considéré comme le chef de file de la poésie métaphysique anglaise.
Il est élevé au sein d’une famille catholique. Sa mère, Elizabeth, est la fille de John Heywood, un proche parent de Thomas More (1478-1535). En 1593, son frère cadet, Henry, meurt de fièvre en prison. Il y a été enfermé pour avoir hébergé illégalement un prêtre. Sous le règne d’Élisabeth I (1558-1603), la persécution des catholiques est courante.
John Donne veut faire carrière dans les services de l’État et fait des études de droit. Étant catholique, il ne peut pas obtenir de diplôme. Mais, dans les années 1590, avant ou peu après la mort de son frère, il se convertit à l’anglicanisme.
En 1598, il devient le secrétaire du Garde des Sceaux, Thomas Egerton (lord Ellesmere). Bien qu’il soit très estimé par son protecteur, celui-ci le renvoie en 1601, pour avoir épousé en secret sa nièce, Ann More, agée de dix-sept ans.
Destitué, un temps emprisonné, John Donne partage alors avec sa femme, quatorze années très difficiles où se succèdent les œuvres de circonstance pour gagner la faveur de personnages influents. Ils ont douze enfants.
Il célèbre l’amour charnel en disant les choses crûment, mais sans jamais exclure la dimension spirituelle de l’union des amants.
Il est ordonné prêtre en 1615 et devient prédicateur à Lincoln’s Inn (1616-1621), puis doyen de la cathédrale Saint-Paul (1621). John Donne acquiert, grâce à ses Sermons, une grande renommée. En 1617, la mort de sa femme va accroître son obsession de la mort mais aussi sa ferveur religieuse. Il meurt le 31 mars 1631 après avoir prononcé devant Charles I (1625-1649) sa dernière prédication, «Le Duel de la mort».
Samuel Johnson, en 1744, dans The Lives of the Poets, regroupa les poètes métaphysiques anglais tels que George Herbert, Andrew Marvell, Thomas Traherne, Richard Crashaw ou Henry Vaughan sous le nom d’«École de Donne».
Sa poésie a été admirée, entre autres, par William Butler Yeats (Prix Nobel de Littérature 1923) et Thomas Stearns Eliot, (Prix Nobel de Littérature 1948)
Reste, ô ma douce, ne te lève pas! (John Donne)
Reste, ô ma douce, ne te lève pas!
La Lumière qui brille vient de tes yeux;
Ce n’est pas le jour qui perce; c’est mon cœur qui est percé,
Parce que toi et moi devons nous séparer
Reste, ou sinon toute joie chez moi mourra
Et périra dans sa prime enfance.
C’est vrai, c’est le jour: Que pourrait-ce être d’autre?
Ô, vas-tu disparaître à mes yeux?
Pourquoi devrions-nous nous éloigner parce qu’il fait jour?
Nous sommes-nous couchés parce qu’il faisait nuit?
L’Amour, qui en dépit de l’obscurité, nous conduisit ici,
Devrait, en dépit du jour, nous garder unis.
La Lumière n’a pas de langue, mais elle est tout regard
Si elle pouvait parler aussi bien qu’espionner,
Sa langue ne pourrait être pire
Que de dire: “Je me sens bien ici, je resterais volontiers
J’aime tant mon coeur et mon honneur
Que je ne m’éloignerais pas de lui qui les a tous les deux”
En résulte-t-il que tu dois arrêter tes activités?
Oh! c’est la pire des plaies de l’amour!
La pauvreté, le faible d’esprit, les fripouilles, l’amour peut
Les admettre, mais pas l’homme -à-ses-affaires,
Celui qui fait des affaires et fait l’amour, fait les deux
mal, comme l’homme marié qui court la prétentaine.
(Traduction française: Gilles de Sèze.)
Stay, O sweet, and do not rise!
Stay, O sweet, and do not rise!
The light that shines comes from thine eyes;
The day breaks not: it is my heart,
Because that you and I must part.
Stay! or else my joys will die,
And perish in their infancy.
‘Tis true, ’tis day: what though it be?
O, wilt thou therefore rise from me?
Why should we rise because ’tis light?
Did we lie down because ’twas night?
Love, which in spite of darkness brought us hither,
Should in despite of light keep us together.
Light hath no tongue, but is all eye.
If it could speak as well as spy,
This were the worst that it could say:
That, being well, I fain would stay,
And that I lov’d my heart and honour so,
That I would not from him, that had them, go.
Must business thee from hence remove?
Oh, that’s the worse disease of love!
The poor, the fool, the false, love can
Admit, but not the busied man.
He, which hath business, and makes love, doth do
Such wrong, as when a married man doth woo.