Le malaise dans la culture. Ecrit durant l’été 1929 et paru en 1930 à Vienne à l’ Internationaler Psychoanalytischer Verlag. (Traduction Dorian Astor. Garnier Flammarion, 2010.)
“On ne peut se défendre de l’impression que les hommes mesurent communément selon des étalons faux, qu’ils désirent pour eux-mêmes le pouvoir, le succès et la richesse, les admirent chez les autres, mais sous-estiment les vraies valeurs de la vie. Et pourtant, avec de tels jugements d’ordre général, on court le danger d’oublier la diversité bigarrée du monde des hommes et de la vie de l’âme. Il est certains hommes à qui leurs contemporains ne refusent pas les honneurs, bien que leur grandeur repose sur des qualités et des réalisations bien étrangères aux buts et aux idéaux de la foule. On accordera aisément que ce n’est toutefois qu’une minorité qui reconnaît ces grands hommes, tandis que la grande majorité n’en veut rien savoir. Mais cela ne saurait être aussi simple, parce que la pensée et l’action des hommes ne s’accordent pas, et que les désirs qui les meuvent font entendre leurs nombreuses voix.”