Nubes I
No habrá una sola cosa que no sea
una nube. Lo son las catedrales
de vasta piedra y bíblicos cristales
que el tiempo allanará. Lo es la Odisea,
que cambia como el mar. Algo hay distinto
cada vez que la abrimos. El reflejo
de tu cara ya es otro en el espejo
y el día es un dudoso laberinto.
Somos los que se van. La numerosa
nube que se deshace en el poniente
es nuestra imagen. Incesantemente
la rosa se convierte en otra rosa.
Eres nube, eres mar, eres olvido.
Eres también aquello que has perdido.
Los conjurados, 1985.
Nuages I
Pas une chose au monde qui ne soit
nuage. Nuages, les cathédrales,
pierre imposante et bibliques verrières,
qu’aplanira le temps. Nuage l’Odyssée,
mouvante, comme la mer, neuve
toujours quand nous l’ouvrons. Le reflet
de ta face est un autre, déjà, dans le miroir
et le jour, un labyrinthe impalpable.
Nous sommes ceux qui partent. Le nuage
nombreux qui s’efface au couchant
est notre nuage. Telle rose
en devient une autre, indéfiniment.
Tu es nuage, tu es mer, tu es oubli.
Tu es aussi ce que tu as perdu.
Les Conjurés, Traduction par Claude Esteban. Oeuvres complètes. Bibliothèque de la Pléiade. NRF. Tome II.
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Nubes II
Por el aire andan plácidas montañas
o cordilleras trágicas de sombra
que oscurecen el día. Se las nombra
nubes. Las formas suelen ser extrañas.
Shakespeare observó una. Parecía
un dragón. Esa nube de una tarde
en su palabra resplandece y arde
y la seguimos viendo todavía.
¿Qué son las nubes? ¿Una arquitectura
del azar? Quizá Dios las necesita
para la ejecución de Su infinita
obra y son hilos de la trama oscura.
Quizá la nube sea no menos vana
que el hombre que la mira en la mañana.
Los conjurados, 1985.
Nuages II
Passent dans l’air de placides montagnes
ou de tragiques massifs d’ombres,
offusquant le jour. On les nomme nuages.
Leurs formes sont étranges,
Shakespeare en observa une, qui ressemblait
à un dragon. Ce nuage d’une soirée
étincelle dans sa parole et flambe encore
et nous ne cessons plus de le voir.
Que sont-ils ces nuages? Architecture
du hasard? Dieu, peut-être, les veut ainsi
pour que Son œuvre infinie s’accomplisse.
Ils sont le fil de quelque trame obscure.
Le nuage, peut-être, est aussi vain
que l’homme qui le voit dans le matin.
Les Conjurés, Traduction par Claude Esteban. Oeuvres complètes. Bibliothèque de la Pléiade. NRF. Tome II.