Dans ce lieu caverneux qu’est l’âme du grand âge
On revoit sans arrêt sur la paroi du fond
Les mêmes souvenirs danser – ainsi font font
Marionnettes et pantins, pauvre héritage
D’une vie où l’on hoche, à la fin, du siphon.
Néanmoins ce malheur offre quelque avantage:
Ce qui revient paraît nouveau dans le potage
Insipide des jours. Et s’il nous étouffe, on
Reprend au même endroit la bande dévidée :
Même bonheur, même remords ou même idée
Représentés à neuf comme sur un plateau.
Mais comment ressaisir la chose transformée
Et reflet du reflet d’un image, fumée
Où s’égara peut-être aussi le vieux Platon.
La Course: nouvelles poésies itinérantes et familières (1993-1998), Gallimard, 1999.