Miguel Torga est un grand écrivain portugais qui n’est pas vraiment reconnu en France à sa juste valeur. Né le 12 août 1907 dans le Nord-Est du Portugal, dans la région de Trás-os-Montes, il s’appelait en réalité Adolfo Correia da Rocha. Il partit à 13 ans pour le Brésil et travailla alors dans une plantation de café. Il revint ensuite dans son pays et devint médecin à Coimbra. Il sera victime de la censure de dictature de Salazar (1932-1968) et préférera donc longtemps publier à compte d’auteur. Il sera même emprisonné pendant deux mois de décembre 1939 à février 1940. Son pseudonyme, Torga, veut dire bruyère sauvage. Il est mort à Coimbra le 17 janvier 1995.
En 1994, les éditions José Corti permirent de découvrir l’excellente version française de ses contes, due à Claire Cayron. Elle est reprise aujourd’hui par les éditions Chandeigne.
Miguel Torga, Contes de la Montagne. Édition intégrale traduite du portugais par Claire Cayron. Chandeigne, 379 p., 22 €.
Principaux autres recueils en français:
Lapidaires, Paris, Éditions de l’Équinoxe, 1982 ; réédition, Paris, J. Corti, 1990.
En franchise intérieure : journal 1933-1977, Paris, Aubier Montaigne, 1982.
La Création du monde, Paris, Aubier, 1984 ; réédition, Paris, Garnier-Flammarion no 1042, 1999.
Portugal, Paris, Arléa, 1988 ; réédition, Paris, J. Corti, 1996.
Senhor Ventura, Paris, J. Corti, 1991 ; réédition, Paris, J. Corti, Les Massicotés no 15, 2005.
Contes et nouveaux contes de la Montagne, Paris, J. Corti, 1994 ; réédition, Paris, J. Corti, Les Massicotés no 5, 2004.
En chair vive : journal 1977-1993, Paris, J. Corti, 1997.
Vendange, Paris, J. Corti, 1999.
Conseil de Miguel Torga au Président de la République (de 1976 à 1986), le général Ramalho Eanes: “Seja sério, mas não se leve a sério.” «Soyez sérieux, mais ne vous prenez jamais au sérieux.»
Journal (En Franchise intérieure (1933-1977) et En Chair vive (1977-1993):
«Tant de journaux, tant de radios, tant d’agences de presse, et jamais l’humanité n’a autant marché à tâtons. Chaque heure qui passe est une énigme camouflée sous un millier d’explications. La vérité, de nos jours, est comme l’ombre du mensonge» (26 février 1947).
Lors d’une conférence au Brésil 1954: «L’universel, c’est le local moins les murs. C’est l’authentique qui peut être vu sous tous les angles et qui sous tous les angles est convaincant, comme la vérité.»
«Pas plus que le saint, l’artiste n’est un opposant au pouvoir. Il est l’opposé du pouvoir, même sans atteindre à la sainteté. Plus qu’un révolutionnaire, c’est un révolté; et plus encore qu’un révolté, un rebelle. Un champion de la liberté, tellement libre qu’il vit en lutte permanente avec ses propres démons»
«L’homme ne se découvre qu’en découvrant.»
Aujourd’hui, à Coimbra où le nom de Torga est partout, on peut lire sur un mur ce graffiti : « O único tirano que admitimos é a voz da nossa consciência » (« Le seul tyran que nous acceptons est la voix de notre conscience »).
Il faudra que je passe au crible les écrits traduits en français de Miguel Torga, car je n’ai que trop lu seulement des bribes et des citations de lui qui me font toujours sursauter de réconfort. C’est merveilleux de percevoir des éclairs de lucidité provenant d’autrui. Et quel autrui ! Quelle exaltation de joie créative ai-je pu ressentir quand je viens de lire ce qu’écrivit Miguel Torga :
“Seja sério, mas não se leve a sério.” «Soyez sérieux, mais ne vous prenez jamais au sérieux.»
(“Conseil de Miguel Torga au Président de la République (de 1976 à 1986), le général Ramalho Eanes).
C’est – très exactement, – mot pour mot, ce que je dis moi-même depuis longtemps sans savoir que Miguel Torga l’avais exprimé de son côté !
Étant à peu près hispanophone, je peux comprendre environ 9/10 du portugais que je lis. J’aimerais tans être ‘ibérophone’, c’est à dire être à peu près l’aise dans les deux langues ibériques.