Amigos míos, os pido
Que escuchéis mi ultimo ruego:
El día que yo me muera
No vayáis a mi entierro.
Porque yo no iré en la caja
en la que me lleven muerto;
ni mi alma ira tampoco
siguiendo el triste cortejo.
Me echarán la tierra encima,
pero sin dejar un hueco
por donde pueda escucharse
como se ríen mis huesos.
No pondrán losa, ni nombre,
ni flores en mi recuerdo.
Sólo una cruz y su sombra
en la desnudez del suelo.
Y nadie busque mi alma
perdida en un cementerio;
porque mi alma estará
en otra parte, muy lejos.
Estará en el Purgatorio,
el Paraíso o el Infierno:
pero no estará en el sitio
donde se le pudre el cuerpo.
Después de haber vivido tantos años
lo único que comprendo
es que lo mismo da porque es lo mismo
perder el alma que perder el tiempo.
Y que perder la vida no es morirse
lo sé, porque presiento
que acabaré por encontrarme un día
conmigo mismo muerto.
Rimas.
José Bergamín est un écrivain, poète, dramaturge espagnol, né à Madrid le 30 décembre 1895 et mort à Saint-Sébastien le 28 août 1983.
Son père était un homme politique conservateur, sa mère une catholique très pratiquante. Il s’efforça, toute sa vie, de concilier catholicisme et communisme. Il disait: « Con los comunistas hasta la muerte… pero ni un paso más» « Avec les communistes jusqu’à la mort… mais pas un pas de plus»).
José Bergamin est considéré comme le principal disciple de Miguel de Unamuno, et l’un des meilleurs essayistes espagnols du XX ème siècle. Son style est particulièrement original. Ses thèmes favoris sont le Siècle d’or, la mystique, la politique et la Tauromachie.
Durant la guerre civile, il présida l’Alliance des intellectuels antifascistes. A la fin de celle-ci, il partit en exil au Mexique, au Venezuela, en Uruguay, en France. Il fut le premier éditeur de Poeta en Nueva York de Federico García Lorca au Mexique et aux Etats-Unis en 1940. En effet, le poète de Grenade lui avait confié son manuscrit en 1936, peu avant son assassinat par les Franquistes. Bergamín fut aussi toute sa vie un grand ami d’André Malraux. Il ne revint définitivement en Espagne qu’ en 1970. Ses positions se radicalisèrent encore à la fin de sa vie. Il partit vivre au Pays basque et écrivait dans Egin, un journal politiquement proche de l’ETA.