Vu lundi 16 avril à la Ferme du Buisson (Noisiel):
Il figlio, Manuel (Manuel) (2017) 97 min. Réal.: Dario Albertini. Sc: Dario Albertini et Simone Ranucci . Dir. Photo: Giuseppe Maio. Int: Andrea Lattanzi, Francesca Antonelli, Giulia Elettra Gorietti, Raffaella Rea, Renato Scarpa, Luciano Miele, Alessandri Di Carlo, Frankino Murgia.
Manuel vient d’avoir 18 ans et va quitter le foyer pour jeunes où il a vécu ces dernières années. Sa mère est incarcérée depuis cinq ans pour une raison jamais révélée. La liberté retrouvée aura pour Manuel un goût amer. Il erre dans les rues de son quartier, dans la banlieue de Rome, mais essaie de devenir un adulte responsable. Pour que sa mère que l’on sent très fragile obtienne l’assignation à résidence, il doit prouver aux autorités qu’il pourra la prendre en charge. Dès le début, on voit sa capacité à s’occuper des autres. Il prend dans ses bras une petite fille endormie, pousse une voiturette qui n’arrive pas à démarrer, remet de l’ordre dans l’appartement familial, rencontre l’avocat de sa mère, accepte un travail chez un boulanger, répond aux questions d’une assistante sociale peu amène.
Cet adolescent est tiraillé entre son devoir filial et ses rêves d’évasion, entre ses obligations sociales et ses aspirations personnelles. Il agit, mais parle peu. C’est un grand échalas, mais il a encore tout d’un enfant. L’angoisse l’étouffe à certains moments du film. Il est tenté par la fuite, mais n’abandonnera pas.
Le photographe et vidéaste romain Dario Albertini, 43 ans, a réalisé là son premier long métrage de fiction. Son documentaire de 2014, La Repubblica dei Ragazzi , a servi de point de départ à ce film. Il figlio, Manuel a obtenu 3 prix lors du Festival du cinéma méditerranéen de Montpellier 2017: l’Antigone d’or, décerné par le Jury, le Prix de la critique et le prix Nova.
L’interprétation d’Andrea Lattanzi est remarquable. La mise en scène du réalisateur qui suit avec soin les personnages secondaires que Manuel rencontre est délicate. Il utilise avec habileté et efficacité plans-séquences, ellipses et non-dits. On pense par moments aux grands films italiens néo-réalistes des années 50. Une jolie scène évoque aussi Baisers volés (1968) de François Truffaut.