Le poète chilien Nicanor Parra, apôtre de l’« antipoésie » et Prix Cervantes 2011, est décédé mardi 23 janvier, à l’âge de 103 ans. La veillée funèbre a eu lieu dans la Cathédrale de Santiago à la demande de la famille même si le poète avait déclaré: “Soy ateo, gracias a Dios”. Les autorités ecclésiastiques ont essayé d’empêcher que résonnent dans la Cathédrale les chansons de sa soeur, Violeta Parra, qui s’est suicidée en 1967, à 49 ans. Le Gouvernement chilien a décrété deux jours de deuil national.
Ultimo brindis
Lo queramos o no
sólo tenemos tres alternativas:
el ayer, el presente y el mañana.
Y ni siquiera tres
porque como dice el filósofo
el ayer es ayer
nos pertenece sólo en el recuerdo:
a la rosa que ya se deshojó
no se le puede sacar otro pétalo.
Las cartas por jugar
son solamente dos:
el presente y el día de mañana.
Y ni siquiera dos
porque es un hecho bien establecido
que el presente no existe
sino en la medida en que se hace pasado
y ya pasó…
como la juventud.
En resumidas cuentas
sólo nos va quedando el mañana:
yo levanto mi copa
por ese día que no llega nunca
pero que es lo único
de lo que realmente disponemos.
Dernier toast (Nicanor Parra)
Que nous le voulions ou non
Nous n’avons que trois possibilités:
L’hier, le présent et le lendemain.
Et pas même trois
Car comme dit le philosophe
L’hier c’est hier
Il n’est à nous que dans le souvenir:
Lorsque la rose a défleuri
On ne peut plus lui ôter de pétale.
Il n’y a que deux
Cartes à jouer:
Le présent et le lendemain.
Et pas même deux
Car c’est un fait bien établi
Que le présent n’existe
Que dans la mesure où il devient passé
Et il est passé…,
comme la jeunesse.
Tous comptes faits
Il ne nous reste que le lendemain:
Je lève mon verre
À ce jour qui n’arrive jamais
Mais qui est le seul
Dont nous disposions en réalité
(Traduction: Bernard Pautrat)