La correspondance entre Stefan Zweig et Joseph Roth 1927-1938 est parue en 2013 aux éditions Rivages. Elle comprend 194 lettres de Roth à Zweig et 45 de Zweig à Roth, sans compter les cartes, les télégrammes et les échanges entre Roth et Friderike Zweig d’une part, Roth et Lotte Altman d’autre part, soit un ensemble de 268 courriers.
Correspondance 1927-1938 Stefan Zweig / Joseph Roth. Traduction : Pierre Deshusses.
Joseph Roth a vu très vite l’évolution qu’allait prendre l’Allemagne sous un gouvernement national-socialiste.
Joseph Roth à Stefan Zweig
Hôtel Jacob [mi-février 1933] 44 rue Jacob Paris VI
Cher et honoré ami, je suis ici depuis deux semaines pour héberger un petit Nègre français. Entre-temps, vous aurez bien vu que nous allons au-devant de grandes catastrophes. Mises à part les catastrophes privées – notre existence littéraire et matérielle est détruite – tout cela mène à une nouvelle guerre. Je ne donne plus cher de notre peau. On a réussi à laisser gouverner la barbarie. Ne vous faites aucune illusion. C’est l’enfer qui gouverne. Très cordialement, votre vieux
Joseph Roth
« Tout les réunissait et tout les séparait. Nés sous le règne des Habsbourg, Juifs, écrivains reconnus et célébrés de leur vivant, morts loin de leur patrie, ils furent parmi les premiers à dénoncer la montée du nazisme, alors embryonnaire. L’un est issu de la grande bourgeoisie viennoise, auteur de livres à succès, mondain et cosmopolite ; l’autre, son cadet de treize ans, est fils de petits commerçants de Galicie ; journaliste, impécunieux et mythomane, il sombrera lentement dans l’alcool et la dépression. C’était le monde d’hier. Aucun des deux ne verra la chute du IIIe Reich. » (Thierry Clermont, Zweig et Roth, témoins et victimes d’une Europe à l’agonie. Le Figaro 2 octobre 2013)
Andrea Manga Bell (1902-1985)
Joseph Roth a vécu à Paris de 1931 à 1936 avec Andrea Manga Bell (1902-1985) qu’il avait connu à Berlin en août 1929. Elle y travaillait comme rédactrice au magazine du groupe Ullstein Gebrauchsgraphik. Elle était née à Hambourg, fille d’une huguenote hambourgeoise et d’un Cubain de couleur répondant au nom de Jimenez. Elle était mariée avec le prince Alexandre Ndumbé Duala Manga Bell, prince de Douala et Bonanjo, de l’ancienne colonie allemande du Cameroun, fils du roi douala Rudolf Douala Manga Bell exécuté en 1914 par les Allemands. Élevé en Allemagne, il l’avait quittée et était retourné au Cameroun. Il sera député à l’Assemblée nationale française de 1945 à 1957. C’est lui qui obtint l’abolition des travaux forcés au Cameroun et fit campagne pour son indépendance. Elle eut avec lui un fils, José Manuel, et une fille, Andrea (Tüke). Les rapports entre Roth et les enfants d’Andrea Manga Belle dont il payait l’éducation, ont été bons jusqu’à un certain moment. Joseph Roth et Andrea Manga Belle se séparèrent en 1936. La rupture fut difficile pour l’un comme pour l’autre. Ils se brouillèrent définitivement fin 1938.
Plaque Joseph Roth au 18 rue de Tournon. Paris VI.
Portrait de Vera Broido, vers 1927-1933 (Raoul Hausmann). Saint-Étienne, Musée d’art moderne et contemporain?
J’ai lu d’une traite l’autobiographie deVera Broido, Fille de la révolution, que viennent de publier les Éditions Allia (Paris, février 2015). Elle a été traduite par Anne Foucault et Maria Matalaev d’après la version originale anglaise, Daughter of the Revolution : A Russian Girlhood Remembered. Constable, 1999.
Cette femme, au physique si particulier, avait attiré mon attention dans les photos surprenantes vues dans deux expositions ces dernières années : Raoul Hausmann, Un regard en mouvement au Jeu de Paume (Paris 6 février – 20 mai 2018) et Allemagne Années 1920 Nouvelle Objectivité August Sander au Centre Pompidou (11 mai – 5 septembre 2022).
Vera Broido est née à Saint-Pétersbourg en 1907. C’était la fille de deux juifs russes révolutionnaires. Son père, Mark Broido (1877 – 1937), était un militant actif. Il connut souvent la prison et l’exil. Sa mère, Eva L’vovna Gordon Broido (1876 – 1941), membre du Parti ouvrier social-démocrate de Russie (fraction menchévique), fut condamnée à trois ans d’exil en Sibérie occidentale à l’époque tsariste (1914-1917) pour avoir pris position contre la guerre. Elle y emmena ses filles. Libérée en 1917, elles retournèrent à Petrograd. Au bout de deux ans, la famille quitta la Russie pour l’Allemagne. Eva revint seule en URSS en novembre 1927 envoyée par la délégation menchevik en exil pour garder le contact avec les militants restés en Russie dans la clandestinité. Elle fut arrêtée en avril 1928, emprisonnée sans jugement et envoyée au Goulag. Elle fut fusillée le 14 septembre 1941. Vera grandit dans un milieu de révolutionnaires exilés. Dans les années 1920, elle rencontra à Berlin le dadaïste Raoul Hausmann (1886 – 1971). Ce dernier fut un des premiers à recourir au photomontage (avec John Heartfield, lui aussi membre de Dada-Berlin) et au poème « optophonétique », où tout est rythme et son. Elle devint sa muse et sa maîtresse. De 1928 à 1934, Vera Broido et Raoul Hausmann formèrent jusqu’à l’été 1934 un ménage à trois avec Hedwig Mankiewicz, femme de l’artiste. Dans ces années-là, ils vivaient à Charlottenburg. De nombreux Juifs, entrepreneurs, artistes, intellectuels, écrivains et mécènes contribuèrent à cette époque au rayonnement international de l’Ouest berlinois.
Hedwig Mankiewitz, Raul Hausmann et Vera Broido (August-Sander), 1929.
Vera Broido partit en 1934 en Angleterre avec son frère Daniel, ingénieur. Leur père les rejoignit vite, mais mourut en 1937. En 1941, elle épousa l’historien britannique Norman Cohn (1915-2007), spécialiste du millénarisme. Ils eurent en 1946 un fils, Nick Cohn, célèbre critique de rock. Elle est l’auteure d’Apostles into Terrorists (1965). Elle a traduit et fait publier en 1967 les mémoires de sa mère (Memoirs of a Revolutionary. Oxford University Press) et ses propres souvenirs en 1999. Le sort des menchéviks sous le bolchevisme est le sujet de son livre Lénine et les mencheviks ( Lenin and the Mensheviks: The Persecution of Socialists Under Bolchevism, Gower-Maurice Temple Smith, 1987). Elle est décédée à Stevenage, en 2004.
“ Il y a certainement très peu de personnes encore en vie qui ont connu l’exil sibérien sous le tsar ou qui ont vécu la révolution russe en tant que membre d’une famille de révolutionnaires. Ceux qui se souviennent de la vie à Moscou et à Saint-Pétersbourg pendant la guerre civile ne doivent pas être très nombreux non plus. Même le Berlin et le Paris des années 1920 semblent aujourd’hui bien loin. Les expériences décrites ici appartiennent aux confins de la mémoire vivante. ”
Un bel article encore de Manuel Vicent dans El País. Envie de plus de soleil et de plus de lumière. « Mehr Licht ! (Plus de lumière !) » furent les dernières paroles de Goethe, définitivement ambiguës.
El País, 21 de diciembre de 2024
Divagaciones ante un turrón de coco
Los antiguos romanos también montaban mercadillos en el foro y por allí andarían Horacio, Ovidio y Virgilio comprando regalos
Hoy, sábado 21 de diciembre de 2024, a las tres de la madrugada en el hemisferio norte se ha producido el solsticio de invierno. La luz del sol ha empezado a crecer y así lo hará hasta que llegue el verano. Los antiguos romanos celebraban este acontecimiento con las Saturnales, unas fiestas paganas en honor a Saturno, el dios de la agricultura y la cosecha, y que originalmente transcurrían entre el 17 y el 23 de diciembre. En esencia nada ha cambiado en nuestra cultura desde entonces. Los romanos también montaban mercadillos en el foro y por allí andarían Horacio, Ovidio y Virgilio comprando regalos, velas, figuritas de barro y dulces tradicionales para amigos y parientes. Por una vez los esclavos se sentaban a la mesa y eran servidos por sus amos, como sucede en la película Plácido, de Berlanga. Las fiestas estaban presididas por la alegría de los niños y por la nostalgia de los ancianos. Como pasaba con la luz del solsticio, unos llegaban a la vida y otros la abandonaban.
Los cristianos convirtieron el sol naciente en el Niño Dios que nació en un portal. En Roma había toda clase de religiones. Uno elegía sin problemas la que más le gustaba. En aquel tiempo era muy popular un dios solar importado de Persia, llamado Mitra, que había nacido de una virgen y que moría y resucitaba cada año de la misma forma como lo hacen las semillas que primero se pudren bajo tierra y a continuación germinan, florecen y dan frutos de toda índole. En sus orígenes, el cristianismo fundado por el genio de Pablo de Tarso tomó de este dios persa toda la sustancia de su nueva religión que se expandió en los extramuros de las ciudades, primero entre judíos de la diáspora y después entre los gentiles. La nueva secta de los cristianos comenzó a ser perseguida y echada a los leones del circo no por creer en un dios extraño sino porque trataba de derribar el poder de Roma, en una lucha contra el sistema, cosa que al final logró cuando el emperador Constantino se convirtió al cristianismo y promulgó el edicto de Milán en el 313. En el Derecho Romano las deudas no pagadas podían convertirte en esclavo del acreedor. Durante su persecución, los cristianos rezaban el padrenuestro en las catacumbas, que era una oración revolucionaria y antiesclavista, puesto que pedía que las deudas fueran perdonadas. Por otra parte, el cristianismo fue creado para apaciguar a los pobres de este mundo al asegurarles que serían los primeros en sentarse en el cielo a la diestra de Dios Padre, de modo que debían dejar aquí en la tierra la rebelión para más adelante. Por su parte, el sol no perderá ni por un segundo la costumbre de ir ganando un poco de tiempo al amanecer y en su crepúsculo por la tarde.
Epifanía significa manifestación de la luz. A partir Reyes nos sorprenderá que el sol se ha demorado en el grafiti de la tapia. Ese Dios que unos creen que nació en el portal de Belén y otros que solo se trata de una fecha del almanaque, hará que se despierte la savia en los árboles cuando llegue la candelaria y después obligará a que en las ramas desnudas apunten las gemas que reventarán un poco más tarde. Habrá lluvias y sonarán los canalones; habrá nevadas y el sol de marzo producirá el deshielo y puede que se repita el milagro al que asistí hace años: un colibrí de color verde esmeralda, rojo y azul, se había detenido aleteando en el aire y con el pico cazaba una gota brillante, como de plata, que caía desde una rama del roble cargada de nieve. El sol irá madurando sobre la espalda jeroglífica de los lagartos y abril incidirá en el azúcar que liban los insectos en el corazón de las flores. Puede que en mayo se inicie la rebelión solar con la primera ola de calor sofocante que unos achacarán al cambio climático y otros a las tormentas solares, cosas que han pasado toda la vida, pero en la humanidad se seguirá extendiendo un sentimiento de culpa por lo que estamos haciendo con el planeta, puesto que los cataclismos, incendios, inundaciones, terremotos, huracanes, sucederán cada vez más a menudo y serán más destructivos, pese a los cual en los mercados habrá frutas de todas clases, cerezas y fresas en junio y uno se creerá más feliz por el hecho de haberse dado una crema en la playa, extender el cuerpo en la arena y esperar a que el sol elija entre hacerte un magnífico bronceado o un cáncer de piel. A fin de cuentas, para ser feliz basta con comprarse una camisa con palmeras y unas botas de montaña para escalar unas ruinas sin saber que es la propia la que uno escala. De pronto la luz del sol se irá apagando y cuando llegue la noche de san Juan con el solsticio de verano todos nuestros sueños de luz habrán vuelto a empezar o habrán terminado. Estas son divagaciones ante una bandeja de turrones de Navidad.
Saturnalia (Ernesto Biondi) 1905. Jardín Botánico de Buenos Aires.
Nous avons vu récemment au Musée d’Orsay l’exposition Harriet Backer La musique des couleurs. Elle est visible du 24 septembre 2024 au 12 janvier 2025.
Méconnue en dehors de son pays, Harriet Backer (1845-1932) a été la peintre la plus célèbre en Norvège à la fin du XIXe siècle. À une époque où les femmes n’étaient pas considérées là-bas comme des citoyennes à part entière, elle est devenue une figure importante de la scène artistique de son époque. Pour parfaire sa formation, elle s’est rendue à Munich et à Paris.
L’exposition présente aussi d’autres artistes femmes scandinaves, également formées à travers l’Europe et qui partageaient ses engagements féministes.
Les grands thèmes cette artiste sont les suivants : les intérieurs rustiques, les peintures d’églises traditionnelles norvégiennes, les paysages et les natures mortes. Une large place est laissée aux représentations de scènes musicales. Nombre de ses proches étaient en effet des musiciens reconnus.
Le travail du Musée d’Orsay est remarquable car il propose, en plus de grandes expositions de peintres célèbres (par exemple du 08 octobre 2024 au 19 janvier 2025 Caillebotte Peindre les hommes), des découvertes d’ artistes moins connus mais importants pour comprendre les grandes évolutions de l’art de la seconde moitié du XIXe siècle.
Relevailles, sacristie de l’église de Tatum. 1892. Bergen, KODE Bergen Art Museum.
Un tableau a attiré particulièrement mon attention. Il s’agit de Relevailles, sacristie de l’église de Tatum. 1892. Bergen, KODE Bergen Art Museum.
Les relevailles étaient une cérémonie de l’Église catholique qui avait pour but de réintégrer une jeune mère ayant accouché, n’ayant pu se rendre à l’église pendant sa période de quarantaine, dans le cercle des fidèles et auprès de Dieu. La première mention de ce rituel se trouve dans l’Ancien Testament. Il y est dit qu’à partir de la naissance de son enfant, la mère doit s’éloigner des lieux de culte et ne peut assister aux cérémonies religieuses à cause de son impureté. Dans de nombreuses régions de France, entre interdits et regards peu complaisants, l’accouchement et la messe des relevailles étaient attendus avec hâte. En effet, si la quarantaine était facilement respectée par les plus riches, elle ne l’était pas pour les plus pauvres, notamment dans les milieux ruraux où il y avait un grand besoin de main-d’œuvre. La cérémonie des relevailles a été officiellement abolie en Norvège dès le XVIIIe siècle, mais elle était encore souvent pratiquée à la fin du XIXe siècle, certainement en raison des inquiétudes liées à la mortalité encore très élevée chez les nourrissons et les jeunes mères.
Francisco de Goya a peint aussi entre 1808 et 1812 La misa de parida (La Messe des relevailles). Ce tableau est conservé au Musée des Beaux-Arts d’Agen depuis 1900. Il représente l’intérieur d’une église pendant la messe. Une jeune mère en train d’être purifiée se trouve à genoux près d’un grand cierge derrière le prêtre, lequel est tourné vers l’autel et un crucifix.
La misa de parida (Francisco de Goya). Entre 1808 et 1812.Musée des Beaux-Arts d’Agen.
Nous avons vu samedi 30 novembre 2024 au Musée d’Art Moderne de Paris la très riche exposition L’Âge atomique. Les artistes à l’épreuve de l’histoire. (du 11 octobre 2024 au 09 février 2025).
Malgré son refus de toute forme de littérature engagée, en 1965-1966, René Char participe activement au mouvement contre l’installation de missiles à tête nucléaire sur le plateau d’Albion, non loin d’Apt et de Céreste, où depuis les années de résistance le poète garde de fortes attaches.
La Provence Point Oméga. 1965. Livre. Imprimerie Union. Paris, Centre Pompidou. Bibliothèque Kandinsky.
En novembre 1965, il manifeste son refus de cette implantation en Haute-Provence. Il n’hésite pas à organiser rapidement des manifestations contre le projet et fait éditer à 2 000 exemplaires une petite brochure (avec 60 exemplaires tirés à part et signés) dans laquelle il dénonce violemment le danger atomique. L’affiche homonyme est imprimée en février 1966 avec un texte remanié et une illustration de Pablo Picasso.
La Provence point Oméga (Pablo Picasso). 19 février 1966.
Un tirage réimposé à 45 exemplaires, sur papier Auvergne, est réalisé, imprimé par l’imprimerie Union. Elle est publiée le 7 mai 1966 dans Le Provençal et le 1er juin 1966 dans La Marseillaise, journal communiste. Avec le rassemblement organisé à Fontaine-de-Vaucluse le 5 juin 1966 autour du poète, cette affiche est restée un symbole. Les partisans de la militarisation sont des adeptes déclarés d’une certaine forme de modernisation économique, technique et militaire, leurs adversaires ont d’autres discours. C’est notamment le cas de René Char, qui, en s’élevant contre la « ruine d’Albion », s’érige aussi en critique de ces croyances. « La science ne peut fournir à l’homme dévasté qu’un phare aveugle, une arme de détresse, des outils sans légende. Au plus dément : le sifflet de manœuvres » La Provence point oméga sera distribué sous forme de tracts et paraîtra en quatrième de couverture, en avril 1966, dans la revue Partisans, édité par François Maspéro.
La Provence point oméga (René Char)
Que les perceurs de la noble écorce terrestre d’Albion
mesurent bien ceci : nous ne nous battons pour un site où la
neige n’est pas seulement la louve de l’hiver mais aussi
l’aulne du printemps. Le soleil s’y lève sur notre sang
exigeant et l’homme n’est jamais en prison chez son
semblable. À nos yeux ce site vaut mieux que notre pain, car
il ne peut être, lui, remplacé.
La Provence Point Oméga, d’après un dessin original de Pablo Picasso. Texte de René Char. 1966. Affiche. Paris BnF.
Monument à Paul Verlaine, 1911. Paris, Jardin du Luxembourg. (Auguste de Niederhausern , dit Rodo de Niederhausern 1863-1913).
Chanson d’automne
Les sanglots longs Des violons De l’automne Blessent mon coeur D’une langueur Monotone.
Tout suffocant Et blême, quand Sonne l’heure, Je me souviens Des jours anciens Et je pleure ;
Et je m’en vais Au vent mauvais Qui m’emporte Deçà, delà, Pareil à la Feuille morte.
Poèmes saturniens, 1866.
J. m’ a rappelé hier ce poème si connu. Il a été chanté par Charles Trenet, Georges Brassens, Léo Ferré et d’autres. Il traîne dans ma tête ce matin.
” Sa première strophe, légèrement altérée, a été utilisée par Radio Londres au début du mois de juin 1944 pour ordonner aux saboteurs ferroviaires du réseau VENTRILOQUIST de Philippe de Vomécourt, agent français du Special Operations Executive, de faire sauter leurs objectifs. Il s’agissait d’un message parmi les 354 qui furent alors adressés aux différents réseaux du SOE en France. Ces vers de Verlaine étaient destinés à VENTRILOQUIST uniquement, chaque réseau ayant reçu des messages spécifiques.
Le 1er juin, « Les sanglots longs des violons d’automne » indique aux saboteurs membres du réseau de se tenir prêts. Le 5 juin, à 21 h 15, sont envoyées les deuxièmes parties des messages, ordonnant le passage à l’acte : pour VENTRILOQUIST, il s’agit de « Bercent mon cœur d’une langueur monotone ». Il est à noter que les deux messages reçus par VENTRILOQUIST diffèrent du texte de Verlaine, qui écrit « de l’automne » et « blessent » (Radio Londres aurait remplacé « blessent » par « bercent » sous l’influence de la version mise en musique et chantée par Charles Trenet en 1941).
Une légende tenace, popularisée dans les années 1960 par le journaliste Cornelius Ryan, présente ce message en deux parties comme l’annonce qui aurait été faite à l’ensemble de la Résistance française que le débarquement de Normandie aurait lieu dans les heures suivantes. En référence à cette légende, les deux premières strophes du poème de Verlaine sont présentes sur l’avers de la pièce de 2 euros commémorative française émise en 2014 à l’occasion de la célébration du 70e anniversaire du débarquement de Normandie le 6 juin 1944. ” (Wikipédia)
Premier recueil poétique de Paul Verlaine publié à compte d’auteur en 1866 chez l’éditeur Alphonse Lemerre.
George Orwell au travail sur sa machine à écrire à Canonbury (Frédéric Pajak).
La lecture de Simon Leys m’a incité à relire ce texte de George Orwell
Souvenirs sur la Guerre d’Espagne (Looking Back on the Spanish War), 1942 in George Orwell, Écrits de combat. Bartillat. Omnia poche. 2021.
” Un matin de bonne heure, j’étais sorti en compagnie d’un autre homme pour tirer sur les fascistes qui se trouvaient dans les tranchées aux alentours de Huesca. Nos lignes étaient séparées des leurs de trois cents mètres environ, distance à laquelle, avec nos vieux fusils, nous ne pouvions atteindre nos cibles avec précision ; mais en nous glissant furtivement jusqu’à un endroit situé à une centaine de mètres de la tranchée fasciste, on pouvait, avec un peu de chance, faire mouche par une brèche du parapet. Malheureusement, le terrain qu’il fallait traverser pour rejoindre cet endroit était aussi plat qu’un champ de betteraves et sans le moindre abri à l’exception de quelques fossés, et il était indispensable de sortir pendant qu’il faisait encore noir pour revenir peu après l’aube, avant que la lumière ne soit trop bonne. Cette fois-là, aucun fasciste ne s’est montré, si bien que nous sommes restés trop longtemps à attendre, au point d’être surpris par l’aube. Nous étions dans un fossé, mais derrière nous s’étendaient deux cents mètres de terrain plat où même un lapin aurait été à découvert. Nous tentions encore de nous donner du courage pour traverser cette étendue en toute hâte quand une clameur et des coups de sifflets se sont élevés de la tranchée fasciste. Des avions de notre camp approchaient. C’est alors qu’un homme, qui portait vraisemblablement un message à un officier, a bondi hors de la tranchée et s’est mis à courir au grand jour le long de la crête du parapet. Il était à moitié vêtu et il retenait son pantalon à deux mains en courant. J’ai hésité à lui tirer dessus. Il est vrai que je suis un mauvais tireur, qu’il était peu probable que je touche un homme en train de courir à une centaine de mètres de distance, et que je songeais surtout à rejoindre notre tranchée pendant que l’attention des fascistes était fixée sur les avions. Il n’en reste pas moins que si je n’ai pas tiré, c’était en partie à cause de ce détail du pantalon. J’étais venu ici pour tirer sur des « fascistes », mais un homme qui retient son pantalon n’est pas un « fasciste » ; c’est de toute évidence un semblable, un homme comme vous, et l’on n’a pas envie de lui tirer dessus. Que prouve cet incident ? Pas grand-chose, car c’est le genre de mésaventure qui se produit tout le temps dans n’importe quelle guerre. “
” Early one morning another man and I had gone out to snipe at the Fascists in the trenches outside Huesca. Their line and ours here lay three hundred yards apart, at which range our aged rifles would not shoot accurately, but by sneaking out to a spot about a hundred yards from the Fascist trench you might, if you were lucky, get a shot at someone through a gap in the parapet. Unfortunately the ground between was a flat beet-field with no cover except a few ditches, and it was necessary to go out while it was still dark and return soon after dawn, before the light became too good. This time no Fascists appeared, and we stayed too long and were caught by the dawn. We were in a ditch, but behind us were two hundred yards of flat ground with hardly enough cover for a rabbit. We were still trying to nerve ourselves to make a dash for it when there was an uproar and a blowing of whistles in the Fascist trench. Some of our aeroplanes were coming over. At this moment a man, presumably carrying a message to an officer, jumped out of the trench and ran along the top of the parapet in full view. He was half-dressed and was holding up his trousers with both hands as he ran. I refrained from shooting at him. It is true that I am a poor shot and unlikely to hit a running man at a hundred yards, and also that I was thinking chiefly about getting back to our trench while the Fascists had their attention fixed on the aeroplanes. Still, I did not shoot partly because of that detail about the trousers. I had come here to shoot at ‘Fascists’; but a man who is holding up his trousers isn’t a ‘Fascist’, he is visibly a fellow creature, similar to yourself, and you don’t feel like shooting at him. What does this incident demonstrate? Nothing very much, because it is the kind of thing that happens all the time in all wars. “
C’est le second fils de Daniel Itkine, juif originaire de Kaunas en Lituanie, ouvrier joaillier, et de Rachel Braunstein, Française née à Paris, d’origine russe. Il a un frère aîné, Lucien Itkine (1905-1945), ingénieur-chimiste, et une sœur cadette, Georgette Itkine (1918-1981)
Élève au Lycée Condorcet à Paris, il interrompt ses études à la fin de la troisième à quatorze ans et entre en apprentissage. Passionné de théâtre il quitte son atelier pour intégrer le cours Simon à dix-sept ans. Il participe ensuite à des tournées théâtrales (groupe Mars, proche du groupe Octobre de Jacques Prévert) et milite dans des groupes trotskistes. Avec ses amis, passionné d’agit-prop, Il joue dans les usines occupées lors des grèves de juin 1936. Sylvain Itkine crée ensuite sa propre troupe, Le Diable Écarlate. En 1937, il met en scène Ubu enchaîné d’ Alfred Jarry, son auteur-favori (avec des décors de Max Ernst ) .
Lors de l’occupation allemande, il se réfugie en « zone libre » et crée à Marseille avec des amis et des membres de sa famille une société coopérative alimentaire, « Le Fruit mordoré ». Ils fabriquent une barre de friandises, le « Croque-Fruits » amalgame de dattes, noisettes, amandes et pistaches. L’entreprise est fondée sur l’égalité des salaires et connaît un grand succès. Elle emploie environ 150 personnes, dont de nombreux clandestins juifs. Son activité prend fin avec l’arrivée des Allemands en zone non occupée le 11 novembre 1942.
Les frères Itkine rejoignent ensuite la Drôme, puis Lyon où ils participent à la Résistance. Ils font partie de la branche politique du service de renseignement régional des Mouvements Unis de la résistance (MUR). Son frère Lucien (pseudonyme Villon) est arrêté le 27 juillet 1944 par la Milice. Il fait partie du dernier convoi de déportation qui quitte Lyon le 11 août 1944 pour Auschwitz-Birkenau. Quand le camp est évacué par les allemands, il participe à la « marche de la mort » vers Mauthausen où il meurt le 25 février 1945.
Sylvain (pseudonyme Maxime) est arrêté le 1 août à Lyon avec une bonne partie de son réseau. Ils ont été dénoncés par Claire Hettiger (alias Dany), agent infiltré par la Gestapo, condamnée à mort à la libération, puis graciée. On dit que Sylvain Itkine a été exécuté par les allemands le 20 août 1944 dans le cimetière de Saint-Genis-Laval (Rhône). En fait, il est probablement mort sous la torture ou des conséquences de la torture au siège de la Gestapo, place Bellecour à Lyon, sans avoir parlé. Son corps n’a pas été retrouvé.
On se souvient de son rôle dans La grande illusion (1937) de Jean Renoir. Il est le lieutenant Demolder, seul intellectuel parmi les officiers français. Jean Gabin lui demande : ” Mais qu’est-ce que c’est que ton Pindare ? “. Demolder – Itkine fait face avec brio au grand acteur populaire.
Miguel Hernández à la sortie du Congrès International des Écrivains pour la Défense de la Culture. Valence, juillet 1937 (Walter Reuter).
Miguel Hernández Gilabert est né le 30 octobre 1910 à Orihuela (province d’Alicante).
Il fait partie d’une famille de sept enfants, dont trois meurent en bas âge. Il passe son enfance et son adolescence entre l’école et le troupeau de chèvres de son père. Il doit abandonner ses études à 14 ans, mais passe de longs moments à la bibliothèque où il lit avec passion tous les auteurs du Siècle d’or espagnol.
Il commence par publier ses poèmes dans la presse locale et régionale dès 1929. Il se rend par deux fois à Madrid. Lors du deuxième voyage, Vicente Aleixandre et Pablo Neruda, qui obtiendront plus tard tous les deux le Prix Nobel de Littérature, deviennent ses grands amis. En 1936, il s’engage dans l’armée républicaine. Le 9 mars 1937, il épouse Josefina Manresa. Il aura deux fils. L’aîné, Manuel Ramón, né en décembre 1937, meurt à l’automne 1938. Á la fin de la guerre, il essaie de se rendre au Portugal, mais il est arrêté à la frontière par la police portugaise et remis à la Garde civile.
Le 18 janvier 1940, un Conseil de Guerre le condamne à mort l’accusant du délit d’adhésion à la rébellion dans une parodie de procès (Sumarios 21001 y 4407). La sentence est commuée en 30 ans d’emprisonnement le 9 juillet 1940. Miguel Hernández connaît les prisons de Madrid, Palencia, Ocaña, Alicante. Les conditions déplorables de détention ont raison de sa santé. Atteint de tuberculose, il meurt le 28 mars 1942 dans la prison Reformatorio de Alicante par manque de soins. Josefina Manresa et son second fils, Manuel Miguel (1939-1984) vivront ensuite à Elche dans une grande pauvreté.
Aujourd’hui l’aéroport d’ Alicante-Elche porte le nom du poète ainsi que l’Université d’Elche. Mais sa condamnation n’avait toujours pas été annulée par le Tribunal Suprême.
La famille, représentée par sa belle-fille, Lucía Izquierdo, et ses enfants a enfin obtenu la semaine dernière que le gouvernement annule ce jugement. Le ministre de Política Territorial y Memoria Democrática, Miguel Ángel Torres, a signé 29 déclarations d’annulation de jugements contre des personnes condamnées par la régime franquiste. Miguel Hernández en fait partie.
Une cérémonie officielle aura lieu le 31 octobre 2024 à Madrid en présence de la famille.
Un long processus va enfin de terminer. En effet, la famille avait obtenu préalablement, non sans difficultés, le soutien de la mairie d’Elche, de la Diputación de Alicante et de la Generalidad Valenciana. Mais une motion dans le même sens avait été rejetée le 26 septembre par la municipalité de sa ville natale, Orihuela, dirigée par le Partido Popular et Vox.
Orihuela. Casa-Museo Miguel Hernández. Sa chambre.
Las cárceles
I
Las cárceles se arrastran por la humedad del mundo, van por la tenebrosa vía de los juzgados: buscan a un hombre, buscan a un pueblo, lo persiguen, lo absorben, se lo tragan.
Hervé Le Tellier devant sa maison (Hélène Pambrun) . Hameau de La Paillette, à Montjoux (Drôme).
Je viens de terminer Le nom sur le mur d’Hervé Le Tellier (Gallimard, 2024). Je n’avais jamais encore rien lu de cet auteur. Le Prix Goncourt 2020 a acheté une maison dans le hameau de La Paillette, à Montjoux, tout près de Dieulefit dans la Drôme provençale. Cette bâtisse a longtemps appartenu à une céramiste allemande, Tina, qui a déménagé à Granville. Sur le crépi d’un côté, après que l’ancienne propriétaire a retiré des plaques de céramique, est apparu un nom gravé : André Chaix. Il s’agit d’un jeune maquisard mort pour la France le 23 août 1944 après être tombé dans une embuscade allemande. Son nom figure aussi sur le monument aux morts de la commune. Il avait à peine vingt ans. L’écrivain a rassemblé des archives, interrogé des gens, mené une enquête pour essayer d’approcher la personnalité du jeune résistant. Il raconte sa courte vie et lui rend hommage. Des tracts des Francs-Tireurs et Partisans, des photographies, des lettres sont insérées dans le texte. L’auteur mêle à la narration des éléments de réflexion.
Dieulefit, sous l’Occupation, était un village de 3.000 habitants. Plus de 1.500 personnes ont réussi à s’y cacher : des Juifs, des résistants, des artistes, des intellectuels, des orphelins. ils ont trouvé refuge là. Aucun d’eux ne fut dénoncé, aucun d’eux ne fut arrêté. À ce jour, seuls neuf habitants du village – tous décédés – se sont vus décerner le titre de «Juste parmi les nations» par l’institut Yad Vashem. La commune du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire), qui a caché plus d’un millier de juifs, compte 90 Justes. Le maire de Dieulefit, Pierre Pizot, était un ancien colonel protestant, fidèle au régime de Vichy. Sa secrétaire, Jeanne Barnier (1918-2002), a pourtant distribué sous l’Occupation plus de tickets de rationnement que le village ne comptait d’habitants. Elle produisait à la chaîne des faux papiers d’identité. Les trois directrices d’un établissement scolaire alternatif, créé en 1929 dans le village, l’École de Beauvallon, (Marguerite Soubeyran – 1894-1980 – , Catherine Krafft – 1899-1982 -, Simone Monnier) ont également joué un rôle actif dans la résistance. Grâce à elles, des centaines d’enfants ont pu être sauvés. En octobre 2014, un mémorial dédié à la résistance civile a été inauguré dans le village.
Dieulefit. Place Jeanne Barnier.
Hervé Le Tellier. Le Monde 8 septembre 2024.
« Dans Le Nom sur le mur, j’avais l’ambition de faire un livre pour le centenaire d’André Chaix, qui correspondait au 80 ème anniversaire du Débarquement et à la campagne des élections européennes. Mais je ne pouvais imaginer que cela coïnciderait aussi avec la dissolution de l’Assemblée nationale, la fracture de la France en trois et le risque d’un Rassemblement national majoritaire. Comme disait Marc Twain, « l’histoire ne se répète pas, mais elle rime ». La montée du RN nous ramène au nazisme et à ses rescapés. On a vu, ces dernières semaines, que ce parti n’avait pas changé de nature, malgré les tentatives de Marine Le Pen d’en repeindre la façade. »
Hervé le Tellier, Le nom sur le mur. Gallimard, 2024. Pages 78-80.
« Cet automne de 1972, alors que je lisais le livre de Primo Levi, un parti était fondé, le 5 octobre exactement, le « Front national ». On parle évidemment du « nouveau », pas du vrai, celui de la Résistance, l’extrême droite ayant toujours aimé brouiller les repères, défaire le sens des mots, et les salir au passage. On y découvre, libres depuis longtemps, bien des rescapés du radeau nazi : celui qui dépose les statuts, accompagné par un ancien député poujadiste plus présentable que lui et dénommé Jean-Marie Le Pen, s’appelle Pierre Bousquet. Bousquet est l’un de ces trois cents Waffen-SS de la division Charlemagne protégeant jusqu’au bout le bunker d’Hitler à Berlin, en avril 1945, des soldats de l’Armée rouge. Le premier secrétaire du FN s’appelle, lui, Victor Barthélemy : c’est le numéro deux du PPF, le parti de Doriot, et l’un des créateurs de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme, cette fameuse LVF portant uniforme allemand, et qui fusionnera avec la Waffen-SS Charlemagne. Barthélémy, milicien, auxiliaire zélé de la police pendant la rafle du Vél’ d’Hiv, se réfugiera en 1944 dans l’éphémère et sanglante République de Salò de Mussolini, tentera de fonder début 1945 un « maquis blanc » en France. Fait prisonnier, il obtient de passer devant un tribunal militaire, lui, le civil : un bon choix, il fera quelques mois de prison. N’omettons pas André Dufraisse, cofondateur du FN, lui aussi engagé dans la LVF, puis dans une division blindée allemande sur le front de l’Est. Cela lui valait chez ses amis du Front national le surnom affectueux de « Tonton Panzer ». On pourrait étirer longtemps la liste de ces anciens nazis français présents à la fondation de l’ancêtre du Rassemblement national : Léon Gaultier, cofondateur du FN, quelques années plus tôt « saint des saints de la Waffen-SS » selon l’expression de Jean Mabire, hagiographe de ce corps d’armée. Roland Gaucher, membre de son comité directeur, qui écrivait en mai 1944 dans Le National populaire, sous son vrai nom de Roland Goguillot, que « la législation antisémite pèche par de grands défauts. Elle n’est pas suffisante, elle n’est pas appliquée ». François Brigneau, premier vice-président du FN, propagandiste raciste et antisémite dans La Fronde, dont le « manifeste » refuse que « des nomades plus ou moins francisés par le Journal officiel [ne] fassent la loi chez nous ». Pierre Gérard, secrétaire général du FN en 1980, et sous Vichy numéro deux de la Direction générale de l’aryanisation économique et directeur de la Propagande du Commissariat général à la question juive. J’en oublie, mais j’en ai fini. C’est décidément non, la mansuétude n’est pas mon fort. S’il est écrit sur les monuments aux morts qu’André, Célestin, et beaucoup d’autres, sont « morts pour la France », alors ces gens-là ont vécu contre elle, et ceux qui leur succèdent et perpétuent leurs obsessions aussi. On ne débat pas de telles idées, on les combat. Parce que la démocratie est une conversation entre gens civilisés, la tolérance prend fin avec l’intolérable. Quiconque sème la haine de l’autre ne mérite pas l’hospitalité d’une discussion. Quiconque veut l’inégalité des hommes n’a pas droit à l’égalité dans l’échange. La formule lapidaire de l’historien et résistant Jean-Pierre Vernant me convient : « On ne discute pas recettes de cuisine avec des anthropophages. »
Les Fées de Dieulefit : Marguerite Soubeyran, Catherine Krafft, Simone Monnier.